mercredi 30 décembre 2020

Bach - La musique vocale (5/5)

 

Johann Sebastian Bach


Johann Sebastian Bach - La musique vocale


Dans ce domaine également Bach a produit des chefs-d’œuvres: les passions, le Magnificat, les Motets, la Messe en Si Mineur ...

Vous trouverez ci-joint une sélection de mes pages préférées.

La passion selon Saint-Matthieu BWV 244




Il s’agit d’une vaste fresque d’environ 2h45 sur la passion du Christ. 

Les extraits les plus célèbres sont :
  • Erbame dich (Aria)
  • Kommt Ihr Tochter, Helft mir klagen (Choeur introductif)
  • Blute nur, du liebes Herz ! (Aria)
  • Ich will bei meinem Jesu wachen (Aria avec choeur)
  • Wenn ich einmal soll scheiden (Choral)
  • Wir setzen uns mit Tränen nieder (Chœur conclusif)
Je vous recommande la version dirigée par Nikolaus Harnoncourt à la tête du Concentus Musicus de Vienne et du choeur Arnold Schoenberg.

En vidéo, j'ai choisi l'air le plus célèbre de la passion: "Erbarme dich" interprété par Delphine Galou, dirigée par François-Xavier Roth à la tête de l'orchestre Les Siècles.




La Messe en si mineur BWV 232



La Messe en si mineur a occupé pas loin de 25 ans de la carrière de Bach, c'est dire l'importance qu'il accordait à cette partition.

La Messe en si mineur est essentiellement composée d'un assemblage de diverses pages puisées dans différents ouvrages antérieurs du compositeur et réécrites par lui.

Je recommande la version dirigée par William Christie, qui dispose d'une bonne distribution vocale et d'une excellente prise de son, ce qui fait défaut à une autre bonne version celle de Philippe Herreweghe, mais qui est handicapée par une prise de son trop réverbérée. 

Les solistes de la version Christie sont Katherine Watson, soprano, Tim Mead, contre-ténor, Reinoud Van Mechelen, ténor et André Morsch, basse.

Dans les versions les plus récentes, celle qui s'impose sans conteste est celle dirigée par Raphaël Pichon à la tête de l'ensemble Pygmalion. A quand un disque ?

En attendant je vous propose le concert enregistré le vendredi 24 mai 2019 à la Philharmonie de Paris.



 

Musique funèbre pour le prince Leopold d'Analt-Köthen BWV 244a



Les cinq années qu’il passa à Köthen (1717-1723) font incontestablement partie des périodes heureuses de la vie de Jean-Sébastien Bach. 

Son employeur, Léopold d’Anhalt-Köthen, y fut certainement pour beaucoup. Mélomane aguerri et musicien de talent, le prince eut à cœur de donner à Bach les moyens matériels et financiers de remplir sa charge. 

Sa mort en novembre 1728 toucha très profondément Bach. La cour d'Anhalt-Köthen se tourna vers le compositeur, avec qui elle avait conservé quelques relations, pour lui demander de composer la musique du service funèbre destiné à honorer la mémoire du prince disparu.

Cette musique funèbre se présente sous la forme d’une cantate de dimensions imposantes : 24 numéros, répartis en quatre parties, pour une heure et quart de musique. L’œuvre, enregistrée au Bach-Werke-Verzeichnis (BWV) sous le numéro 244a, était hélas considérée comme perdue. Plus exactement, il n’en subsistait que le texte.

C’est précisément à partir du texte qu’ont pu être menés plusieurs travaux de reconstitution de l’œuvre, dont le dernier en date, effectué par Morgan Jourdain, a abouti à la publication du disque que j'ai sélectionné. 

On savait uniquement que Bach était coutumier du fait de réutiliser du matériel existant. Dans cette œuvre, il y a donc réutilisation de parties de la passion selon Saint Matthieu, mais aussi de parties de la Trauer-Ode BWV 198 ("Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl").

Finalement, l’œuvre voit le jour en 2014, plus de deux siècles et demi après la mort de Bach.

En voici un extrait, interprété par Raphaël Pichon à la tête de l'ensemble Pygmalion. La distribution comprend notamment Sabine Devieilhe.




Bach - La musique pour clavier (4/5)

 

Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach - La musique pour clavier


La musique pour clavier est un domaine de prédilection de Bach. Bach écrit principalement pour le clavecin et pour l’orgue. Plus tard, de nombreuses œuvres pour clavier ont été interprétées sur piano, ce qui donne un autre timbre et une autre coloration à ces œuvres, sans les trahir, mais au contraire en permettant de voir une autre facette du génie de Bach.

Le concerto italien BWV 971


Le Concerto italien est le nom communément donné à une œuvre en fa majeur pour clavecin solo de Johann Sebastian Bach dont le titre original est "Concerto nach Italienischem Gusto" ("Concerto dans le goût italien").

Le jeune pianiste polonais Rafal Blechacz nous livre en 2017 un très bel album Bach avec ce concerto italien, couplé avec des partitas et une transcription pour piano du chœur "Jésus, que ma joie demeure".

En vidéo, j'ai choisi une autre version que j'aime beaucoup, celle de Claire-Marie Le Guay. Voici le second mouvement "Andante":


 

Le clavier bien tempéré - BWV 846-893



Bach est le premier dans l’histoire de la musique à montrer qu’il était possible de composer dans toutes les gammes. Ainsi, il parcourt toute la gamme chromatique des 24 modes majeurs et mineurs, soient 24 préludes et 24 fugues pour chacun des deux livres. 

Pour Bach, ces deux livres du clavier bien tempéré se veulent une œuvre didactique. Elle reste une des œuvres les plus importantes de la musique classique. 

Tout le monde n’aime pas le côté métronomique de Glenn Gould dans cette œuvre. Néanmoins, et c’est peu être mon goût pour les architectures rigoureuses qui ressort, j’aime beaucoup cette façon très systématique d’appréhender l’art de Bach. 

Pour ceux qui n’aiment pas Glenn Gould (et je sais qu'il y en a), je peux également vous recommander la version de Friedrich Gulda.

Voici d'ailleurs le célèbre prélude et fugue No. 1 par Friedrich Gulda:



Les toccatas - BWV 910 à 916



Les 7 toccatas de Bach sont des pièces virtuoses qui demandent une grande technique et une forte indépendance des deux mains. Il ne s’agit pas d’un recueil unifié, mais de pièces indépendantes. 

Je trouve que la sonorité du clavecin convient particulièrement bien à ces œuvres., et je vous recommande la version interprétée par Blandine Rannou.

Néanmoins, il existe une version pour piano très recommandable, couplée avec les "Inventions". Devinez quel en est l’interprète ? … Glenn Gould bien sûr !

Voici d'ailleurs Blandine Rannou dans la toccata BWV 914:



Les variations Goldberg BWV 988



Voici un extrait du texte du magnifique livret de cet album: "Variations Goldberg" interprété par Céline Frisch au clavecin:

Une Aria, trente variations, quatorze canons, deux chansons. Tout un monde, celui des Variations Goldberg, tient en ces quelques donnees.

Bach est âgé de 55 ans lorsqu'il fait imprimer à Nuremberg, en 1741, un recueil intitulé: 
"Exoercice de clavier consistant en une Aria avec différentes variations pour le clavecin à 2 claviers. Compose à l'intention des amateurs pour la récréation de leur esprit par Johann Sebastian Bach, compositeur de la cour de Pologne et du Prince-Electeur de Saxe, maître de Chapelle et directeur des chœurs de Leipzig". 

Goldberg, un jeune claveciniste alors âge de 14 ans, n'a peut-être jamais entendu cette musique qui porte son nom. 

Le premier biographe de Bach, Johann Nikolaus Forkel, écrit en 1802, soit plus de 50 ans après la mort du compositeur, la première ligne de la légende en rapportant l'anecdote fameuse: le Comte Hermann Carl von Keyserlingk, diplomate et grand amateur de musique, aurait commande à Bach, qu'il admire et protège de longue date, une pièce instrumentale que pourrait lui jouer son claveciniste attitre, le très jeune et très virtuose Johann Gottfried Goldberg, pour meubler ses insomnies. 

Bach aurait composé pour lui la série de variations que nous connaissons, désormais liées au nom de leur premier interprète.

La version de Céline Frisch allie sobriété et distinction, elle n'est jamais aride, c'est pourquoi je l'ai sélectionnée.

Il existe, bien entendu, de nombreuses versions des Variations Goldberg pour piano. Je donne ma préférence à celles interprétées par Glenn Gould dont les célèbres versions de 1955 et de 1981. Je me sens incapables de les départager, en tout cas elles sont très différentes, ne serait-ce qu'au niveau du tempo.

En vidéo je suis tombé sous le charme de la version interprétée par Jean Rondeau, que j'ai écoutée d'une traite. Jean Rondeau donne une version incomparable des variations, écoutez plutôt:



Et pour les amateurs de Glenn Gould, voici un extrait des variations, quelle classe !



Les œuvres pour orgue



Bach a composé près de 250 œuvres pour orgue, une somme musicale qui ne semble pas prête d'être dépassée, au point même que bien souvent le mot orgue évoque immédiatement Jean-Sébastien Bach.

Parmi les grands interprètes de Bach à l'orgue, je citerai Helmut Walcha, organiste et claveciniste allemand qui connaissait par cœur l'oeuvre pour orgue de Bach et qui a enregistré une intégrale. Il y a également l'organiste suisse Lionel Rogg qui a également réalisé une intégrale sur l'orgue d'Arlesheim.

Voici une anthologie de mes œuvres préférées:

Tout d'abord, voici l'incontournable Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 interprétée par Olivier Latry, organiste français titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll de Notre-Dame de Paris, dans une superbe vidéo :



Ensuite, j'ai sélectionné la Toccata et fugue "Dorienne" en ré mineur BWV 538, ainsi appelée car elle utilise le mode dorien. En voici une version interprétée par l'organiste Michel Alabau :



Voici la Passacaille et fugue en ut mineur BWV 582, interprétée par l'organiste Hans-André Stamm :



J'ai ensuite sélectionné mon choral préféré, "Wachet auf, ruft uns die Stimme" BWV 645 également appelé le choral du veilleur. Le voici interprété par Baptiste-Florian Marle-Ouvrard:



Enfin, Bach a transcrit pour orgue des concertos de Vivaldi, voici un de ces concertos pour orgue, le BWV 593 interprété par Simon Preston:





mardi 29 décembre 2020

Bach - La musique orchestrale (3/5)

 

Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach - La musique orchestrale


Avec ce troisième article, on attaque probablement les œuvres les plus connues et les plus largement appréciées de Bach: les concertos Brandebourgeois, les suites orchestrales, les concertos pour clavecin et pour violon.

Vous trouverez ci-dessous une sélection arbitraire des œuvres et des versions que je préfère. 

Les concertos Brandebourgeois - BWV 1046 à 1051



C'est en mars 1721 que Bach dédia et envoya au margrave Christian Ludwig de Brandebourg (oncle du roi de Prusse Frédéric Guillaume Ier) la version définitive des "Six concerts avec plusieurs instruments". C'est donc cette dédicace qui donnera son nom à ce cycle.

On pense que Bach envoya ces concertos au margrave afin de se faire employer à Berlin.

Il s'agit tout simplement du plus bel ensemble de concertos de l'époque, mêlant tous les styles: français, italiens et allemands, du concerto grosso au concerto de soliste. Les styles et instrumentations de chaque concerto sont différents ce qui rend cet ensemble si riche et varié.

Voici en quelques mots les caractéristiques de chaque concerto:
  • Concerto No. 1 en fa majeur BWV 1046: il s'agit d'un concerto dans le goût français pour cordes et continuo, 2 cors, 3 hautbois, basson et violon. Il fait penser à un concerto grosso.
  • Concerto No. 2 en fa majeur BWV 1047: pour cordes et continuo, et quatre instruments solistes: violon, hautbois, flûte (flageolet) et trompette. Dans ce concerto un rôle important est dévolu à la trompette soliste qui apparaît uniquement dans les 1er et dernier mouvements.
  • Concerto No. 3 en sol majeur BWV 1048: pour 9 parties de cordes et continuo. Ce concerto consacre le triomphe du talent de contrapuntiste de Bach.
  • Concerto No. 4 en sol majeur BWV 1049: pour cordes et continuo, les solistes sont 2 flûtes (flageolets) et un violon. Un concerto d'une fraîcheur et d'une beauté époustouflante.
  • Concerto No. 5 en ré majeur BWV 1050: pour cordes et continuo, les solistes sont le violon, la flûte et le clavecin. Il s'agit certainement du concerto le plus génial de Bach: le clavecin abandonne pour la première fois sa fonction de soutien dans le continuo et s'attribue le rôle principal: nous sommes en présence du premier concerto pour clavecin jamais écrit !
  • Concerto No. 6 en si bémol majeur BWV 1051: pour 2 altos, 2 violes de gambe, violoncelle, contrebasse et clavecin continuo. On retourne à une forme plus classique de concerto, on pense même qu'il fut le premier écrit. 

Des nombreuses versions des concertos Brandebourgeois au disque celle qui pour moi se détache largement est celle interprétée par l'ensemble Café Zimmermann, c'est un vrai plaisir des oreilles.

En vidéo je vous propose l'excellente version du concerto No. 5 par l'ensemble Apollo's Fire. Dans le premier mouvement le clavecin prend, de manière étonnante, son autonomie et joue tout seul une formidable cadence avant que le reste de l'orchestre ne reprenne la fin du mouvement (dans la vidéo, cette cadence déchaînée se situe entre 8:00 et 11:20).


  Voici le troisième mouvement du même concerto par les mêmes interprètes, leur enthousiasme et leur bonheur de jouer fait plaisir à voir:



Les suites orchestrales ou Ouvertures - BWV 1066 à 1069




Les quatre suites orchestrales font également partie des œuvres les plus connues de Bach. A noter qu'on les appelle également Ouvertures, car elles débutent chacune par une ouverture assez longue. Même si elles forment un tout cohérent, elles n'ont pas été composées à la même période et n'ont pas été pensées par Bach comme un ensemble de compositions formant un groupe.

Les suites Nos 1 et 4 ont probablement été composées à Köthen (années 1720), alors que les suites Nos 2 et 3 datent de la période où Bach dirigeait à Leipzig les concerts du Collegium Musicum (entre 1729 et 1739).

Les suites sont composées d'une succession de danses variées, stylisées, avec quelques pièces additionnelles. Voici quelques mots sur ces suites:
  • La suite No. 1 en ut majeur BWV 1066 est une suite dans le style français qui s'inspire de la suite Lullyste
  • La suite No. 2 en si mineur BWV 1067 a pour soliste la flûte traversière. Il s'agit certainement de la suite la plus célèbre avec sa "Badinerie".
  • La suite No. 3 en ré majeur BWV 1068 pour 3 trompettes, 2 hautbois, cordes et continuo a une ouverture majestueuse. Elle est également célèbre pour son fameux "Air" (le deuxième mouvement) souvent utilisé lors des mariages ou des obsèques.
  • La suite No. 4 en ré majeur BWV 1069 pour 3 trompettes, timbales, 3 hautbois, cordes et continuo. Elle est un peu plus négligée que les autres, mais elle recèle également des beautés.
A noter que l'on a longtemps attribué à Bach une cinquième suite en sol mineur BWV 1070. Aujourd'hui on est à peu près sûr que cette oeuvre n'est pas de Bach, on l'attribue souvent à son fils Wilhelm Friedemann.

Des nombreuses versions consacrées à cette œuvres j'ai un penchant pour la version de Jordi Savall, malheureusement une prise de son médiocre la disqualifie à mes yeux et je reste un fan de la version dirigée par Reinhard Goebel à la tête du Musica Antiqua Köln.

En vidéo, j'ai été séduit par la version de la suite No. 2 par l'orchestre de la Netherlands Bach Society dirigée par Shunske Sato. (La Badinerie se trouve à 18:35):



Je ne pouvais manquer de citer le fameux "Air". En voici une version remarquable  dirigée par Ton Koopman:



Les concertos pour Clavecin - BWV 1052 à 1065



Bach a composé pas moins de 14 concertos pour clavecin:
  • 8 concertos pour 1 clavecin
  • 3 concertos pour 2 clavecins
  • 2 concertos pour 3 clavecins
  • 1 concerto pour 4 clavecins
Il s'agit d'une somme formidable, et j'avoue que je me délecte à chaque fois que je les écoute.

Parmi les versions disponibles j'apprécie particulièrement la version dirigée depuis le clavecin par Trevor Pinnock accompagné par The English Concert.

Il ne faut pas oublier que la musique de Bach étant particulièrement intemporelle, ses œuvres pour clavier sont très souvent interprétées au piano. En ce qui concerne l'interprétation au piano, il n'y a pas de doute, c'est définitivement la version de Glenn Gould qui s'impose à mes yeux.



En vidéo, je vous propose les versions suivantes:

Le concerto pour piano No. 5 BWV 1056 avec son merveilleux Largo interprété par Michal Šupák, dirigé par Peter Feranec à la tête du Czech Chamber Philharmonic Orchestra Pardubice:



Voici le concerto pour 2 pianos BWV 1060 interprété par Khatia et Gvantsa Buniatishvili:



Voici le concerto pour clavecin No. 1 BWV 1052 interprété par Pierre Hantaï dirigé par Jordi Savall a la tête du Concert des Nations:




Les concertos pour un ou deux violons - BWV 1041 à 1043



Les trois concertos pour violon de Bach (deux concertos pour 1 violon et un concerto pour 2 violons) furent composés à Köthen aux alentours de 1720.

Ce sont à nouveau des joyaux dont on ne se lasse pas. J'ai écouté de nombreuses versions de ces concertos et je suis longtemps resté amateur de la version interprétée par Jaap Schröder. En la réécoutant aujourd'hui je la trouve un peu trop sage, et je vous recommande plutôt la version interprétée par Giuliano Carmignola accompagné par le Concerto Köln. Sur le double concerto il joue avec Mayumi Hirasaki, premier violon du Concerto Köln.

En vidéo, j'ai sélectionné la version de la Netherlands Bach Society avec Emily Deans et Shunske Sato. Je vous recommande particulièrement le largo (qui démarre à 3:51):



dimanche 27 décembre 2020

Bach - La musique de chambre (2/5)

 

Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach - La musique de chambre


Dans ce deuxième article consacré à Bach j'ai fait une sélection d’œuvres de musique de chambre. Il s'agit en particulier d’œuvres pour instrument soliste, en exceptant les œuvres pour clavier qui feront l'objet d'un article à part.

On notera que je vous ai concocté deux playlists sur les œuvres de Johann Sebastian Bach:
  • "Bach connu" qui contient quelques-unes des œuvres les plus célèbres de Bach
  • "Bach inconnu" qui contient des œuvres un peu moins connues et qui sont pour moi des coups de cœur



Les suites pour violoncelle seul - BWV 1007 à 1012

 


Les suites pour violoncelle seul ont été composées par Bach dans les années 1717 à 1723, alors qu'il est maître de chapelle à la cour de Léopold d'Anhalt-Köthen, des années très prolifiques pour Bach.

Dans ces œuvres Bach relève une gageure, faire montre d'une musique harmonique avec un instrument par essence mélodique puisqu'on ne peut jouer qu'une note à la fois. C'est tout l'art et le génie de Bach de parvenir à créer cette illusion d'harmonie.

Les suites pour violoncelle sont en quelque sorte le Graal et la consécration ultime pour un violoncelliste que se mesure à cet Everest de la littérature pour violoncelle.

J'ai choisi la version de Jean-Guihen Queyras qui a su profondément me toucher par son style noble et chaleureux, sa superbe sonorité, et une prise de son digne d'éloges.

Voici, en extrait, le prélude la suite No. 1:



Les sonates & partitas pour violon - BWV 1001 à 1006



Les sonates & partitas pour violon ont également été composées pendant le séjour de Bach à Köthen. Elles représentent la quintessence de la musique pour violon seul de l'époque Baroque.

J'ai choisi l'interprétation d'Isabelle Faust pour sa rigueur et sa simplicité. La voici dans la célèbre Partita No. 2 BWV 1004:




J'ai également choisi de vous faire écouter la version de la chaconne, extraite de cette même partita No. 2 par Alina Ibragimova. J'aime bien la rugosité de cette version:




Les sonates pour viole de gambe - BWV 1027 à 1029



Les sonates pour viole de gambe et clavecin furent composées par Bach dans la dernière décennie de sa vie. Elles se caractérisent par leur côté festif.

J'ai choisi l'interprétation de Yo Yo Ma pour sa chaleur et son côté joyeux.

Voici, en extrait, la sonate No. 3 BWV 1029:



En recherchant les vidéos de Yo Yo Ma sur youtube, je suis tombé sur cette petite perle que je n'ai pas résisté à partager avec vous l'Ave Maria de Bach/Gounod tiré du premier prélude du Clavier bien tempéré par Yo Yo Ma au violoncelle accompagné par Kathryn Stott au piano:




La suite pour Luth No. 3 BWV 995



Cette suite pour luth est une autre version écrite par Johann Sebastian Bach de la Suite pour violoncelle no 5 (BWV 1011). On peut lire sur la première page du manuscrit autographe du compositeur « Pièces pour la Luth à Monsieur Schouster par J.S. Bach ».

J'ai choisi cette oeuvre extraite d'un album récent (2018) du luthiste Thomas Dunford, qui se révèle un des tout meilleurs luthistes actuels. L'intérêt de cette oeuvre est l'éclairage particulier qu'elle donne sur la musique de Bach.





dimanche 15 novembre 2020

Bach - Les Cantates (1/5)

 

Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach



Voici le premier article d'une série consacrée à Bach.

Les Cantates

Bach (1685-1750) est un géant de la musique. On connaît à peu près 1080 œuvres répertoriées dans le catalogue des œuvres de Bach, en allemand : Bach-Werke Verzeichnis, ce qui donne le sigle BWV attaché à ses œuvres. Il s’agit d’un catalogue thématique et non pas chronologique.

Je commence tout d’abord par les cantates qui sont des compositions vocales et instrumentales en plusieurs morceaux. Elles sont partie intégrante du culte protestant. 

Il fut demandé à Bach, alors qu’il était cantor de Leipzig, de composer une cantate par semaine. On en connaît environ 250. 

Voici une anthologie de mes cantates préférées.

J'en ai tiré une playlist que j'ai créé sur les différentes plateformes.

Voici les liens vers la playlist.


Spotify:

https://open.spotify.com/playlist/5CH1Y2ggekQ8VcKi63dmnx?si=b02b3d116e7747a4

Qobuz:

https://open.qobuz.com/playlist/16265074

Apple Music:

https://music.apple.com/fr/playlist/les-plus-belles-cantates-de-bach/pl.u-kv9llNaCJKbjV9

Deezer:

https://deezer.page.link/dPyEBNMEqZdQASvn8




La cantate des paysans BWV 212 & la cantate du café BWV 211


Bauern-Kantate (la cantate des paysans) est une cantate très joyeuse qui parle de la vie paysanne en utilisant une espèce de bas-allemand. Le texte de cette cantate a été écrite par Picander en l'honneur du chambellan et Électeur de Saxe Carl Heinrich von Dieskau. 

C'était son 36e anniversaire et il reçut, comme il était de coutume à l'époque, l'hommage des paysans de son domaine. Il s'agit d'une cantate burlesque dans laquelle Picander fait l'éloge de von Dieskau qui était directeur des impôts. 

A noter pour l'anecdote que ce von Dieskau est un ancêtre du célèbre baryton Dietrich Fischer-Dieskau.

Voici en extrait la superbe folia que Bach a introduit dans l'air "Unser trefflicher" avec le Choeur de Chambre de Namur et Les Agrémens sous la direction de Leonardo García Alarcón:




Contrairement à la vision que l’on a habituellement de Bach, qui le présente comme un personnage austère, Bach était un bon vivant. Il suffit pour s’en persuader d’écouter sa très humoristique cantate du café. 

A l’époque de Bach, il était mal vu pour une femme de boire du café. Il se trouve que la fille du bourgeois M. Schlendrian (basse) boit quotidiennement du café. Il veut lui faire perdre cette mauvaise habitude. Il croit la faire céder en lui promettant de lui trouver un mari, si elle accepte d’arrêter de boire du café. 

Lieschen (soprano) dit à son père qu’elle veut bien d’un mari. Et, en aparté, dit qu’elle n’acceptera qu’un mari qui la laissera boire autant de café qu’elle veut. 

Une cantate très comique qui préfigure les opéras bouffe.

Ma version favorite est celle dirigée par Nikolaus Harnoncourt, avec une très belle distribution vocale: Rotraud Hansmann, soprano, Kurt Equiluz, ténor et Max van Egmond, basse.

Voici une autre version dirigée par Harnoncourt:




Christus der ist mein Leben BWV 95



·         Ce que je préfère dans cette cantate est l’air pour ténor : « Ach, schlage doch bald, selge Stunde » (« Ah sonne rapidement, heure bénie ») avec les pizzicati de cordes et le hautbois da caccia. Ma version préférée est celle dirigée par Nikolaus Harnoncourt avec Kurt Equiluz (ténor). 

        En voici une version live dirigée par Key Johannsen: 


Herz und Mund und Tat und Leben BWV 147


Herz und Mund und Tat und Leben (Cœur et bouche et action et vie) BWV 147 est une des plus célèbres cantates de Bach avec de magnifiques chœurs comme le sublime « Jesus bleibet mein Freude » (« Jésus, que ma joie demeure »).

Ecoutez, à nouveau, une version interprétée par Nikolaus Harnoncourt:




La Cantate du Veilleur "Wachet auf, ruft uns die Stimme" BWV 140



Cette cantate jouit d'une notoriété exceptionnelle, notamment grâce à son choral central, "Zion hört die Wächter singen" ("Sion entend les veilleurs chanter"), qui a fait l'objet de nombreuses transcriptions. J'ai sélectionné la version dirigée par John Eliot Gardiner.

En version live, j'ai choisi la version interprétée par Nuria Rial - soprano, Bernhard Berchtold - tenor, Markus Volpert - bass, le choeur et l'orchestre de la fondation J.S. Bach sous la direction de Rudolf Lutz.

Je vous recommande particulièrement le duo entre le soprano et la basse (vers 8:09) et le fameux choral (vers 13:51).



Ich habe genug BWV 82



Ich habe genug (J’en ai assez) BWV 42 est une cantate célèbre pour son air d’introduction qui donne son titre à la cantate, et une interprétation exceptionnelle de Dietrich Fischer-Dieskau dirigé par Karl Richter. Laissez-vous envoûter par cette musique magnifique:




Ich hatte viel Bekümmernis BWV 21



Ich hatte viel Bekümmernis (Mon cœur était plein d’affliction) BWV 21 est renommée pour le duo entre l’âme (soprano) et Jésus (basse) : « Komm, mein Jesu » (« Viens, mon Jésus »). Dans ce duo Jésus vient réconforter l’âme qui s’inquiète de la mort.

Au disque ma version préférée est celle dirigée par Philippe Herreweghe.

En live, je vous propose une version récente dirigée par l'excellent Raphaël Pichon:




 


M

M

mercredi 21 octobre 2020

Louis XIV et la musique

 

Louis XIV

Portrait de Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud, 1701


Louis XIV


Louis XIV est né le 5 septembre 1638 au château Neuf de Saint-Germain-en-Laye et mort le 1er septembre 1715 à Versailles. Son règne de 72 ans est l'un des plus longs de l'histoire d'Europe et le plus long de l'histoire de France.

Si j'ai souhaité consacrer un article à Louis XIV c'est que pendant son long règne il s'est révélé être un mécène de tous les arts, et il ne faut pas oublier que dans sa jeunesse il fut un excellent danseur et qu'il a même utilisé ses représentations au sein de la cour pour affirmer son rôle prépondérant auprès de la noblesse: le roi qui danse se pose en vrai "Roi Soleil", une sorte d'Apollon du XVIIème siècle.

A son époque, les principaux artistes qu'il soutient sont:
  • en littérature et théâtre: Molière, Racine, Boileau, Corneille, La Bruyère
  • en musique: Lully, Campra, Marais, Charpentier, De Lalande
  • en peinture: Charles Le Brun, Philippe de Champaigne
  • en sculpture: il invite Le Bernin en France
  • pour les jardins: Le Nôtre et Le Vau
  • en architecture: Hardouin-Mansart
Je vous propose une anthologie chronologique d'œuvres qui ont ponctué les grands événements de la vie de Louis XIV ou bien que j'ai choisies pour la beauté que je leur ai trouvée. Comme toujours il s'agit d'un choix subjectif, et il est bien évident que je suis très loin de citer toutes les œuvres de cette époque qui méritent d'être mentionnées.

J'ai tiré de cette sélection une playlist disponible sur les principales plateformes.


 

1639 - Giovanni Rovetta - Messe pour la naissance de Louis XIV



Né, après presque vingt-trois ans de mariage stérile entre Louis XIII et Anne d'Autriche, ponctué de plusieurs fausses couches, la naissance inattendue de l'héritier du trône est considérée comme un don du ciel, ce qui lui vaut d'être prénommé Louis-Dieudonné.

En remerciement à la Vierge pour cet enfant à naître, le roi signe le Vœu de Louis XIII, consacrant le royaume de France à la Vierge Marie, et faisant du 15 août un jour férié dans tout le royaume.

Giovanni Rovetta, musicien vénitien, maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise compose, dans un style influencé par Monteverdi, une messe cérémoniale en l'honneur de la naissance du dauphin. En voici le Kyrie:




1653 - Jean de Cambefort - Le Ballet Royal de la Nuit



Après cinq années de “Fronde”, le principal ministre Mazarin et Anne d’Autriche imposent leur régence face à une aristocratie et des parlements contestataires, qui voyaient dans la minorité du jeune Louis XIV, une occasion d’accroître leur pouvoir.

Le Ballet royal de la Nuit est né, le 23 février 1653, d'une volonté unificatrice. Le royaume de France, et sa noblesse en particulier, a besoin d’un signe fort : le ballet aux dizaines d'entrées, ponctuées des danses du roi et de son frère, doit marquer les esprits. La dernière entrée, surtout, se veut hautement symbolique : Louis XIV y figure le soleil levant.

Ecrit sur des vers d'Isaac de Benserade, la musique du Ballet royal de la nuit a été principalement écrite par Jean de Cambefort, compositeur et chanteur à la cour. On suppose que quelques pièces ont été également composées par Jean-Baptiste Lully et Jean-Baptiste Boësset.

Il est à noter qu'en 2017 l'ensemble Correspondances dirigé par Sébastien Daucé en donne un version reconstituée agrémentée de musiques de Boësset, Lambert, Cavalli et Rossi. Une interprétation d'exception, dont voici en extrait l'Ouverture du ballet:



1660 - Les Noces Royales de Louis XIV



Le 9 juin 1660, le mariage du roi de France Louis XIV et de l’infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche est l’occasion d’une fête sans précédent. Scellant définitivement la paix entre deux monarchies catholiques opposées depuis des siècles, il voit le jeune monarque de 21 ans entreprendre un voyage de treize mois pour traverser et découvrir son royaume – un tour de France de 3 200 kilomètres, accomplis en 95 étapes, impliquant 15 000 personnes et 8 000 chevaux, pour aboutir à une cérémonie célébrée en grande pompe dans la ville basque de Saint-Jean-de-Luz, près de la frontière espagnole.

Vincent Dumestre à la tête de son ensemble Le Poème Harmonique tente de reconstituer le programme musical de ces noces dans un album musical qui est un vrai festin.





1662 - Francesco Cavalli - Ercole Amante



Louis XIV est sacré le 7 juin 1654 en la cathédrale de Reims par Simon Legras, évêque de Soissons. Il laisse les affaires politiques à Mazarin, tandis qu'il continue sa formation militaire auprès de Turenne.

Le 7 novembre 1659, les Espagnols acceptent de signer le traité des Pyrénées, qui fixe les frontières entre la France et l'Espagne. De son côté, Louis XIV consent, bon gré mal gré, à respecter une des clauses du traité : épouser l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, fille de Philippe IV, roi d'Espagne, et d'Élisabeth de France. 

Le mariage a lieu le 9 juin 1660 en l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz.

L’opéra "Ercole amante" (Hercule amoureux) fut commandé par Mazarin pour les noces de Louis XIV et Marie Thérèse.  Pour la représentation, une salle, gigantesque vaisseau de bois destiné à contenir six à sept mille personnes, fut construite dans le prolongement du château des Tuileries.

A cause des retards dans la construction du théâtre, puis de la mort de Mazarin (le 9 mars 1661), l’opéra, en un prologue et cinq actes, n’y fut créé que le 7 février 1662, par la troupe des chanteurs italiens du cardinal Mazarin, sous la direction de Cavalli, mêlé de ballets de Jean-Baptiste Lully, sur des textes de Bensérade, qui avaient pour sujet l’origine et la grandeur de la Maison de France. 

Voici un court extrait interprété par l'ensemble Pygmalion dirigé par Raphaël Pichon:




1664 - Jean-Baptiste Lully - Les plaisirs de l'île enchantée



La recherche de gloire chez Louis XIV ne passe pas seulement par la politique et la guerre : elle inclut les arts, les lettres et les sciences ainsi que la construction de palais somptueux et des spectacles à grand déploiement.

C'est en 1662 que Louis XIV démarre les travaux de construction du château de Versailles.

Alors que les travaux du château n'ont commencé que depuis deux ans, Louis XIV donne sa première grande fête pour un public de 600 invités : Les Plaisirs de l’Île enchantée. 

Officiellement dédiée à Anne d'Autriche et Marie-Thérèse, elle n'a en réalité d'autre objet que de célébrer ses retrouvailles avec Mlle de La Vallière et de présenter à la Cour la maîtresse en titre. Elle dure une semaine, du 7 au 13 mai 1664. Les deux artisans principaux de la fête sont Molière et Lully. 

Voici un extrait de la première journée, le défilé des saisons, interprété par Skip Sempé:




1670 - Jean-Baptiste Lully - Le Bourgeois Gentilhomme



En 1661, Lully est nommé surintendant de la musique du roi et l'année suivante maître de musique de la famille royale.

À partir de 1664, Lully travaille régulièrement avec Molière, qui le surnomme le paillard. Il crée ainsi la comédie-ballet, sans cependant renoncer aux ballets de cour. 

Les pièces de Molière sont alors une combinaison de comédies, de ballets et de chants.

En 1670, Lully met en musique Le Bourgeois gentilhomme et sa turquerie. En voici l'un des passages les plus célèbres: la "Marche pour la cérémonie des Turcs", interprétée par Jordi Savall:




1670 - André Danican Philidor - La Marche des Mousquetaires



Entré le 12 octobre 1659 à la Grande Écurie du roi en tant que joueur de cromorne (une sorte de hautbois) et de trompette marine, Philidor l’aîné devient hautbois des Mousquetaires de 1667 à 1677. À ce titre, il suit le roi dans la plupart de ses campagnes de Flandres (notamment au siège de Maastricht le 10 juin 1673), Franche-Comté, Lorraine et Alsace. 

Il se spécialise alors dans la composition de marches militaires destinées à accompagner les troupes. Voici la Marche des Mousquetaires interprétée par La Simphonie du Marais dirigée par Hugo Reyne:




1677 - Jean-Baptiste Lully - Isis



Isis est une tragédie lyrique en cinq actes sur un livret de Philippe Quinault, représentée pour la première fois à Saint-Germain-en-Laye le 5 janvier 1677.

A noter qu'Isis entraîna la disgrâce de Philippe Quinault. Il fut chassé de la cour et du théâtre pendant deux ans. En effet, Madame de Montespan se reconnut en Junon et crut reconnaitre Mademoiselle de Ludres, la maîtresse du roi du moment, dans le personnage de Io et Isis. Toute la cour en fit des gorges chaudes et Mademoiselle de Ludres quitta la Cour l'année suivante.

La musique en est tout à fait réussie, en voici un extrait tiré du film de Gérard Corbiau "Le Roi danse" avec Benoît Magimel dans le rôle de Louis XIV. Il s'agit de l'air "C'est lui dont les dieux ont fait choix":




1677 - Jean-Baptiste Lully - Te Deum



Durant l'été 1677, Lully compose un Te Deum qui va marquer l'Histoire. Cette œuvre sacrée, il l'écrit pour le baptême de son premier enfant et le parrain n'est autre que Louis XIV en personne !

La musique est à la hauteur de l'événement : une architecture colossale, un effectif de musiciens imposant, sans oublier les trompettes et les timbales.

Lully écrit son Te Deum en quelques semaines en cet été 1677. Et la création a lieu à Fontainebleau.

Dix ans plus tard, Lully dirige à nouveau son Te Deum pour fêter la guérison du roi. Est-ce de l'impatience ou de l'énervement, toujours est-il qu'il se donne un violent coup au pied avec la canne qu'il utilise pour diriger. Cela lui sera malheureusement fatal : la gangrène s'installe, Lully refuse de se faire amputer et meurt deux mois plus tard.

Ce Te Deum est une œuvre magnifique, et je vous le propose dans son intégralité sous la direction d'un spécialiste de la musique française du XVIIème siècle: William Christie.




1690 - Michel-Richard de Lalande - Dies Irae



Michel-Richard de Lalande a composé, pour le roi Louis XIV, essentiellement de la musique religieuse (des motets inspirés de textes latins tirés des Psaumes) mais aussi des divertissements, des pastorales et des ballets.

En 1690, il compose le motet Dies irae à la suite du décès de la dauphine Marie Anne Victoire de Bavière épouse du dauphin Louis de France fils de Louis XIV.

A noter que ce motet sera rejoué le 18 avril 1712, lors d'un office célébré à l'abbaye royale de Saint-Denis, en mémoire du Dauphin de France, décédé de la variole en 1711. La même année, de Lalande perd deux filles, le roi lui aurait dit: « Vous avez perdu deux filles qui avaient bien du mérite ; Moy, j'ay perdu Monseigneur. La Lande, il faut se soumettre »

Voici cette œuvre émouvante dirigée par Raphaël Pichon à la tête de l'ensemble Pygmalion:




1692 - Marc-Antoine Charpentier - Te Deum en ré majeur H.146



Marc-Antoine Charpentier est un des plus grands compositeurs français du XVIIème siècle. Bien qu'il ait occupé des postes prestigieux durant toute sa carrière, peu de témoignages de ses contemporains nous sont parvenus et l’homme reste étonnamment énigmatique. Dix-huit ans passés au service de la duchesse de Guise n'y changent rien.

Ainsi, on ne sait pas grand chose de la création de son fameux Te Deum, dont la partition n'a été redécouverte qu'en 1953. Cette œuvre a pu être composée pour célébrer la victoire des Français à Steinkerque.

Il est clair que par sa beauté et sa grandeur le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier concurrence celui de Lully. Le voici, également sous la baguette de William Christie:




1697 - André Campra - L'Europe Galante



André Campra est un compositeur français, baptisé à Aix-en-Provence le 4 décembre 1660 et mort à Versailles le 29 juin 1744. Chronologiquement situé entre Jean-Baptiste Lully et Jean-Philippe Rameau, il a participé au renouveau de l'opéra français.

Avec L'Europe galante, Campra s'affirme comme le vrai créateur de l'opéra-ballet.

L'argument en est la dispute entre Vénus et la Discorde pour la suprématie sur l'Europe. Le prologue est suivi de quatre histoires évoquant l'attitude des peuples européens face à l'amour : bergers et bergères concluent l'entrée de la France ; puis vient l'entrée de l'Espagne ; puis celle de l'Italie avec une évocation des bals masqués vénitiens ; enfin celle de la Turquie avec un sérail peuplé de sultanes et de bostangis.

L'œuvre fut représentée pour la première fois le 24 octobre 1697 au Palais-Royal, par la troupe de l'Académie royale de musique.

Voici, en extrait, l'ouverture interprétée par Gustav Leonhardt et La Petite Bande:




1701 - Marin Marais - Les Folies d'Espagne



En 1701, Marin Marais publie son Deuxième livre de pièces de viole. Dans ce livre, comme dans les trois qui suivront, Marais donne un vrai rôle dialoguant à la basse continue qui accompagne la viole de gambe soliste. S'inspirant des pièces à deux violes esgales, les interprètes de cet album proposent une version pour deux violes, où chaque instrument alterne le rôle de soliste et le rôle d'accompagnement de la basse continue.

J'ai eu la chance de voir en concert Mathilde Vialle et Myriam Rignol (lors de l'édition 2023 du festival des Promenades Musicales du Pays d'Auge, dans le cadre intime de la chapelle Notre-Dame de Grâce à Equemauville). Ces deux musiciennes ont donné une prestation remarquable qui les place sans conteste parmi les meilleurs interprètes de ce répertoire. Je recommande donc chaudement leur album. 

Le point d'orgue en est les "Couplets de Folies" de Marin Marais, dans lesquels il fait appel à toute la virtuosité de l'interprète. Cette œuvre est inspirée de la célèbre danse apparue au Portugal appelée "Folia" ou "Follia" ou "Folies d'Espagne" car la musique était tellement rapide qu'elle faisait tourner la tête des danseurs, et qui a connu, jusqu'à nos jours, de très nombreuses versions.

Sous Youtube, on ne trouve pas la version du disque, mais je vous propose le spécialiste historique de ce répertoire: Jordi Savall.





1703-1713 - Michel-Richard de Lalande - Symphonies pour les soupers du Roy



De Lalande n'a pas composé que des motets, il a également composé de nombreuses symphonies. Il ne s'agit d'ailleurs pas d'une dénomination désignant la forme musicale mais uniquement un ensemble instrumental.

C'est en 1689 que Delalande fut nommé surintendant de la musique à la chambre du roi. Il commença à composer des suites instrumentales pour agrémenter les soupers royaux. En 1703, il fit paraître dix suites, et en ajouta trois nouvelles en 1713. Le Concert de trompettes marquait l'entrée du roi.

La composition de ces symphonies s'étale sur plus de dix ans, et représente au total près de cinq heures de musique. En écoutant cette œuvre on remarque l'influence qu'elle a pu avoir sur des compositeurs comme Haendel lorsqu'il compose sa fameuse Musique pour les feux d'artifice royaux.

En voici une version interprétée par Hugo Reyne dirigeant La Simphonie du Marais:




1706 - Marin Marais - Alcyone



Marin Marais est un violiste (ou gambiste) et compositeur français de la période baroque, né en 1656 à Paris, où il est mort le 15 août 1728.

Un roman de Pascal Quignard lui est consacré: "Tous les matins du monde", à partir duquel Alain Corneau réalise un film célèbre.

Alcyone (ou Alcione) est considéré comme le chef-d'œuvre de Marin Marais. Le livret d'Antoine Houdar de La Motte, est basé sur le mythe grec de Ceix et Alcyone tel que le raconte Ovide dans ses Métamorphoses.

La représentation a lieu à Marly, le lieu de plaisance privilégié de Louis XIV.  Le monarque s’y rend souvent, au détour d’une partie de chasse ou d’une balade, et ses séjours ne cessent de s’allonger au fil du règne, de quelques jours dans les années 1680 et 1690 à plus de deux semaines dans les années 1700.

Voici l'ouverture d'Alcione interprétée par Jordi Savall et le Concert des Nations:



 

1711 - Marin Marais - Livre III de Pièces pour Violes



Comme nous l'avons vu, Marin Marais reste un des plus illustres gambistes de son époque.

Voici la suite en sol majeur extraite du Livre III, interprétée par Romina Lischka (viole de gambe) et Maude Gratton (clavecin):




Antoine Forqueray - Jupiter



Antoine Forqueray, né à Paris en septembre 1672 et décédé à Mantes-la-Jolie le 28 juin 1745 à l'âge de 71 ans, est un gambiste et compositeur français.

Il eut l'honneur, très jeune, de jouer de la basse de violon devant Louis XIV et celui-ci demanda qu'on enseignât la viole au jeune musicien. 

Devenu gambiste virtuose, il est nommé musicien ordinaire de La Chambre du Roy Louis XIV en 1689.

Marin Marais et Antoine Forqueray ont été, à égalité, considérés par leurs contemporains comme les deux plus grands virtuoses de la viole.

D'un caractère exécrable il a manifesté sa vindicte, suite à son divorce, vis-à-vis de son fils Jean-Baptiste. Celui-ci ne fut pas rancunier, et malgré tout, transcrivit pour le clavecin de nombreuses œuvres de son père. Editées bien après leur composition, il n'est pas facile de dater celles-ci.

J'ai sélectionné le morceau "Jupiter" qui date certainement des années 1700. Il pourrait être considéré comme une évocation de Louis XIV lui-même. En voici une superbe interprétation par Jean Rondeau au clavecin et Thomas Dunford au luth:




1713 - François Couperin - La Villers



François Couperin, né le 10 novembre 1668 à Paris et mort le 11 septembre 1733 à Paris est considéré comme le maître du clavecin. Une anthologie de la musique du temps de Louis XIV ne pouvait pas l'omettre.

J'ai sélectionné une pièce extraite de son Premier Livre de clavecin interprétée par Laurence Boulay: La Villers, qui tire son nom du dédicataire Christophe-Alexandre Pagot de Villers.




1715 - André Danican Philidor - Marche funèbre pour le convoi du Roy



L'année 1715 marque la fin du règne de Louis XIV. Celui-ci se termine dans une profonde tristesse du roi qui voit disparaître successivement tous ses fils, ses petits-fils et ses arrière-petits-fils, tous sauf un: Louis duc d'Anjou, le futur Louis XV. 

Le 1er septembre 1715, aux alentours de 8 h 15 du matin, le roi meurt d'une ischémie aiguë du membre inférieur, causée par une embolie liée à une arythmie complète, compliquée de gangrène, à l'âge de 76 ans.

Philidor compose la musique funèbre pour le convoi du Roy. En voici une version interprétée par Hugo Reyne à la tête de la Simphonie du Marais:



Le règne de Louis XIV représente une période féconde et éblouissante dans tous les arts.