mardi 20 décembre 2022

Couperin (François)

 

François Couperin


François Couperin


François Couperin est né le 10 novembre 1668 et mort le 11 septembre 1733 à Paris. C'est un important compositeur français de la période baroque. 

Il est d'ailleurs surnommé "Couperin le Grand" pour le distinguer d'autres membres de sa famille qui compte de nombreux musiciens, le plus connu étant son oncle Louis Couperin, qui est célèbre pour son oeuvre d'orgue.

François apprend la musique auprès de son père avant même de savoir lire et écrire. C'est probablement par l'entremise de Lalande et de Buterne qu'il entre au service de Louis XIV.

Ses qualités de musicien le font hautement apprécier du souverain, et il est nommé l'un des quatre organistes (par quartier) de la Chapelle royale. Mais Couperin n'obtiendra jamais le poste de claveciniste du roi, que son talent aurait pu lui assurer.

De santé fragile et de caractère peu mondain, Couperin mène une honnête carrière de musicien et de professeur, apprécié cependant des grands du royaume.

François Couperin nous laisse 126 œuvres et il est considéré comme le maître incontesté du clavecin. Il laisse la plus grande oeuvre pour clavecin du XVIIIème siècle avec Rameau.

Il a composé dans les genres suivants: musique pour clavecin, musique pour orgue, musique de chambre (sonates en trio et en quatuor, les Nations, les Concerts Royaux, les Apothéoses, les Goûts Réunis, les deux suites pour viole de gambe), de la musique vocale religieuse (les Leçons de Ténèbres) et de la musique vocale profane (une douzaine d'airs et une seule cantate).

Il a écrit un traité: "L'art de toucher le clavecin".

Si j'ai choisi de vous parler de François Couperin, c'est que j'aime beaucoup le clavecin, et qu'il en est un des spécialistes. Voici une sélection d'albums qui je l'espère vous donneront envie d'écouter ce compositeur intimiste, qui est à cheval entre la fin du XVIIème et le début du XVIIIème siècle.



Secrets de Roy - Pièces de Violes - Mathilde Vialle et Sébastien Daucé



C'est cet album qui m'a donné envie de vous parler de Couperin. Il se trouve que j'ai eu le privilège d'entendre les artistes de cet album en concert, le 3 décembre dernier, au Théâtre de Caen. Ils ont entre autres interprété les deux suites pour pièces de violes composées en 1728.

L'album met en vedette la violiste Mathilde Vialle accompagnée par Thibaut Roussel (théorbe et guitare baroque), Louise Bouedo-Mallet (viole de gambe) et Sébastien Daucé (clavecin).

Sous Youtube, je n'ai pas trouvé de pièce entière interprétée par les musiciens de l'album mais plutôt un "teaser" avec quelques extraits.



Afin de pouvoir écouter des pièces entières, j'ai sélectionné deux mouvements de la deuxième suite en la interprétés par Jordi Savall.

Voici tout d'abord la "Pompe Funèbre", une pièce sobre et recueillie.



Voici "la Chemise Blanche", une pièce enjouée au titre énigmatique.





Barricades - Thomas Dunford & Jean Rondeau



En 2020, le luthiste Thomas Dunford et le claveciniste Jean Rondeau sortent un album intitulé "Barricades" qui est une sorte d'anthologie de pièces de musique de chambre des plus grands compositeurs français des XVIIème et XVIIIème siècles, de Couperin à Rameau.

Le titre "Barricades" provient de la pièce "Les Baricades Mistérieuses" de François Couperin. C'est probablement la pièce la plus connue du compositeur. Elle est extraite du 6ème ordre du 2nd livre de pièces de clavecin, paru en 1716.

"Les Baricades mistérieuses" sont une pièce emblématique du style brisé ou style luthé propre à l'École française de clavecin ; on ne connaît pas exactement le sens de ce titre particulièrement "sibyllin", mais Norbert Dufourcq propose une explication. Cela proviendrait du heurt entre elles des notes "retardées, prolongées" dans un chant "d'un charme et d'une tristesse infinis". A noter que les fautes d'orthographe dans le titre sont probablement dues à François Couperin lui-même, on trouve de nombreuses pièces pour clavecin mal orthographiées.

Voici "Les Baricades mistérieuses" par Thomas Dunford et Jean Rondeau.





tic, toc, choc - Alexandre Tharaud joue Couperin




En 2007, Alexandre Tharaud sort un album qui fera date dans l'interprétation de François Couperin. En effet, les pièces habituellement interprétées au clavecin, sont ici interprétées au piano. Et, c'est un peu similaire lorsqu'on interprète Bach au piano, on montre par cela-même combien la musique de ces compositeurs est intemporelle et éternelle.

On retrouve sur cet album quelques-unes des plus grandes pièces pour clavecin de Couperin, aux titres originaux et bizarres: les Baricades mistérieuses, le Tic-Toc-Choc ou les Maillotins (qui donne son titre à l'album), les Calotines, le Dodo ou l'Amour au Berceau.

On a la chance de trouver sous Youtube, pour le moment, l'intégralité de cet album. Il est tellement génial que je n'ai pas résisté au fait de le sélectionner.





L'Art de toucher le clavecin - Blandine Rannou




François Couperin a composé en 1716 Huit Préludes en annexe de son traité "L'art de toucher le clavecin". D'autre part, il a composé quatre livres de pièces de clavecin qui forment un total de 27 ordres. 

A noter que François Couperin appelle "ordre" ce qui jusqu'à présent était appelé "Suite". La Suite, comme son nom l'indique, était une suite de danses: allemande, courante, sarabande et gigue. Couperin prenant de plus en plus de libertés avec ces danses et leurs appellations, change le nom de la suite en ordre.

J'ai sélectionné cet album de la claveciniste Blandine Rannou, pour sa qualité. Je trouve que Blandine Rannou a un toucher remarquable et il faut voir comment les pièces de Couperin sonnent sous ses doigts.

L'album comprend les Huit Préludes de "L'art de toucher le clavecin" et quelques pièces extraites des quatre livres de pièce de clavecin. Je vous propose quelques pièces remarquables.

"Le turbulent", une pièce très dynamique.





"Le tic-toc-choc", cela nous permet de comparer avec la version de Tharaud.



"Les Baricades mistérieuses", dans sa version pour clavecin seul.



"La favorite", chaconne.




"La Couperin", est-ce un autoportrait de l'auteur ?



"Les Folies Françoises ou les Dominos". C'est une pièce en 12 couplets. Les dénominations de ces 12 parties sont si originales et si poétiques, que je n'ai pas résisté au plaisir de vous les citer entièrement:
  1. La Virginité sous le Domino couleur d’invisible
  2. La Pudeur sous le Domino couleur de rose
  3. L’Ardeur sous le Domino incarnat
  4. L’Espérance sous le Domino vert
  5. La Fidélité sous le Domino bleu
  6. La Persévérance sous le Domino gris de lin
  7. La Langueur sous le Domino violet
  8. La Coquetterie sous différents Dominos
  9. Les Vieux Galants et les Trésorières surannées sous les Dominos pourpres et feuilles mortes
  10. Les Coucous bénévoles sous des Dominos jaunes
  11. La Jalousie taciturne sous le Domino gris de maure
  12. La Frénésie ou le Désespoir sous le Domino noir




On termine avec "Les Calotins et les Calotines, ou la pièce à tretous".





Pièces de clavecin, Troisième Livre - Blandine Verlet



J'ai également choisi cet album du Troisième livre de pièces de clavecin par Blandine Verlet (Décidément les "Blandine" sont des spécialistes de Couperin!).

A noter que cet album est également centré sur "Les Folies Françoises ou les Dominos" qui constituent son plat de résistance. Cette pièce est ici interprétée un peu plus lentement que par Blandine Rannou.

J'ai sélectionné quelques pièces différentes de celles ci-dessus.

Voici, pour commencer, "la Verneuil", une Allemande noble et raffinée.



Voici une pièce consacrée à la fille de Verneuil, ironiquement intitulée "Verneuillète", une pièce charmante et légère.



On termine avec "Le Gaillard boiteux", on peut y remarquer une "démarche martelée par un clavecin à l'allure orchestrale".





L'Intégrale de Clavecin - Scott Ross




Pour les inconditionnels de Couperin, j'ai sélectionné l'intégrale qui me semble réunir tous les critères de qualité: une superbe interprétation de Scott Ross et une prise de son exceptionnelle pour un coffret de 12 CDs enregistré en 1977-1978.

Il est à noter que les 12 volumes de cette intégrale sont disponibles sous Youtube. J'ai choisi de vous présenter le volume 6, dont le plat de résistance est une pièce en 5 actes intitulée: "Les Fastes de la grande et ancienne Mxnxstrxndxsx".

Il s'agit d'un cycle de pièces publiées à la fin du 11e ordre (Second livre, 1716–1717).

Cet ensemble de cinq pièces, de caractère clairement satirique à l’égard de la Ménestrandise (dont le nom est crypté dans le titre, quoique de façon transparente, pour éviter les ennuis juridiques), tourne en ridicule cette corporation de musiciens qui avait tenté, au cours d’un long combat juridique débuté en 1693, de mettre au pas organistes et clavecinistes de haut rang en interdisant à quiconque d’enseigner le clavecin, qui ne soit auparavant reçu "maître" par la corporation — c’est-à-dire qui ne soit mis au même rang que saltimbanques, bateleurs et musiciens de rue.

Voici le volume 6 de Scott Ross en intégralité.




Ariane et Apothéoses - Christophe Rousset



Cet album nous permet d'entendre la seule cantate composée par Couperin: "Ariane consolée par Bacchus" qui était restée inédite jusque-là.

En voici un version par Stéphane Degout (baryton) accompagné par Les Talens Lyriques dirigés par Christophe Rousset.

J'ai sélectionné l'air: "Amour, vante cette fois..."




L'album comprend également les Apothéoses consacrées à Lully et à Corelli et la Paix du Parnasse.

Voici un extrait de l'Apothéose de Lully, X. Essai en forme d'ouverture. Lully et les Muses françaises, Corelli et les Muses italiennes.



Voici un extrait de La Paix du Parnasse, I. Sonade en trio.



On termine par un extrait de l'Apothéose de Corelli, I. Corelli au pied du Parnasse prie les Muses de le recevoir parmi elles (Grande Sonade en trio).





Les Concerts Royaux - Jordi Savall




Les Concerts royaux est un ensemble de quatre suites (ou concerts) à la française qui ont été jouées entre 1714 et 1715, à la cour de Louis XIV (d'où le qualificatif "royaux"), lors de petits concerts de chambre.

Ils sont destinés à l'écoute plus qu'à la danse. Ils ont été publiés par François Couperin en 1722 à la fin de son Troisième Livre de Clavecin, sans précision quant à l'instrumentation. 

J'ai choisi de vous présenter la version de Jordi Savall, qui se révèle comme un spécialiste de la musique française de cette époque.

Voici pour commencer quelques extraits de ces Concerts Royaux.



Voici le Rigaudon du 4e concert.




Terminons avec "Forlane. Rondeau" du 4e concert.





Les Nations - Jordi Savall



En 1726, Couperin publie son quatrième recueil de musique de chambre, intitulé "Les Nations, Sonades et Suites de Simphonies en Trio". 

L'oeuvre est en quatre livres séparés. Ces quatre "concerts" (ou "ordres") sont constitués chacun d’une sonate et d’une suite de danses et chacun porte un titre: La Française, L’Espagnole, L’Impériale et La Piémontaise. 

Comme souvent chez Couperin, le titre des œuvres, en particulier dans ses pièces de clavecin, questionne l’auditeur. L’appellation "Les Nations" se rapporte évidemment aux pièces du recueil, mais aussi au fait que les styles italien et français sont délibérément réunis, le premier dans le genre de la sonate venue d’Italie, le second dans la suite de danses, tradition pleinement française.

Une fois de plus j'ai sélectionné la version de Jordi Savall qui se distingue par ses couleurs et ses accentuations dynamiques vraiment plaisantes.

J'ai choisi deux extraits pour chacun des quatre concerts.

Premier concert, VII. Chaconne ou Passacaille.



Premier concert, VIII. Gavotte.



Second concert, IX. Bourée.



Second Concert, X. Passacaille.



Troisième Concert, VI. Bourée.



Troisième Concert, IX. Chaconne.



Quatrième Concert, VI. Rondeau.



Quatrième Concert, VII. Gigue.





Messe à l'usage des Paroisses - Michel Chapuis




François Couperin n'a laissé que deux messes pour orgue. Ces deux messes, d'une qualité exceptionnelle, peuvent se définir à la fois comme la synthèse des messes léguées par les grands maîtres parisiens de l'orgue — notamment Nivers, Lebègue ou Raison — et comme un témoignage tout à fait personnel de l'art organistique de l'auteur, d'une grande économie de moyens, aux thèmes originaux et à la construction réfléchie. 

Ce sont deux chefs-d'œuvre incontournables de la littérature destinée à cet instrument. J'ai sélectionné la "Messe à l'usage des Paroisses" interprétée par Michel Chapuis à l'orgue de Saint-Maximim.

Voici en extrait le Kyrie.





Messe Propre pour les Couvents - Olivier Latry




Voici la seconde messe composée par Couperin. Il est à noter que ces deux messes ont été composées en 1690 alors que Couperin n'a que 22 ans.

J'ai sélectionné une version toute récente, puisqu'elle a été enregistrée en janvier et avril 2022. C’est sur le magnifique Grand Orgue historique de la Chapelle Royale de Versailles, dont Couperin fut titulaire de 1693 à 1730, que le célèbre organiste de Notre-Dame de Paris, Olivier Latry, signe une version somptueuse de cette messe d’orgue, entrelacée en première mondiale d’envoûtants "Chants sur le Livre".

Voici un teaser de cet album sous Youtube.





Leçons de ténèbres - Sandrine Piau, Véronique Gens, Christophe Rousset




Les leçons de ténèbres pour le Mercredi saint ont été écrites par François Couperin pour les liturgies de la semaine sainte de 1714 à l'abbaye de Longchamp. 

Elles reprennent le texte des lamentations de Jérémie, issu de l'Ancien Testament où le prophète déplore la destruction de Jérusalem par les Babyloniens. Dans la tradition catholique, elles symbolisent la solitude du Christ abandonné par ses apôtres.

Au disque, j'ai sélectionné la version interprétée par Véronique Gens et Sandrine Piau. Elles sont accompagnées par l'ensemble Les Talens Lyriques dirigé par Christophe Rousset.

Sous Youtube, je vous propose la version de William Christie accompagné par Gwendoline Blondeel (Soprano), Rachel Redmond (Soprano) et Myriam Rignol (Viole de gambe).





mardi 13 décembre 2022

Weinberg (Mieczyslaw)

 

Mieczyslaw Weinberg


Mieczyslaw Weinberg


Mieczysław Weinberg, né le 8 décembre 1919 à Varsovie et mort le 26 février 1996 à Moscou, est un compositeur d'origine polonaise établi en URSS dès l'invasion de la Pologne en 1939. 

L'ampleur de sa production musicale fait de lui l'égal de Sergueï Prokofiev et de Dimitri Chostakovitch, sans toutefois recueillir comme eux la reconnaissance internationale.

Weinberg fait partie de ces compositeurs négligés, il ne figure même pas dans la plupart des dictionnaires de la musique. Il est temps de réparer cette injustice.

Si la phrase "Le pouvoir de création provient du malheur que l'on a vécu" peut s'appliquer à de nombreux artistes, elle pourrait être mise en exergue de la vie de Weinberg.

Fils de parents juifs aux racines moldaves, il débuta dans la musique au théâtre juif local, où son père travaillait comme musicien. Normalement destiné à une carrière de virtuose du piano, il fut contraint de fuir la Pologne en 1939, suite à l'invasion nazie.

Il se rendit à Minsk, en Biélorussie où il commença à prendre des cours de composition. Mais, l'attaque de l'URSS par la Wehrmacht, en 1941, l'obligea à nouveau à partir. Il se rendit alors à Tachkent, en Ouzbékistan, où il se fit embaucher à l'Opéra.

En 1943, Israël Finkelstein fait découvrir ses premières partitions à Dimitri Chostakovitch. Celui-ci apprécie l'œuvre de son jeune collègue et favorise l'installation de Weinberg et de sa femme Nathalie (fille de l'acteur juif Solomon Mikhoels), à Moscou. Débute alors une longue amitié entre les deux compositeurs, qui aura duré jusqu'à la mort de Chostakovitch en 1975.

En 1953, Chostakovitch fait signer une pétition pour venir en aide à Weinberg, qui a été incarcéré pour ses prétendues "activités sionistes", en réalité pour des motifs antisémites. La mort de Staline, le 5 mars 1953, marque une certaine rupture politique et Weinberg retrouve la liberté.

Les années 1960 voient la consécration de sa musique. Ses œuvres sont créées par les plus grands interprètes russes: David Oistrakh, Mstislav Rostropovitch, Leonid Kogan, Emil Gilels, les chefs d'orchestre Vladimir Fedosseïev, Kirill Kondrachine, Rudolf Barchaï et le Quatuor Borodine.

Les dernières années de Weinberg sont néanmoins assombries par les maladies, dont la maladie de Crohn et la dépression. Il ne connaîtra jamais les circonstances de la mort de ses parents probablement tués dans les camps nazis.

Il meurt le 26 février 1996 à Moscou, dans la plus grande précarité, quelques semaines après s'être converti au christianisme russe orthodoxe. Il est enterré au cimetière Domodedovo près de Moscou.

Weinberg a achevé une œuvre immense comptant plus de 500 compositions dont 154 reçoivent un numéro d'opus : sept opéras (dont Le Portrait), un Requiem profane, 22 symphonies (la dernière est restée inachevée), quatre symphonies de chambre, deux sinfoniettas, plusieurs concertos (violon, violoncelle, flûte, trompette, clarinette), 17 quatuors à cordes, sonates pour violon et piano, quatre sonates pour violoncelle et piano, etc.

Son style peut être rapproché de celui de Dimitri Chostakovitch ou de Béla Bartók, comprenant des éléments empruntés au folklore musical juif. On ne perçoit aucune acrimonie dans son oeuvre qu'il considérait pourtant comme une réponse artistique au harcèlement d'un régime hostile : l'optimisme résigné de Weinberg a toujours contrasté avec la révolte pessimiste de Chostakovitch.

Il réalise de nombreuses musiques de films et de dessins animés. La musique du film "Quand passent les cigognes" (réalisé par Mikhaïl Kalatozov) reçoit une reconnaissance internationale après que le film a gagné la Palme d'or à Cannes en 1958.

Au début de l'année 2015, l'Association internationale Mieczysław Weinberg est créée dans le but de promouvoir sa musique. D'autre part, le violoniste et chef d'orchestre letton Gidon Kremer s'est fait un ardent propagandiste de la musique de Weinberg. On peut d'ailleurs constater un net enrichissement de sa discographie ces dernières années, en particulier par le label britannique Chandos, qui avec des chefs d'orchestre comme Thord Svedlund ou Gabriel Chmura, sont en train de réaliser une intégrale de ses symphonies.

Je vous ai préparé une anthologie de 10 albums consacrés à Weinberg. Dans la mesure où mes choix se sont portés sur des albums contenant plusieurs œuvres, celles-ci ne suivent pas un classement particulier (ni chronologique, ni thématique).



Chamber Music for Woodwinds - Mathias Baier and others



Je commence ma sélection par cet album frais qui nous permet d'entendre quelques pièces de musique de chambre de Weinberg pour instruments à vent. La sonate pour clarinette et piano, 12 miniatures pour flûte et piano, la sonate pour basson et le trio pour flûte, alto et harpe.

Dédiée au bassoniste russe Valery Sergeyvich Popov (né en septembre 1937), la sonate pour basson seul Op. 133 nécessite une grande technique, la partition allant jusqu'au mi bémol majeur. Elle fut composée en 1981 et est en quatre mouvements sans indications.

Voici les mouvements 1 & 4 de la sonate interprétée par Mikhail Urman.




Voici le premier mouvement du trio pour flûte, alto et harpe Op. 127 par Henrik Wiese, Nimrod Guez et Uta Jungwirth. On remarquera les notes rapides de la harpe.





Quintette avec Piano Op. 18 - Gidon Kremer, Kremerata Baltica



Le quintette avec piano Op. 18 fut composé en 1944 et porte les marques de la guerre. Il fut créé dans la petite salle du Conservatoire de Moscou le 18 mars 1945 par Emil Gilels au piano et le quatuor du Théâtre Bolchoï.

Il est composé de cinq mouvements:
  1. Moderato con moto: le quintette commence de manière introspective et le second thème est une marche. Ce mouvement fournit toute la thématique du quintette entier.
  2. Allegretto: ce mouvement est un premier scherzo au thème folklorique.
  3. Presto: il s'agit d'un deuxième scherzo avec une musique grotesque de cabaret.
  4. Largo: c'est le mouvement le plus long, en forme d'arc majestueux.
  5. Allegro Agitato: au thème tapageur et motorique, suivi d'une danse traditionnelle effrénée. Le mouvement s'achève dans la sérénité.
Au disque, j'ai sélectionné la version de Gidon Kremer et du Kremerata Baltica, qui est couplée avec les 4 symphonies de chambre.

Voici une version live de ce quintette par de jeunes élèves de la Colluvio Chamber Academy: Anastasiya Sharina (25), piano, Ukraine, National Music Academy Kiev, Assia Weissmann (22), premier violon, Russie, Music Academy of Karlsruhe, Sofia Kolupov (22), second violon, Ukraine, Royal College of Music, London, Kinga Wojdalska (21), alto, Pologne, Royal College of Music, London, et Lucija Mušac (19), violoncelle, Croatie, Music School “Josip Hatze” of Split.





Concertos - Thord Svedlund



L'album suivant propose la fantaisie pour violoncelle Op. 52, les 2 concertos pour flûte et le concerto pour clarinette Op. 104. Cet album fait partie des nouveaux enregistrements du label Chandos consacrés à Weinberg et dirigés par le chef suédois Thord Svedlund.

Composé entre le 31 mai et le 30 juin 1970, le Concerto pour clarinette et orchestre à cordes, opus 104, est un joyau attendant d’être redécouvert. L’écriture pour la clarinette confirme les affinités de Weinberg avec cet instrument, déjà manifestes dans sa Sonate pour clarinette et piano, opus 28 (1945), et dont il fera de nouveau preuve, peu de temps avant sa mort, dans la Quatrième Symphonie de chambre, opus 153 (1992). 

Les trois mouvements de ce Concerto respectent l’ordre traditionnel: vif–lent–vif (Allegro, Andante et Allegretto), le langage est austère, mais révélateur et assuré.

Voici ce concerto interprété par Urban Claesson à la clarinette, le Gothenburg Symphony Orchestra est dirigé par Thord Svedlund.



Le premier Concerto pour flûte et orchestre à cordes, opus 75, émane d’une période un peu creuse dans la production symphonique de Weinberg; il offre un pendant artistique optimiste à la superbe Cinquième Symphonie de 1962. 

Ce Concerto est écrit à l’intention de son dédicataire, l’exceptionnel flûtiste russe Alexandre Korneïev, qui en assure la création le 25 novembre 1961 à la Grande Salle du Conservatoire de Moscou, avec l’Orchestre de chambre de Moscou dirigé par Rudolf Barchaï, et l’enregistre par la suite sous la baguette de ce dernier. 

Le concerto est en trois mouvements:
  1. Le premier mouvement, aux allures de scherzo, est impétueux. 
  2. Le mouvement lent, en totale opposition, se déroule comme une passacaille introspective aux coloris sombre, où Weinberg exploite habilement le registre grave de la flûte. 
  3. Le finale débute par une de ces valses de style klezmer si souvent et si facilement jaillies de son imagination, mais se fait plus sombre par moments.

Voici le concerto pour flûte No. 1 Op. 75 interprété par Gala Kossakowski.





Echoes of War: Piano Trios by Weinberg and Shostakovich - Trio Marvin



L'album suivant nous fournit un couplage entre le trio pour piano Op. 24 de Weinberg et le trio pour piano No. 2 de Chostakovitch.

Ecrit en 1945, le trio Op. 24 est en 3 mouvements:
  1. Prélude et Aria - Larghetto: Ce premier mouvement démarre d'une façon résolue. Puis, il nous immerge progressivement dans la noirceur d'une marche funèbre.
  2. Toccata - Allegro marcato: Cette toccata utilise 8 notes accentuées qui reviennent de manière incessante.
  3. Poème - Moderato: Dans ce mouvement le piano joue un rôle prodigieux et agressif. Les pizzicatos des cordes rappellent l'atmosphère cafardeuse du premier mouvement.
  4. Finale - Allegro moderato: Une fugue tient une grande importance dans ce finale. Weinberg utilise alors une danse macabre, une valse grotesque qui amène à une libération. Le mouvement se termine dans le recueillement.
Le trio dure environ 30 minutes. Voici une version live du Trio Marvin avec Vita Kan (piano), Marina Grauman (violon) et Marius Urba (violoncelle).





Concertos for trumpet and piano - Selina Ott & Maria Radutu



L'album suivant offre un couplage de trois concertos passionnants pour trompette (deux d'entre eux pour trompette et piano) de Chostakovitch, Weinberg et Jolivet.

Le concerto pour trompette Op. 94 de Weinberg fut composé en 1967. Il est en 3 mouvements:
  1. Etudes: dans ce mouvement la trompette est virtuose avec ses airs de cirque et de fête foraine.
  2. Épisodes: le son puissant des cordes alterne avec de délicates cantilènes à la flûte et à la trompette. Un certain pathos s'installe et le mouvement se termine avec les percussions en triple piano.
  3. Fanfares: Dans ce troisième mouvement, Weinberg cite des œuvres de Mendelssohn, Rimsky-Korsakov et Bizet. Un andante calme nous amène à une cadence virtuose. Le mouvement se termine pianissimo.

Voici les trois mouvements de ce concerto interprété par Selina Ott.

I. Etudes.



II. Episodes.




III. Fanfares.





Symphonies Nos. 2 & 21 - Mirga Grazinyte-Tila



Cet album regroupe deux symphonies du compositeur. La Symphonie No. 2 qui est une symphonie pour orchestre à cordes et qui fut composée en 1946, et la Symphonie No. 21 dite "Kaddish" qui fut composée entre 1989 et 1991.

Cet album remarquable, dans lequel les œuvres sont dirigées par Mirga Grazinyte-Tila a été récompensé par un Choc de Classica et un Diapason d'Or.

Voici le premier mouvement de la Symphonie No. 2, dans une ambiance grave et mouvementée qui n'est pas sans rappeler Bela Bartok.




La Symphonie No. 21, Op. 152, sous-titrée "Kaddish", a été composée entre 1989 et 1991. C'est la dernière symphonie (avec un orchestre complet) que Weinberg termina avant sa mort en 1996 (la symphonie No. 22 resta elle inachevée).

L'œuvre est dédiée "aux victimes du Ghetto de Varsovie". Weinberg fit la donation du manuscrit au Mémorial de Yad Vashem en Israël.

La symphonie est en un seul mouvement et six sections :
  1. Largo : cette section cite plusieurs fois des éléments de la ballade no 1 en sol mineur de Frédéric Chopin et s'inspire également du lied Das irdische Leben (La vie terrestre) du "Des Knaben Wunderhorn" de Mahler ;
  2. Allegro molto ;
  3. Largo ;
  4. Presto ;
  5. Andantino ;
  6. Lento : cette section contient un chant sans parole pour soprano de type requiem.
Il s'agit d'un des chefs-d’œuvres de Weinberg, une oeuvre prenante qui est un témoignage très fort sur l'histoire.

Voici la version de Mirga Grazinyte-Tila dans son intégralité. C'est Mirga Grazinyte-Tila qui chante la partie de soprano de la sixième section.





Symphonies Nos. 3 & 7, Concerto pour flûte No. 1 - Mirga Grazinyte-Tila



L'album choisi nous permet d'entendre les Symphonies Nos 3 & 7 (et le concerto pour flûte No. 1 déjà sélectionné).

On notera au passage la superbe pochette qui est illustrée par une toile du peintre (et compositeur) Mikalojus Konstantinas Ciurlionis intitulée Amzinybe (Eternité).

Weinberg fut frappé, à partir de 1948, par la campagne “d’antiformalisme” menée par Andreï Jdanov, qui exhortait tous les compositeurs soviétiques à produire de la musique pour le Peuple, c’est-à-dire dans une langue facile à comprendre, s’inspirant de préférence de matériaux et de langages traditionnels. 

Les symphonies intégrant du matériau traditionnel jouissaient depuis longtemps d’une place d’honneur dans la tradition russo-soviétique, et l’apparition de ce matériau dans de telles œuvres ne peut en aucun cas être attribuée à une pression extérieure. Il fallait désormais accentuer ce qui était positif et cette tendance survint chez Weinberg à un moment assez opportun de sa carrière. 

Il avait acquis une expérience considérable dans le domaine de la musique de chambre, mais n’avait encore que deux symphonies parues sous son nom: la première était une pièce de diplôme un peu trop ambitieuse, la seconde une symphonie de chambre qui n’en portait pas le titre. 

Permettre à des éléments traditionnels de servir de catalyseur allait s’avérer au moins une expérience fructueuse d’apprentissage et, dans sa nouvelle symphonie, qu’il commença à composer en mars 1949 et termina au mois de juin de l’année suivante, Weinberg se conforma aux directives en plaçant un chant traditionnel biélorusse (“Quelle lune”) en guise de thème contrasté dans son premier mouvement et un chant polonais dans le style d’une mazurka (“Matek est mort”) au moment homologue du deuxième mouvement; ce dernier se transforme finalement pour devenir le thème principal du finale. 

Weinberg revint sur cette partition dix ans plus tard, coupa du matériau superflu et recomposa certains épisodes, surtout dans les mouvements externes. La version révisée fut créée le 23 mars 1960 dans la Grande Salle du Conservatoire, par l’Orchestre symphonique de la Radio et de la Télévision de toute l’Union sous la direction d’Alexander Gauk.

Cette symphonie est en 4 mouvements et dure un peu plus de 30 minutes. Personnellement, c'est mon oeuvre préférée de Weinberg.

1er mouvement: Allegro.



2ème mouvement: Allegro giocoso.



3ème mouvement: Adagio.



4ème mouvement: Allegro vivace.





Symphonie No. 10 & Chamber Music - Gidon Kremer



L'album sélectionné contient les œuvres suivantes: la Sonate No. 3 Op. 126 pour violon seul, le trio pour cordes Op. 48, la Sonatina Op. 46, le Concertino Op. 42 et la Symphonie No. 10 pour orchestre à cordes.

Cet album, interprété par Gidon Kremer et le Kremerata Baltica, a été récompensé par un Choc de Classica et un Diapason d'Or.

La Symphonie No. 10 a été commissionnée et est dédiée à Rudolf Barshai. Composée en 1968, il s'agit d'une des œuvres les plus expérimentales du compositeur. Elle est en 5 mouvements et dure environ 1 heure.

Voici la version interprétée par Rudolf Barshai et l'Orchestre de Chambre de Moscou.




Symphonie No. 20 & Concerto pour Violoncelle - Thord Svedlund



La Symphonie No. 20 de Weinberg a été achevée en juillet 1988. Elle est dédiée à Vladimir Fedoseyev et à l'Orchestre symphonique de la radio de Moscou, qui étaient devenus les plus grands partisans de la production orchestrale de Weinberg après le départ de Kirill Kondrashin pour l'Occident en 1978. 

Les cinq mouvements sont arrangés de manière quasi-symétrique, les mouvements externes, lents, encadrant des scherzos qui renferment à leur tour un mouvement central avec le caractère d'un intermezzo. 

Comme indication de son infirmité croissante (Weinberg souffrait de la maladie de Crohn), il y a une inscription mahlérienne en polonais sur les pages préliminaires du manuscrit : "Avec l'aide de Dieu, j'arriverai peut-être encore à écrire celle-ci. Mais je ne le crois pas". 

Ce n'est là qu'un aspect énigmatique d'une œuvre difficile dont le caractère est exceptionnellement difficile à comprendre. Personnellement je lui trouve un beau caractère sombre.

Voici la Symphonie No. 20 par l'Orchestre symphonique de Göteborg dirigé par Thord Svedlund. Les 5 mouvements apparaissent aux différents minutages indiqués ci-dessous:
  • I - Adagio :0:00
  • II - Allegretto :12:49
  • III - Con moto :17:40
  • IV - Allegro molto :22:57
  • V - Lento :27:33




Le concerto pour violoncelle Op. 43, fut écrit vers la fin de 1948 (la date précise de composition est inconnue dans la mesure où l’on ignore où se trouve le manuscrit à l’heure actuelle).

Il dut attendre neuf ans sa création, par Mstislav Rostropovitch et l’Orchestre symphonique de la Philharmonie de Moscou dirigé par Samuel Samossoud, le 9 janvier 1957.

Le concerto est en 4 mouvements et dure environ 30 minutes.

J'ai sélectionné la magnifique version de Sol Gabetta accompagnée par l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck.

Les 4 mouvements apparaissent aux différents minutages indiqués ci-dessous:
  1. Adagio 0:00
  2. Modéré 7:21
  3. Allegro 12:39, avec Cadence 19:15
  4. Allegro 22:05



Concerto pour Violon & Sonate pour 2 Violons - Gidon Kremer



Voici le dixième et dernier album sélectionné. Celui-ci comporte le concerto pour violon Op. 67 et la sonate pour 2 violons Op. 69, avec encore comme principal interprète Gidon Kremer.

Dans son entourage artistique, Weinberg comptait le violoniste ukrainien Leonid Kogan. Weinberg lui dédia son unique concerto pour violon composé entre le 20 juillet et le 28 août 1959.

Chostakovitch, enthousiaste, écrivit: "Le concerto pour violon de Moïsseï Weinberg, magistralement interprété par le violoniste communiste Leonid Kogan, m’a fait forte impression. C’est une oeuvre extraordinaire et je pèse mes mots." 

Le concerto est en 4 mouvements pour une durée d'environ 30 minutes.
  1. Allegro molto
  2. Allegretto
  3. Adagio
  4. Allegro risoluto
Voici une version interprétée par David Radzynski, l'Orchestre Philharmonique d'Israël est dirigé par Manfred Honeck.






vendredi 9 décembre 2022

Kraftwerk

 

Kraftwerk


Kraftwerk


Tout commence en 1968 lorsque Florian Schneider et Ralf Hütter se rencontrent lors de leurs études dans la classe d'improvisation du conservatoire de musique de Düsseldorf.

A l'époque, nos deux musiciens - Florian qui joue de la flûte et du violon et Ralf qui joue du piano et de l'orgue - sont attirés par la musique électronique expérimentale. Ils participent à un groupe allemand nommé Organisation qui sortira un unique album en 1969 intitulé Tone Float. 

Ils décident de quitter le groupe Organisation et de fonder Kraftwerk en 1970.

A l'époque, ils jouent plutôt une sorte de rock expérimental et d'avant-garde lié à la mouvance krautrock (le rock progressif allemand) et sortent leurs trois premiers albums: Kraftwerk (1970), Kraftwerk 2 (1972) et Ralf & Florian (1973). C'est sur l'album Kraftwerk 2 qu'ils feront le premier usage des boîtes à rythmes. 

Influencé par les vastes complexes industriels de leur région (la Ruhr), Kraftwerk reproduit dans ses disques l’atmosphère industrielle faite de sons répétitifs et sa vision du monde autour du béton des grandes villes et de la modernité technologique. La musique est avant-gardiste et le succès est très mitigé.

Tout va changer en 1974: en effet, ils décident de changer pour un style pop et délivrent un morceau culte "Autobahn", sur l'album éponyme, un titre de 22 minutes avec bruits de moteurs, klaxons, quelques notes d'orgue et une rythmique imparable (appelée Motorik). 

L'album est un succès mondial (7ème en Allemagne, disque d'or en France) et lance la vague électro-pop qui va influencer des groupe anglais comme Depeche Mode ou Orchestral Manœuvres in the Dark, premiers représentants de la new wave.

Ils fondent leur propre studio, nommé Kling Klang, et tels des hommes robots dans leur laboratoire, ils vont concevoir la musique électro-pop qui va être la fondation de la house et de la techno qui émergeront à la fin des années 80.

Ils sortent par la suite des titres célèbres comme Radioactivity, Trans-Europe Express ou The Robots en 1978 sur l'album The Man Machine, qui feront de Kraftwerk l'un des groupes les plus échantillonnés après James Brown. 

Etant attachés à leur culture allemande, à partir de l'album Trans-Europe Express, ils sortiront leurs albums en deux versions: une version allemande (pour le marché intérieur) et une version anglaise (pour le marché international). De plus, ils utiliseront très fréquemment plusieurs langues dans leurs albums, outre l'allemand et l'anglais, ils chantent en français, japonais, italien ou espagnol.

Les années 70 correspondent à la période faste du groupe. Les deux créateurs sont rejoints par deux percussionnistes pour former un quatuor.

La photographie mise en exergue ci-dessus et qui correspond à la pochette de l'album The Man Machine, présente de gauche à droite: Florian Schneider, Ralf Hütter, Wolfgang Flür et Karl Bartos.

Le groupe Kraftwerk fait de nombreuses tournées mondiales, les plus significatives étant celles de 1981 (qui correspond à la sortie de l'album Computer World) et de 2004 (suite à la sortie de l'album Tour de France Soundtracks en 2003).

Kraftwerk célèbre ses cinquante ans d'existence en 2020, année où disparaît l'un de ses deux membres fondateurs, Florian Schneider, retiré du groupe depuis 2008. En octobre 2020, les huit albums du catalogue (versions allemandes et internationales) sont réédités en vinyle à l'occasion du cinquantenaire. Le groupe est toujours actif.

Je vous propose une sélection des meilleurs morceaux, j'ai choisi autant que possible des extraits de leurs concerts quand ils étaient disponibles sous Youtube.



1972 - Kraftwerk 2




En 1972, Kraftwerk sort son deuxième album qui peut encore être considéré dans la mouvance krautrock. 

L'album est bâti de manipulations sonores construisant des microclimats particulièrement denses.

Les trois premiers albums (Kraftwerk, Kraftwerk 2 et Ralf und Florian) ont été retirés du catalogue officiel de Kraftwerk après l'expiration du contrat avec Phillips/Phonogram en 1981 et n'ont donc jamais été réédités. Les seules versions disponibles en CD sont des bootlegs (albums non officiels), et les tirages en vinyle les plus récents sont également des bootlegs ou des contrefaçons.

Sur l'album, le morceau "Kling Klang", qui dépasse les 17 minutes, procure une sorte d'envoûtement et est le premier morceau à utiliser les boîtes à rythmes.

J'ai sélectionné une version écourtée que l'on retrouve sur la compilation Exceller 8.




1974 - Autobahn



Autobahn est le quatrième album studio, mais le premier dans le catalogue de Kraftwerk (ceux-ci ayant supprimé les 3 premiers albums).

Sur cet album, Ralph et Florian sont accompagnés de Klaus Roeder à la guitare et Wolfgang Flür aux percussions. 

Ralph Hütter dit de cet album: "En 1974, un album comme Autobahn était autant déterminé par le concept original de l'autoroute qu'inspiré sur le vif par le son des pneus sur l'asphalte, celui de l'autoradio, ou le mouvement perpétuel des roues".

En voici une version live des années 2004-2005.





1975 - Radio-Activity



L'album suivant, "Radio-Activity" en anglais, "Radio-Activität" en allemand, sort en 1975. Les chansons sont chantées à la fois en anglais et en allemand, ce qui fait que les 2 éditions sont en fait absolument identiques quant au contenu. Ce qui change uniquement dans la version allemande c'est que les titres de l'album et des chansons sont en allemand. C'est le premier album purement électronique.

La chanson "Radioactivity" cite les lieux d'incidents nucléaires majeurs: Tchernobyl, Harrisburg, Sellafield et Hiroshima. Les paroles disent que la radio-activité, découverte par Mme Curie, est dans l'air pour vous et moi. Une chanson somme toute écologique, Kraftwerk était en avance.

C'est certainement la chanson de Kraftwerk la plus proche des morceaux new wave qui en seront inspirés.

Voici une version live du morceau (l'année n'est pas précisée).





1977 - Trans-Europe Express



En 1977, Kraftwerk rend hommage aux trains avec Trans-Europe Express (Trans Europa Express en allemand), on retrouve de nouveau l'attrait du groupe pour le monde industriel et la description du train qui roule par la musique.

Tout comme les albums suivants, Trans-Europe Express existe à la fois en version originale allemande et en version internationale, avec des titres respectivement chantés en allemand et en anglais. 

L'édition française de l'album se démarque de l'internationale, car elle contient un titre chanté en français : Les Mannequins (Schaufensterpuppen en allemand, Showroom Dummies en anglais). 

Concernant la pochette, celle-ci se décline en plusieurs versions: avec les membres du groupe, en couleur ou noir et blanc, dans plusieurs poses différentes, en représentant un train, en représentant un train stylisé.

Voici une version live de "Trans Europe Express", la vidéo démarre avec l'image du train stylisé.




1978 - The Man-Machine



The Man-Machine (version anglaise) ou Die Mensch-Maschine (version allemande) est le septième album du groupe Kraftwerk, sorti le 13 mai 1978. Conceptuellement, il s'agit du 4e album du Catalogue officiel de Kraftwerk.

C'est l'un des albums qui a le plus influencé les groupes new wave et synthpop tels que Depeche Mode. The Man-Machine constitue pour beaucoup l'apogée du groupe en ce qui concerne leur maîtrise de l'électronique, avec des titres comme "The Robots" ("Die Roboter") et "The Model" ("Das Modell").

Voici une version live à Sonic Mania en 2014 de "The Robots".




Voici un clip de "The Model" dans un remix intitulé Robot Remix.




1981 - Computer World




Computer World est le titre international de l’album Computerwelt, sorti en mai 1981. Il contient notamment les titres "Computer World" et "Numbers", et est considéré comme une œuvre fondatrice, de par son influence, du style techno. Conceptuellement, il s'agit du 5e album du Catalogue officiel de Kraftwerk.

Voici une version live de 2004 des deux titres enchaînés "Numbers" et "Computer World".




1986 - Electric Café / Techno Pop



Electric Café sort en novembre 1986. Il est ultérieurement renommé Techno Pop lors de sa ré-édition en 2009. Conceptuellement, il s'agit du 6e album du Catalogue officiel de Kraftwerk.

Tout comme ses prédécesseurs Trans-Europe Express, The Man-Machine et Computer World, Electric Café est sorti en version allemande et en version anglaise (pour le commerce à l'international). 

La version allemande se différencie de la version anglaise par ses paroles en allemand sur trois morceaux : The Telephone Call, Techno Pop et Sex Object. Par ailleurs, Sex Object a aussi fait l'objet d'une version en espagnol, figurant sur l'album sorti en Espagne avec la mention « Edición Española » sous le titre de la pochette.

Voici le titre "Techno Pop" dans sa version remastérisée en 2009.



Et le titre "Musique Non Stop".




1991 - The Mix



The Mix est sorti en 1991. Cet album contient la plupart des chansons du groupe ayant eu le plus de succès entre 1974 et 1986, entièrement réinterprétées dans un style techno et house, parfois méconnaissables à l'exception de la mélodie principale. Conceptuellement, il s'agit du 7e album du Catalogue officiel de Kraftwerk.

Selon la tradition du groupe, l'album a été édité en deux éditions : allemande et anglaise. On ne note pas de différence au point de vue accompagnement musical entre ces deux versions, seules les paroles ne sont pas dans la même langue.

Voici la version de The Mix du titre "The Robots/Die Roboter" chanté en allemand, puis en anglais.





2003 - Tour de France Soundtracks




Tour de France Soundtracks est un album de Kraftwerk, sorti en 2003 à l'occasion du centenaire du Tour de France cycliste. Il est ultérieurement renommé simplement Tour de France lors de sa ré-édition en 2009. 

Conceptuellement, il s'agit du 8e et dernier album du Catalogue officiel de Kraftwerk. Cet album studio est publié 12 ans après le précédent, The Mix, et 17 ans après Electric Café qui était jusqu'alors le dernier album du groupe à contenir des compositions originales.

Tour de France Soundtracks est l'aboutissement d'un projet qui trouve son origine vingt ans plus tôt lors de l'enregistrement du morceau Tour de France déjà consacré à la plus grande course cycliste du monde. Kraftwerk l'avait sorti en 1983 uniquement en single et maxi 45 tours, en deux versions, l'une chantée en français, l'autre en allemand, puis avec de nouvelles versions remix en 1984.

Voici la version live 2004 de Tour de France - Etape 1.




2022 - Remixes




Le 25 Mars 2022, Kraftwerk sort son dernier album en date. La plupart des titres sont des remixes de titres plus anciens qui couvrent l’ensemble de leur discographie de 1991 à 2001, mais aussi 19 remixes réalisés par des producteurs et artistes comme François Kervorkian, William Orbit, Étienne de Crécy, Orbital, Underground Resistance, DJ Rolando et Hot Chip. 

Voici une sélection de mes remixes préférés, n'hésitez-pas à aller découvrir les autres.

Expo Remix (Kling Klang mix 2002).



Home Computer (2021 single edit)



Aéro Dynamik (Alex Gopher / Etienne de Crécy Dynamik Mix).




Tour de France - Etape 2 (2022 Edit).




Bootlegs

Les Bootlegs sont des albums non officiels. Il se trouve qu'il y a pas mal de bootlegs sur Kraftwerk, et il faut dire que même si je ne veux pas en faire la promotion ici, on y trouve des perles.

J'ai donc choisi de vous présenter les deux meilleurs bootlegs de Kraftwerk.


1996 - Toccata Electronica



Comme pour tous les bootlegs de Kraftwerk, on ne sait pas grand chose sur comment ils ont été réalisés.

"Toccata Electronica" inclus des remix de titres de Kraftwerk depuis leur premier album (Kraftwerk) jusqu'à Tour de France.

Voici ce petit bijou.




1999 - Der Robotmix



On termine avec "Der Robotmix" qui constitue pour moi le remix idéal des titres de Kraftwerk. Il enchaîne tous les titres sur 1h15.

Voici ce remix ultime.




Playlists


Voici une playlist Qobuz dédiée à Kraftwerk:


Voici la playlist Spotify intitulée This is Kraftwerk: