samedi 27 juillet 2019

Ibert (Jacques)

Jacques Ibert



Jacques Ibert


Jacques François Antoine Marie Ibert est un compositeur français, né le 15 août 1890 à Paris 10e, ville où il est mort (16e arrondissement) le 5 février 1962. Il a composé des opéras, des ballets, des musiques pour le théâtre, le cinéma et la radio, des œuvres vocales ou instrumentales légères et mélodieuses qui n'oubliaient pas des instruments souvent délaissés. Il a collaboré étroitement avec Marcel Mule, qui a donné ses lettres de noblesse au saxophone. Sa musique illustre brillamment les qualités de clarté et d'élégance que l'on reconnait généralement à la musique française.




Escales



En 1922, après avoir effectué une croisière en mer Méditerranée, Ibert se base sur ses impressions de voyage pour composer son oeuvre la plus célèbre : « Escales », en trois parties.
  • I. Rome – Palerme : Le morceau commence par un air mystérieux à la flûte, suivi de draperies sonores au hautbois. Le thème principal apparaît, superbe, exotique, d’une grande suavité. Durant cette pièce on rêve à des plages méditerranéennes brûlées par le soleil. A noter la très belle utilisation des vents, qui est une caractéristique de la musique d’Ibert.
  • II. Tunis – Nefta : Ce morceau fait une grande place aux percussions. On y entend une musique aux mélismes arabisants qui évoquent vaguement une caravane de chameaux dans le désert.
  • III. Valencia : Dans cette pièce on entend une musique hispanisante qui fait un peu penser à Ravel ou à Espana de Chabrier. Les couleurs orchestrales sont très belles, et le morceau est très vif et très festif.

Il existe de nombreux enregistrements de cette oeuvre, dont une intéressante version dirigée par Ibert lui-même. Ma version favorite est celle de Jean Martinon à la tête de l’Orchestre National de l’ORTF. 

La version de Charles Munch est également excellente:
 

 



Tropismes pour des amours imaginaires



En outre, cet album fournit un couplage avec une oeuvre passionnante d’Ibert : "Tropismes pour des amours imaginaires". Cette pièce, pour piano et orchestre, est aussi étrange que son titre. On pense qu’Ibert s’est servi du terme "tropisme" selon la définition utilisée par Nathalie Sarraute : "sentiment fugace, bref, intense mais inexpliqué". 

Il s’agit d’une pièce de 25 minutes faisant une large place aux percussions. La musique en est lyrique, inventive, elle part dans de nombreuses directions. Sa forme, très libre, défie la description. 

Cette pièce est envoûtante et a un charme indéfinissable. Les interventions du piano sont assez peu fréquentes. Vers 11:30 on entend un passage jazz à la Gershwin, et vers la fin du morceau on entend de très belles mélodies aux cordes : une qui évoque le monde du cirque, l’autre plus nostalgique. 

C’est une oeuvre qui s’apprécie mieux après un certain nombre d’écoutes. Il semble d’ailleurs que la version de Jean Martinon soit la seule de cette partition, qui pour des raisons qui m’échappent semble boudée par les interprètes.


Version audio:







Concertino pour Saxophone



En 1933, Ibert compose le Concertino da Camera pour saxophone alto et 11 instruments. Ce qui fait l’originalité de cette oeuvre est que le saxophone est rarement utilisé en musique classique comme instrument soliste. 

Le 1er mouvement est moderne, un peu à la manière de Prokofiev, Stravinsky, Poulenc ou encore Milhaud. 

Le 2ème mouvement est plus impressionniste. 

Le 3ème mouvement est quant à lui plutôt néo-classique, il est virevoltant et demande une grande virtuosité. 

La version sélectionnée fait partie d’un album de concertos pour saxophone, interprétés par John Harle accompagné par l’Academy of Saint-Martin in the Fields dirigée par Neville Marriner. On y entend des oeuvres de Debussy, Villa-Lobos, Glazounov, Richard Rodney Bennett et Dave Heath : très intéressant panorama pour un instrument dont j’aime beaucoup la sonorité.

Une version par Claude Delangle:





Musique de Chambre



Un domaine assez peu connu d’Ibert, mais qui mérite largement d’être exploré est sa musique de chambre. Elle est pleine de légèreté, d’inventivité et d’originalité. Elle montre à quel point ce compositeur est sous-estimé – on le présente souvent comme un sous-Ravel, ce qui est totalement injuste étant donné la différence de style évidente entre les deux compositeurs. 

L’intégrale de la musique de chambre tient sur 2 compact discs. Je ne saurais que vous recommander d’y jeter une oreille. 

J’ai sélectionné les oeuvres suivantes :
  • "Le Jardinier de Samos" (1924): il s’agit d’une pièce très originale pour flûte, clarinette, trompette, violon, violoncelle et percussion. Elle est d’une grande modernité, avec ses timbres très originaux, elle rappelle certaines pièces de Stravinsky.
  • "Entracte" pour flûte et guitare (1935) : une pièce de musique hispanisante.
  • "L’âge d’or" pour saxophone et piano, extrait du "Chevalier errant" (1935/36) : il s’agit d’une pièce mélancolique et nostalgique.
  • "Quatuor à cordes" (1937-42) : cette oeuvre fait preuve d’une grande légèreté. Le 1er mouvement illustre une utilisation très fluide des instruments, le 2ème est moderne, le 3ème est en pizzicati et fait un peu penser à Ravel, enfin le 4ème est à nouveau moderne.
  • "Trio pour violon, violoncelle et harpe" (1944) : encore une combinaison très originale. Avec un 1er mouvement impressionniste, le second tantôt romantique, tantôt emprunt de modernité, le 3ème, très rapide, est également moderne.
Une mention spéciale pour la superbe pochette sur une peinture de Pissarro.

Une version du trio:





Cet aperçu de la musique d’Ibert montre à quel point celle-ci est difficile à classer tant elle est protéiforme : parfois impressionniste, parfois folklorique, toujours originale et emprunte de modernité. Ibert est un compositeur d’une grande finesse qui mérite largement d’être redécouvert.

Chausson (Ernest)

Ernest Chausson


Ernest Chausson


Ernest Chausson (né à Paris le 20 janvier 1855 et mort à Limay le 10 juin 1899) est un compositeur français de l’époque romantique. Son catalogue d'oeuvres reste relativement modeste, il comprend 39 numéros d’opus et 24 œuvres sans numéro d’opus. Parmi les plus connues, citons :
  • Poème pour violon et orchestre, op. 25
  • Son unique symphonie, en si bémol majeur, op. 20
  • Son unique opéra, Le Roi Arthus, op. 23, représenté pour la première fois le 30 novembre 1903 au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles.
  • Poème de l'amour et de la mer, pour voix et orchestre, op. 19
  • Le Concert en ré pour piano, violon et quatuor à cordes, op. 21.

Le Poème de l'amour et de la mer




En mars 2019 sort un disque qui me donne l’idée de consacrer un article à Ernest Chausson, il s’agit d’un nouveau coup de coeur : "Le Poème de l’amour et de la mer" interprété par Véronique Gens, accompagnée par l’Orchestre National de Lille dirigé par Alexandre Bloch. 

Cette oeuvre, pour voix et orchestre, est écrite sur des poèmes symbolistes de Maurice Bouchor un ami personnel de Chausson. Cette oeuvre trouve en la personne de Véronique Gens une interprète parfaite à la diction impeccable. La musique est délicate, romantique et en même temps laisse présager des liens avec l’impressionnisme de Debussy : par moments on pense un peu à « la Mer ». 

L’interlude entre les deux parties débute par un solo de basson soutenu en douceur par les violons et altos. Il s’agit d’un morceau romantique et sentimental qui procure du vague à l’âme et annonce la troisième partie « La mort de l’amour » dont le thème principal est "L'inexprimable horreur des amours trépassées". Véronique Gens exprime avec talent toute la mélancolie et la tristesse de l’oeuvre sur les paroles : "Le temps des Lilas et le temps des roses ne reviendra plus …", l’accompagnement du violoncelle et de l’orchestre est parfait.

Ce poème est couplé à l’oeuvre la plus célèbre de Chausson : la Symphonie Op. 20. Même si l’interprétation d’Alexandre Bloch séduit par les belles couleurs de l’orchestre, il manque un rien d’énergie que l’on retrouve dans la superbe version de Charles Munch à la tête du Boston Symphony Orchestra, une grande réussite pour un des fleurons de la musique romantique française.

En voici un extrait:










Bizet (Georges)


Georges Bizet

Georges Bizet


Alexandre-César-Léopold Bizet, plus connu sous le nom de Georges Bizet, est un compositeur français né le 25 octobre 1838 à Paris et mort le 3 juin 1875 à Bougival (Seine-et-Oise). Il est un des compositeurs de la période romantique. Il est surtout connu pour ses opéras et suites orchestrales, qu'il a créés dans une courte période, puisqu'il meurt à l'âge de 36 ans.


Symphonie en ut majeur

Bizet est un génie précoce. A 17 ans, en 1855, il compose sa première symphonie : la Symphonie en ut majeur, une symphonie tout à fait charmante redécouverte seulement en 1933. 

Elle est composée de quatre mouvements :
  • I. Allegro vivo : ce premier mouvement fait penser à du Mendelssohn avec une légèreté typiquement française.
  • II. Adagio : on entend une superbe mélodie au hautbois avec le basson en contrepoint. On se retrouve dans une ambiance d’opéra qui fait penser à Rossini. Le thème est repris au cor, puis au cor anglais.
  • III. Allegro vivace : le thème de ce troisième mouvement est très enjoué, dans un esprit provençal.
  • IV. Allegro vivace : le finale nous emmène dans le monde de l’opérette et du vaudeville avec un thème joyeux joué aux vents.
En vidéo, une version par Avi Ostrowsky:



Au disque, je retiens la version dirigée par Dirk Joeres à la tête du Westdeutsche Sinfonia. 

Jeux d'enfants

Sur le même album on trouve la pièce pour orchestre « Jeux d’enfants » : initialement Bizet compose douze pièces pour piano à quatre mains, puis il orchestre cinq de ces mouvements. Ces cinq pièces sont pleines de verve et d’insouciance, dont le « Galop » final se fait le meilleur exemple, on n’est pas loin du « Carnaval des Animaux » de Saint-Saëns. 



L'Arlesienne

Toujours sur le même album, Rafaël Frübeck de Burgos à la tête du London Symphony Orchestra nous régale avec les suites de concert adaptées de la musique de scène de "L’Arlesienne" que Bizet a réalisé pour le drame d’Alphonse Daudet en 1872. 

Dans ces deux suites on retrouve deux chants de Noël que Bizet cite, ils sont inspirés de musiques traditionnelle provençales : "La Marche des Rois" et "La Danse du Cheval Fou". 

"La Marche des Rois" apparaît dans le Prélude. L’Intermezzo est mémorable, il s’agit d’une pièce grave, où un solo est confié au saxophone. 

Enfin, le sommet de la partition est la "Farandole" finale qui superpose de façon magistrale les deux musiques provençales dans une danse échevelée qui se termine fortissimo.




Une version live par Nathalie Stutzmann:



Le Docteur Miracle

En août 1856, Jacques Offenbach, désireux d’élargir le répertoire du théâtre des Bouffes Parisiens, organise un concours d’opérette. Bizet, âgé d’à peine 19 ans, remporte le premier prix parmi soixante-dix-huit candidats. Bizet a composé une opérette légère et amusante en un acte sur un livret de Léon Battu et Ludovic Halevy. 

Cette opérette s’intitule "Le Docteur Miracle" et raconte l’histoire suivante : Silvio, jeune capitaine et Laurette, fille du podestat de Padoue sont amoureux. Le père de la jeune fille s'opposant à leur mariage, le beau militaire s'introduit dans la maison sous le déguisement d'un nouveau serviteur, Pasquin. Chargé de préparer les repas, il présente une omelette qui se révélera immangeable. Le podestat apprenant qu'il a été empoisonné chasse Pasquin/Silvio et fait appel au docteur Miracle. Celui-ci, qui n'est autre, encore une fois, que Silvio, « sauve » le père de Laurette en échange de la main de la jeune fille. 


Le passage le plus comique est le quatuor "Voici l’omelette", un passage tout à fait inénarrable ! L’oeuvre est très distrayante et je recommande la version dirigée par Samuel Jean.




Symphonie "Roma"

En 1857, à l'âge de 19 ans, il remporte avec sa cantate Clovis et Clotilde le Grand Prix de Rome de composition musicale. C’est certainement des souvenirs de cette époque que, quelques années plus tard (de 1860 à 1868), Bizet compose sa Symphonie "Roma" ou "Souvenirs de Rome" qui est une fantaisie symphonique en ut majeur. Il s’agit d’une oeuvre en quatre parties :
  • I. Une chasse dans la forêt d’Ostie (andante tranquillo – allegro agitato) : le mouvement débute par un thème aux cors qui évoque la chasse. Le mouvement est épique.
  • II. Scherzo (Allegro vivace) : il s’agit d’une pièce légère et enjouée, tout à fait dans un style rossinien. Si on n’était pas à Rome, on pourrait penser à des personnages de la commedia dell’arte qui se donnent la réplique.
  • III. Procession (Andante molto) : ce mouvement contient un thème mélancolique et empreint d’un certain romantisme.
  • IV. Carnaval à Rome (Allegro vivacissimo) : il s’agit d’un thème enjoué et énergique à l’orchestration remarquable qui termine cette oeuvre en beauté.


Je retiens la version de Paavo Järvi à la tête de l’Orchestre de Paris. Cette oeuvre est d’ailleurs couplée avec la Symphonie en Ut et la suite « Jeux d’enfants », cela permet donc d’écouter ces oeuvres avec un éclairage différent.


Une version live:



Chants du Rhin

S’il y a bien un domaine de la musique de Bizet qui reste trop méconnu, c’est bien sa musique pour piano seul. 

En 1865, Bizet compose un cycle de six pièces d’une ineffable poésie : il s’agit des "Chants du Rhin", sur des poèmes de Joseph Méry :
  • I. L’aurore : La musique de Bizet coule de source, tout est poétique et simple à la fois. Le style est délicat mais sans fioritures,
  • II. Le départ : La musique est toujours très fluide. Le thème de ce morceau évoque bien des adieux, 
  • III. Les rêves : ce morceau m’évoque un peu le Liszt de rêve d’amour. La rêverie est bien là. Bizet exprime dans cette pièce un romantisme en demi-teinte, ce n’est pas aussi triste que du Chopin, et pas aussi romantique que du Schumann,
  • IV. La bohémienne : cette pièce, pleine de charme, est certainement la plus originale du cycle. On sent une empreinte folklorique, mais ce n’est pas tout à fait une danse tzigane, ni tout à fait une valse. Néanmoins, ce thème dansant m’évoque un peu Chopin, il est tout en finesse, 
  • V. Les confidences : on sent particulièrement dans ce morceau le thème du fleuve : il évoque l’eau et son mouvement,
  • VI. Le retour : ce qui me frappe le plus dans cette pièce est qu’on entend un thème qui sera repris dans Carmen sur les paroles : « Il n’est pas brigadier dans notre compagnie ». Le thème du fleuve est encore présent, c’est l’une des pièces les moins mélancoliques du cycle.

Je suis sous le charme de l’interprétation pleine de finesse de Jean-Marc Luisada, qui couple ce cycle avec des nocturnes de Fauré.


A noter, pour ceux qui souhaiteraient découvrir plus de musique pour piano de Bizet, qu’il existe une très bonne intégrale interprétée par Setrak. On y retrouve les oeuvres suivantes : « La Chasse Fantastique » (1865) une pièce romantique et virtuose où l’on entend des sonneries de chasse, et la « Grande Valse de Concert », une pièce virtuose et enlevée très plaisante, qui se révèle être un véritable morceau de bravoure.

La bohémienne par Jean-Marc Luisada:



Carmen

Enfin, je termine avec le chef d’oeuvre des chefs d’oeuvre. En 1875, Bizet va composer l’opéra qui va devenir l’un des opéras les plus célèbres et les plus joués dans le monde entier : "Carmen". 

Le directeur de l’opéra-comique contacte Bizet et lui demande de composer "une petite chose facile et gaie, dans le goût de notre public avec, surtout, une fin heureuse". Néanmoins, Bizet décide de mettre en musique, une adaptation de la très belle nouvelle de Prosper Mérimée : « Carmen » sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halevy qui ont écrit les meilleurs livrets de Jacques Offenbach. A noter, pour l’anecdote, que Ludovic Halevy est le cousin germain de la femme de Bizet. 

Rien ne se passe comme prévu : il est difficile de convaincre le directeur de l’opéra-comique de monter cet opéra, si différent de ses aspirations premières, de plus le jour de la création les musiciens et les choristes sont médiocres, les changements de décors prennent un temps considérable et le public est totalement scandalisé par l’histoire de cette bohémienne sulfureuse qui collectionne les amants. 

Bizet, ulcéré par ce désastre, tombe malade peu de temps après. Il décède d'un infarctus à Bougival dans la nuit du 2 au 3 juin 1875, à l'âge de 36 ans. 

Le succès de Carmen démarre peu de temps après, initié principalement par des compositeurs tels que Brahms, Wagner ou Tchaïkovsky, qui, visionnaire, aurait déclaré : "d'ici dix ans, Carmen sera l'opéra le plus célèbre de toute la planète". 

J’écoute cet opéra depuis des années, et je ne trouve pas un seul moment où l’on n’entend pas un air célèbre, dont le refrain est familier. Certains airs comme « L’amour est un oiseau rebelle » ont été immortalisés par Maria Callas. Parmi les nombreuses versions de l’oeuvre, ma préférée reste celle de ma découverte initiale, avec la distribution suivante : Teresa Berganza dans le rôle Carmen, Placido Domingo dans celui de Don José et Sherrill Milnes en Escamillo, avec The Ambrosian Singers et le London Symphony Orchestra sous la direction de Claudio Abbado.



Anecdotes : 
  • Il faut noter l’excellent film « Carmen » réalisé par Francesco Rosi en 1984, avec Julia Migenes-Johnson (Carmen), Placido Domingo (Don José) et Ruggero Raimondi (Escamillo), et l’Orchestre National de France placé sous la direction de Lorin Maazel. Julia Migenes-Johnson est tellement le personnage ! 
  • Deux suites orchestrales ont été tirées de l’opéra, après la mort de Bizet, par son ami Ernest Guiraud. Elles respectent beaucoup l’orchestration initiale de Bizet. 
  • En 1967, le compositeur russe Rodion Shchedrin compose pour sa femme la ballerine Maya Plisetskaya un ballet en un acte intitulé « Carmen Suite » largement inspiré des thèmes de l’opéra de Bizet. Ce ballet est devenu depuis l'œuvre la plus connue de Shchedrin et est resté populaire en Occident pour ce que le critique James Sanderson appelle « une reprise iconoclaste mais très amusante de l’opéra de Bizet ».



Maria Callas dans la Habanera:



Teresa Berganza dans "Près des remparts de Séville":



Carmen Suite No. 2:







Prokofiev (Sergueï)


Sergueï Prokofiev


Sergueï Prokofiev


Sergueï Prokofiev, né le 11 avril 1891 à Sontsivka (Ukraine, Empire russe), mort le 5 mars 1953 à Moscou (URSS), est un compositeur ukrainien et soviétique de musique classique, un pianiste et un chef d'orchestre. 

Il est l'auteur de nombreuses œuvres musicales allant de la symphonie au concerto, de la musique de film à des opéras ou des ballets et a été reconnu de son vivant comme un artiste d'avant-garde très créatif. 

Élève au conservatoire de Saint-Pétersbourg, il remporta le prix Anton Rubinstein en tant que meilleur étudiant en piano. Il est connu du jeune public pour son conte musical pour enfants "Pierre et le Loup".

En outre, je vous ai concocté une playlist sur la musique russe.

Je vous propose les plus belles pages de la musique russe des XIXème et XXème siècles, à travers les oeuvres immortelles des plus grands compositeurs russes.

Avec des compositeurs connus tels que Chostakovitch, Borodine, Moussorgsky, Khachaturian, Prokofiev, Stravinsky, Rimsky-Korsakov, Tchaikovsky, Rachmaninov ou Scriabine.

Et des moins connus comme Cui, Ippolitov-Ivanov, Arensky, Glazounov, Kalinnikov, Glière, Glinka, Taneyev, Lyadov, Balakirev, Medtner, Kabalevsky, Weinberg et enfin Kapoustine.

Voici les liens vers les playlists:

Spotify:
Qobuz:
Apple Music:
Deezer:


Symphonie No. 1 "Classique"

Prokofiev a composé 7 Symphonies, parmi celles-ci il y en a une qui se démarque, il s’agit de la Symphonie No. 1 Op. 25 dite « Classique ». 

En effet cette symphonie est tout ce qu’il y a de plus néo-classique de par sa forme et son orchestration. C’est une oeuvre très plaisante et très facile à apprécier. 

Dans le premier mouvement, allegro, on entend des phrases très virtuoses jouées par le basson. Il laisse un grand rôle aux instruments à vent et notamment la flûte. Ce mouvement est très enlevé, voir endiablé. 

Le second mouvement, larghetto, est plus lent et dominé par une phrase des cordes, proche d’un menuet. Ce mouvement lorgne vers une musique de cour imaginaire, et utilise très largement les pizzicati. Le second thème est plus pastoral. 

Le troisième mouvement, gavotte, est plein d’élégance et de raffinement, il m’évoque un folklore imaginaire. Enfin, le quatrième et dernier mouvement, molto vivace, est très vif et très léger. 

On entend un thème aux instruments à vent : flûte et clarinette. Le mouvement est sautillant, il s’agit d’une sorte danse endiablée et joyeuse, qui n’est pas sans évoquer le monde de l’enfance. 



Actuellement, ma version favorite des symphonies de Prokofiev, et de la Symphonie No. 1 en particulier est celle de Gennady Rozhdestvensky à la tête du Moscow Radio Symphony Orchestra. Cette intégrale a d’ailleurs reçu le grand prix de l’académie Charles Cros. 

En vidéo, une autre version, celle de Sergiu Celibidache à la tête de l'Orchestre Philharonique de Munich:




Symphonie No. 5


La deuxième symphonie qui a retenu mon attention est la Symphonie No. 5 Op. 100, par la qualité des thèmes utilisés et par les nombreux changements de rythmes présents dans la plupart des mouvements. 

Le premier mouvement, andante, nous livre une mélodie imposante aux cuivres et des répétitions insistantes. 

Le deuxième mouvement, allegro marcato, nous fournit un thème principal énoncé à la clarinette avant d’être repris par les cordes. Le thème est sautillant et le rythme soutenu, la musique est goguenarde. 

Par contre, le troisième mouvement, adagio, est très statique. La musique est un peu dissonante et pas très joyeuse. 

Enfin, le dernier mouvement, allegro giocoso, est certainement le passage le plus réussi de la symphonie, aux nombreux changements de rythmes. Les instruments à vent introduisent le premier thème, assez lentement. Puis le rythme s’accélère sur un thème énoncé à la clarinette. On entend par moment le triangle, la musique est à nouveau joyeuse, presque sarcastique. 

Un thème est énoncé à la flûte et à la clarinette, puis arrivent des coups de caisse claire. L’orchestre s’enrichit progressivement, et subitement la tension augmente. On peut alors imaginer que la musique nous emmène dans une sorte de train, et par moment à un rythme endiablé. 

A partir de 7:28, un rythme répété et insistant fait du finale un morceau absolument jubilatoire ! 



Je trouve que la version qui traduit le mieux ces variations de rythmes et ces couleurs orchestrales, avec l’importance donnée aux vents, est celle dirigée par Valery Gergiev à la tête du Mariinsky Orchestra. 




Romeo et Juliette


L’une des œuvres les plus poignantes de Prokofiev, particulièrement en raison de la beauté des thèmes utilisés, est son fameux ballet « Romeo et Juliette » Op. 64. Prokofiev le signa pour le théâtre du Bolchoï en 1935. Mais les danseurs le jugèrent indansable à cause des complexités rythmiques. Il s’agit d’une oeuvre de plus de 2 heures. 

J’ai retenu ci-dessous les passages qui me semblent les plus intéressants (étant bien entendu que le ballet mérite certainement une écoute complète):
  • No. 6 : le combat : passage virevoltant,
  • No. 7 : le commandement du Duc : ce morceau commence par une mesure dissonante très impressionnante,
  • No. 10 : Juliette : elle est représentée par un thème très sautillant,
  • No. 12 : Les masques : une sorte de marche assez grotesque,
  • No. 13 : La danse des chevaliers : c’est pour moi le plus beau morceau jamais écrit par Prokofiev : une mélodie sublime, un rythme à la fois sauvage et angoissant, il donne toute la mesure du drame qui va se jouer,
  • No. 24 : La danse des cinq couples : on entend le thème principal confié au hautbois, le rythme est enjoué,
  • No. 30 : Le peuple continue d’être joyeux : il s’agit de la suite du No. 24,
  • No. 36 : Finale de l’acte II : la musique évoque le destin qui frappe,
  • No. 37 : Introduction : ce morceau commence par une dissonance énorme jouée fortissimo par tout l’orchestre, aussitôt suivie d’une musique jouée très doucement, l’effet est saisissant,
  • No. 46 : La chambre de Juliette : Prokofiev introduit une musique pleine d’exotisme,
  • No. 51 : Les funérailles de Juliette : on entend les cordes qui sont tendues au maximum, donnant un effet très dramatique,
  • No. 52 : La mort de Juliette : Prokofiev termine sur une mélodie absolument déchirante.




Mon interprétation favorite est celle de Valery Gergiev, qui se révèle décidément un excellent interprète de Prokofiev, à la tête du London Symphony Orchestra. 

La danse des chevaliers



Alexandre Nevsky


En 1938, le cinéaste russe Sergueï Eisenstein réalise le film « Alexandre Nevsky » sur la vie du célèbre héros national russe qui vécu au XIIIème siècle et fut à la fois prince et saint de l’église orthodoxe. 

Il est surtout célèbre pour deux victoires militaires essentielles dans l'histoire de la Russie : la première contre les Suédois à la bataille de la Neva le 15 juillet 1240 et la seconde à la bataille du lac Peïpous sur les glaces du lac éponyme en avril 1242 contre les chevaliers de l'ordre Teutonique, installés dans la région depuis 1237. 

La première de ces victoires lui valut son surnom de Nevski (« de la Neva »). 

Eisenstein demande à Prokofiev d’écrire la musique de son film. Ce sera une réussite complète et on peut dire que la musique et le film réalisent une fusion complète. Ce film est toujours considéré comme un des chefs-d’oeuvre du cinéma. 

Prokofiev tire de la musique du film une cantate qui compte parmi ses plus belles œuvres : c’est une pièce très descriptive et très prenante, elle compte 7 parties :

  • I. La Russie sous le joug mongol : il s’agit d’un mouvement lent introductif d’une beauté sombre,
  • II. Chant sur Alexandre Nevsky : on peut entendre de très beaux chœurs russes qui content la victoire russe près de la Neva,
  • III. Les croisés dans Pskov : l’atmosphère est très sombre, on entend le thème des chevaliers Teutoniques : les cuivres jouent dans le grave, puis intervient le chœur dans un passage très dramatique. L’orchestration est superbe et le chœur évoque toute la ferveur du peuple russe qui rêve de liberté,
  • IV. Debout, peuple russe : Il s’agit d’un des grands passages du film (ainsi que de la musique) : ferveur populaire, percussions martelées : cela exprime que tout le peuple se mobilise pour la lutte, le chœur des hommes est suivi du chœur des femmes. La mélodie est sublime et entre facilement dans la tête,
  • V. La bataille sur la glace : il s’agit de la description de la bataille du lac Peïpous. L’ensemble est très animé : on y entend les chœurs, les cuivres, les percussions ainsi que de nombreuses dissonances qui ajoutent au dramatisme de la scène. La pièce se termine dans une atmosphère lugubre et recueillie qui annonce la pièce suivante,
  • VI. Le champ des morts : dans cette partie s’élève la plainte de la mezzo-soprano qui cherche son bien-aimé parmi les morts. La musique est très sombre et lugubre,
  • VII. L’entrée d’Alexandre Nevsky dans Pskov : Cette pièce célèbre la victoire d’Alexandre Nevsky qui rentre en triomphateur dans Pskov libérée. On entend un chœur triomphal, suivi d’une reprise des thèmes antérieurs. Des cloches de victoire résonnent, c’est la liesse générale. On entend un thème aux vents typique de Prokofiev. La fin de la pièce est grandiose.

De part sa richesse orchestrale, ses couleurs et la qualité des choeurs – qui pourtant sont anglais et non russes – ma version préférée est celle de Claudio Abbado qui dirige le London Symphony Orchestra, le London Symphony Chorus et la mezzo-soprano Elena Obraztsova. Cet album permet en outre d’entendre la suite « Lieutenant Kijé » tirée également d’une musique de film, on y entend la célèbre « Romance ».


Anecdote : La 5ème partie, la bataille sur la glace, m’évoque le puissant tableau de Caspar David Friedrich « La mer de glace ».



La bataille sur la glace extraite du film d'Eisenstein:




Pierre et le loup




Enfin, il est à noter, pour ceux que l’anglais ne rebute pas et qui ont gardé leur âme d’enfant, qu’il y a une très recommandable version du conte « Pierre et le Loup » dirigée par Eugene Ormandy et dont le narrateur est David Bowie, qui se révèle un excellent conteur avec une voix grave et un accent très « british ».








dimanche 21 juillet 2019

Rimsky-Korsakov (Nikolaï)

Nikolaï Rimsky-Korsakov


Nikolaï Rimsky-Korsakov


Nikolaï Andreïevitch Rimski-Korsakov (souvent orthographié Rimsky-Korsakov) né le 6 mars 1844 à Tikhvine et mort le 8 juin 1908 à Lioubensk, fut avec Tchaïkovski l'un des plus grands compositeurs russes de la seconde moitié du XIXe siècle. Il fit partie du « Groupe des Cinq » et fut professeur de musique, d'harmonie et d'orchestration au conservatoire de Saint-Pétersbourg. 

Rimsky-Korsakov est avant tout un superbe orchestrateur, ses œuvres symphoniques sont très connues et leur succès ne s’est jamais démenti. Il a également composés plusieurs opéras, mais s’ils sont unanimement célébrés en Russie, c’est beaucoup moins le cas en Occident. 

Voici une anthologie de ses meilleures œuvres.


Schéhérazade

Je commence tout d’abord avec une oeuvre tout à fait emblématique du compositeur en raison de la richesse orchestrale, de la beauté des mélodies et du charme oriental de sa musique : il s’agit de la suite symphonique « Schéhérazade » Op. 35 composée en 1888. 

Cette suite est composée de quatre parties et on y entend surtout deux thèmes principaux : celui de Schéhérazade (violon et harpe) et celui du sultan (cuivres). Ces thèmes subissent des transformations tout au long de l’oeuvre. 

Ce que j’aime particulièrement dans cette oeuvre, c’est cette évocation d’un monde oriental un peu magique inspiré des contes des « Mille et une nuits ». Il s’agit d’une grande fresque orchestrale, avec de nombreux changements de rythmes et d’ambiance, et un côté quasiment cinématographique pour décrire différentes péripéties telles que le vaisseau de Simbad, la fête à Bagdad et le vaisseau qui finit brisé sur un rocher. 

En ce qui concerne les nombreuses versions de cette oeuvre, j’ai longtemps préféré celle de Myung-Whun Chung à la tête de l’orchestre de la Bastille, depuis peu je donne ma préférence à celle de Valery Gergiev à la tête de l’orchestre du Kirov, le violon y est absolument superbe.



Une autre version dirigée par Valery Gergiev avec le Wiener Philharmoniker cette fois:





Antar

Rimsky-Korsakov a composé trois très belles symphonies, parmi lesquelles se détache la symphonie No. 2 Op. 9 sous-titrée « Antar ». Je trouve cette oeuvre déjà très annonciatrice de Schéhérazade par la beauté des thèmes musicaux, l’ambiance exotique, et la qualité du traitement orchestral. 

Cette oeuvre est inspirée d'un conte arabe de Sennkovsky. Antar, un ennemi de toute l'humanité, est devenu un solitaire dans le désert. Il sauve une gazelle d'un grand oiseau. Fatigué d'avoir combattu l'oiseau, il s'endort épuisé. Il rêve qu'il est dans le palais de la reine de Palmyre. 

La reine, qui est en fait la fée Gul-Nazar, était la gazelle qu’Antar a sauvée de l'oiseau. En récompense, elle permet à Antar d'accomplir trois des plus grandes joies de la vie: la vengeance, le pouvoir et l'amour. Il accepte ces cadeaux avec gratitude, puis fait lui-même une demande. 

Il demande à la reine de le tuer lui-même si ces plaisirs deviennent ennuyeux. Il tombe ensuite amoureux de la reine. Après quelque temps, cependant, il se lasse de sa passion. La reine le prend alors dans ses bras et l'embrasse avec une telle férocité que son dernier souffle de vie s'échappe. 



Le chef d’orchestre Neeme Järvi à la tête du Gothenburg Symphony Orchestra nous livre une excellente version de ces trois symphonies, accompagnées de deux très grandes oeuvres de Rimsky-Korkavov : L’ouverture de la Grande Pâque russe Op. 36 et le Capriccio espagnol Op. 34. La version du Capriccio espagnol est exceptionnelle.

Une version audio d'Antar:








Ouvertures et Suites


Si les opéras de Rimsky-Korsakov sont peu connus en dehors de la Russie, il n’en est pas de même des ouvertures ou des suites qui en ont été extraites. Neeme Järvi, encore lui, a publié un album intitulé « Overture and Suites from the Operas », qui réunit la plupart de ces oeuvres. 



Citons les suites les plus réussies : 
  • "Le conte du tsar Saltan", cet opéra est basé sur un poème éponyme d’Alexandre Pouchkine. Il reste célèbre surtout pour l’interlude orchestral du troisième acte : "Le vol du bourdon". 
  • Ensuite, on entend la suite extraite de "La cité invisible de Kitège" qui raconte comment, par miracle, la cité est devenue invisible pour échapper à l’invasion des Tatars. 
  • Enfin, l’album ce termine avec la superbe suite du "Coq d’or" également tiré d’un conte de Pouchkine où l’on retient la danse du tsar Dodon et de la reine Chemakha.

Voici le célèbre Vol du bourdon par Mikhail Pletnev:






mardi 9 juillet 2019

Zelenka (Jan Dismas)

Jan Dismas Zelenka


Jan Dismas Zelenka


Jan Dismas Zelenka (16 octobre 1679 à Louňovice près de Blaníkem en Bohême – 23 décembre 1745 à Dresde) est un compositeur bohémien de l'époque baroque. Exact contemporain de Bach et Händel, il est resté méconnu malgré son talent indéniable. Les musicologues allemands d’après-guerre le citent comme un « petit maître ». Il reste, encore aujourd’hui, un des génies du baroque que l’on a failli oublier. 

Eternel second, il ne sera jamais nommé maître de chapelle de la cour de Dresde où il officie de 1719 à sa mort. En effet, il sert tout d’abord sous les ordres de Johann David Heinichen. Et quand celui-ci meurt, il est remplacé par Johann Adolf Hasse, plus italianisant, et plus au goût de la cour. En effet, ce dernier compose des opéras seria aux antipodes de Zelenka, contrapuntiste jésuite, qui multiplie les oeuvres de musique sacrée. 

Il laisse des oratorios, des cantates sacrées, le mélodrame « De Sancto Venceslas Sub olea pacis » (composé en 1723 pour le couronnement de Charles VI à Prague), des œuvres religieuses dont 22 messes, quelques requiem, un Magnificat (copié par Friedmann Bach), des hymnes et des psaumes, des œuvres de musique de chambre dont 6 Sonates pour 2 hautbois et basson ; 5 Caprices pour cordes et vents : Sinfonia, Concerto, Ouverture et Hypochondria pour 7-8 instruments concertants. 

Il reste un maître austère et mélancolique, mais il demande à ses interprètes une grande virtuosité instrumentale et vocale. Il faut dire qu’il dispose à Dresde du plus exceptionnel des orchestres d’Europe et il parvient à tirer le meilleur parti de ses excellents chanteurs. 

Ceci permet à Zelenka, par exemple, de composer des messes de grande envergure, les plus hautement inspirées de l’époque.

Voici un florilège des musiques de ce grand contrapuntiste.

Hipocondries, Concertos et Symphonies


Je commence par l’album « Zelenka & Pisendel – Concerti » interprété par l’ensemble Freiburger Barockorchester sous la direction de Gottfried von der Goltz. Cet album nous permet d’entendre les plus célèbres pièces orchestrales de Zelenka :
  • l’« Hipocondrie » à 7 concertanti ZWV 187, 
  • le concerto à 8 concertanti ZWV 186
  • la « Simphonie » à 8 concertanti ZWV 189. 
Ces concertos font la part belle au hautbois et au basson, et représentent certainement ce que Zelenka a composé de plus léger. 

La Simphonie ZWV 189 est certainement l’oeuvre la plus virtuose, écoutez les arabesques du violon dans un premier temps, puis celles du hautbois qui y répond. 

Ils sont couplés avec des œuvres orchestrales de Johann Georg Pisendel violoniste virtuose à la cour de Dresde, qui s’y trouve en même temps que Zelenka. 

Voici l'Hipocondrie a 7 concertanti:



Sonates en trio ou sonates pour deux hautbois et basson


Les six Sonates en Trio (pour deux hautbois et basson) ZWV 181 sont parmi les plus remarquables pièces de musique de chambre de leur temps, de par la difficulté qu’elles offrent au hautbois et au basson baroques; tout en étant des œuvres-clés dans la production du compositeur. 


Ce sont ces œuvres qui ont permis la redécouverte du compositeur au XXème siècle. Ce qui est le plus remarquable dans ces œuvres c’est que le côté savant – Zelenka utilise un contrepoint recherché avec deux basses obligées – n’empêche pas l’intensité de l’expression, surtout dans les parties virtuoses du hautbois et du basson. 

Cela est remarquablement montré dans l’album "Sonates pour deux hautbois et basson" de l’ensemble Zefiro. La prise de son est fabuleuse et la virtuosité des interprètes est flamboyante. 

Je voudrais citer également une autre version de très haut niveau : celle de Vaclav Luks à la direction du Collegium 1704.

La version audio de l'ensemble Zefiro:



Missa Paschalis


Le fervent Zelenka va composer une messe par an entre 1723 et 1730. Des oeuvres à la fois d’une grande religiosité mais en même temps d’une grande flamboyance. J’en veux pour exemple cette "Missa Paschalis" (Messe de Pâques) ZWV 7 composée en 1726 et d’un faste éclatant, on y sent l’influence italienne. Une puissance lumineuse se dégage de cette partition, en particulier des passages suivants:
  • le « Kyrie » introductif et ses trompettes, 
  • le « Domine Deus », chanté par la soprano seule, 
  • un très joli « Et incarnatus est », très court, 
  • à nouveau les trompettes éclatantes qui résonnent dans le « Et resurrexit »,
  • le plus beau passage est certainement le « Benedictus » avec ses longues tenues.
Adam Viktora à la tête de l’Ensemble Inégal s’est fait le champion des messes de Zelenka. Il nous livre une version lumineuse d’une grande beauté formelle, qui se voit récompensée par un Diapason d’or.

La Missa Paschalis dirigée par Ivo Venkov:



Missa Dei Patris


En 1740, Zelenka compose une de ses dernières messes la "Missa Dei Patris" ("Messe de Dieu le Père"). 

Dès le Kyrie introductif on est pris dans les méandres d’un contrepoint festif, qui n’est pas sans rappeler la musique italienne d’un Vivaldi, esprit que l’on retrouve bien dans le Gloria. 

Les instruments à vents, et en particulier les hautbois, jouent un rôle important dans toute la messe et en particulier dans le Credo, ou bien encore dans l’ « Et Resurrexit » qui est très vif et très théâtral. 

Zelenka nous livre à nouveau un très beau « Benedictus » dont il a le secret. 

Frieder Bernius à la tête du Barockorchester Stuttgart et du Kammerchor Stuttgart nous en livre une version pleine de finesse et de distinction, et nous montre à quel point ce serait une erreur de sous-estimer les qualités de ce contemporain de Bach.

En voici une version par le Vocal Ensemble Polyharmonique Wroclaw Baroque: