jeudi 25 août 2022

Instruments bizarres

 

Marimba


Instruments bizarres


Cet article est consacré à des instruments bizarres, c'est-à-dire des instruments que l'on peut rencontrer dans des œuvres de musique classique mais qui ne sont pas très connus ou rarement utilisés. 

L'idée de cet article m'est venue après avoir assisté à un concert de la marimbiste (joueuse de marimba) Adelaïde Ferrière. 

De plus, je vous ai préparé une playlist qui nous permet d'entendre quelques instruments bizarres tels que le marimba, le trautonium, le thérémine, les ondes Martenot, l'harmonica de verre, le sheng (orgue à bouche chinois) et le synclavier.

La playlist se poursuit avec de la musique électronique: depuis la musique du film "Forbidden Planet" ("Planète interdite") en 1956, qui a la première bande originale entièrement électronique jusqu'à quelques morceaux électro d'aujourd'hui, en passant par Edgar Varèse, Pierre Henry, Kraftwerk, Jean-Michel Jarre et Daft Punk.

Autant vous dire qu'il s'agit d'une playlist à l'éclectisme totalement débridé !

Voici les liens vers la playlist.

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Voici l'article associé avec des vidéos de YouTube.


Marimba



Le marimba est un xylophone africain à résonateurs qui s'est répandu dans certains pays de l'Amérique latine. Le mot marimba est d'origine bantoue. Les xylophones européens et hypothétiquement des instruments précolombiens ont pu avoir contribué à la formation de l'instrument latino-américain actuel, développé au Mexique et au Guatemala à la fin du XIXe siècle.

Parmi les compositeurs du XXe siècle qui ont composé pour marimba, on trouve Darius Milhaud, Bernard Cavanna, Emmanuel Séjourné ...

Une des grandes marimbistes actuelles est Adelaïde Ferrière que j'ai vu dernièrement en concert, une vraie fée des baguettes!

Adelaïde Ferrière - Contemporary (2020)



Adelaïde Ferrière est une percussionniste et marimbiste. Elle remporte les Victoires de la musique classique en 2017 dans la catégorie Révélation soliste instrumental de l'année.

En 2020, elle sort un album de musique contemporaine qui comprend des œuvres pour percussions et des œuvres pour marimba.

Voici un extrait de cet album: Loops IV de Philippe Hurel, qui met bien en évidence les capacités de résonance de cet instrument.



Le répertoire pour marimba étant quelque peu réduit, les instrumentistes font souvent appel à la transcription d'autres œuvres. Je vous propose quelques exemples très réussis d'interprétation de ces adaptations par Adelaïde Ferrière.

Voici Libertango d'Astor Piazzola.



Voici le 24ème Caprice de Paganini.



Voici la Danse Macabre de Saint-Saëns.




Frank Zappa - One Size Fits All (1975)



Frank Zappa est un des rares artistes rock à faire appel à un ensemble complet de percussions et en particulier au marimba. Dans son groupe, les Mothers of Invention, on rencontre une percussionniste et marimbiste très talentueuse: Ruth Underwood.

Chez Zappa, le marimba n'est pas instrument soliste, mais il intervient régulièrement. En particulier, il a une grande place dans le morceau suivant: "Inca Roads". Un titre qui plaira certainement aux amateurs de jazz.




Trautonium

Trautonium


Le trautonium est un instrument de musique électronique monodique, créé vers 1929 par Friedrich Trautwein à Berlin. Ce dernier fut bientôt rejoint par Oskar Sala, qui poursuivit le développement de son invention jusqu'à sa mort en 2002. 

L'instrument n'est pas actionné par un clavier, mais grâce à une corde, électriquement résistante, que l’interprète presse sur un rail métallique souple, lui-même partie supérieure d'une résistance contrôlant le volume. Il est possible d'obtenir un jeu expressif utilisant le vibrato, les glissandi sur 3 octaves et les nuances dynamiques, en variant la pression. La technique de jeu est celle d'un violon, à la différence que toutes les positions sont identiques.

En 1962, la bande son du film Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock a été réalisée avec un trautonium interprété par Oskar Sala.

Les compositeurs allemands Paul Hindemith, Hanns Eisler, Carl Orff, Harald Genzmer, Jürg Baur et d'autres ont écrit des pièces pour trios, quatuors, concertos avec orchestre, etc.

Agnès Obel utilise en 2016 le trautonium dans son album Citizen of Glass.

Harald Genzmer - Œuvres pour mixture trautonium



J'ai sélectionné le Scherzo pour Mixture Trautonium (une des variantes de l'instrument) et clavier de Harald Genzmer. La pièce a été composée en 1949. Le trautonium est joué par Peter Pichler.



Voici le Scherzo du concerto pour Mixture Trautonium et orchestre. Le trautonium est toujours interprété par Peter Pichler. Le concerto date de 1952.



Oskar Sala fut le spécialiste du trautonium et il fit évoluer l'instrument. Le voici dans une pièce intitulée: "Caprice with Variations - rubato-variation with espressivo effects".







Thérémine


Thérémine


Le thérémine est un des plus anciens instruments de musique électronique, inventé en 1920 par le russe Lev Sergueïevitch Termen (connu sous le nom de « Léon Thérémine »).

Composé d’un boîtier électronique équipé de deux antennes, l'instrument a la particularité de produire de la musique sans être touché par l’instrumentiste. Dans sa version la plus répandue, la main droite commande la hauteur de la note, en faisant varier sa distance à l’antenne verticale. L’antenne horizontale, en forme de boucle, est utilisée pour faire varier le volume selon sa distance à la main gauche.

Le thérémine a suscité de nombreuses œuvres de la part des compositeurs contemporains. Il a également été très utilisé dans les musiques de films, en particulier pour la science-fiction et dans la musique pop.


Barbara Buchholz & Lydia Kavina - Touch don't touch, Music for Theremin (2006)



J'ai sélectionné cet album interprété par Barbara Buchholz & Lydia Kavina, deux théréministes réputées. L'album contient principalement des œuvres de compositeurs contemporains peu connus.

J'ai sélectionné quelques vidéos d'interprétations remarquables de thérémine. La plupart des œuvres interprétées sont des transcriptions.

Voici le thème de la série Star Trek, composé par Alexander Courage, interprété par Katica Illényi.



Grégoire Blanc est un jeune théréministe français, il nous interprète la thème de la Liste de Schindler de John Williams. Le thérémine s'adapte particulièrement bien à cette mélodie.



Grégoire Blanc interprète une pièce de Scriabine, l'Etude Op. 2 No. 1 adaptée pour thérémine, violoncelle et piano.



Afin de vous montrer que le thérémine peut également être utilisé dans la musique moderne, voici une vidéo du théréministe Mezerg dans "Welcome Theremin".



Je termine cette sélection par une vidéo de hYrtis (alias Gladys Hulot) qui interprète l'Aria de Jean-Sébastien Bach. Dans cette version le thérémine a un son angélique.





Les Ondes Martenot


Les Ondes Martenot


Les ondes Martenot sont un instrument de musique électronique, inventé par Maurice Martenot et présenté au public en 1928. Un joueur d'ondes Martenot est appelé un ondiste.

Avec le thérémine mis au point en Russie en 1920, les ondes Martenot constituent l'un des plus anciens instruments de musique électronique conçus à partir de 1918. Suivant le spécialiste Michel Risse, de l'Université Pierre-et-Marie-Curie, c'est par le truchement de la télégraphie sans fil (TSF) que le caporal Martenot, radiotélégraphiste durant la Première Guerre mondiale, découvrit le potentiel musical des ondes. 

Maurice Martenot dépose le brevet de son invention en 1922 et présente ses "ondes musicales" au public le 20 avril 1928 à l'Opéra de Paris avec l'Orchestre Pasdeloup en exécutant le Poème symphonique pour solo d'ondes musicales et orchestre que le compositeur franco-grec Dimitrios Levidis avait spécialement écrit pour lui en 1926. Le succès fut immédiat.

Des compositeurs comme Arthur Honegger, Darius Milhaud, André Jolivet, Olivier Messiaen ou encore Charles Koechlin, écrivent immédiatement des morceaux pour les ondes Martenot, symbole d'inouï et de modernité, que son inventeur ne cesse d'améliorer jusqu'en 1975, année de la création du septième et dernier modèle de concert. 


Thomas Bloch - Ondes Martenot (2003)



Dans cet album, l'ondiste Thomas Bloch interprète des œuvres de compositeurs contemporains tels que Messiaen, et la célèbre Fantaisie de Martinu, ainsi que des œuvres de sa propre composition.

En vidéo, j'ai sélectionné cette improvisation originale de Thomas Bloch, car elle montre bien les possibilités de l'instrument.




Parmi les concertos pour ondes Martenot, j'ai sélectionné celui de Marcel Landowski. Voici le 1er mouvement par Cécile Lartigau.



Voici un extrait (3ème mouvement) du concerto pour ondes Martenot d'André Jolivet, interprété par Ginette Martenot.



Enfin voici l'oeuvre la plus célèbre qui fait appel aux ondes Martenot: la Turangalila-Symphonie d'Olivier Messiaen, un chef-d'oeuvre total. En voici une interprétation dirigée par Gustavo Dudamel, avec Cynthia Millar aux ondes Martenot et Yuja Wang au piano.





Harmonica de Verre


Harmonica de verre



L'harmonica de verre (en anglais glassharmonica) est un instrument de musique perfectionné par Benjamin Franklin en 1761 à partir des "musical glasses" préexistants.

Il se compose de bols en cristal, en verre ou en quartz empilés sur un axe horizontal rotatif entraîné par une pédale ou, aujourd'hui, par un moteur électrique. Après s'être mouillé les doigts, on frotte le bord des verres qui émettent un son limpide.


Music for Glass Harmonica - Bruno Hoffmann




L'album sélectionné nous fournit un florilège d’œuvres pour Harmonica de Verre, et en particulier le plus célèbre, Mozart, qui a composé son fameux Adagio K.617 pour cet instrument.




Voici une oeuvre de Philip Glass, Musicbox, interprétée par un duo composé d'un harmonica de verre et d'un verrophone.




Sheng (Orgue à bouche chinois)


Sheng


Le sheng, en vietnamien : sanh ou sênh et autrefois nommé shenghuang, ce qui donne en coréen saenghwang, est un instrument de musique à vent à anche libre. 

Orgue à bouche chinois, il date de 1100 av. J.-C. puisqu'il est mentionné dans le Classique des vers (ou Shijing , ou encore Livre des Odes ou de la Poésie, une anthologie rassemblant des textes qui vont du xie au ve siècle av. J.-C.). On l'appelait alors yu ou shenghuang. Il est proche de nombreux autres orgues à bouches asiatiques tels que le khên laotien et thaïlandais.

On pense souvent que ce sont Johann Wilde et le Père Amiot (respectivement en 1740 et 1777) qui ont rapporté ou envoyé de Chine les premiers sheng en Europe.


Unsuk Chin - Su, concerto pour sheng et orchestre (2014)



La compositrice coréenne Unsuk Chin a composé ce concerto pour sheng et orchestre à l'attention de Wu Wei un virtuose de cet orgue à bouche chinois.

Voici ce concerto interprété par Wu Wei, le Bamberger Symphony est dirigé par Jakub Hrůša.




Voici une autre curiosité, une oeuvre de Jukka Tiensuu: Teoton, concerto pour sheng et orchestre. Le sheng est toujours joué par Wu Wei.





Musique Electronique


Musique Electronique


La musique électronique est un type de musique conçu dans les années 1950 avec des générateurs de signaux et de sons synthétiques. Avant de pouvoir être utilisée en temps réel, elle a été enregistrée sur bande magnétique, ce qui permettait aux compositeurs de manier aisément les sons, par exemple dans l'utilisation de boucles répétitives superposées. 

Ses précurseurs ont pu bénéficier de studios spécialement équipés ou faisaient partie d'institutions musicales préexistantes. La particularité de la musique électronique de l'époque est de n'utiliser que des sons générés par des appareils électroniques.

La musique électronique n'est pas un instrument en tant que tel, mais elle a donné naissance à de nombreux instruments dont on a déjà parlé tels que le trautonium, le thérémine et les ondes Martenot, jusqu'aux orgues électroniques et synthétiseurs largement utilisés aujourd'hui. 

La musique d'aujourd'hui est principalement basée sur de la musique électronique.

J'ai choisi de passer en revue quelques unes des réalisations importantes dans ce domaine, des pionniers de la musique électronique jusqu'aux morceaux "dance" d'aujourd'hui.


Louis & Bebe Barron - Forbidden Planet Soundtrack (1956)



Entre juin 1955 et avril 1956, se déroule le tournage et la post-production du film de science-fiction Forbidden Planet (Planète Interdite): Dore Schary, executive manager de la Metro-Goldwyn-Mayer décide de recruter les Barron (Louis & Bebe) pour exécuter la musique du film ; il signa avec le couple le contrat en octobre, après avoir écouté un bout d'essai "qui le transporta dans une autre dimension".

Les Barron touchèrent 30 000 dollars de droits et obtinrent de pouvoir travailler à New York. La première bande originale de film entièrement électronique est donc née à Manhattan. Le travail fut rendu fin mars 1956.

Voici le générique de début du film ("main titles"):





Edgar Varèse - Poème Electronique (1958)




À l'occasion de l'Exposition universelle de 1958, qui eut lieu à Bruxelles, le directeur de la maison Philips commanda un pavillon à l'architecte Le Corbusier. Celui-ci répondit "Je ne ferai pas de pavillon; je ferai un Poème électronique avec la bouteille qui le contiendra", et prit immédiatement contact avec le compositeur.

Le Corbusier expliquera son choix dans une lettre à Fernand Ouellette. "Immédiatement j'ai pensé à Varèse, dont je n'avais pas eu à m'occuper depuis près de vingt-cinq ans. Et cela fut si fort que je déclarai que je n'entreprendrais cette tâche qu'à la condition que ce soit Varèse qui fasse la musique."

Le Poème électronique, qui apparaît comme une oeuvre pionnière de la musique électronique, dure exactement 480 secondes, soit huit minutes. L'œuvre, très structurée, utilise des combinaisons de sons très différents (rumeurs, souffles, sons de cloches, percussions). Des glissandi conduisent à des sifflements suraigus. 

De petits groupes de sons secs et mats sont traités en interversion, puis transformés, mélangés et variés. Les voix font leur entrée après quelques développements, émises par des bouches sans lèvres ni langue, où l'on ne distingue aucune consonne sinon l'appel « O God » (en anglais). Varèse en donnera le commentaire suivant : « Je voulais qu'elle exprimât la tragédie et l'inquisition. »

Voici une version live par Paul Lehrman dirigeant le Tufts University Electronic Music Ensemble.





Pierre Henry & Michel Colombier - Messe pour le temps présent (1967)




La Messe pour le temps présent est une suite de danses composée par Pierre Henry et Michel Colombier, sur commande de Maurice Béjart pour sa création chorégraphique, lors du festival d'Avignon de 1967, dans la cour d'honneur du palais des papes, avec le Ballet du XXe siècle. 

Le ballet sera dédié au danseur Patrick Belda, tué dans un accident de voiture alors que les répétitions avaient commencé. La pièce revient au festival d'Avignon de 1968 pour 19 représentations et suscite un retentissement considérable.

Pierre Henry avait demandé à Michel Colombier de contribuer à l'élaboration des parties instrumentales alors que lui-même se chargeait de la composition électroacoustique.

Cette pièce fut un succès tout autant du point de vue musical, chorégraphique, que du point de vue commercial. Grâce à cette pièce, Pierre Henry a connu le succès auprès d'un public plus large que celui restreint de la musique concrète (électroacoustique).

En voici le passage qui est resté le plus célèbre, repris dans de nombreux films et spots publicitaires: Psyché Rock. Cette interprétation, par Hervé Robbe et les danseurs du CNDC d'Angers, a été donnée à la Philharmonie de Paris en 2016.





Kraftwerk - Autobahn (1974)



Autobahn est un album du groupe allemand de musique électronique Kraftwerk, sorti en novembre 1974. Conceptuellement, il s'agit du 1er album du catalogue officiel de Kraftwerk.

Il contient notamment le titre Autobahn, un morceau de motorik long de 22 minutes mêlant bruits de klaxons synthétiques et synthétiseurs.

Ralf Hütter, un des membres du groupe, en dit:

"En 1974, un album comme Autobahn était autant déterminé par le concept original de l'autoroute qu'inspiré sur le vif par le son des pneus sur l'asphalte, celui de l'autoradio, ou le mouvement perpétuel des roues."

Voici une version écourtée du morceau Autobahn dans un très bon live. 




Jean-Michel Jarre - Oxygène (1976)



Jean Michel Jarre a eu beaucoup de difficultés à sortir son troisième album, celui-ci étant totalement instrumental et dépourvu de titre conçu comme single. Cependant, le succès a été au rendez-vous. La piste Oxygène Part IV sort en 45 tours et devient l'un des thèmes électroniques les plus célèbres de l'histoire.

L'album est enregistré dans le studio privé de Jean-Michel Jarre et mixé dans le Gang Recording Studio à Paris d'août à novembre 1976.

Le musicien utilise dans son album les instruments suivants :
  • ARP 2600
  • EMS Synthi A.K.S
  • EMS VCS3
  • Synthétiseur RMI Harmonic
  • Orgue Farfisa Professional PP/222
  • Orgue Eminent 310 Unique
  • Mellotron M400
  • Rhythmin' Computer (EKO ComputeRythm)
  • Boite à rythme Korg Minipops-7

Voici Oxygène IV.




Daft Punk - Human After All (2005)



Human After All est le troisième album studio du duo français de musique électronique Daft Punk paru le 14 mars 2005 chez Virgin Records. Il existe une version constituée uniquement de remixes : Human After All: Remixes.

Contrairement à leur précédent album studio Discovery (2001), dont le son était inspiré du disco et produit sur une période de deux ans, Human After All est un album plus minimaliste et improvisé avec un mélange de guitares plus lourdes et d'électronique, et a été produit en six semaines (2 semaines de composition, 4 semaines de mixage).

Voici le morceau "Technologic" qui égrène des déclarations impératives liées à des activités technologiques, en cadence sur le rythme des percussions. Il est chanté par Thomas Bangalter dont la voix en hauteur est électroniquement augmentée.





Alok, Ella Eyre & Kenny Dope - Deep Down (2022)



J'ai choisi un des hits de l'été 2022 pour illustrer la musique électronique d'aujourd'hui.

L’artiste brésilien superstar en Amérique Latine et 4e DJ au Monde (selon top DJ MAG) Alok propose son nouveau hit "Deep Down". 

Basé sur un mashup entre les classiques de The Bucketheads et Crystal Waters devenu viral sur TikTok (380k vidéos), "Deep Down" écrit en collaboration avec Kenny Dope, Never Dull & Ella Eyre est un des hits de l'été 2022.





Bonus: les instruments les plus insolites.

Pour terminer en beauté cet article, j'ai choisi sur Youtube cette vidéo à propos des instruments les plus insolites.

Vous retrouverez des instruments dont j'ai déjà parlé dans cet article, plus d'autres tout à fait étonnants. La créativité humaine n'a pas de limites!









mardi 23 août 2022

Alkan (Charles-Valentin)

 

Charles-Valentin Alkan




Charles-Valentin Alkan


Charles-Valentin Morhange, dit Alkan, est né à Paris 7e le 30 novembre 1813 et mort à Paris 8e le 29 mars 1888. 

C'était un compositeur et un pianiste virtuose.

Charles-Valentin est un enfant prodige qui entre au Conservatoire de Paris à 6 ans. Il étudie l'harmonie, l'orgue et le piano avec des professeurs tels que Pierre Zimmermann. 

Il obtient le premier prix de piano en 1824, d'harmonie en 1827 (classe de Victor Dourlen) et d'orgue en 1834 (classe de François Benoist). 

À 17 ans, il est un virtuose réputé, rivalisant avec Franz Liszt ou Sigismund Thalberg, il fut d'ailleurs surnommé "le Berlioz du piano" par Hans von Bülow.

Alkan est un des compositeurs les plus singuliers, et dans le même temps un des plus méconnus de toute l'histoire de la musique. Son oeuvre n'émerge que progressivement de l'oubli. Si aujourd'hui il dispose d'une discographie relativement conséquente, il est toujours très peu joué au concert. La difficulté technique de ses œuvres peu d'ailleurs expliquer cela.

Il provenait d'une famille juive alsacienne fixée à Paris, et ses frères et sœurs furent tous musiciens professionnels. Ils choisirent tous comme nom de scène Alkan, qui était le prénom de leur père.

De trois ans le cadet de son ami intime Chopin, de deux ans celui de Liszt, il entreprit comme eux la carrière d'un brillant virtuose du piano, et acquit une célébrité précoce également comme compositeur. Il écrivit une musique d'une difficulté technique tellement exorbitante que même Liszt n'osa pas l'aborder en public.

Il partageait ses élèves avec Chopin et habita le même immeuble. Mais bientôt il devint un original, une sorte d'ermite, abandonnant sa brillante carrière pour ne plus se présenter au public qu'à de rares intervalles.

Il reprend les concerts en 1844. Il espère un moment succéder à Pierre Zimmermann au Conservatoire de Paris, mais c'est Antoine-François Marmontel qui obtient le poste. En 1848, après cet amer échec, Alkan mène une vie de plus en plus solitaire, même s'il revient parfois à la vie publique, comme en 1855.

Cette rupture singulière avec le monde publique semble avoir plusieurs raisons: on a parlé d'agoraphobie, de tendances dépressives, voire de misanthropie. Mais comme l'on trouve à partir de ce moment dans son oeuvre d'étonnantes oppositions d'intériorité mystique et de déchaînements véritablement diaboliques, on peut supposer qu'il se produisit quelque révélation d'ordre spirituel, lui ouvrant un univers de connaissance visiblement plus précieux à ses yeux que les succès d'une carrière.

Alkan continua à composer jusque vers 1875. Il meurt le 29 mars 1888, à 74 ans. La légende dit qu'il a été écrasé par sa bibliothèque en voulant saisir le Talmud, livre contenant les textes fondamentaux du judaïsme, mais on n'en a pas de certitude.

Alkan meurt dans un oubli presque total. Ses œuvres vont être également négligées, même si des musiciens comme Ferrucio Busoni, Egon Petri ou Hüseyin Sermet essaient de promouvoir sa musique.

Ses compositions ont été longtemps méconnues et restent encore relativement peu enregistrées. Elles sont pourtant particulièrement originales et personnelles et d'une extrême difficulté d'exécution. La musique d'Alkan est à l'image de son caractère étrange : elle est toute de contraste.

Comme Frédéric Chopin, Alkan a écrit presque exclusivement pour le piano. Ses œuvres les plus importantes sont la Grande Sonate pour piano "Les Quatre Âges de la vie", op. 33, et ses Études, comparables en difficulté et en complexité aux Études d'exécution transcendante de Liszt.

Si les Études dans tous les tons majeurs, op. 35, ressemblent encore aux publications de son temps. les Études dans tous les tons mineurs, op. 39, constituent une somme pianistique de 300 pages, sans équivalent à l'époque. 

Ce recueil aux dimensions époustouflantes est dominé par une Symphonie et un Concerto : le concerto pour piano solo, œuvre cataclysmique pour piano seul dure près de 50 minutes. Le fait de donner de tels titres à des œuvres pour piano solo traduit bien l'ambition d'Alkan qui est de conférer une dimension orchestrale au piano.

Alkan nous laisse environ une centaine d’œuvres. A côté des œuvres pour piano, on trouve quelques pièces de musique de chambre, 3 concertos da camera pour piano et orchestre, quelques pièces chorales et de la musique pour orgue. Il a également eu une affection particulière pour le piano-pédalier (encore appelé piano à pédale), un instrument qui lui fut prêté par la maison Érard, qu'il conserva jusqu'à sa mort, mais qui ne connut pas de succès sur le long terme.

Je vous propose une sélection de 10 œuvres d'Alkan, je vous invite à la découverte de ce monument absolu de la littérature pour piano.



1828 - Variations sur un thème de Steibelt Op. 1



Les Variations sur un thème de Daniel Steibelt est la première oeuvre d'Alkan composée alors qu'il n'a que 15 ans. Le thème des variations est tiré d'un concerto intitulé L'Orage. Steibelt avait une réputation considérable à l'époque quoiqu'un peu gâchée par sa défaite face à Beethoven lors d'un concours à Vienne.

Cette oeuvre est tirée d'un album interprété par Laurent Martin, un pianiste d'une grande virtuosité et d'une grande finesse (il défriche la musique française et j'en parle déjà dans mon article sur Mel Bonis). L'album contient en outre quatre impromptus, le deuxième recueil d'impromptus, le rondeau chromatique Op. 12 No. 1 et Alleluia Op. 15.

Même si Alkan ne montre pas encore une personnalité affirmée dans cette oeuvre, on peut déjà y voir une certaine virtuosité. Voici la version interprétée par Laurent Martin.




Le Rondeau Chromatique Op. 12 No. 1 est une oeuvre plein d'éclat, mais encore conventionnelle, elle fut composée en 1833 à une époque où Alkan commençait à se faire connaître en tant que virtuose.



L'Alleluia Op. 25 fut composé en 1844 et explore un large intervalle du piano par l'utilisation d'accords répétés dans les aiguës et d'accords complets dans les basses.





1832 - Concerti da camera Op. 10



L'oeuvre d'Alkan est claire et intelligible, mais les limites imposées par Alkan sont une des raisons de la désaffection de la plupart des pianistes pour une oeuvre dont la finalité n’est ni la séduction, ni l’ivresse du divertissement.

Une fois dominé les exploits digitaux il reste à l’interprète à surmonter l’aspect le plus ardu: communiquer l’envoûtant univers d’une musique hors des chemins battus.

Cette musique aux allures de “musique réservée à l'élite” est l’autre obstacle à la popularité: une oeuvre unique, obsédante qui le situe parmi les compositeurs les plus importants de la musique romantique.

La complexité ahurissante de son invention aux rythmes puissants, la franchise de son imaginaire, en font la négation de l'artiste extraverti et romantique et dans le même temps généreront les folles créatures issues de ses propos musicaux qui seront les modèles dont s’inspirera une descendance prestigieuse: car la rare virtuosité d’écriture proposera des superpositions de 3 à 4 lignes mélodiques, toutes primordiales, et uniques pour créer les accords stupéfiants issus de la rencontre de ces voix.

Le concerto da camera Op. 10 No. 1 fut longtemps connu uniquement comme une pièce pour piano seul, mais la découverte récente des parties orchestrales a permis de révéler l'ambition et la maturité de cette oeuvre. Les trois mouvements sont joués dans la continuité, suivant l'exemple du Konzerstück de Weber, en utilisant des éléments cycliques. S'il n'a pas la joliesse d'autres œuvres similaires de l'époque, il s'inscrit néanmoins nettement dans la tradition romantique.

En 1833, Alkan visita Londres où il écrivit le second concerto da camera (Op. 10 No. 2) pour piano et cordes. Il est dédié à Henry Field de Bath (qui n'a pas de rapport avec John Field, l'inventeur du Nocturne). Il s'agit d'une oeuvre plus courte que la précédente, toujours en trois parties, mais avec des relations thématiques entre les sections plus proches. Elle devint une des pièces de concert favorites d'Alkan qui la jouait souvent accompagné d'un quatuor à cordes.

L'album interprété par Giovanni Bellucci au piano nous permet également d'entendre le concerto da camera Op. 10 No. 3 en un seul mouvement dans une reconstruction effectuée par François Luguenot, et en effet, il aurait été dommage de s'en priver. Il contient également les Six morceaux caractéristiques Op. 16 (1838).

Voici l'intégralité de cet album proposé par Piano Classics.




1840 - Grand duo concertant en fa dièse mineur pour violon et piano Op. 21




Le Grand Duo concertant en fa dièse mineur pour violon et piano Op. 21 date de l'année 1840. Il fait une grande place à la virtuosité habituelle à Alkan et se complaît dans les tonalités les plus diésées.

Conformément à son titre, l'oeuvre ne possède pas le caractère d'une sonate.

J'ai sélectionné la version du Trio Alkan, car outre ses qualités propres, l'album nous permet d'entendre les deux autres pièces de musique de chambre d'Alkan: la Sonate de concert pour violoncelle et piano Op. 47 (qui vaut vraiment le détour) et le trio en sol mineur Op. 30. 

A noter une autre version qui mérite une écoute: celle de Hüseyin Sermet, piano et Tedi Papavrami, violon.

Voici les trois mouvements de cette oeuvre par le Trio Alkan.

I. Assez Animé: Le premier mouvement frappe par son extrême concentration. La matière mélodique est d'une austérité presque grégorienne par son contrepoint d'une grande rigueur et sévérité.




II. L'Enfer - Lentement: Le second mouvement, comme on le voit, est sous-titré "L'Enfer". C'est le moment le plus étonnant de l'oeuvre et sans doute la première de ces singulières visions mystiques, telles qu'on les rencontrera fréquemment par la suite. Les sombres agrégats d'accords dissonants dans l'extrême grave du piano, presque des clusters, contrastent avec le chant quasiment ecclésiastique du violon, planant "évangéliquement" (indication de l'auteur!) dans l'aigu.




III. Aussi vite que possible: Le duo atteint à son maximum d'effet dans un Finale d'une rapidité vertigineuse (on pouvait s'y attendre quand on voit l'indication: "aussi vite que possible"!), qui impressionne tant par ses complexes déplacements d'accents que par son inépuisable richesse d'invention.




1844 - Le Preux, étude de concert Op. 17



L'album sélectionné contient Le Preux, Le Chemin de Fer et les Etudes Opp. 12 et 76 que je recommande. Mais il faut bien faire des choix, j'ai donc sélectionné uniquement Le Preux et le Chemin de Fer.

Le Preux Op. 17 fut publié en 1844, il s'agit d'un morceau de bravoure, qui offre de nombreuses difficultés techniques à l'interprète, ce qui pouvait transparaître dans le titre de l'oeuvre. Le pianiste, tel un preux chevalier, devra surmonter la technicité de l'oeuvre pour devenir un champion.



Le Chemin de Fer Op. 27 fut également publié en 1844. Il célèbre en termes musicaux un voyage en train, quelque chose de nouveau à l'époque, et qui fournit un matériau musical à de nombreux compositeurs, intrigués par le rythme de la machine et par son sifflet. Les voyages en train présentaient à l'époque quelque danger, c'est ce qu'illustre Alkan, alors que le train prend de la vitesse, avant de s'arrêter en toute sécurité.




1846 - La chanson de la folle au bord de la mer, prélude Op. 31 No. 8



L'album que j'ai sélectionné porte comme sous-titre: "A collection of eccentric piano works" ("Une collection de pièces excentriques pour piano"). Il s'agit d'une sélection d’œuvres d'Alkan particulièrement originales.

La chanson de la folle au bord de la mer (No. 8 des préludes Op. 31) est certainement l'oeuvre la plus originale et la plus étrange d'Alkan, avec ces accords profonds dans les basses qui évoquent le bruit de la mer et cette tension soutenue durant tout le morceau.

Je vous propose une version live du pianiste Vincenzo Maltempo.



La Marche Triomphale Op. 27 fut publiée en 1844, il s'agit d'une pièce virtuose et pleine de panache. En voici l'interprétation par Vincenzo Maltempo.




1847 - Douze Etudes dans tous les tons majeurs Op. 35



Les Douze Etudes dans tous les tons majeurs Op. 35 constituent un des premiers monuments légués par Alkan à la littérature pianistique. J'ai sélectionné l'interprétation de Bernard Ringeissen qui, au passage, nous livre des versions de référence du Festin d'Esope et du Scherzo Diabolico dont je reparlerai à propos de l'opus 39.

J'ai sélectionné deux études de l'opus 35 que je trouve remarquables.

Tout d'abord, l'Allegro Barbaro, d'une certaine modernité, il n'est pas sans annoncer la musique du futur et ce titre sera d'ailleurs réutilisé par Bartok. Voici une version par Jack Gibbons de cette pièce démoniaque.



L'étude intitulé "Contrapunctus" nous permet d'entendre toute l'ingéniosité d'Alkan dans le contrepoint et une utilisation d'un grand intervalle du piano.





1847 - Grande Sonate "Les Quatre Ages de la Vie" Op. 33




Voici quelques extraits des notes du livret de cet album:

"La Grande Sonate Op. 33 est à maints égards l'un des sommets de sa production et de tout le répertoire pour piano. En écrivant une sonate pour piano, Alkan régénère et perpétue une forme à la fois peu appréciée des Français et "en bout de course" selon les propres mots de Schumann.

La composition et la publication de la Grande Sonate interviennent à un moment crucial de la vie du compositeur. Durant l'été 1848, Zimmerman, le maître d'Alkan, démissionne de son poste de professeur de piano au Conservatoire de musique de Paris. Il semble naturel que Charles-Valentin, son élève le plus brillant et le plus prometteur, lui succède; mais dans le climat troublé de cette période, à la suite de banales intrigues, c'est en fait un médiocre qui va avoir le poste: Antoine Marmontel.

La potion est particulièrement amère pour Alkan qui va progressivement rentrer dans l'ombre et renoncer à toute position publique et officielle."

Au disque, j'ai choisi l'interprétation fine et virtuose de Marc-André Hamelin. Sous Youtube, la version qui s'impose est celle de Vincenzo Maltempo.

La sonate est en 4 quatre mouvements:

1er mouvement "20 ans (Très Vite)": La sonate s'ouvre sur un scherzo échevelé qui offre de nombreuses réminiscences du Scherzo No. 3 de Chopin. Le trio marque l'éveil au sentiment amoureux. La coda achève le mouvement dans des tourbillons.



2ème mouvement "30 ans, Quasi-Faust (Assez Vite)": c'est le cœur de la sonate. Il s'ouvre avec le thème de Faust, qui en quatre mesures prend possession de tout le clavier. Lui succède le thème du Diable qui est le thème de Faust en mouvement contraire. Le thème de Marguerite est une douce mélodie qui subira de nombreuses métamorphoses de climat. Le développement conduit à quatre immenses accords arpégés qui couvrent tout le clavier. Intervient alors une fugue, à huit voix réelles, horriblement difficile. Le mouvement se conclut sur une claire victoire du Bien sur le Mal.



3ème mouvement "40 ans, un ménage heureux (Lentement)": Ce mouvement nous propose une atmosphère de Romance sans parole, coupée d'une charmante digression intitulée "les enfants". Le thème est ensuite traité en canon et se pare d'une plus grande chaleur. Les dix coups d'horloge sont le signal de la prière.



4ème mouvement "50 ans, Prométhée enchaîné (Assez lentement)": Ce dernier mouvement nous mène à l'abîme. Après la victoire de "Quasi-Faust" et la félicité du ménage heureux qui sera refusée au compositeur, "50 Ans" s'achèvent sur un constat d'échec, dans une pièce visionnaire dont l'écriture évite toute boursouflure, tout excès. C'est une pièce également prémonitoire quand on songe au destin du compositeur.





1857 - Douze Etudes dans tous les tons mineurs Op. 39



Les Douze Etudes dans tous les tons mineurs Op. 39 constituent le chef-d'oeuvre absolu d'Alkan et certainement son projet le plus ambitieux non seulement par la virtuosité et la complexité des œuvres mais également par leur ampleur. Quand on considère, par exemple, que le Concerto pour piano solo dure à lui seul 50 minutes (il est constitué de 3 études dont la première dure à elle seule 30 minutes!).

Jack Gibbons nous en fournit une version intégrale sur un double album. Certaines de ces études connaissent d'autres versions égales ou supérieures, je le signalerai au passage.

Je vous propose de commencer par l'étude No. 3 justement intitulée "Scherzo Diabolico", qui justifie bien son nom. Il s'agit d'une étude virtuose bien dans l'esprit des études d'exécution transcendante de Liszt. En voici une version par Jack Gibbons.



Les quatre études suivantes, Nos. 4 à 7, constituent ce qu'Alkan a intitulé "Symphonie pour piano seul". 

Le pianiste José Vianna da Motta a décrit avec les mots les plus justes cette symphonie:

"Alkan démontre son étonnante compréhension de la forme de la symphonie dans son premier mouvement. La structure de la pièce est aussi parfaite, et ses proportions sont aussi harmonieuses, qu'un mouvement d'une symphonie de Mendelssohn, mais elle reste dominée par un caractère passionné. Les tonalités sont tellement bien calculées et développées que chacun peut relier chaque note à un son de l'orchestre, et ce n'est pas juste à travers la sonorité que l'orchestre est dépeint et devient tangible, mais également par le style et la façon dont la polyphonie est gérée. L'art véritable de la composition est transformé dans cette oeuvre."

Voici la symphonie entière sous les doigts de Jack Gibbons, l'oeuvre dure un peu plus de 27 minutes.



On continue dans la monumentalité avec le Concerto pour piano solo qui regroupe les études Nos. 8, 9 et 10. Il s'agit d'une des œuvres les plus difficiles écrite pour piano par Charles-Valentin Alkan.

Cette œuvre se compose de trois mouvements :
  • 1er mouvement : Allegro Assai - Allegro con brio
  • 2e mouvement : Adagio
  • 3e mouvement : Allegretto alla Barbaresca
Sur le plan tonal, le concerto commence en sol#mineur et se termine en fa#majeur, avec des changements de tonalités incessants, ce qui ne rend que plus difficile la mémorisation de cette œuvre de près de cinquante minutes soit environ 120 pages.

Je vous propose le troisième mouvement interprété par Jack Gibbons.



On notera qu'une des meilleures versions de ce concerto est l'interprétation de Marc-André Hamelin.

On termine cette revue de l'Opus 39 avec l'étude No. 12 intitulée le "Festin d'Esope" et certainement une des pièces les plus connues d'Alkan. 

Le Festin d'Esope consiste en une série de variations sur un thème qu'on a pu rapprocher de mélodies traditionnelles juives. L'argument se retrouve dans "La vie d’Ésope le Phrygien" de Jean de la Fontaine, qui sert aux invités de son maître Xantus de la langue, accommodée à toutes les sauces. Et Ésope de dire: "Qu'y a-t-il de meilleur que la langue ?"

Le thème de la langue, organe et fonction de première importance, se trouve évoqué fréquemment dans la Bible, livre de prédilection d'Alkan. Les variations qui traitent de problèmes techniques variés, illustrent également les métamorphoses qu'un thème peut subir. On peut également y voir une succession de tableaux décrivant le règne animal.

Voici cette étude dans une superbe interprétation de Jack Gibbons. On remarquera la façon très originale et intéressante dont la vidéo a été filmée en faisant le focus sur les mains du pianiste et en indiquant le numéro de chaque variation interprétée.



On notera qu'au disque Bernard Ringeissen nous livre une des meilleures versions de cette pièce.



1861 - 49 Esquisses Op. 63




Ce qui est intéressant avec les Esquisses Op. 63 est qu'Alkan nous montre qu'après avoir traité les formes amples et très développées avec ses études, il était également capable d'écrire des miniatures, des œuvres courtes mais néanmoins très intéressantes.

Laurent Martin nous en livre une intégrale dont j'ai extrait celles que j'ai préférées.

Esquisse No. 1 La Vision.



Esquisse No. 2 Le Staccatissimo.



Esquisse No. 6 Fuguette.



Esquisse No. 27 Rigaudon.



Esquisse No. 36 Toccatina.



Esquisse No. 39 Heraclite et Democrite.





1869 - Troisième Recueil de Chants Op. 65



Ce troisième recueil de chants Op. 65 est un des cinq volumes de Chants (Opp. 38, deux recueils, 65, 67 et 70) inspirés des Romances sans paroles de Mendelssohn. Chaque recueil utilise la même séquence tonale et finit avec la même barcarolle conclusive.

La version que j'ai sélectionnée figure sur le même album que la version du Concerto pour piano seul, interprété par Marc-André Hamelin.

N'ayant pas trouvé cette version sous Youtube, je vous propose comme alternative la version de Claudio Colombo qui en reste assez proche dans l'esprit.

Chant No. 1 Vivante: enfantin et enjoué.



Chant No. 2 Esprits Follets: vif.



Chant No. 3 En canon à l'octave: mélancolique.



Chant No. 4 Tempo Giusto: militaire, qui donne des ordres, finale débridé.



Chant No. 5 Horace et Lydie: comme des amoureux qui se disputent gentiment.




Chant No. 6 Barcarolle: éloignement et solitude (probablement autobiographique). Morceau superbe.




En bonus: Musique pour orgue ou piano à pédale



Normalement j'aurais du m'arrêter là puisque nous avons atteint les 10 œuvres prévues. Mais j'ai pensé aux amateurs d'orgue, puisque Alkan a écrit des œuvres pour orgue ou pour piano à pédale, un instrument dont Alkan s'est entiché, mais qui a disparu depuis.

J'ai sélectionné cet album interprété par Kevin Bowyer qui nous permet d'entendre les Treize Prières Op. 64.

La pièce sélectionnée est la 11ème prière Andantino, elle est interprétée par Olivier Latry et est extraite d'un album où l'on trouve des pièces pour orgue de Bach, Liszt et Franck. C'est d'ailleurs Franck qui a transcrit cette oeuvre pour orgue. Une oeuvre qui pourrait très bien être utilisée pour une cérémonie de mariage.




mercredi 17 août 2022

Stevie Wonder

 

Stevie Wonder


Stevie Wonder

Stevie Wonder, né Stevland Hardaway Judkins le 13 mai 1950 à Saginaw (Michigan), est un auteur-compositeur-interprète américain. Aveugle depuis sa petite enfance, il est considéré comme l'un des plus grands artistes américains de la seconde moitié du xxe siècle et possède l'une des carrières les plus prolifiques de la musique populaire américaine.

Sa discographie, commencée dès l'âge de 11 ans, compte en 2021 pas moins de 23 albums studio, trois albums de musique de film, quatre albums live, onze compilations, et 101 singles. Par ailleurs, aux États-Unis, 49 de ses chansons ont figuré dans le Top 40 et 10 à la première place du Billboard Hot 100. Au total dans le monde, 32 de ses singles ont été no 1 des ventes de disques.

Stevie Wonder a vendu plus de 100 millions d'albums, a reçu 25 Grammy Awards, et remporté en 1984 un Oscar de la meilleure chanson originale pour "I Just Called to Say I Love You", au cours d'une carrière qui s'étend sur plus d'un demi-siècle et qui aborde de nombreux genres musicaux (comme le funk, le rhythm and blues, la soul ou encore la pop).

On notera également que Stevie Wonder est un excellent harmoniciste.

Ce que j'aime profondément chez cet artiste ce sont sa voix (il est capable de monter haut dans les aiguës et de tenir une note sur un temps immensément long), ses superbes mélodies, son humilité, son amour de l'être humain et son indéfectible bonne humeur.

Je vous propose une sélection de ses meilleures chansons, un choix parmi ses meilleures prestations scéniques et quelques singles récents.

Je me suis permis de sauter le début de sa carrière dans les années 60, pour faire le focus sur la partie la plus intéressante: les années 70 et 80. Par contre, en ce qui concerne les prestations scéniques, j'ai souvent fait le choix de prendre les versions live les plus récentes, celles qui ont la meilleure qualité de son et d'image.

Cet article est divisé en deux parties. J'explore tout d'abord les morceaux issus des albums studios, je vous propose ensuite quelques prestations scéniques remarquables.

Albums Studio

1970 - Signed, Sealed & Delivered



Signed, Sealed & Delivered est le premier album qu'il produit lui-même. Et l'on ressent que c'est un album plus personnel avec de nombreuses compositions originales.

Sur cet album, j'ai choisi la chanson éponyme. Dans cette chanson, Stevie Wonder revient vers sa copine et se met à sa merci. C'est un sentiment similaire à la chanson "Ain't Too Proud To Beg" des Temptations. Le gars a probablement fait quelque chose de stupide - comme tromper son amie - mais maintenant il est prêt à devenir une véritable lavette si elle veut juste bien le reprendre: "signé, scellé et livré", j'aurais envie d'ajouter "clefs en main". 

Il a écrit cette chanson avec les auteurs-compositeurs de la Motown Lee Garrett et Syreeta Wright. Il y a aussi un quatrième nom aux crédits: Lula Mae Hardaway, la mère de Stevie, qui a fourni quelques idées.

Voici une vidéo tirée d'une émission télé de l'époque:




1971 - Where I'm Coming From



Where I'm Coming From est le 13e album studio réalisé par Stevie Wonder. Il est sorti le 12 avril 1971 sur le label Motown Records. Les chansons ont été écrites avec Syreeta Wright, sa première femme. C'est le premier album pour lequel Stevie Wonder a le plein contrôle artistique, et le dernier produit sous son premier contrat avec Motown.

On sent dans cet album que Stevie Wonder commence a atteindre la pleine maturité de son talent.

J'ai choisi l'une de ses plus belles chansons "Never dreamed you'd leave in summer". Il s'agit également d'une de ses chansons les plus tristes: la fin inattendue d'un amour. Stevie Wonder y exprime toute la surprise et la stupéfaction de l'amant éconduit.

Voici la version de l'album, écoutez-bien combien de temps Stevie tient sur la dernière note sur le mot "Stay", c'est absolument époustouflant.





1972 - Talking Book




Outre le fait que l'album Talking Book est excellent, il contient deux grands tubes de Stevie: "You Are the Sunshine of My Life" et "Superstition".

Stevie Wonder a remporté deux Grammy Awards en 1973 avec la chanson "Superstition": meilleure performance vocale Rhythm and Blues masculine et meilleure chanson de Rhythm and Blues. 

L'album a été désigné 90e meilleur album de tous les temps par le magazine Rolling Stone en 2003.

J'ai sélectionné une version live donnée en 2012 au Java Jazz Festival. A noter que les musiciens qui accompagnent Stevie Wonder sont tous des pointures, en particulier on remarquera parmi les choristes Judith Hill (une artiste à laquelle j'ai consacré un article).




1973 - Innervisions



Avec cet album Stevie Wonder a remporté deux Grammy Awards en 1973 (meilleure performance vocale Pop masculine et meilleur album de l'année) et un en 1974 (meilleure chanson Rhythm and Blues pour "Living for the City"). 

Innervisions a été classé quatrième au Billboard Pop Albums Chart et premier au Billboard Black Albums Chart. L'album a été désigné 23e meilleur album de tous les temps par le magazine Rolling Stone en 2003.

Le morceau "Higher Ground" a été repris par les Red Hot Chili Peppers sur leur quatrième album Mother's Milk. Le morceau "Don't You Worry 'Bout A Thing" a été repris par le groupe d'acid jazz Incognito sur leur album Tribes, Vibes and Scribes.

Voici une version live de 1974 de "Higher Ground". Guidé par un mélange de moralité chrétienne et de mysticisme astrologique, Wonder croyait qu'il écrivait une "chanson spéciale" dont les paroles suggéraient un jour de jugement à venir. "J'ai tout fait en trois heures", a-t-il déclaré au magazine Q. "C'était presque comme si je devais le faire. Je sentais que quelque chose allait se passer. Je ne savais pas quoi ni quand, mais j'ai ressenti quelque chose."

Quand il a eu 21 ans, Wonder a renégocié son accord avec Motown Records, prenant le contrôle de ses enregistrements en créant ses propres sociétés de production et d'édition. 

En 1971, il fait équipe avec les ingénieurs Robert Margouleff et Malcolm Cecil et entame un cycle constant d'enregistrements dans lesquels il joue lui-même de la plupart des instruments. 

Sur cette piste, Wonder est le seul musicien crédité, répertorié comme jouant du clavinet Hohner, de la batterie et de la basse Moog.




Dans ce hit soul latin intitulé "Don't you worry 'bout a thing" ("Ne t'inquiète pas pour une petite chose"), Stevie Wonder encourage sa femme à explorer sans crainte tout ce que la vie a à offrir, car il sera toujours à ses côtés. 

Bien qu'il prétende parler couramment l'espagnol dans l'intro, en disant "Todo está bien chévere" ("Tout est vraiment génial" ou "Tout est cool"), Wonder ne connaissait pas vraiment la langue.

Voici une version live de 2008 à Londres qui insiste sur les rythmes et les percussions latino.




1976 - Songs in the Key of Life



Cet opus est considéré par les critiques et les fans comme l'un de ses deux chefs-d'œuvre avec Innervisions. Le magazine Rolling Stone a placé l'album à la 4e place de sa liste des "500 meilleurs albums de tous les temps" en 2020.

L’album aborde plusieurs genres musicaux : soul, rhythm and blues, pop, et même jazz-rock (l'instrumental Contusion avec sa partie de guitare électrique évoquant John McLaughlin). Le pianiste Herbie Hancock assure une partie de piano électrique sur la chanson As. Le titre Sir Duke est un hommage à Duke Ellington, tandis que Isn't She Lovely? est dédié à sa fille Aisha qui venait de naître.

Songs in the Key of Life a eu de nombreuses distinctions et a donné lieu à plusieurs tubes, souvent repris ou échantillonnés au cours des décennies suivantes. Stevie Wonder a reçu quatre Grammy Awards pour cet album en 1976 (meilleure performance vocale Pop masculine, meilleure performance vocale Rhythm and Blues masculine, album de l'année et producteur de l'année).

C'est selon moi le meilleur album de Stevie Wonder, et un des meilleurs albums de tous les temps toutes catégories confondues.

Anecdote: Il semble que durant la réalisation de cet album, Frank Zappa a prêté un de ses synthétiseurs à Stevie Wonder. En tout cas, il y a du avoir une connexion entre les deux artistes, car Frank Zappa apparaît dans la liste des personnes remerciées par Stevie Wonder sur le livret de l'album.

J'ai extrait un certain nombre de tubes de cet album.

Voici le morceau "I Wish", probablement le meilleur titre funk de Stevie.



Voici une version live de 2016 à Hyde Park de "Isn't she lovely?"




"Pastime Paradise" se démarque certainement du reste de l'œuvre de Stevie Wonder en termes d'ambiance et de message. Quand on pense à Wonder, le mot "joie" est le premier qui vient à l'esprit, mais dans "Pastime Paradise", les cordes du synthétiseur - l'une des premières tentatives inédites d'utiliser ce type de synthèse de cordes dans une chanson - créent une atmosphère anxiogène, justifiée par les paroles qui ont un ton constamment négatif jusqu'à la dernière strophe. 

Une combinaison de problèmes, de la race et de la religion à l'économie, est vaguement évoquée en utilisant des mots clés comme "relations raciales" et "exploitation" sans autre explication. 

Néanmoins, la fin de la chanson définit son message réel: "Vivons nos vies, vivons pour le paradis futur", en opposition à vivre dans un passé malheureux ou bien dans un futur illusoire de manière à échapper aux problèmes sociaux du présent."

La chanson a été reprise par Coolio qui a changé les paroles et changé le titre en "Gangsta's Paradise".




"As" est certainement une des chansons de Stevie ayant les paroles les plus belles et les mieux construites. Il s'agit de l'expression d'un amour éternel qui durera toujours, ou jusqu'à l'arrivée d'événements pour le moins improbables:

(Jusqu'à ce que le jour soit la nuit et que la nuit devienne le jour)
Toujours
(Jusqu'à ce que les arbres et les mers se lèvent et s'envolent)
Toujours
(Jusqu'au jour où huit fois huit fois huit font quatre)
Toujours
(Jusqu'au jour qui est le jour qui n'est plus)
Saviez-vous que quelqu'un vous aime
( Jusqu'au jour où la terre commencera à tourner de droite à gauche)
Toujours
(Jusqu'à ce que la terre juste pour le soleil se renie)
Je t'aimerai pour toujours
(Jusqu'à ce que ma chère mère nature dise que son travail est terminé)
Toujours
(Jusqu'au jour où tu es moi et je suis toi)
Toujours
(Jusqu'à ce que l'arc-en-ciel brûle les étoiles dans le ciel
Jusqu'à ce que l'océan coupe chaque montagne)

Voici une version "Live in the Studio" de 1976:



Le morceau de clôture du double album phare de Wonder, "Another Star" dure 8:28 et inspire le chagrin. A la suite de "As", où Stevie chantait une dévotion sans fin envers sa bien-aimée, "Another Star" exprime un sentiment similaire, mais teinté de chagrin d'amour, car il est clair que Stevie a perdu son amour et n'a pas l'intention de l'oublier : "L'amour reste peut-être encore à trouver pour vous, mais moi je célébrerai notre amour d'hier."

Les paroles plaintives sont accompagnées d'une musique plutôt joyeuse, avec 10 musiciens différents rejoignant Wonder sur ce morceau, donnant une orchestration fouillée (en particulier, on remarque la présence de la flûte). On notera la présence de George Benson à la guitare et dans les chœurs.



Dans "Ngiculela, Es Una Historia, I am Singing", Stevie Wonder chante l'amour en trois langues: le zoulou, l'espagnol et l'anglais. Les paroles disent en substance:

"Je chante demain
Je chante l'amour
Je chante un jour où l'amour régnera
Dans ce monde qui est le nôtre
Je chante l'amour de mon cœur"

Voici une superbe version donnée en 2012 pour le concert de la paix des Nations Unis. Stevie Wonder est accompagné par Jasmine Cruz et Janelle Monaé, deux très belles voix.




1979 - Journey through the Secret Life of Plants (Soundtrack)




Après le succès phénoménal de l'album précédent, cet album est passé complètement inaperçu et a vraisemblablement dérouté les fans.

En effet, il s'agit d'une musique d'un film documentaire sur les plantes. Il est quasiment exclusivement instrumental. Stevie Wonder utilise encore beaucoup les synthétiseurs et pour la première fois un échantillonneur. C'est le premier album de Wonder à utiliser un enregistrement numérique.

Je pense qu'il faut laisser sa chance à cet album atypique et se laisser emporter par ces mélodies étranges et exotiques.

J'ai sélectionné l'un des rares morceaux chantés de l'album, il s'agit de "Send one your love". Une fois de plus Stevie nous livre une superbe mélodie.





1980 - Hotter Than July




La chanson en hommage à Bob Marley Master Blaster (Jammin’) ainsi que les titres I Ain't Gonna Stand for It, Lately et Happy Birthday ont constitué les hits de cet album. 

Stevie Wonder a écrit la chanson Happy Birthday pour rendre hommage à Martin Luther King et a fait une campagne pour instaurer le 15 janvier, date de sa naissance, comme jour férié aux États-Unis. Sa détermination porte ses fruits en 1986 lorsque Ronald Reagan introduit dans la législation américaine le 3e lundi de janvier comme jour férié à la mémoire de Martin Luther King.

Quel plus bel hommage que ce "Master Blaster" ? Voici une version live à Londres en 2008.



"Happy Birthday" est devenu un second hymne pour souhaiter un bon anniversaire. Voici une version donnée par Stevie Wonder pour fêter les 80 ans de Michael Caine et Quincy Jones.





1984 - The Woman in Red (Soundtrack)



Cet album inclus l'un des plus grands succès de la carrière de l'artiste, "I Just Called to Say I Love You", avec lequel il a remporté l'Oscar de la meilleure chanson originale. 

On y trouve aussi Love Light in Flight (classé dans le top 20 du billboard américain) et Don't Drive Drunk. L'album a atteint la 4e place des charts américains et la seconde place au Royaume-Uni.

Voici un clip de la chanson "I Just Called to Say I Love You".




1985 - In Square Circle



Avec cet album, Stevie Wonder a remporté le Grammy Awards en 1985 de la meilleure performance vocale Rhythm and Blues masculine.

La chanson "Part Time Lover" parle d'un couple infidèle et des machinations qu'ils organisent pour garder leur liaison secrète. Ce sont des "amants à temps partiel" ("part time lover") parce qu'ils doivent rester discrets :

"Nous sommes étrangers le jour, amants la nuit
Sachant que c'est si mal, mais se sentant si bien"

La chanson se termine par une astuce, quand il devient clair pour le chanteur que sa propre femme a un amant à temps partiel qui joue au même jeu.

Wonder dit qu'il a été dans une position similaire, avec un gars qui appelait chez lui et essayait de déguiser sa voix quand Stevie lui répondait.

En voici une version live endiablée:




Dans "Overjoyed", Stevie parle d'un homme qui souhaite que l'amour dont il a rêvé se réalise: alors il serait "fou de joie". Voici une version live de 2017.




1987 - Characters



Ce 20e album de l'artiste a été classé 17e aux US Pop charts et 1er aux US R&B/Hip-Hop charts.

Les quatre tubes de l'album sont Skeletons, Get It un duo avec Michael Jackson, la ballade R&B You Will Know et Free. À noter la participation de B.B. King et Stevie Ray Vaughan sur le morceau Come Let Me Make Your Love Come Down.

"Free" parle d'un homme qui se sent libre de toutes les contingences, plus libre qu'un rayon de soleil, qu'une goutte d'eau, aussi libre qu'une rivière.




1991 - Jungle Fever (Soundtrack)



En 1991, Stevie Wonder est sollicité pour réaliser la bande son du film "Jungle Fever" de Spike Lee.

Le film connaît un grand succès commercial et la prestation de Samuel L. Jackson est saluée comme une des meilleures performances de l'acteur.

J'ai retenu pour sa superbe mélodie la chanson "These Three Words" qui montre qu'il est très simple finalement d'exprimer son amour en 3 mots: "Je vous aime". Il existe une très belle reprise de cette chanson par Judith Hill, j'en parle dans l'article qui lui est consacré.





Extraits de concerts & nouveaux singles

Ce chapitre est consacré à des extraits de concerts remarquables et à quelques singles sortis depuis le dernier album studio.

Reprise de "The Way you make me feel" de Michael Jackson

Dans cette vidéo, Stevie Wonder reprend la chanson de Michael Jackson en duo avec John Legend. Ensuite, on a droit à un duo avec B.B. King.




2008 - Spain de Chick Corea

En 1973, Chick Corea sort son second album avec le groupe Return to Forever. Cet album est intitulé "Light as a Feather". Il contient le standard du Jazz "Spain". En 2008, dans son live à Londres, Stevie Wonder reprend ce morceau avec ses musiciens ... je vous laisse apprécier le résultat!




2010 - Ebony & Ivory en duo avec Paul McCartney

Ebony & Ivory est un duo de Stevie Wonder et Paul McCartney. Il sort sur l'album "Tug of War" de Paul McCartney de 1982.

En 2010, voici un extrait d'un concert depuis la maison blanche. Ce titre parle bien sûr de l'harmonie entre noirs (ebony) et blancs (ivory).




2011 - Fragile en duo avec Sting

Fragile est une chanson écrite, composée et interprétée par le chanteur britannique Sting. Sortie en single en avril 1988, elle est extraite de l'album "...Nothing Like the Sun" paru en octobre 1987.

Fragile est un hommage à Ben Linder, un ingénieur américain qui travaillait sur un projet hydroélectrique au Nicaragua et qui fut tué par les Contras en 1987.

Voici un duo de Sting et Stevie Wonder donné lors du concert des 60 ans de Sting. Stevie Wonder chante et joue de l'harmonica.




2011 - Superstition & As en duo avec Janelle Monaé

Lors de son concert Rock in Rio en 2011, Stevie Wonder interprète ces deux titres avec Janelle Monaé. On notera au passage la présence de Judith Hill et Aisha Morris (la fille de Stevie Wonder) dans les chœurs.




2015 - Ain't no Sunshine de Bill Withers

Ain't No Sunshine est une chanson de Bill Withers sortie en 1971 sur son premier album, Just As I Am.

La chanson est publiée en tant que single en septembre 1971 et atteint respectivement la 8e et la 3e place des charts R&B et POP U.S. Ain't No Sunshine est placée 280e dans la liste des 500 plus grandes chansons de tous les temps établie par le magazine Rolling Stone en 2003. Elle est l'une des chansons les plus diffusées sur les radios britanniques.

En 2015, Stevie Wonder rend hommage à Bill Withers et chante cette chanson devant son auteur.




2015 - People en duo avec Arturo Sandoval

People est une chanson composée par Jule Styne, avec des paroles de Bob Merrill, pour leur comédie musicale Funny Girl créée à Broadway en 1964. La chanson a été créée sur scène par Barbra Streisand, l'interprète du rôle principal de Fanny Brice dans la production originale de Broadway de 1964. 

Voici une reprise de Stevie Wonder avec le trompettiste d'origine cubaine Arturo Sandoval.




2016 - Faith en duo avec Ariana Grande (Single)

En 2016, Stevie Wonder participe à la bande son du film "Sing" ("Tous en Scène"), un dessin animé dans lequel les animaux chantent lors d'un show organisé par un Koala.

Il interprète la chanson "Faith" avec Ariana Grande. La chanson fait partie du générique de fin du film.





2016 - Purple Rain en duo avec Madonna

Purple Rain est une ballade de Prince & The Revolution. Ce single porte le même titre que l'album et que le film dont il est issu, tous les supports sont sortis en 1984. La chanson est un mélange de Rock'n'roll, de pop et de musique gospel et est considérée comme l'une de ses chansons phares.

Stevie Wonder la chante en duo avec Madonna en hommage à Prince lors des Billboard Awards 2016.





2017 - Happy en duo avec Pharrell Williams

Le single Happy de Pharrell Williams, sorti le 18 novembre 2013, est à l'origine présent sur la bande originale du film d'animation Moi, moche et méchant 2, sorti à l'été 2013. Ce single est un succès planétaire et s'écoulera à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde et obtient notamment un disque de diamant en France. Il est certifié 7x platine aux USA pour 7 millions de copies vendues.

Il est intégré dans le second album de Pharrell Williams intitulé GIRL.

Lors du concert Global Citizen 2017, Stevie Wonder l'interprète avec Pharrell Williams.





2017 - Get Lucky + Superstition avec Pharrell Williams

Lors du même concert, on a droit à Get Lucky et Superstition.

Get Lucky est le premier single extrait de l'album Random Access Memories du groupe Daft Punk, coécrit et interprété en collaboration avec Pharrell Williams et Nile Rodgers.

Avant son lancement officiel, le single Get Lucky est présenté lors du Saturday Night Live et au Coachella Festival. Acclamé par les critiques spécialisées, le titre rencontre un succès international important en se retrouvant no 1 dans de nombreux pays durant l'été 2013, et remporte deux Grammy Awards l'année suivante.




2020 - Where is our love song (single)

"Where Is Our Love Song", le dernier single de Stevie Wonder à ce jour, est similaire dans sa signification à un morceau bien connu que Stevie Wonder a sorti en 1976 et qui s'intitule "Love's In Need of Love Today". Et thématiquement, cela représente une position que le musicien a tenue tout au long de sa carrière musicale. Et c'est un besoin d'augmenter la sympathie et l'empathie entre les hommes. 

En tant que telle, la "chanson d'amour" à laquelle il fait référence dans le titre n'est pas dans une connotation amoureuse. Ce que le chanteur préconise plutôt, c'est que les membres de "l'humanité" deviennent plus aimants les uns envers les autres.

Le chanteur et guitariste Gary Clark Jr. a participé à ce titre, en voici la version audio.