samedi 23 octobre 2021

Villa-Lobos (Heitor)

 

Heitor Villa-Lobos

Heitor Villa-Lobos


Heitor Villa-Lobos, né à Rio de Janeiro le 5 mars 1887 et mort dans la même ville le 17 novembre 1959, est un compositeur brésilien. 

Il est certainement un des compositeurs les plus prolixes du XXe siècle avec environ 1300 œuvres recensées dont: 12 symphonies, 17 quatuors, 5 concertos pour piano, 4 opéras, des ballets, de la musique orchestrale et vocale, de la musique de chambre et pour piano.

Ses œuvres les plus célèbres sont les 9 Bachianas Brasileiras dans lesquelles il rend un hommage à son compositeur favori Johann Sebastian Bach mais également à la musique folklorique de son pays. 

Villa-Lobos a collecté durant sa vie les chants traditionnels du Brésil, et a créé de nombreuses œuvres chorales adaptées du folklore. 

D’autres œuvres célèbres qui méritent le détour sont ses 15 Chôros: ces pièces appartiennent à différents genres tels que la musique vocale, orchestrale et la musique de chambre. On trouve également son concerto pour guitare, sa fantaisie pour saxophone, son concerto pour harmonica, ses musiques de film, dont "Floresta Do Amazonas" ("Forêt de l’Amazone") et ses symphonies.

La musique de Villa-Lobos est chatoyante, foisonnante, très variée, parfois complexe, toujours envoûtante. Dans ses œuvres orchestrales, il manie une palette sonore incroyable et son utilisation des chœurs est la plupart du temps sublime.

C'est pour toutes ces raisons que j'ai souhaité partager avec vous cette anthologie d’œuvres de Villa-Lobos. Comme toujours, les choix sont arbitraires, et il reste certainement énormément d’œuvres à découvrir dans son immense catalogue. J'espère que ce choix varié vous donnera envie de découvrir et d'approfondir ce compositeur passionnant.


Les Chôros



Les Chôros est un ensemble de 15 pièces de différents styles. S'y côtoient des œuvres de musique de chambre, des œuvres orchestrales et chorales dont certaines pour des effectifs énormes. Il s'agit probablement de la plus belle somme musicale composée par Villa-Lobos. 

Ces œuvres ont été composées lors d'un séjour en Europe entre 1920 et 1929. En voici la liste:
  • Introduction aux Chôros pour guitare et orchestre (1929)
  • no 1 pour guitare (1920)
  • no 2 pour flûte et clarinette (1921 ou 1924)
  • no 3 pour chœur d'hommes et instruments à vent (1925)
  • no 4 pour 3 cors et trombone (1926)
  • no 5 pour piano « Alma Brasileira » (1926)
  • no 6 pour orchestre (1926)
  • no 7 pour vents, violon et violoncelle (1924)
  • no 8 pour grand orchestre et 2 pianos (1925)
  • no 9 pour orchestre (1929)
  • no 10 pour chœur et orchestre « Rasga o Coração » (1925)
  • no 11 pour piano et orchestre (1928) - dédié à Arthur Rubinstein
  • no 12 pour orchestre (1929)
  • no 13 pour 2 orchestres et band (1929) — perdu
  • no 14 pour orchestre, band et choeur (1928) — perdu
  • Chôros bis pour violon et violoncelle (1928)
Villa-Lobos estimait que le mot le mieux à même de désigner l'ensemble de ces pièces était le mot "Sérénade".

Ces œuvres sont très différentes, non seulement par les effectifs demandés, mais également par leur longueur. 

Au disque, John Neschling à la tête de l'Orchestre Symphonique de Sao Paulo en a donné une intégrale qui est superbe.

Afin de vous faire découvrir ces Chôros, j'ai sélectionné les morceaux suivants.

Voici les Chôros No. 1 (le mot Chôros est toujours au pluriel) pour guitare seule interprétés par Julian Bream, on y apprécie la délicatesse et la mélodie typiquement brésilienne:



Encore de la musique de chambre avec les Chôros No. 2 pour flûte et clarinette, mais cette fois la musique est beaucoup plus moderne. L'utilisation de la clarinette rappelle un peu Igor Stravinsky. Les interprètes sont Philipp Jundt à la flûte et Jaehee Choi à la clarinette.



Voici les Chôros No. 10, qui est certainement ma pièce préférée. Il s'agit d'une pièce pour orchestre, piano et chœurs d'une durée d'environ 13 minutes. Le début de l'oeuvre est inspiré par les chants des oiseaux amazoniens. La partie la plus étonnante du morceau est lorsque le chœur intervient et chante "Rasga o Coração" ("Déchirez le coeur") sur un poème de Catulo Cearense.

Bien que la vidéo soit de qualité moyenne, j'ai choisi la version de John Neschling avec un chœur envoûtant. Ferveur et émotion sont au programme:




Les Bachianas Brasileiras


Les Bachianas Brasileiras ont été écrites pour diverses combinaisons d'instruments et de voix entre 1930 et 1945. Chacune représente une fusion entre des airs du folklore brésilien ou des musiques populaires brésiliennes et le style de Johann Sebastian Bach.

En voici la liste:
  • no 1 pour 8 violoncelles (1932)
  • no 2 pour orchestre symphonique (1930)
  • no 3 pour piano et orchestre (1934)
  • no 4 pour piano (1930–1940) ; orchestrée en 1942
  • no 5 pour voix et 8 violoncelles (1938)
  • no 6 pour flûte et basson (1938)
  • no 7 pour orchestre (1942)
  • no 8 pour orchestre (1944)
  • no 9 pour orchestre à cordes (1944)
Au disque, Kenneth Schermerhorn a réalisé une intégrale de fort bon niveau.
En ce qui concerne la célèbre Bachiana Brasileira No.5, j'ai un coup de cœur pour l'interprétation de Dawn Upshaw dans le superbe album White Moon.

Afin de vous faire découvrir ces œuvres, voici la pièce No.1 pour 8 violoncelles. Ce morceau est en 3 parties:
  • Introdução (Embolada)
  • Prelúdio (Modinha)
  • Fuga (Conversa) (Conversation) 
Il s'agit d'une pièce très lyrique. Elle est interprétée par les violoncelles de l'Orchestre Philharmonique de Berlin.



Voici la Bachiana Brasileira No. 2 pour Orchestre. J'en ai extrait la Toccata sous-titrée "Le petit train de Caipira". Villa-Lobos s'amuse à illustrer avec l'orchestre et notamment les percussions ce petit train.


 
La Bachiana Brasileira No.5 est certainement l'oeuvre la plus célèbre de Villa-Lobos. Une magnifique pièce pour Soprano et 8 violoncelles.
J'ai sélectionné deux versions qui me semblent représentatives de l'esprit de Villa-Lobos.

La version de Bidu Sayao:




La version de Salli Terri accompagnée par la guitare de Laurindo Almeida:



Je finis avec la Bachiana Brasileira No.6 pour flûte et basson, avec Amy Porter à la flûte et Jeffrey Lyman au basson. Cette pièce me transporte dans la forêt amazonienne avec les oiseaux tropicaux.




Concerto pour Guitare & Concerto pour Harmonica

En ce qui concerne le concerto pour Guitare de Villa-Lobos, j'ai sélectionné deux versions: la version interprétée par Manuel Barrueco avec l'Orchestre Symphonique de Sao Paulo dirigé par Giancarlo Guerrero qui favorise le couplage avec d'autres œuvres de Villa-Lobos tels que le concerto pour Harmonica (avec José Staneck à l'Harmonica) et le Sexteto Mistico.


Et la version de Rafael Jimenez accompagné par l’Orquesta Sinfonice Carlos Chavez dirigé par le chef d’orchestre mexicain Fernando Lozano. Cette version offre un couplage très intéressant avec les concertos pour guitare de Manuel Ponce et Joaquin Rodrigo.



Ce concerto aux thèmes charmants a été composé en 1951. Il est dédié au guitariste espagnol Andres Segovia qui le créera en 1956.

Sous youtube, voici la version très convaincante de Paulo Martelli:



Le concerto pour Harmonica de Villa-Lobos est une oeuvre empreinte d'une douce mélancolie à laquelle l'Harmonica apporte son timbre si particulier. En voici une version interprétée par José Staneck.



Fantaisie pour Saxophone



En 1948, Villa-Lobos compose une fantaisie pour saxophone soprano, une oeuvre débridée qui offre ses lettres de noblesse à un instrument assez peu utilisé en tant que soliste.

Au disque j'ai choisi la version interprétée par Pedro Pablo Camara Toldos accompagné par l'orchestre de chambre I Musici di Basilea. Outre le fait que l'interprète est un virtuose, le couplage est très intéressant avec les incontournables concertos d'Ibert et de Glazounov, et le fait qu'il nous offre une oeuvre peu connue, la Légende d'André Caplet.

En vidéo, j'ai sélectionné la version de Nicolas Arsenijevic accompagné par le Big Chamber Orchestra dirigé par Alexandar Sedlar, elle domine largement les autres versions entendues.




Les Symphonies


Villa-Lobos a composé 12 Symphonies (dont une a été perdue) et une Sinfonietta, de 1916 à 1957. Alors que l'on dit souvent que Villa-Lobos n'est pas un grand orchestrateur, il suffit d'écouter ses symphonies pour se persuader du contraire.

Il s'agit d'une oeuvre symphonique considérable qui mérite largement d'être redécouverte.

Carl St.Clair à la tête du Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR en donne une intégrale d'une grande homogénéité.

J'ai tout d'abord choisi de vous faire écouter la Sinfonietta No. 1 composée en 1916 et dédiée à Mozart. Une oeuvre toute en délicatesse et finesse.

Voici une version dirigée par Simone Menezes à la tête du Porto Alegre Symphony Orchestra.



Je termine par une des plus belles symphonies de Villa-Lobos : en 1952-1953, il compose sa Symphonie No. 10 intitulée « Sumé Pater Patrium, Sinfonia ameríndia com coros » (« O grand père des pères, Symphonie amérindienne avec chœur »). 

Cette symphonie a été composée pour commémorer les 400 ans de la ville de Sao Paulo. Il s’agit de la plus longue partition du compositeur, elle dure environ 67 minutes. Le chœur y joue un rôle important. 

C’est une composition fleuve qui s’inspire du folklore indien. La symphonie a cinq mouvements:
  1. Allegro: "A terra e os seres" (La Terre et ses créatures)
  2. Lento: "Grito de guerra" (Cri de guerre)
  3. Scherzo (Allegretto scherzando): "Iurupichuna"
  4. Lento: "A Voz da terra ea aparição de Anchieta " (La Voix de la Terre et l'apparition de Anchieta) – à noter que le père Anchieta est un des premiers missionnaires jésuites du Brésil.
  5. Poco Allegro: Gloire au Ciel et paix sur la Terre.
Comme souvent chez Villa-Lobos on se laisse emporter par son flot musical, sa musique est envoûtante et le traitement du chœur démontre une maîtrise exceptionnelle. 

J'ai choisi de vous présenter en extrait le Scherzo (mouvement No. 3), interprété par Carl St.Clair.