mardi 26 juillet 2022

Les fils Bach - Carl Philipp Emanuel Bach (2/4)

 

Carl Philipp Emanuel Bach


Carl Philipp Emanuel Bach


Carl Philipp Emanuel Bach, né à Weimar, dans le duché de Saxe-Weimar, le 8 mars 1714 et mort à Hambourg (ville libre d'Empire) le 14 décembre 1788, est un musicien, compositeur et musicologue allemand. C'est le deuxième fils survivant de Johann Sebastian Bach et de sa première femme Maria Barbara Bach.

Il tient ses prénoms de ses deux parrains, Adam Imanuel Weltzig pour le premier, maître des pages à la cour de Weimar, et Georg Philipp Telemann, alors kapellmeister à Francfort-sur-le-Main. 

Élève de la célèbre Thomasschule zu Leipzig (où son père enseigne), il est initié très tôt à la musique par celui-ci : il joue en virtuose du clavecin dès son enfance. 

Comme d'autres de ses frères, il suit des études de droit à Leipzig (de 1731 à 1734) et ensuite à l'université de Francfort-sur-l'Oder (de 1734 à 1738).

En 1738, il rentre au service du prince Frédéric de Prusse - qui deviendra Frédéric II - en tant que claveciniste.

Vers 1750, Carl Philipp Emanuel Bach s'attache définitivement aux clavicordes fabriqués par Johann Gottfried Silbermann qui surpassent les instruments plus anciens par leur sonorité et leur sensibilité. 

La cour de Berlin encourage les inventions des luthiers. Frédéric II acquiert sept pianofortes de Silbermann et plusieurs de ses clavicordes. C'est dans cet environnement que Carl Philipp Emanuel Bach compose les sonates "prussiennes", dédiées au roi de Prusse, et les sonates "wurtembergeoises", dédiées au duc de Wurtemberg et qui ouvrent de nouveaux horizons à la musique de clavier.

La vie musicale à la cour tourne autour de l'intérêt du roi pour la flûte traversière. C'est Johann Joachim Quantz qui en est le musicien central.

Bach finit par s'ennuyer à la cour, de par le fait que sa musique pour clavier n'est pas reconnue à sa juste valeur, qu'il s'est certainement fait mal voir par le roi à cause de son franc parler, et qu'il touche moins que d'autres compositeurs comme Quantz ou Carl Heinrich Graun.

Finalement, en 1768, un an après la mort de son parrain Georg Philipp Telemann, il est nommé "Director Musices" de Hambourg.

Bach donne une puissante impulsion à la vie musicale de Hambourg, non seulement par son abondante production personnelle, mais en révélant le Messie de Georg Friedrich Haendel, le Stabat Mater de Joseph Haydn, la Messe en si de son père et le Requiem de Niccolò Jommelli.

Il meurt d’un malaise aigu à la poitrine le 14 décembre 1788. Son corps, ainsi que ceux de sa famille, sont ensevelis dans la voûte de l’église Saint-Michel de Hambourg.

Carl Philipp Emanuel Bach laisse 875 œuvres.

Considéré comme exemple par beaucoup de musiciens de la seconde moitié du xviiie siècle, Carl Philipp Emanuel Bach est admiré par Joseph Haydn (qui étudie en particulier son œuvre pour clavier), Mozart (qui dirige en 1788 à Vienne son oratorio "Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu" : "La Résurrection et l'Ascension de Jésus") et par Beethoven qui demande plusieurs fois à l'éditeur Breitkopf de lui envoyer des œuvres de Carl Philipp Emanuel.

Son traité théorique "Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier", en deux volumes, le premier publié en 1753, le deuxième en 1762, est probablement le plus important traité pratique sur la musique écrit au xviiie siècle.

Carl Philipp Emanuel Bach est le seul fils de Jean-Sébastien Bach qui ait parfaitement réussi sa carrière. Sa musique est largement diffusée de son vivant ; c'est un maître riche et considéré. 

Sa production est extraordinairement abondante : des centaines d'oratorios et de cantates, dans lesquelles il ne dédaignait pas de reprendre des pages de son père ; un nombre plus grand encore d'odes et de cantiques spirituels. Il y a parmi eux des lieder qui sont de véritables lieder romantiques avant la lettre. 

Pour l'orchestre, il écrit une vingtaine de symphonies et plus de 50 concertos pour un ou deux instruments à clavier, dont notamment un Concerto en ré mineur qui fait parfois penser à Beethoven. 

Dans sa musique de chambre, C. Ph. E. Bach évolue vers les formes et le langage classique du trio et du quatuor. 

Il est un des plus important représentants du style galant et de l'Empfindsamkeit (littéralement: sentimentalisme), qui marque le passade du baroque au classicisme et l'utilisation de la musique pour exprimer les affects et les sentiments.

La part la plus originale de sa production musicale se situe probablement dans les œuvres pour le clavier. De cette énorme production émergent les collections des "Preussische Sonaten", "Württembergische Sonaten" et surtout les six recueils de sonates, fantaisies et rondos "Für Kenner und Liebhaber" ("Pour connaisseurs et amateurs"), publiés de 1779 à 1787. 

Il existe deux catalogues principaux des œuvres de Carl Philipp Emanuel Bach: le catalogue d'Alfred Wotquenne (1905) qui utilise le symbole Wq, et le catalogue d'Eugène Helm (1989) qui utilise le symbole H. Bien que l'on doive surtout utiliser le catalogue Helm, le catalogue Wotquenne est encore très utilisé.

Dans cette oeuvre monumentale, j'ai essayé de vous préparer une anthologie des meilleurs albums qui lui sont consacrés.


8 Symphonies Wq.182, Wq.174 et Wq.176 - Christopher Hogwood




Je commence par la sélection de cet album incontournable de symphonies berlinoises et de symphonies pour cordes et continuo qui furent commandées à Bach par le baron Van Swieten, ambassadeur d'Autriche à Berlin.

Van Swieten avait demandé à Bach de s'abandonner à son inspiration, sans tenir compte des difficultés qui en résulteraient pour l'exécution. Il espérait trouver dans ces symphonies l'équivalent du style de clavier du compositeur, et ne fut pas déçu.

Voici la Symphonie No.3 en ut majeur Wq.182/3 (H.659) par Christopher Hogwood à la tête du Bach Collegium München.


On continue avec la Symphonie No. 1 en sol majeur Wq.182/1 (H.657) par François-Xavier Roth à la tête de l'Orchestre National de France.




4 Symphonies Wq.183, 6 Sonates Wq.184 - Ensemble Resonanz, Riccardo Minasi




On continue cette sélection des symphonies par ces quatre symphonies pour orchestre avec douze voix obligées Wq.183/1-4 (H.663-666) qui furent composées à Hambourg vers 1776.

La Symphonie en sol Wq.183/4, H.666 est une oeuvre particulièrement joyeuse. En voici une interprétation dynamique par l'Ensemble Resonanz dirigé par Riccardo Minasi.






Projet Carl Philipp Emanuel Bach - Ophélie Gaillard



En 2014, l'excellente violoncelliste Ophélie Gaillard sort un premier album consacré à Carl Philipp Emanuel Bach. Il comprend deux de ses trois concertos pour violoncelle, une symphonie et la fameuse sonate en ut mineur pour deux violons et basse "Sanguineus & Melancholicus" ("Conversation entre un Sanguin et un Mélancolique") Wq.161, H.579.

L'enregistrement est un succès et est récompensé par un diapason d'or de l'année 2014.

"Les deux fils aînés de Bach étaient unanimes pour confesser ouvertement que la nécessité les avait obligés de se choisir un style qui leur fût particulier, car il leur aurait été impossible d’égaler leur père s’ils avaient voulu suivre sa manière." 

Admirateur dévot du génie paternel, ardent propagandiste de ses œuvres, Carl Philipp Emanuel s’est frayé une voie nouvelle en cet âge nouveau de l’expression d’une sensibilité frémissante (l'Empfindsamkeit). Tenu en haute admiration en son propre siècle par Haydn, Gluck et Mozart, il nous apparaît de nos jours comme un génie totalement original.

Composé par Carl Philipp en 1750, l’année de la mort de son père, le Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur Wq.170 (H.432), adapté du concerto pour clavecin H.430 dans la même tonalité, montre de façon éclatante l’originalité qu’a dû conquérir le musicien face à la figure paternelle.


1er mouvement:



2nd mouvement:



3ème mouvement:




Le compositeur a adapté certaines de ses partitions pour d’autres instruments solistes, la flûte, le hautbois ou l’orgue, et le violoncelle. Trois concertos pour clavecin ont ainsi été transcrits et adaptés, d’une part pour la flûte, d’autre part pour le violoncelle, dont ceux en la majeur et en la mineur. 

L’adaptation du concerto pour clavecin H.437 en Concerto pour violoncelle et orchestre en la majeur Wq.172 (H.439) a été effectuée, comme les autres, par le compositeur lui-même. L’oeuvre date de 1753.

1er mouvement:



2nd mouvement:



3ème mouvement:




Contrairement aux autres genres de sa production, Carl Philipp Emanuel ne rompt pas vraiment avec la tradition de la sonate en trio héritée de la période antérieure, celle de son père. Une exception notable, cependant, est faite avec la Sonate en ut mineur pour deux violons et basse Wq.161 (H.579). 

Datée de 1749, elle est publiée deux ans plus tard, avec le titre à priori surprenant de "Conversation entre un Sanguin et un Mélancolique". À le lire, le musicien a voulu exprimer par les seuls instruments ce que d’ordinaire on confie aux voix avec des paroles intelligibles par tous. 

Dans l’avertissement qu’il publie en préface à l’édition de sa sonate, il précise en effet: 

"On a voulu représenter une conversation entre un Sanguin et un Mélancolique en désaccord durant tout le premier mouvement et la plus grande partie du deuxième, chacun essayant d’attirer l’autre de son côté jusqu’à ce qu’ils résolvent leurs divergences à la fin du deuxième mouvement, le Mélancolique renonçant alors au combat et faisant sienne la manière de l’autre. Dans le dernier mouvement, ils sont et restent entièrement d’accord."

1er mouvement:



2nd mouvement:



3ème mouvement:




Projet Carl Philipp Emanuel Bach, Vol. 2 - Ophélie Gaillard




En 2016, Ophélie Gaillard a la bonne idée de sortir le second volume consacré au compositeur et nous livre le troisième concerto pour violoncelle, deux symphonies et un concerto pour clavecin.

Le Concerto pour violoncelle et cordes en si bémol majeur Wq. 171 H.436 date de 1751. Son écriture se situe encore sous l’influence de l’âge baroque finissant, de Vivaldi en particulier beaucoup plus que de son père, mais en se tournant résolument vers l’âge classique.

1er mouvement:



2nd mouvement:



3ème mouvement:




En 1745, il compose le Concerto pour clavecin et cordes en ré mineur Wq.17, H.420. À trente ans, le musicien est depuis peu le claveciniste accompagnateur officiel de l’orchestre de la cour de Prusse, à Berlin et Potsdam – mais rien de plus. 

Frédéric II reconnaît son talent de compositeur, mais le trouve trop “moderne” pour son goût. S’il peut à juste titre s’enorgueillir de sa présence auprès de lui, ce n’est pas à lui qu’il commandera sonates, concertos ni opéras. 

Et peut-être lui a-t-on rapporté la faible estime que son claveciniste a de son talent de flûtiste. L’anecdote est célèbre. Alors que l’entourage fait mine d’admirer le souverain, Carl Philipp Emanuel aurait eu cette formule : “Vous faites erreur en croyant que le roi aime la musique, mais il n’aime que jouer de la flûte ; et si vous croyez qu’il aime jouer de la flûte, vous faites à nouveau erreur, car il n’aime que sa flûte”. 

Cela n’empêche pas le musicien d’en prendre sereinement son parti, de composer, de publier et de se faire entendre ailleurs qu’à la cour. La plus grande partie de sa musique pour le clavier, de sa musique de chambre et la quasi-totalité de ses concertos datent de cette époque.

1er mouvement:



2nd mouvement:



3ème mouvement:





Magnificat Wq.215, H.772 - Hans-Christoph Rademann




Le Magnificat Wq.215 est une des compositions centrales de la période berlinoise de Bach. Avec cette première grande oeuvre pour chœur, le claveciniste de Frédéric le Grand apporte la preuve qu’il est capable d’écrire pour d’autres formations que les instruments à clavier ou les petits ensembles instrumentaux. 

Dans le même temps, il commença à prendre ses distances avec la cour de Prusse. Si on en croit une annotation portée à la fin de la partition autographe, le Magnificat fut achevé le 25 août 1749. On ne connaît pas de circonstance précise qui aurait pu présider à sa composition, mais l’éventail stylistique extrêmement large des neuf mouvements invite à penser qu’il s’agissait là d’une oeuvre méticuleusement pensée en vue d’une candidature à un poste important.

J'ai sélectionné la version dirigée par Hans-Christoph Rademann à la tête du RIAS Kammerchor et de l'Akademie für Alte Musik Berlin.





Concertos pour Hautbois - Xenia Löffler


C. P. E. Bach développa son style hautement original au cours des trois décennies qu’il passa comme claveciniste à la cour de Prusse (ca. 1738-1768). Ses obligations officielles peu nombreuses lui laissèrent tout le loisir de travailler à ses propres projets, ce qui lui permit d’asseoir sa réputation tout à la fois de claveciniste, et des plus virtuoses de son temps, de théoricien à l’esprit avisé et surtout de compositeur qui le plaçait parmi les plus originaux et les plus éclectiques de l’époque. 

Ses apparitions régulières aux concerts privés organisés par la bourgeoisie berlinoise firent rapidement connaître son nom au-delà de la cour. Dans les œuvres musicales qu’il composa à Berlin, la musique instrumentale prédomine : il la considérait comme un terrain d’expérimentations idéal pour mettre à l’épreuve d’audacieux développements harmoniques, des techniques de composition inhabituelles et de nouvelles conceptions formelles. 

Pour les soirées de la bourgeoisie montante, il composa surtout des concertos, dont les ritournelles étaient encore considérées comme exemplaires et novatrices à la fin du xviii e siècle, ainsi que des symphonies dont Haydn et Mozart mêmes admiraient le tempérament, la somptuosité et la puissante individualité. 

Les deux concertos pour hautbois en si bémol majeur Wq.164 et en mi bémol majeur Wq.165 sont les dernières œuvres de ce genre que Bach a composées à Berlin. 

Voici le 1er mouvement du concerto Wq.164 par une spécialiste du hautbois baroque: Xenia Löffler, elle est accompagnée par l'Akademie für Alte Musik Berlin.



Voici le 1er mouvement du concerto Wq.165:





La Folia and other works - The Purcell Quartet



Cet album contient des sinfonias et des sonates de C.P.E. Bach interprétées par The Purcell Quartet. L'utilisation du clavecin nous rapproche de l'esprit baroque.

J'ai sélectionné les œuvres suivantes: les 12 variations sur "La Folia" Wq.118/9, H.263 et, de nouveau, la sonate "Sanguineus & Melancholicus", cette fois avec accompagnement de clavecin.

Sous Youtube, voici une version de "La Folia" interprétée sur piano moderne par Adriana von Franqué.



En ce qui concerne la sonate "Sanguineus & Melancholicus", en voici une version live très amusante, dans laquelle les musiciens jouent à fond leur rôles de sanguin et de mélancolique, ce qui fait bien rire le public! A noter que le "sanguin" est interprété au hautbois (et non pas au violon).





Preussische & Württembergische Sonaten - Pieter-Jan Belder




Dans ce coffret de 3 CD, Pieter-Jan Belder interprète au clavecin et au clavicorde les sonates prussiennes et les sonates würtembergeoises. 

Dans ses six sonates prussiennes de 1742, C.P.E. Bach mêle tradition et formules nouvelles. Elles souscrivent encore à l'influence de la musique instrumentale italienne, très pratiquée à la cour de Prusse, et, en même temps, sont bâties avec rigueur. Les indications d'effets et de nuances dynamiques "forte" et "piano", clairement signifiées, soulignent les changements de registre, avec, à la fois, des accents pré-romantiques. C.P.E. Bach s'attache d'abord au contenu du discours musical.

Voici la sonate prussienne en si bémol majeur Wq.48/2, H.25 interprétée par Béatrice Martin au clavecin.



Les six célèbres sonates würtembergeoises (Wq.49), composées à Berlin en 1742 et éditées à Nuremberg en 1744 sous le numéro d'Opera II, furent dédiées au duc Charles de Wurtemberg. C'est à leur dédicataire qu'elles doivent leur nom. L'esprit novateur de C.P.E. Bach y est poussé au plus haut point: les effets dramatiques se multiplient, l'étendue du clavier s'élargit, les modulations deviennent plus audacieuses, en particulier dans ces brusques passages du majeur au mineur.

Voici la sonate würtembergeoise en la mineur Wq.49/1, H.30 interprétée par Béatrice Martin au clavecin.





Sonates & Rondos - Marc-André Hamelin



Cet album paru en 2022 est certainement un des albums les plus enthousiasmants sur C.P.E. Bach. Marc-André Hamelin met toute sa virtuosité et toute sa finesse au service de ces pièces.

Cet album nous permet d'entendre des sonates extraites des recueils "Für Kenner und Liebhaber" ("Pour connaisseurs et amateurs"), des rondos, des fantaisies, un pièce intitulée "Adieu à mon clavier Silbermann" et des pièces de caractère.

Je vous propose de mettre l'accent sur ces pièces de caractère qui sont souvent des hommages à un mécène ou à un ami.

En ce qui concerne l'album, je n'ai trouvé sous Youtube qu'une espèce de teaser:



Donc, pour les pièces sélectionnées, je vous propose plutôt la version d'Ana-Marija Markovina qui me semble être assez proche (les œuvres sont interprétées sur un piano moderne) de celle de l'album sélectionné.

Voici mon morceau préféré, L'Aly Rupalich Wq.117/27, H.95 de 1755. Il s'agit d'une pièce curieuse parcourue par une basse obstinée (appelée Murky Bass) de la main gauche. On trouve des sources où cette page est intitulée "La Bach", mais il n'y a pas de certitude à ce sujet.



La Complaisante Wq.117/28, H.110 de 1756 est un allegretto à 3/4 en si bémol majeur. Il s'agit d'une page galante.




La Herrmann Wq.117/23, H.92 semble être un portrait de Friedrich Gottfried Herrmann, conseiller privé ou bien de Johann Ludwig Hermann, fonctionnaire à Berlin.



La Prinzette Wq.117/21, H.91 est un pièce débutant dans le calme mais ensuite assez heurtée caractérisant peut-être la baronne Johanna Benedicte von Printzen.






Tangere - Alexei Lubimov



J'ai sélectionné cet album car il est très intéressant du point de vue du timbre de l'instrument "un piano à tangente" qui a été choisi pour l'interprétation des pièces de C.P.E. Bach. 

Le piano à tangente ressemble beaucoup aux clavicordes que Bach utilisait, cet instrument permettait de jouer sur la dynamique et l'intensité, ce qui était impossible auparavant avec le clavecin.

Je n'ai pas pu trouver d'extrait de cet album, je vous propose donc la Fantaisie en ut majeur H.284 de 1784 interprétée par Alexei Lubimov sur un piano moderne.



Et, j'ai trouvé intéressant de vous faire écouter le rondo en ut mineur Wq.59/4 inteprété sur piano à tangente par Aapo Häkkinen.





Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu Wq.240, H.777 - Bart van Reyn




L'oratorio le plus célèbre de C.P.E. Bach est "Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu" ("La Résurrection et l'Ascension de Jésus"), qui fut d'ailleurs dirigé à Vienne en 1788 par Mozart.

Bart van Reyn à la tête du Chœur de la Radio Flamande et de l'orchestre baroque "Il Gardellino" nous en donne une version de référence qui a été primée en 2022 d'un diapason d'or.

En voici une version par le Vocalconsort Berlin, dirigé par Rüdiger Lotter.





Sonates pour violon et pianoforte - Amandine Beyer et Edna Stern




Je termine cette anthologie de C.P.E. Bach par cet album consacré à quatre sonates pour violon et pianoforte H.512, H.513, H.514 et H.545.

Les sonates de C.P.E. Bach sont architecturées avec rigueur et donnent à chaque instrument une part égale. L'architecture essentielle se pare d'un treillis de lignes, de courbes et de contre-courbes qui prennent le dessus sur la structure sous-jacente. Cela rend le phrasé morcelé et en apparence "décousu". Cela est du au fait que Bach n'envisage pas une oeuvre comme le développement unitaire d'une idée, mais plutôt comme le dialogue entre plusieurs affects qui s'influencent et font naître de leur vis-à-vis une forme fondée sur l'échange, comme on l'a déjà vu dans la sonate "Sanguineus & Melancholicus".

C'est de nouveau le cas dans la sonate en ut mineur Wq.78; H.514: chaque instrument monologue à tour de rôle, sans que ces discours individuels ne semblent vraiment dialoguer.

1er mouvement:



2nd mouvement:




3ème mouvement:






vendredi 22 juillet 2022

Les fils Bach - Wilhelm Friedemann Bach (1/4)

 

Wilhelm Friedemann Bach


Wilhelm Friedemann Bach


Johann Sebastian Bach ne s'est pas contenté d'être un musicien génial, il a été aussi le père de quatre compositeurs de premier plan ce qui est un fait rarissime dans la musique.

Alors que quelques temps après sa mort, la musique de Johann Sebastian Bach tombe peu à peu dans l'oubli et qu'au contraire celle de ses fils, en particulier la musique de Carl Philipp Emmanuel Bach, connaît une grande popularité, à partir de sa redécouverte au XIXe siècle, la tendance s'inverse.

Le génie de Johann Sebastian Bach éclate, sa musique est reconnue, jouée, enregistrée et c'est paradoxalement la musique de ses fils que l'on entend de moins en moins.

Enfin, parce que l'on s'intéresse beaucoup plus maintenant à la musique du passé, la musique des fils Bach se fait entendre à nouveau, mais de façon inégale. 

Celui qui a eu la place la plus importante reste Carl Philipp Emmanuel Bach, suivi de Johann Christian, mais la musique de Wilhelm Friedemann Bach et celle de Johann Christoph Friedrich reste encore de nos jours méconnue.

C'est pourquoi j'ai prévu de consacrer quatre articles aux quatre fils de Bach. 

Nous commençons avec Wilhelm Friedmann Bach: il est le fils aîné de Johann Sebastian, né de son union avec sa première femme Maria Barbara.

Wilhelm Friedemann Bach est né à Weimar le 22 novembre 1710, et mort le 1er juillet 1784 à Berlin. Il était surnommé le "Bach de Dresde" ainsi que le "Bach de Halle".

Il passe pour le plus doué des fils du grand compositeur. Cependant, malgré ses remarquables dispositions musicales — contrapuntiste, organiste et improvisateur accompli —, c'est aussi, parmi les quatre frères musiciens, celui qui a eu le moins de réussite dans sa carrière. 

On pense que cela est du principalement à son caractère fantasque, caractère que l'on retrouve d'ailleurs dans sa musique.

De 1733 à 1746, il est organiste à l'église Sainte-Sophie de Dresde.

De 1746 à 1764, il est directeur de la musique et organiste de l'église Notre-Dame de Halle.

En 1762, on lui propose le poste de maître de chapelle de la cour à Darmstadt, mais il le refuse pour une raison inconnue. 

Il abandonne finalement son poste à Halle en 1764. À partir de ce moment, il n'a plus de position stable et essaye d'assurer ses ressources en donnant des concerts, des cours et en composant. 

À cette époque, les musiciens sont presque toujours attachés au service d'un prince, d'une église, d'une ville, d'un opéra ou de quelque organisation puissante et riche. Il est donc l'un des premiers musiciens à tenter de mener une carrière indépendante ; ce qui ne lui réussit guère car il sombre progressivement dans la pauvreté.

Il finit par s'établir à Berlin en 1774 et organise plusieurs concerts d'orgue.

Malheureusement, il ne trouve pas d'emploi régulier. Wilhelm Friedemann Bach meurt le 1er juillet 1784 à Berlin, dans le dénuement.

Il laisse un catalogue d'environ 120 œuvres dans les domaines suivants: musique de chambre et pour clavier, symphonies, concertos et cantates.

La musique de Wilhelm Friedemann Bach marque une évolution sensible par rapport à la musique de son père, même si on y note encore des emprunts (il n'hésitera pas à faire passer certaines de ses œuvres pour des œuvres de son père et n'hésitera pas à piller ou adapter des œuvres paternelles).

Il est réellement à la charnière de la transition entre musique baroque et musique classique.

Sa musique, véritablement impressionnante par son originalité, mérite largement une redécouverte, elle est passionnante et porte la marque d'un génie, qui fut malheureusement écrasé par la figure paternelle.

Le catalogue des œuvres de Wilhelm Friedemann Bach a été établi en 1913 par Martin Falck, les œuvres sont donc indiquées par un F ou Fk devant un chiffre.

Je vous propose mon anthologie des albums et des œuvres de ce compositeur atypique.

D'autre part, j'ai réalisé une playlist sur la musique des quatre fils Bach.




Bach (CPE & WF) - Concertos pour deux clavecins - Reinhard Goebel




L'album sélectionné présente des œuvres pour deux clavecins: un concerto de Carl Philipp Emmanuel et une sonate et un concerto de Wilhelm Friedemann. 

Les œuvres sont interprétées par l'ensemble Musica Antiqua Köln dirigé par Reinhard Goebel, et avec Andreas Staier et Robert Hill au clavecin.

Le "Concerto a duoi Cembali concertati" (ou "Sonate pour deux clavecins") en fa majeur Fk.10 est une des œuvres les plus célèbres de son temps. Il s'agit d'une partition brillante en 3 mouvements: le premier mouvement (Allegro moderato) utilise la forme sonate, le deuxième est un Andante en ré mineur qui s'impose comme un des premiers "grands" mouvements lents du compositeur. Le finale (Presto) est de style différent et apparenté au genre "concerto" avec ses alternances de tutti (unisson des quatre mains) et de soli et sa forme "ritournelle". 

On pense que l'oeuvre fut composée à Dresde vers 1740, elle sonne déjà plus classique que baroque.




Les concertos de Wilhelm Friedemann sont tous pour clavecin, il y en a 7, dont un pour 2 clavecins: le concerto en mi bémol Fk.46.

Il s'agit d'un ouvrage solennel ajoutant aux cordes deux trompettes, deux cors et les timbales. Il est en 3 mouvements:
  1. Un poco allegro: il combine puissance et vastes zones sombres
  2. Cantabile senza accompagnamento: l'orchestre se tait et les deux clavecins restent seuls
  3. Vivace: le finale combine les sonorités baroques du premier mouvement à une thématique plus classique





Concertos pour clavecin et cordes - Maude Gratton



Cet album est celui qui m'a le plus enthousiasmé en ce qui concerne les concertos pour clavecin de Wilhelm Friedemann. Il nous permet d'entendre les concertos Fk.41, Fk.43 et Fk.45, ainsi que la Sinfonia Fk.67.

L'enregistrement complet de l'album est disponible sous Youtube:



Maintenant, si on veut rentrer plus dans le détail voici des informations sur le concerto Fk.45:

Wilhelm Friedemann y fait preuve d’une maîtrise exemplaire. On est frappé par la densité contrapuntique déployée dès les premières mesures du premier mouvement, sans indication de tempo. 

On entend certes l’influence paternelle dans certaines formules, on la ressent dans ce développement extrêmement pesé, mais on perçoit aussi l’originalité dans certaines figures rythmiques, en particulier dans l’écriture pour le clavecin ; on trouve aussi déjà les interruptions, les revirements qui feront les richesses des pièces pour clavier seul de Wilhelm Friedemann Bach. 

Le deuxième mouvement, Larghetto, est d’inspiration nettement plus galante et la tension mélancolique du premier mouvement fait place à une conversation aimable entre les cordes et le clavier — non sans ombres cependant en son centre. 

L’Allegro ma non molto final donne lieu à un peu plus de virtuosité mais demeure d’une grande concentration.

En voici une version par Claudio Astronio:



La Symphonie en fa majeur Fk.67 est une oeuvre hybride, tenant à la fois de la symphonie (ou sinfonia) et de la suite. Il y a quatre mouvements, dont les deux extrêmes ont des accents proches de Haendel. Il s'agit pour moi d'une des plus belles œuvres de Wilhelm Friedemann.

En voici une autre très belle réalisation, l'ensemble Il Giardino Armonico est dirigé par Giovanni Antonini.




Sinfonias, Suite en sol mineur, Concerto en ré majeur - Tafelmusik - Jeanne Lamon




J'ai sélectionné cet album car il nous donne un beau panorama des Sinfonias de Wilhelm Friedemann Bach. En effet, l'album propose les sinfonias Fk.64, Fk.65 et Fk.67, complétées par la suite en sol mineur BWV 1070 (ainsi numérotée puisqu'elle avait d'abord été attribuée à Johann Sebastian Bach) et le concerto pour clavecin in ré majeur Fk.41.

Ces œuvres sont interprétées par l'ensemble baroque canadien Tafelmusik dirigé par Jeanne Lamon.

La symphonie en ré majeur Fk.64, utilisée comme introduction à la cantate "Dies ist der Tag" Fk.85, est assez proche de celles composées à Berlin par son frère Carl Philipp Emmanuel.

Elle ajoute aux cordes des flûtes et des cors, et comporte trois mouvements: un Allegro a maestoso un peu dans l'esprit des ouvertures de Johann Sebastian, un Andante en sol où les cors se taisent, et un Vivace de rythme ternaire.

Je trouve cette symphonie encore pas mal dans l'esprit baroque.

I. Allegro e maestoso



II. Andante



III. Vivace




La symphonie en ré mineur Fk.65 pour deux flûtes et cordes ne comporte que deux mouvements enchaînés: un adagio et une fugue. Elle est d'ailleurs fréquemment appelée "Adagio et fugue".

Les flûtes interviennent dans l'adagio, page très expressive et émouvante. La fugue est magistrale, à mi-chemin entre Johann Sebastian et l'Adagio & Fugue K.546 de Mozart. Elle a du être composée vers 1758.

J'ai choisi une version live interprétée par Reinhard Goebel à la tête du Budapest Festival Orchestra.




12 Polonaises Fk.12, Sonate en ré majeur Fk.3, Fantaisie Fk.23 - Robert Hill




L'album sélectionné nous permet d'entendre l'intégrale des 12 Polonaises Fk.12, qui font partie des œuvres pour clavier les plus originales et les plus libres du compositeur.

J'ai choisi l'interprétation de Robert Hill au forte-piano qui donne un éclairage tout à fait surprenant de ces polonaises.

Voici la polonaise No. 8 en mi mineur par Robert Hill. Elle fait entendre deux thèmes: le premier construit comme une mélodie ornée sur basse continue et le second qui fait contraste par le rythme tumultueux de ses arpèges de triples croches.



A noter que l'on peut entendre la même polonaise, interprétée sur piano moderne par Daniil Trifonov, un pianiste que j'adore, sur son album de 2021 "The Art of Life". En ralentissant le tempo, il donne à l'oeuvre un recueillement tout particulier.



La sonate en ré majeur Fk.3 fut probablement composée à Dresde en 1745. Elle est en trois mouvements: 
  1. Un poco allegro: il débute par des motifs fiévreux et animés
  2. Adagio: au contrepoint dense il semble inspiré par Johann Sebastian
  3. Vivace: mouvement à deux temps au rythme de gigue
Chaque mouvement se termine par le même petit trait de cadence, ce qui évoque un procédé cyclique.

Voici le 1er mouvement Un Poco Allegro:


Le second mouvement: Adagio.



Le troisième mouvement: Vivace.



La fantaisie en la mineur Fk.23 est certainement une oeuvre très moderne pour l'époque. On notera la partie prestissimo de la fin, ne sonne-t-elle pas déjà romantique ?




Cantates, vol. 1 - L'Arpa Festante - Ralf Otto



Ralf Otto à la tête du Bachchor Mainz et de l'ensemble l'Arpa Festante nous permet d'entendre les cantates de Wilhelm Friedemann Bach avec de très bons solistes. 

On sait peu de choses sur les conditions de compositions de la plupart des cantates du compositeur.

J'ai sélectionné deux cantates extraites de cet album car on trouve sous Youtube des vidéos enthousiasmantes donnés par ces mêmes interprètes.

Voici tout d'abord la cantate "Ach, dass du den Himmel zerrissest" Fk.93 pour le 1er jour de Noël.



J'ai ensuite sélectionné la cantate "Gott fähret auf mit Jauchzen" Fk.75 ("Dieu est monté au milieu des acclamations") pour l'Ascension. On y note la présence de trompettes et de timbales.





Fantaisies, Sonates et Fugues - Maude Gratton



Cet album de Maude Gratton nous permet de continuer l'exploration des œuvres pour clavier de Wilhelm Friedemann: fantaisies, sonates, fugues et polonaises. Il est à noter que pour cet album, elle a obtenu un diapason d'or de l'année 2009.

J'ai sélectionné la Fantaisie en ré mineur Fk.19, qui fait partie des œuvres les plus originales du compositeur, une musique déconcertante toute en ruptures et en tensions.

Voici cette fantaisie interprétée par Claudio Astronio.




Fugues et Sonates - Ewald Demeyere



J'ai choisi, pour terminer ce bref survol de l'oeuvre de Wilhelm Friedemann Bach, cet album car il permet d'entendre les 8 Fugues Fk.31. Il nous permet en outre d'entendre les sonates Fk.4, Fk.8 et Fk.9.

J'ai sélectionné la Fugue No. 8 en fa mineur, la dernière de la série. Elle exprime un sentiment étrange avec son fort chromatisme.










mardi 12 juillet 2022

Stravinsky

 

Igor Stravinsky
Igor Stravinsky par Jacques-Emile Blanche (1915)


Stravinsky


Igor Fiodorovitch Stravinsky, né le 17 juin 1882 à Oranienbaum en Russie et mort le 6 avril 1971 à New York aux États-Unis, est un compositeur, chef d'orchestre et pianiste russe (naturalisé français en 1934, puis américain en 1945) de musique moderne, considéré comme l'un des compositeurs les plus influents du XXe siècle. 

Stravinsky a profondément marqué son époque par sa musique très originale. Il a abordé plusieurs styles :  musique nationale russe, néoclassicisme, musique sérielle. 

Il a révolutionné la musique de ballet avec "L'Oiseau de feu" (1910), "Petrouchka" (1911) et son œuvre maîtresse "Le Sacre du printemps" (1913) qui eurent une influence considérable sur la façon d'aborder le rythme en musique classique. 

Stravinsky fut un des premiers compositeurs classiques à intégrer le Jazz dans ses compositions. 

Il nous laisse un peu plus de 130 œuvres.

Je suis très attaché à ce compositeur original et assez unique dans son genre dans la musique classique. Je dirais que son originalité réside surtout dans la concision de ses œuvres, mais également dans sa formidable orchestration (en héritier de Rimsky-Korsakov) et sa maîtrise exceptionnelle des rythmes. On n'avait rien entendu de tel avant lui.

Je vous propose une sélection de mes albums préférés de Stravinsky. Les albums sont classés par date de composition de la première oeuvre choisie. A noter que comme Stravinsky remanie très fréquemment ses œuvres, j'ai choisi l'année de composition de la première mouture.




1907 - Symphonies - Alexander Gibson & Neeme Järvi



1907 est l'année de composition de sa Symphonie No. 1, qui est également son opus numéro 1. On y ressent encore l'influence d'autre compositeurs tels que Glazunov, Tchaïkovsky, mais par dessus tout son professeur Rimsky-Korsakov.

La partition est en quatre mouvements et dure un peu plus de 30 minutes. En voici une version par le Tbilisi Symphony Orchestra dirigé par Vakhtang Kakhidze.



La Symphonie en Ut composée entre 1938 et 1940 est d'une toute autre nature. Elle correspond à la période néo-classique de Stravinsky. Et bien qu'il ait connu de nombreux drames en cette année 1938 (il perd successivement sa fille aînée, sa femme et sa mère), sa symphonie n'exprime en rien sa situation personnelle.

En voici une version pleine de légèreté par Vasily Petrenko à la tête du Royal Philharmonic Orchestra.



La Symphonie en trois mouvements a demandé 3 années pour être écrite, de 1942 à 1945. Elle est beaucoup plus ambitieuse que la symphonie en Ut et fait appel à un effectif orchestral plus étendu. Stravinsky y fait preuve d'un étonnant jeu sur les rythmes, et utilise le piano comme instrument percussif.

De nouveau, voici Vasily Petrenko à la tête du Royal Philharmonic Orchestra.



Enfin, voici la Symphonie pour instruments à vents. Un pièce d'environ 10 minutes, composée par Stravinsky en 1920 et correspondant donc à sa période russe.

Et pour la version choisie, on continue avec Vasily Petrenko à la tête du Royal Philharmonic Orchestra.





1908 - Le Rossignol & Renard - Natalie Dessay et James Conlon


Le Rossignol est un opéra en trois actes composé par Igor Stravinsky sur un livret du compositeur et de Stepan Mitoussov d'après le conte d'Andersen "Le Rossignol et l'Empereur de Chine". 

Il a été créé le 26 mai 1914 à l'Opéra de Paris au cours de la saison organisée par Diaghilev. Le début de sa composition remonte à 1908.

Extraite de l'acte 2, voici la Chanson du rossignol. "Ah, joie, emplis mon cœur" interprétée divinement par Natalie Dessay.




Cet album contient également "Renard". C'est "une histoire burlesque chantée et jouée" composée par Igor Stravinsky en 1916-1917, mais qui ne fut jouée pour la première fois qu'en 1922. 

Les textes ont été montés par le compositeur d'après le recueil de Contes populaires russes d'Alexandre Afanassiev. Le texte français a été rédigé par Charles-Ferdinand Ramuz, mais l'oeuvre est le plus souvent chantée en russe. Ce ballet met en scène un renard qui s'attaque à un coq en se déguisant en religieuse, puis en mendiante. Un chat et un bouc tentent de l'en empêcher et finiront par le tuer.

L'oeuvre comprend quatre rôles chantés: le coq (ténor), le renard (ténor), le bouc (basse) et le chat (basse).

En voici une version interprétée par l'Ensemble InterContemporain dirigé par Duncan Ward. Une pièce savoureuse et jubilatoire dans le style des bateleurs. 




1910 - L'Oiseau de Feu - François-Xavier Roth



En 1909-1910, Stravinsky compose à la demande de Diaghilev, pour les Ballets russes, un ballet inspiré d’un conte russe : "L’Oiseau de feu". 

En voici l’argument : "Ivan Tsarévitch voit un jour un oiseau merveilleux, tout d’or et de flammes ; il le poursuit sans pouvoir s’en emparer, et ne réussit qu’à lui arracher une de ses plumes scintillantes. Sa poursuite l’a mené jusque dans les domaines de Kachtcheï l’Immortel, le redoutable demi-dieu qui veut s’emparer de lui et le changer en pierre, ainsi qu’il le fit déjà avec maints preux chevaliers. 

Mais les filles de Kachtcheï et les treize princesses, ses captives, intercèdent et s’efforcent de sauver Ivan Tsarévitch. Survient l’Oiseau de feu, qui dissipe les enchantements. Le château de Kachtcheï disparaît, et les jeunes filles, les princesses, Ivan Tsarévitch et les chevaliers délivrés s’emparent des précieuses pommes d’or de son jardin." 

La partition de Stravinsky est irisée, et les timbres utilisés sont d’une grande nouveauté. Ce premier ballet rend le compositeur aussitôt célèbre. 

Ma version favorite est celle de François-Xavier Roth dirigeant l’orchestre "Les Siècles".

Voici en extrait la Danse Infernale du roi Kachtcheï :



Pour les amateurs, voici la suite complète de l'Oiseau de Feu par Claudio Abbado:




1911 - Petrouchka - Pierre Boulez



Petrouchka, sous-titré scènes burlesques en quatre tableaux, est un ballet composé en 1910-1911. Le livret (l'histoire) a été imaginé par Alexandre Benois et Igor Stravinsky. 

Petrouchka a été créé le 13 juin 1911 au théâtre du Châtelet par les Ballets russes sur une chorégraphie de Michel Fokine et sous la direction de Pierre Monteux. Alexandre Benois en était le directeur artistique ainsi que l'auteur des décors et des costumes. 

Un an après "L’Oiseau de feu" et deux ans avant "Le Sacre du printemps", Stravinsky livre l’une de ses grandes partitions pour les Ballets russes. Le compositeur russe a eu la vision d’un pantin "subitement déchaîné qui, par ses cascades d’arpèges diaboliques, exaspère la patience de l’orchestre, lequel à son tour lui réplique par des fanfares menaçantes". Ce morceau burlesque et génial a entraîné une véritable révolution musicale.

Mon choix au disque va vers l'interprétation de Pierre Boulez à la tête du Cleveland Orchestra.

En vidéo, voici la "Danse Russe" dirigée par Valery Gergiev:




1913 - Le Sacre du Printemps - Riccardo Chailly



En 1913, Stravinsky compose le plus révolutionnaire de ses ballets: "Le Sacre du Printemps", sous-titré "Tableaux de la Russie païenne en deux parties". 

Il est chorégraphié originellement par Vaslav Nijinski pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Sa création au théâtre des Champs-Élysées à Paris, le 29 mai 1913 a provoqué un des plus grands scandales de la musique. En effet, on peut penser que les spectateurs ont été plus que surpris par la nouveauté du langage musical utilisé par Stravinsky, ainsi que par la complexité rythmique de l’œuvre. 

Je me rappelle avoir lu le "Igor Stravinsky" d’André Boucourechliev ; il consacre un chapitre entier à l’explication des rythmes dans le "Sacre du Printemps". N'étant pas musicien, je suis resté complètement perdu par ces explications !

Certains passages de cette oeuvre me font le même effet que la "Musique pour cordes, percussion et célesta" de Bartok : quand j’écoute les "augures printaniers" je suis pris d’une envie irrésistible de danser. Stravinsky nous offre dans ce passage une véritable danse tribale. 

En écoutant attentivement l’œuvre, j’ai remarqué une ressemblance frappante entre l’Introduction de la 2ème partie (Le Sacrifice) et un passage de la musique du film Star Wars : "The Dune Sea of Tatooine". Ce qui semble confirmer que Stravinsky a largement influencé John Williams. 

On peut d’ailleurs considérer la musique du "Sacre" comme très cinématographique, il suffit pour s’en persuader de se rappeler sa réutilisation dans le film "Fantasia" de Walt Disney, dans le passage sur la terre primitive et les dinosaures. 

En 2017 est sortie une fantastique version du "Sacre" dirigée par Riccardo Chailly à la tête du Lucerne Festival Orchestra. En outre, cet album contient le premier enregistrement mondial du "Chant funèbre", qui était considéré comme perdu et fut retrouvé seulement en 2015.

Pour le centenaire de la création du "Sacre", la chaîne Arte a diffusé le ballet reconstitué dans la chorégraphie originale de Nijinski, dirigé par Valery Gergiev. Un grand moment que l'on peut encore trouver sous Youtube:




1917 - Le Chant du Rossignol - Pierre Boulez



"Le Chant du rossignol" est un poème symphonique en trois parties, qu'Igor Stravinsky adapte en 1917 pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev d'après son opéra "Le Rossignol", créé en 1914. 

La première représentation en ballet n'a toutefois lieu qu'en 1920. L'œuvre reprend l'essentiel des deuxième et troisième actes de l'opéra et dure environ vingt minutes.

Mon choix se porte sur cet album de Pierre Boulez à la tête du Cleveland Orchestra, qui fournit un couplage avec la suite de L'Histoire du Soldat, le Scherzo Fantastique et le Roi des Etoiles.

Voici "Le Chant du Rossignol" dirigé par John Adams à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio France.



Voici le "Roi des Etoiles" ("Zvezdolikiy" en russe, littéralement "Celui qui a le visage comme une étoile"), une cantate pour chœur d'hommes et grand orchestre composée par Igor Stravinsky à Paris entre 1911 et 1912 sur un poème de Constantin Balmont.





1917 - Les Noces - Robert Craft




Les Noces sont des "scènes chorégraphiques russes avec chant et musique" composées par Igor Stravinsky entre 1914 et 1917, mais dont l'instrumentation n'a été achevée qu'en 1923.

L'oeuvre relate un mariage paysan russe et est composée de quatre tableaux s'enchaînant sans interruption, durant environ vingt-cinq minutes :
  1. La tresse
  2. Chez le marié
  3. Le départ de la mariée
  4. Le repas de noces
Au disque, je vous propose la version dirigée par Robert Craft qui fut le fidèle assistant de Stravinsky.

Sous Youtube, je vous propose la version dirigée par Valery Polyansky avec Marianna Asvoynova (soprano), Lyudmila Kuznetsova (mezzo-soprano), Maxim Sazhin (ténor) et Ruslan Rozyev (basse).




1918 - L'Histoire du Soldat - Charles Dutoit





"L’histoire du soldat" est née en 1918 de la rencontre d’Igor Stravinsky, réfugié en Suisse dans le canton de Vaud pour échapper aux horreurs de la première guerre mondiale, avec Charles Ferdinand Ramuz écrivain suisse francophone. 

S’inspirant d’un recueil de contes russes d’Afanassiev, "Le déserteur et le diable", Ramuz conçoit un livret qui dépasse le caractère spécifiquement russe du texte en lui donnant une portée universelle qui rejoint le mythe faustien. 

L’argument est le suivant : Un jeune soldat qui rentre chez lui en permission rencontre le diable et lui vend son violon – c’est à dire son âme – en échange d’un livre qui prédit l’avenir et qui le rendra très riche. Sa nouvelle condition d’homme libre et fortuné finira malheureusement par lui être fatale. 

Sept musiciens et leur chef accompagnent trois comédiens. Ce ballet-opéra de chambre dont l'ambiance emprunte au cirque ambulant et au jazz comporte plusieurs courts tableaux dont certains sont inspirés de diverses danses : tango et même ragtime. 

En disque, j'ai choisi la version dirigée par Charles Dutoit avec François Berthet, François Simon et Gérard Carrat à la narration, parce que les narrateurs utilisent une diction inspirée par le parler suisse du canton de Vaud.

"L'histoire du soldat" est une des grandes réussites de Stravinsky. La musique en est très savoureuse et on se délecte à écouter l'histoire fantastique de ce soldat piégé par le diable.

Voici quelques extraits de cette version sous Youtube.



On notera que l'oeuvre de Stravinsky a influencé un de mes artistes préférés, Frank Zappa. Zappa, fidèle à son habitude, nous livre une version débridée de la marche royale de l'histoire du soldat:



Pour comparer, réécoutons la version originale de Stravinsky:





1918 - Ragtime - Chamber Works & Rarities - Ashkenazy & Dutoit



J'ai sélectionné ce double album car il vous donne la possibilité d'écouter certaines des meilleures œuvres de musique de chambre de Stravinsky:
  • Ragtime
  • Octuor
  • 3 Pièces pour clarinette seule
  • Suite de l'Histoire du Soldat
  • Pastorale
  • Concertino
  • Septuor
  • Epitaphium
  • Concerto pour 2 pianos
  • Concerto "Dumbarton Oaks"
  • Danses concertantes
  • Concerto en ré "de Bâle"
  • Quatre études
  • Quatre impressions norvégiennes
  • Suites 1 & 2
C'est vous dire que vous avez ainsi une vue quasi complète sur la musique de chambre de Stravinsky et en particulier sur sa musique influencée par le Jazz.

A noter que si vous êtes intéressé par les morceaux de Stravinsky influencés par le Jazz, l'un des meilleurs albums est celui dirigé par Stravinsky lui-même. Je ne sais pas s'il est encore distribué, mais on le trouve dans le coffret en 22 CD "Works of Igor Stravinsky" chez Sony (il s'agit du CD numéro 12).

Le "ragtime" est un ancêtre du jazz et a connu ses lettres de noblesse avec le compositeur Scott Joplin. L'oeuvre de Stravinsky est pour 11 instruments.

Voici la version dirigée par Vladimir Ashkenazy, on y remarquera l'utilisation d'un cymbalum.



Voici le concertino pour 12 instruments:



Les musiciens de l'Orchestre philharmonique de Radio France jouent l'Octuor pour instruments à vent d'Igor Stravinsky.





1920 - Pulcinella - Christopher Hogwood



Pulcinella est certainement le ballet le plus charmant composé par Stavinsky dans sa période néo-classique. En l’occurrence c'est aux maîtres du baroque qu'il rend hommage ici en réutilisant du matériel musical de Pergolèse et de Domenico Gallo.

Christopher Hogwood, dans cet album, sait bien donner le ton baroque à ces pièces charmantes et enjouées. De plus, il nous permet d'entendre les œuvres originales dont Stravinsky s'est inspiré.

En 1922, Stravinsky en tire une suite qui dure un peu plus de 20 minutes. C'est cette dernière que j'ai sélectionnée dans une interprétation de François Leleux à la tête du Frankfurt Radio Symphony Orchestra. Je vous recommande mon passage favori le "Vivo" à 17:17.




1924 - Musique pour piano et orchestre - Steven Osborne & Ilan Volkov




J'ai sélectionné un album qui permet d'entendre l'intégrale de la musique pour piano et orchestre de Stravinsky avec Steven Osborne au piano et Ilan Volkov à la direction du BBC Scottish Symphony Orchestra.

J'ai sélectionné 3 œuvres de l'album.

Tout d'abord le concerto pour piano et instruments à vent. Composé en 1924, ce concerto fait partie de la période néo-classique et a cette particularité que l'orchestre n'est constitué que d'instruments à vent. On retrouvera ce type de formation notamment dans le concerto de chambre d'Alban Berg.

En voici une version par le University of Michigan Symphony Band dirigé par Michael Haithcock avec Liz Ames au piano. On remarquera que certains passages sonnent jazzy.




Le Capriccio pour piano et orchestre a été écrit par Igor Stravinsky à Nice en 1926-1929. La partition a été corrigée en 1949.

Comme son Concerto pour piano et instruments à vent, il fait partie des pièces alimentaires que le compositeur a écrites durant la même période, conçues pour qu'il en soit lui-même l'interprète au clavier. Malgré tout, ce concerto est remarquable et va plus loin qu'une commande de nécessité.

La pièce a été créée le 6 décembre 1929 par Ernest Ansermet et Stravinsky au piano. Elle comporte trois mouvements devant être joués sans discontinuité. Son exécution dure un peu moins de vingt minutes.
  • Presto
  • Andante rapsodico
  • Allegro capriccioso ma tempo giusto
J'ai sélectionné une superbe version interprétée par la talentueuse Yulianna Avdeeva dirigée par Kent Nagano.



On termine avec les "Mouvements pour piano et orchestre", une pièce orchestrale en cinq mouvements. Composée en 1959, elle est créée le 10 janvier 1960 sous la direction du compositeur avec Margrit Weber au piano. 

L'ouvrage, d'une grande richesse rythmique, fait partie de la période sérielle. En 1963 à New York George Balanchine en a tiré une adaptation chorégraphique.

J'ai sélectionné la version avec le Mahler Chamber Orchestra dirigé par George Benjamin et Tamara Stefanovich au piano.




1928 - Le Baiser de la Fée - Fritz Reiner



Le "Baiser de la fée" ("The Fairy's Kiss") est un ballet néo-classique en quatre scènes. S'inspirant du conte d'Andersen "La Reine des neiges", Stravinsky en a fait un hommage à Tchaïkovski, empruntant des thèmes aux œuvres de jeunesse du compositeur.

Chorégraphié par Bronislava Nijinska, le ballet est créé à l'Opéra de Paris le 27 novembre 1928. Les décors et costumes sont d'Alexandre Benois et les principaux interprètes en sont Ida Rubinstein, Anatole Vilzak et Ludmilla Schollar.

J'ai sélectionné un album au couplage original puisqu'il nous permet d'entendre une oeuvre peu connue, "Mysterious Mountain" d'Hovhaness et la suite de Lieutenant Kijé de Prokofiev. L'album nous livre ici le "Divertimento" extrait du "Baiser de la fée".

Sous Youtube, j'ai sélectionné la version interprétée par François-Xavier Roth à la tête du Gürzenich-Orchester Köln.




1930 - Symphonie de Psaumes - Robert Craft



L'album suivant est à nouveau dirigé par Robert Craft. Il s'agit d'un ensemble de musiques sacrées. La plus célèbre de ces œuvres est la "Symphonie de Psaumes" composée en 1930.

Stravinsky avait en tête une symphonie chorale sur les Psaumes depuis un certain temps: il choisit d'écrire pour un ensemble choral et instrumental où les deux éléments sont à égalité. 

Pratiquant régulier depuis 1926 après des années d'indifférence à la religion orthodoxe, il choisit alors le populaire "Laudate Dominum" tant pour son universalité que pour sa thématique qui est la louange de Dieu par la musique.

La partition porte l'inscription suivante : "Cette symphonie composée à la gloire de DIEU est dédiée au Boston Symphony Orchestra à l'occasion du cinquantième anniversaire de son existence".

La particularité de cette pièce est le mélange volontaire que fait Stravinsky par rapport aux traditions. En effet, une symphonie est de nature profane (sans lien avec la religion) et le psaume appartient au domaine du sacré. Cette pièce est une nouveauté car elle brise les coutumes. 

La création a lieu à Bruxelles lors d'un Festival Stravinsky le 13 décembre 1930, le chœur et l'orchestre de la Société Philharmonique étant dirigés par Ernest Ansermet; elle est jouée six jours plus tard à Boston par ses commanditaires.

Il s'agit d'une oeuvre imposante et comme souvent avec les œuvres chorales, impressionnante. Je vous laisse juger en écoutant cette version du Chœur de l'Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding.





1931 - Concerto pour Violon - Itzhak Perlman




Le concerto pour violon de Stravinsky est certainement une de ses meilleures œuvres néo-classique. 

C'est à la demande du violoniste américain Samuel Dushkin, qu'Igor Stravinsky entreprend la composition de son Concerto en ré majeur pour violon et orchestre. L'œuvre est créée à Berlin, le 23 octobre 1931, par Dushkin sous la direction du compositeur.

Stravinsky a choisi une forme en quatre mouvements :
  1. Toccata
  2. Aria I
  3. Aria II
  4. Capriccio.
Les deux mouvements extrêmes exigent une très grande virtuosité tant de la main gauche que de l'archet : leurs tempos vifs encadrent les deux arias centrales plus lentes. L'écriture est contrapuntique, dans le style de Jean-Sébastien Bach et brillante dans celui de Carl Maria von Weber.

J'ai choisi sous Youtube la version interprétée par Patricia Kopatchinskaja dirigée par Andrés Orozco-Estrada. Patricia Kopatchinskaja y met une fougue et un plaisir de jouer peu communs. On remarquera au passage la robe très originale de la soliste, que l'on croirait sortie du "Sacre du Printemps" !





1936 - Jeu de Cartes - Ilan Volkov



L'album suivant est composé de trois ballets: Jeu de Cartes (1936), Orpheus (1947) et Agon (1957).

Jeu de cartes, ballet en trois donnes est un ballet néo-classique d'Igor Stravinsky, composé en 1936-1937, sur un livret du compositeur et une chorégraphie de George Balanchine.

Le ballet montre comment les cartes les plus élevées, c'est-à-dire les personnes les plus importantes, peuvent parfois être défaites par de petites cartes. La partition comporte en exergue la morale de la fable "Les Loups et les Brebis" de Jean de La Fontaine.

En voici un court extrait dirigé par Ivan Fischer à la tête du Berliner Philharmoniker:



Voici un extrait d'Orpheus, le solo des Cors, dirigé par Karina Canellakis.



Voici un document historique, Stravinsky qui dirige le début du ballet Agon en 1957:




1942 - Stravinsky in America - Michael Tilson Thomas



L'album "Stravinsky in America" contient un pot-pourri d'oeuvre de Stravinsky tels que Circus Polka (1942), Scherzo à la russe, le concertino pour 12 instruments, le ballet Agon et les variations Aldous Huxley in memoriam.

Composée en 1942 pour une commande de George Balanchine pour un numéro d'éléphants du cirque Barnum, la "Circus Polka" est créée le 13 janvier 1944. David Ruskin en tira une version pour orchestre d'harmonie prévue pour les représentations au cirque.



Composé à l'origine pour un orchestre de jazz, celui de Paul Whiteman en 1944 et, réécrit en 1945 pour orchestre symphonique, le "Scherzo à la russe" est créé le 22 mars 1946 à San Francisco sous la direction du compositeur. Le titre est celui d'une œuvre pour piano de Tchaïkovski.



Les "Variations Aldous Huxley in memoriam" font partie de la période sérielle de Stravinsky.




1945 - Ebony Concerto - Pierre Boulez




On termine cette sélection avec ce superbe album de Pierre Boulez qui interprète des concertos pour orchestre de chambre de Stravinsky et Alban Berg.

L'Ebony Concerto pour clarinette et orchestre d'harmonie est un concerto grosso d'Igor Stravinsky composé en 1945 pour le clarinettiste Woody Herman. Il est créé à New York le 25 mars 1946 par le dédicataire et First Herd, son orchestre de jazz dirigé par Walter Hendl.

L'Ebony Concerto fait partie des meilleures œuvres influencées par le Jazz.

En voici une version par Simon Rattle dirigeant le London Symphony Orchestra et Chris Richards à la clarinette.



La même oeuvre par l'Ensemble InterContemporain dirigé par Pierre Boulez: