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vendredi 10 mars 2023

Szymanowski (Karol)

 

Karol Szymanowski


Karol Szymanowski


Karol Szymanowski est un compositeur, pianiste et musicographe polonais né le 6 octobre 1882 à Tymochivka (alors en Russie, aujourd'hui en Ukraine) et mort le 29 mars 1937 à Lausanne (Suisse).

Dans sa famille il baigne dans une ambiance musicale. Dès son enfance il étudie le piano avec son père, puis avec son oncle, et s'essaie de bonne heure à la composition.

En 1905 il fonde, avec Fitelberg, Rozycki et Szeluto, le groupe "Jeune Pologne" qui reçoit le soutien actif des pianistes Arthur Rubinstein et Heinrich Neuhaus, et du violoniste Paul Kochanski.

Cherchant à s'enrichir de la découverte de contrées toujours plus dépaysantes, Szymanowski réalise de nombreux périples au cours des années 1908-1914. Il séjourne en Italie, en Afrique du Nord, en Sicile, en Egypte, mais également en France, où il est influencé par Debussy.

Il donne plusieurs concerts aux États-Unis, où Pierre Monteux dirige l'une de ses symphonies à Boston, et à Paris, où il rencontre les célébrités musicales de l’époque (Maurice Ravel, Alfred Cortot…).

Au cours de ses années d’enseignement, Szymanowski sacrifie un peu sa carrière de compositeur. 

Tuberculeux depuis son plus jeune âge, il meurt le 29 mars 1937 à Lausanne, à l'âge de 54 ans. Son corps repose au Panthéon des Grands Polonais, à l'église Saint-Michel-et-Saint-Stanislas de Skałka, à Cracovie.

Il nous laisse un peu plus de 60 œuvres dans la plupart des domaines musicaux.

Ce qu'il y a de très intéressant chez Karol Szymanowski, c'est qu'il existe chez lui trois périodes créatrices distinctes (les années précisées ci-dessous sont indicatives et ne sont pas à prendre pour des dates strictes):
  1. De 1900 à 1914, une période romantique où le compositeur est influencé en particulier par Chopin, mais également par Richard Wagner, Richard Strauss et Max Reger.
  2. De 1914 à 1922, une période marquée par un certain éclectisme, influencée par ses voyages en Méditerranée et en Orient. Elle est placée sous le sceau de l'impressionnisme, de l'orientalisme et de la mythologie. Le compositeur est fasciné par la musique de Debussy, Ravel, Stravinsky et certainement également par le symbolisme de Scriabine.
  3. De 1922 à 1934, le compositeur renoue avec ses propres racines et s'intéresse beaucoup à la musique populaire polonaise.
Szymanowski est la personnalité centrale du renouveau de l'école polonaise au début du XXe siècle. Assumant les influences postromantiques, symbolistes et impressionnistes, il a élaboré un langage harmonique et contrapuntique souvent complexe, raffiné et sensuel, qui a ouvert la voie à l'école polonaise contemporaine.

Ce que j'aime le plus chez Szymanowski ce sont les ambiances chatoyantes, aux harmonies mystérieuses, surtout de sa seconde période, et la magnifique utilisation qu'il fait des voix. Le meilleur exemple en est son chef-d'oeuvre, la Symphonie No. 3 "Chant de la Nuit", superbe et envoûtante.

Je vous propose une anthologie chronologique de ses plus belles oeuvres.

Voici les liens vers la playlist.

Spotify:
Qobuz:
Apple Music:
Deezer:

A noter également que je propose un large panorama de la musique classique polonaise depuis la renaissance jusqu'à la période contemporaine, mêlant des compositeurs très connus et d'autres moins connus qui méritent une découverte, dans une playlist chronologique. On retrouve dans cette sélection plusieurs œuvres de Karol Szymanowski.


Dans cet article, j'ai préparé une anthologie de sa musique en 10 œuvres emblématiques. Les œuvres sont classées par ordre chronologique de composition.


Première Période: 1900-1914


1907 - Symphonie No. 1 Op. 15





La Symphonie No. 1 en fa mineur op. 15 est une œuvre inachevée qui a été composée entre 1906 et 1907. Prévue pour avoir trois mouvements, elle ne comporte finalement que deux mouvements achevés: le premier Allegro Pathétique et le troisième Allegretto con moto grazioso, alors que le mouvement central n'a pas été instrumenté, et n'a jamais été joué. 

Du vivant de Szymanowski, la symphonie n'a été présentée qu'une seule fois le 26 mars 1909 à Varsovie, sous la direction de Grzegorz Fitelberg. La seconde exécution - toujours avec le même chef - n'a eu lieu qu'après la mort de Szymanowski, le 6 octobre 1938 à la Radio polonaise à Varsovie.

Szymanowski n'aimait pas cette Symphonie. Dans une lettre à A. Klechniowska, en date du 11 juillet 1906, il écrit : « elle s'est révélée être une sorte de monstre orchestral à la fois contrapuntique et harmonique ».

Je trouve Szymanowski un peu sévère envers lui-même car cette symphonie romantique a de beaux élans. De plus, son orchestration est intéressante et ménage par moments un mystère que l'on retrouvera magnifié dans des œuvres ultérieures.

J'ai sélectionné la version dirigée par Karol Stryja à la tête de l'Orchestre Philharmonique de l'Etat Polonais (Katowice). La symphonie dure environ 20 minutes.





Seconde Période: 1914-1922


1914 - Chants d'Amour de Hafiz Op. 26




Szymanowski écrit initialement 6 mélodies pour voix et piano sur des textes d'un poète perse du XIVe siècle, Hafiz de Shiraz. Il aime tellement la poésie de Hafiz, qu'il décide d'orchestrer 3 des 6 poèmes et d'en ajouter 5 nouveaux. L'œuvre devient donc les "Chants d'Amour de Hafiz" pour voix et orchestre.

Les "Chants d'Amour de Hafiz" marquent la transition de sa période néoromantique, dans la lignée de Wagner et Strauss, vers sa deuxième période marquée par l'influence de l'orient.

Les poèmes ont été traduits en allemand par Hans Bethge, qui avait également traduit les poèmes chinois du "Chant de la Terre" que Gustav Mahler a mis en musique.

Les principaux thèmes de ces poèmes sont l'amour, le vin, la beauté physique, l'ivresse et la mort.

Les textes sont parfois chantés en polonais. C'est le cas dans la version dirigée par Karol Stryja, et interprétée par le ténor Ryszard Minkiewicz.

Voici la version audio d'une première moitié de l'œuvre.



J'ai également sélectionné dans l'album choisi un air fameux de Szymanowski, l'air de Roxana extrait de son opéra le "Roi Roger". L'air est chanté par la soprano Barbara Zagórzanka.





1915 - Chants de la Princesse des contes de fées Op. 31




On retrouve sur cet album à peu près les mêmes œuvres que celles de l'album précédant. La principale différence est que toutes les œuvres sont ici interprétées par des voix féminines.

Ici on trouve, il me semble, la meilleure version des "Chants de la Princesse des contes de fées", interprétés par la soprano Isabella Klosinska, accompagnée par l'Orchestre de l'Opéra d'Etat Polonais dirigé par Robert Satanowski.

Szymanowski a mis en musique trois poèmes de sa sœur Zofia Szymanowska. On retrouve dans sa musique des thèmes anciens et orientaux, et une influence de l'impressionnisme musical.

Il s'agit d'une de mes œuvres préférées du compositeur. On remarquera au passage la superbe pochette illustrée par le tableau "Les Vierges" de Gustav Klimt.

La musique influencée par l'orient de Szymanowski se caractérise par une mélodie colorature qui reflète l'émotion de la voix, des séquences chromatiques (imitant les micro-intervalles), des basses mélodiques, harmoniques et rythmiques, différentes percussions et, finalement, ses qualités expressives d'extase, de ferveur et de passion, qui sont l'essence de l'art perse.

Voici ces 3 poèmes.


1. La Lune solitaire. Dans ce morceau on appréciera notamment les vocalises de la chanteuse.



2. Le Rossignol. Ici l'évocation de l'oiseau qui virevolte n'est pas sans faire penser à "L'oiseau de feu" de Stravinsky.




3. La Danse. Dans ce dernier morceau, on retrouve de magnifiques vocalises.





1915 - Métopes Op. 29




En 1914, le compositeur se réfugie dans son village natal en Ukraine et y reste jusqu'à la Révolution Russe. Il revient d'un long séjour en Europe, en Sicile et en Afrique du nord, où il puise son inspiration pour les œuvres de ces années. 

Son style s'approche alors de l'impressionnisme debussyste et inaugure une série de musique à programme avec ses Métopes Op.29 pour piano, ses Mythes Op.30 pour violon et piano, et ses Masques Op.34 pour piano, ces trois œuvres formant une sorte de trilogie méditerranéenne, où prédomine l'influence de légendes de la Grèce antique.

Les Métopes, voilà un titre bien étrange. La définition de métope est la suivante: une métope est un panneau architectural de forme rectangulaire, le plus souvent décoré de reliefs. Elle est située au-dessus de l'architrave, en alternance avec les triglyphes (dans l'ordre dorique). L'ensemble forme une frise.

Les Métopes du compositeur sont inspirées de celles du temple de Sélinonte, situé sur la côte sud de la Sicile, qui sont conservées au musée de Palerme, et relatent trois épisodes de l'Odyssée d'Homère.

Elles se composent de trois pièces dont l'exécution dure environ vingt minutes :
  1. L'île des sirènes
  2. Calypso
  3. Nausicaa
J'ai sélectionné la version interprétée par le pianiste polonais Piotr Anderszewski.

Voici le premier mouvement, "L'île des sirènes".





1915 - Mythes Op. 30




Composée en 1915 à Zarudzie (Ukraine) et dédiée à son épouse Sophie, cette œuvre est jouée le 21 novembre 1921 à Budapest avec Joseph Szigeti au violon et Béla Bartók au piano.

Il s'agit de la seconde œuvre de cette période méditerranéenne et impressionniste.

Le caractère de cette musique est nettement slave, notamment dans le premier morceau. La pièce est en trois parties.
  1. La Fontaine d'Aréthuse (Aréthuse est le nom d'une nymphe), un morceau plein de mélancolie où se lit aussi l'influence de Chopin, Scriabine et Ravel,
  2. Narcisse, est marqué par un bithématisme et un lyrisme plus net, 
  3. Dryades et Pan, le finale, oppose la danse des Dryades et le personnage de Pan, satyre perturbateur dont la flûte affole et disperse ces dernières.
La version de référence est celle d'Alina Ibragimova au violon et Cédric Tiberghien au piano. Cet album a d'ailleurs été récompensé par un diapason d'or.

Sous Youtube, j'ai choisi la version interprétée par Diana Tischchenko au violon et Joachim Carr au piano.





1915-1916 - Masques Op. 34




L'œuvre "Masques" constitue un des sommets des pièces pour piano de Szymanowski. La partition est influencée par des compositeurs comme Stravinsky, Scriabine ou Debussy.

Les atmosphères sont vives et les textures diaprées, on y sent encore l'apport de l'exotisme méditerranéen.

La pièce est en 3 parties et dure environ 23 minutes.

Quel pianiste plus talentueux que le polonais Krystian Zimerman, pour mettre en valeur cette œuvre magnifique et virtuose ?

La première partie s'intitule "Shéhérazade", et Szymanowski nous décrit l'héroïne avec toute sa sensualité.



La second partie, "Tantris le bouffon", est basée sur la pièce d'Ernst Hardt qui a subverti Tristan et Isolde. Il décrit un Tristan (appelé Tantris) se déguisant en bouffon afin de rencontrer Isolde. La musique a l'impact d'un "Pétrouchka" de Stravinsky.



La troisième et dernière partie, "Sérénade de Don Juan", se moque du séducteur qui tente désespérément d'accorder sa guitare.





1916 - Symphonie No. 3 Op. 27 "Le Chant de la Nuit"



La symphonie No. 3 "Le Chant de la Nuit" est sans conteste l'œuvre la plus célèbre de Szymanowski et son chef-d'œuvre absolu. Si vous découvrez ce compositeur, je vous recommande de commencer par l'écoute de cette œuvre fantastique.

Il s'agit d'une symphonie pour ténor et chœur. Elle met en musique des poèmes du XIIIe siècle du poète persan Jalâl ul Dîn Rûmi, traduits en polonais par Tadeusz Micinski.

Szymanowski métamorphose en musique cette poésie nocturne et érotique, par une orchestration chamarrée, luxuriante et mystérieuse, et une utilisation phénoménale du chœur.

La symphonie est en 3 mouvements:
  1. Moderato assai
  2. Vivace, scherzando
  3. Largo
Son exécution dure à peu près vingt-cinq minutes.

Le premier mouvement évoque la supplique de Roumi à sa bien-aimée, lui demandant de ne pas dormir toute la nuit. 

Il est suivi par un exotique scherzo, imprégné de danse, dans lequel le chœur sans paroles enrichit la texture avec des harmonies lumineuses. 

Le mouvement lent conclusif évoque l'union avec la bien-aimée, confondue avec la divinité. Il débute par un passage très dépouillé et passe par des culminations successives d'un extrême raffinement orchestral, mettant notamment en avant les solos pour violon, les bois et percussion.

Au disque, je recommande la version dirigée par Antal Dorati, avec The Kenneth Jewell Chorale et le Detroit Symphony Orchestra. Le ténor est Ryszard Karczykowski. On est littéralement envoûté par l'orchestre et le chœur.

A noter qu'il existe une version pour soprano et chœur qui n'est pas inintéressante, avec Stefania Woytowicz (soprano) dirigée par Tadeusz Strugala. (L'album qui contient cette version fait d'ailleurs partie de ma sélection, voir plus loin l'album sélectionné pour le Stabat Mater).

Sous Youtube on trouve une version qui, pour moi, se hisse au même niveau de qualité. Il s'agit de la version dirigée par Jacek Kaspszyk à la tête du Warsaw Philharmonic Orchestra & Choir et Rafal Bartminski, ténor.





1916 - Concerto pour violon No. 1 Op. 35



Le Concerto pour violon No. 1 op. 35 de Karol Szymanowski a été composé en 1916, alors que le compositeur résidait à Zarudzie, en Ukraine.

Paweł Kochański, violoniste et ami de Szymanowski, le conseilla sur la technique délicate du violon lors de la composition de ce concerto, d'une grande virtuosité, et il en écrivit plus tard la cadence. L'œuvre lui est dédiée.

Ce concerto est sans doute inspiré par un poème de Tadeusz Miciński intitulé "Noc Majowa". Il privilégie une atmosphère de rêve féerique, avec une musique somptueuse et extatique. 

D'une grande complexité, il exploite toute l'étendue de l'instrument, mettant en particulier en avant le lyrisme du registre le plus aigu, auquel répondent les bois aigus colorés par diverses percussions (célesta, glockenspiel), auxquelles s'ajoutent la harpe et le piano. 

On y entend des influences de Scriabine et Stravinsky, mais l'intensité hallucinatoire de la musique, de même que la forme en un seul mouvement sont particulières à Szymanowski.

Il est créé le 1er novembre 1922 à Varsovie, avec pour soliste Józef Ozimiński. C'est depuis une des œuvres les plus populaires du compositeur. Dans l'esprit, il est assez proche de la Symphonie No. 3.

Sa durée d'exécution est d'environ 25 minutes.

Au disque, j'ai choisi la version avec Konstanty Kulka au violon, le Polish Radio National Symphony Orchestra est dirigé par Jerzy Maksymiuk.

En outre, ce double album constitue une superbe introduction à la musique de Szymanowski car il offre un panorama complet. Il contient: les 2 concertos pour violon, la symphonie concertante No. 4, la symphonie No. 3, les Litanies à la vierge Marie et le Stabat Mater.

Sous Youtube, je vous propose la version interprétée par Isabelle Faust, le NHK Symphony Orchestra est dirigé par Masaru Kumakura.





Troisième Période: 1922-1934


1925-1926 - Stabat Mater Op. 53



Szymanowski composa ce Stabat Mater à la demande de Bronislaw Krystall, mélomane et bienfaiteur des arts, en mémoire de sa femme Izabela.

Le Stabat Mater est en 6 parties et s'appuie sur un texte en polonais qui est la traduction d'une séquence du 13ème siècle. L'œuvre a une durée d'environ 30 minutes.

Le choix de la langue était très important pour Szymanowski qui ne souhaitait pas écrire son œuvre sur un texte latin, langue sublime certes, mais totalement figée et qui avait perdu son contenu émotionnel. Au contraire, Szymanowski était convaincu que l'utilisation du polonais aurait une charge affective bien plus importante.

La création de l'œuvre, le 11 Janvier 1929, lui donna raison car ce fut un succès éclatant. Ce Stabat Mater eu un impact important sur le futur de la musique sacrée polonaise, son influence perdura et continue de se faire sentir dans des œuvres comme le Beatus Vir (1979) de Gorecki ou le Requiem polonais (1980/84) de Penderecki.

Au disque, j'ai choisi la version dirigée par Stanislaw Wislocki à la tête du Grand Orchestre Symphonique de la Radio et de la Télévision Polonaise de Katowice, avec Andrzej Hiolski (baryton) et Stefania Woytowicz (soprano), que l'on retrouve dans la Symphonie No. 3 offerte en couplage.

Je signale au passage une autre très bonne version: celle dirigée par Simon Rattle.

Sous Youtube, j'ai sélectionné la version dirigée par Markus Stenz à la tête du Radio Philharmonic Orchestra et du Netherlands Radio Choir, avec Chen Reiss (soprano), Gerhild Romberger (contralto) et Mark Stone (baryton).






1932 - Symphonie concertante No. 4 Op. 60 pour piano et orchestre





Terminons cette anthologie avec la Symphonie Concertante No. 4 qui est une des dernières œuvres achevées du compositeur. Elle est inspirée par la musique des Tatras, et on y sent également les influences de Bartok et Prokofiev.

Cette symphonie est en 3 mouvements et dure environ 27 minutes.
  1. Moderato - tempo commodo: le premier mouvement est en forme sonate, la musique est sereine et même joyeuse.
  2. Andante molto sostenuto: le mouvement démarre par une large mélodie pour flûte solo et violon solo. On assiste ensuite à un grand crescendo suivi d'un calme.
  3. Allegro non troppo, ma agitato ed ansioso: enchainé directement, le troisième mouvement contient un rythme d'oberek, une danse en rond, très vive, presque orgiaque. Ensuite une mazurka est confiée au piano.
Cette Symphonie a généralement un esprit très polonais. La forme lui donne un caractère néo-baroque qui fait penser à du Stravinsky.

Voici le troisième mouvement dans la version de Jan Krzysztof Broja (piano) accompagné par le Warsaw Philharmonic Orchestra dirigé par Antoni Wit.









mardi 6 décembre 2022

Satie (Erik) - Partie 2

 

Erik Satie
Erik Satie par Suzanne Valadon (1892-1893)



Erik Satie


Voici la seconde partie de l'article consacré à Erik Satie.

Erik Satie termine sa vie solitaire et misérable. Il exprime sa solitude et son malheur dans ses chroniques "Recoins de ma vie". Mais, surtout, comme on le verra ci-dessous, il a manqué toute sa vie de reconnaissance, et c'est encore vrai aujourd'hui. Car, même s'il a une discographie assez riche, Satie est toujours très rarement joué au concert.

Voici un extrait de ses chroniques (citées dans "Cinq Nouvelles en forme de poire" de Bastien Loukia):

"Je grille d'envie de vous donner, ici, mon signalement (énumération de mes particularités physiques - celles dont je puis honnêtement parler, évidemment). Cheveux et sourcils châtain foncé; yeux gris (pommelés, probablement); front couvert; nez long; bouche moyenne; menton large; visage ovale. Taille: 1 mètre 67 centimètres. 

Ce document signalétique date de 1887, époque où je fis mon volontariat au 33ème Régiment d'infanterie à Arras (Pas-de-Calais). Il ne pourrait me servir aujourd'hui. Je regrette de ne pas vous montrer mes empreintes digitales (de doigt). Oui. Je ne les ai pas sur moi, et ces reproductions spéciales ne sont pas belles à voir !

Personnellement, je ne suis ni bon ni mauvais. J'oscille, puis-je dire. Aussi, n'ai-je jamais fait réellement de mal à quiconque - ni de bien, au surplus.

Toutefois, j'ai beaucoup d'ennemis - de fidèles ennemis, naturellement. Pourquoi ? Cela tient à ce que, pour la plupart, ils ne me connaissent pas - ou ne me connaissent que de seconde main, par ouï-dire (des mensonges plus que menteurs), en somme.

L'homme ne peut être parfait. Je ne leur en veux nullement: ils sont les premières victimes de leur inconscience et de leur manque de perspicacité... Pauvre gens!...

Ainsi, les plains-je. Passons ... je reviendrai sur ce sujet."



Je vous propose, à présent, de suivre la suite de ma sélection.


Erik Satie - Katia & Marielle Labèque




En 1903, Satie compose un de ses plus fameux morceaux, "Trois morceaux en forme de poire". Et, ce qui est diablement amusant, c'est que la pièce est en fait en 7 mouvements !

Plusieurs explications circulent concernant le choix de ce titre surprenant qui, comme souvent chez Satie, le servira et le desservira à la fois : la plus communément admise y voit une réaction de sale gosse à une remarque que lui aurait formulée Claude Debussy.

"Debussy lui conseille de soigner davantage la forme. Satie, tout en sachant fort bien ce que Debussy voulait dire, réplique : "Quelle forme, en forme de quoi ?" Et il intitule d’exquises musiques : Morceaux en forme de poire pour railler le souci de la forme, dont il connaissait néanmoins parfaitement la nécessité".

On pense néanmoins que le titre n'est pas une boutade à Debussy, mais plutôt à ses détracteurs qui trouvaient que la musique de Debussy manquait de forme. Ce serait donc plutôt un clin d’œil et un soutien à son ami.

Les Trois Morceaux en forme de poire sont en réalité un recueil de sept pièces, les trois Morceaux proprement dits étant précédés par une "Manière de commencement" et une "Prolongation du Même", et suivis par un "En Plus" et une "Redite".

Pour cette oeuvre pour piano à 4 mains, j'ai choisi un des meilleurs duos pour piano à 4 mains, les sœurs Katia & Marielle Labèque qui nous livrent un excellent album dédié à Erik Satie.

Voici Manière de Commencement.



Prolongation du Même.



I. Lentement.



II. Enlevé.



III. Brutal.




En Plus.



Redite.




"Sports et Divertissements" est un cycle de vingt et une pièces brèves pour piano. Composé entre mars et mai 1914, l'ouvrage associe musique et dessins de Charles Martin. 

Selon les mots de l'auteur: "cette publication est constituée de deux éléments artistiques : dessin et musique. La partie dessin est figurée par des traits, des traits d'esprit, la partie musique par des points, des points noirs". 

Quelques commentaires poétiques ou ironiques du compositeur complètent l'ensemble. Le cycle dure une quinzaine de minutes environ.

Sous Youtube, j'ai sélectionné la version d'Anne Queffélec.




En 1919, Satie compose "Trois petites pièces montées". Il s'agit de trois pièces pour piano à 4 mains qui mettent en scène des personnages de Rabelais.

Les trois pièces sont:
  1. De l'enfance de Pantagruel (Rêverie) — Modéré
  2. Marche de Cocagne (Démarche) — Temps de Marche
  3. Jeux de Gargantua (Coin de polka) — Mouvement de Polka

Les voici:

1. De l'enfance de Pantagruel.



2. Marche de Cocagne (par le duo Campion-Vachon).



3. Jeux de Gargantua.




Avant-dernières Pensées - Alexandre Tharaud




L'album suivant est une réelle réussite. Mené par Alexandre Tharaud, toujours aussi excellent, nous avons droit à un double album. Le premier disque est intitulé Solo et Tharaud y joue des pièces pour piano seul. Le second disque s'appelle Duos et Tharaud y est accompagné par un chanteur (Juliette, Jean Delescluse) ou par un instrumentiste (Eric Le Sage, Isabelle Faust et David Guerrier).

La version des "Trois morceaux en forme de poire" par Alexandre Tharaud et Eric Le Sage mérite également le déplacement.

Voici quelques sélections.

Les "Véritables Préludes Flasques (pour un chien)" datent de 1912. L’œuvre, d'une durée d'exécution de quatre minutes environ, comprend trois mouvements:
  1. Sévère réprimande — Vif (sans trop)
  2. Seul à la maison — Doucement
  3. On joue — Aller
La première pièce du cahier, Sévère réprimande, est une sorte de toccata, avec un ostinato à la main droite du piano et un thème de choral en octaves à la main gauche.

La deuxième pièce, Seul à la maison, est interprétée par Adélaïde de Place comme une transposition de la « journée du musicien solitaire dans sa modeste maison d'Arcueil ». Guy Sacre la dépeint quant à lui comme une « douce élégie ».

Enfin, la pièce qui clôt le recueil, On joue, est une sorte de petite étude pour les quartes et les quintes chromatiques, « où passent les rythmes syncopés du music-hall ».

En voici une version live par Bertrand Chamayou (Mathieu Amalric joue le rôle du récitant).



A propos des "Descriptions Automatiques", Satie écrit:

"J'écrivis les Descriptions automatiques à l'occasion de ma fête. Il est de toute évidence que les aplatis, les insignifiants et les boursouflés n'y prendront aucun plaisir. Qu'ils avalent leur barbe ! Qu'ils se dansent sur le ventre !"

Composé en 1913, le cahier, d'une durée d'exécution de quatre minutes trente environ, comprend trois mouvements:

  1. Sur un vaisseau — Assez lent, dédié à Mme Fernande Dreyfus. On notera une citation de "Maman les p'tits bateaux".
  2. Sur une lanterne — Lent, dédié à Mme Joseph Ravel. Cette pièce cite La Carmagnole.
  3. Sur un casque — Pas accéléré, dédié à Paulette Darty. C'est une parodie grotesque de musique militaire.

Sur un vaisseau.




Sur une lanterne.



Sur un casque.




"Heures séculaires et instantanées" fut composé en 1914. Le cahier, d'une durée moyenne d'exécution de trois minutes trente environ, comprend trois mouvements:

  1. Obstacles venimeux — Noirâtre
  2. Crépuscule matinal (de midi) — Sans grandeur
  3. Affolements granitiques — Vivement
Comme souvent, Satie met de nombreuses annotations dans sa partition, mais il prévient l'interprète de ce qu'il doit faire de toutes ces indications, avec cet avertissement:

« À quiconque.
Je défends de lire, à haute voix, le texte, durant le temps de l'exécution musicale. Tout manquement à cette observation entraînerait ma juste indignation contre l'outrecuidant.
Il ne sera accordé aucun passe-droit. »



"La Belle Excentrique" est une des œuvres les plus réussies de Satie. Je me rappelle qu'elle servait de générique à l'émission "Le Petit Rapporteur" de Jacques Martin (pour ceux qui ont connu cette époque ...).

Il s'agit d'une suite de danses pour petit orchestre. C'est une parodie des clichés du music hall, conçue comme une  mise en scène chorégraphique et selon les normes modernes, elle peut être considérée comme un ballet. 

Satie lui a donné le sous-titre lunatique de « fantaisie sérieuse ». Elle a été créée au Théâtre du Colisée à Paris le 14 juin 1921, sous la direction de Vladimir Golschmann. Plus tard, le compositeur a arrangé l'œuvre pour deux pianos.

La suite se compose de trois danses – marche, valse, cancan – et d'une ritournelle instrumentale:
  1. Grande ritournelle
  2. Marche franco-lunaire
  3. Valse du mystérieux baiser dans l'œil
  4. Cancan Grand-Mondain
Voici les quatre pièces dans la version pour 2 pianos par Alexandre Tharaud et Eric Le Sage.

Grande Ritournelle.



Marche franco-lunaire.



Valse du mystérieux baiser dans l’œil.



Cancan Grand-Mondain.




"Choses vues à droite et à gauche (sans lunettes)" est une suite de trois pièces pour violon et piano, composée en 1914. Il s'agit d'une des rares incursions de Satie dans la musique de chambre.

Le cahier, d'une durée moyenne d'exécution de quatre minutes environ, comprend trois mouvements:
  1. « Choral hypocrite » — Grave, dix mesures à quatre temps, daté du 17 janvier (1914)
  2. « Fugue à tâtons » — Pas vite, daté du 21 janvier
  3. « Fantaisie musculaire » — Un peu vif, daté du 30 janvier
Voici l'oeuvre par Alexandre Tharaud et Isabelle Faust.

1. Choral hypocrite.



2. Fugue à tâtons.



3. Fantaisie musculaire.





Il est grand temps d'attaquer un domaine musical que je n'ai pas encore évoqué, celui des mélodies.

En 1916, Satie compose "Daphénéo", une mélodie sur un texte de Mimi Godebska, qui nous apprend que les "oisetiers" (qu'il ne faut pas confondre avec les noisetiers) sont des arbres à oiseaux. Il s'agit donc d'une oeuvre à la fois naïve et surréaliste.

Voici une version interprétée par Alexandre Tharaud et le ténor Jean Delescluse.





La Belle Excentrique - Patricia Petibon



J'ai sélectionné cet album parce que j'adore Patricia Petibon, non seulement pour sa voix mais également pour sa fantaisie et ses talents scéniques qui sont parfaits au niveau humour pour illustrer les mélodies de Satie.

Le titre "La Belle Excentrique" est bien entendu une référence à la pièce de Satie, dont on entend des extraits dans l'album. 

Ce disque nous permet d'entendre, outre Satie, des mélodies de Fauré, Poulenc, Hahn, etc. C'est une très bonne compilation.

La première mélodie, "La Statue de bronze", évoque "la tristesse d'une grenouille de bronze, ornement d'un jeu de jardin, condamnée à rester la bouche grande ouverte dans l'attente d'un mot qui ne viendra jamais". Patricia Petibon, ici accompagnée au piano par Susan Manoff, est impayable avec ses lunettes fantaisistes!



"Allons-y, Chochotte" est une pièce désopilante. Patricia Petibon lui donne tout son charme en prenant un ton de "poissonnière", elle est accompagnée par Olivier Py qui n'est pas en reste. Goguenard, il imite dans un couplet un chanteur de 78 tours en se pinçant le nez pour se donner une voix nasillarde.

En voici une version improvisée.



"Je te veux" est une chanson d'Erik Satie pour la musique, et Henry Pacory pour les paroles. Cette valse lente sentimentale fut créée à la Scala, à Paris, en 1903, pour la chanteuse Paulette Darty, dont Erik Satie fut un temps l'accompagnateur. Depuis, elle a connu de nombreuses interprétations.





Œuvres Orchestrales - Michel Plasson




L'album de Michel Plasson donne un panorama assez complet de la musique orchestrale de Satie en nous donnant la musique des ballets Parade et Relâche et en nous permettant d'entendre un certain nombre d’œuvres parmi les plus connues, dans des versions orchestrales.

"Parade" est un ballet en un acte de la compagnie des Ballets russes dirigés par Serge de Diaghilev. Il s'agit d'une œuvre collective, écrite par Jean Cocteau, sur une musique d'Erik Satie, chorégraphiée par Léonide Massine et scénographiée (décors, costumes et rideau de scène) par Pablo Picasso. 

L'œuvre est inspirée par le tableau "Parade de cirque" de Georges Seurat. Le ballet est créé le 18 mai 1917 au théâtre du Châtelet à Paris.

La première représentation a déclenché l'hostilité du public et de la critique, notamment parce que l'orchestre comprenait aussi une machine à écrire, un bouteillophone (série de bouteilles contenant des quantités différentes de liquide), un pistolet et des sirènes. La musique fut traitée de "bruit inadmissible" par les plus conservateurs. Les costumes furent jugés beaucoup trop grands et, selon certains critiques, cassaient la gestuelle du ballet.

Satie s’agace de la critique désobligeante de Jean Poueigh, qui parle d'« outrag[e] au goût français » et qui était pourtant venu lui présenter ses félicitations en loge ; Satie lui envoie alors sur une carte postale: "Monsieur et cher ami, vous n'êtes qu'un cul, mais un cul sans musique". 

Cela vaut à Satie une forte condamnation qui est suspendue par un accord à l'amiable grâce à l'entregent de diverses personnalités. Contre toute attente ce scandale consolide sa réputation.

Voici de larges extraits du ballet par Michel Plasson.




Fin 1896, la popularité et la situation financière de Satie étaient au plus bas. Claude Debussy, dont la réputation grandissait à cette époque, décida de faire un effort pour attirer l'attention du public sur le travail de son ami en orchestrant les Gymnopédies.

Voici la 1ère Gymnopédie.



La troisième Gymnopédie.



La Belle Excentrique - Grande Ritournelle.



La Belle Excentrique - Cancan Grand-Mondain.



Le Piccadilly.





Relâche, Vexations, Musique d'Ameublement - Ensemble Ars Nova




Vexations est une œuvre pour piano composée par Erik Satie en 1893. En tête de partition, le compositeur a écrit cette "Note de l'auteur":

"Pour se jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Le motif de la partition se joue en deux minutes environ, selon l'interprétation. L'exécution complète de l'œuvre peut ainsi varier entre quatorze et vingt-quatre heures, voire vingt-huit ou trente-cinq, selon le tempo adopté par le ou les interprètes.

Vexations a été qualifié par le Livre Guinness des records de "plus longue pièce pour piano de l'histoire".

Bien que composée en 1893, l’œuvre ne fut ni imprimée ni jouée du vivant d'Erik Satie. Le compositeur américain John Cage fut le premier à prendre l'initiative d'une interprétation intégrale de l'œuvre, dix pianistes (dont le jeune John Cale) se relayant pour la jouer pendant plus de 18 heures, en 1963, à New York. 

Le New York Times présenta ainsi le concert : "Une longue, longue, longue nuit (et journée) au piano [...] Quoi qu'il en fût, cela a fait l'histoire musicale".

Dans l'album choisi, la pièce est interprétée par Michel Dalberto et dure moins de 10 minutes.

Voici un extrait de 11 minutes par Igor Levit. On remarquera que cette musique a le côté obsessionnel de la musique répétitive dont elle est le précurseur.



"Relâche" est un ballet français, conçu en 1924 à Paris, écrit par Francis Picabia, également décorateur, chorégraphié par Jean Börlin, le tout sur une musique d'Erik Satie.

S'inscrivant dans la série des Ballets suédois dits "instantanéistes", ce spectacle comprend "deux actes, un entracte cinématographique (Entr'acte de René Clair) et la queue du chien".

Voici la musique pour le film Entr'acte, intitulée Cinéma, interprétée par Marius Constant à la tête de l'Ensemble Ars Nova.



Voici un autre extrait de l'album, "La Sonnerie pour réveiller le bon gros roi des singes", composée en 1921, il s'agit d'un duo de trompettes.



"Musique d'ameublement" (Tapisserie en fer forgé, Carrelage phonique; Sons industriels; Tenture de cabinet préfectoral; cinéma...) est un concept musical provocateur basé sur la composition d'une musique d'ambiance, associée à un usage (musique utilitaire) et jouée à l'origine par des interprètes en direct, conçu par Erik Satie en 1917.

Voici une des pièces extraites de cette oeuvre, la "Tenture de cabinet préfectoral" par l'Ensemble Ars Nova dirigé par Marius Constant.





Tout Satie!



Si en écoutant les extraits musicaux que j'ai partagés avec vous, vous avez été conquis par Satie, alors cet album est pour vous.

"Tout Satie!", comme son nom l'indique, réunit, en 10 CDs, l'intégrale de la musique de Satie.

En ce qui concerne la partie piano, l'intégrale fait surtout appel aux enregistrements d'Aldo Ciccolini et Anne Queffélec.

J'ai sélectionné trois œuvres qui n'apparaissent pas (ou pas dans des versions sélectionnées) dans les autres albums choisis.

Voici, pour commencer, la Gnossienne No. 7. Le "Fils des étoiles" musique de scène (composée en 1891) contient une Gnossienne dans le premier acte. Pour celui-ci, la dénomination de "Gnossienne" est certainement de Satie (comme il ressort de la correspondance avec son éditeur).

À la suite de cela, cette musique est parfois connue comme la 7e Gnossienne. Cette partie du Fils des étoiles a été réutilisée dans le premier mouvement de Trois morceaux en forme de poire.

La voici interprétée par Jean-Yves Thibaudet.




"Vieux Sequins et Vieilles Cuirasses" est un recueil de trois pièces pour piano d'Erik Satie, composé en 1913. 

Le cahier, d'une durée moyenne d'exécution de quatre minutes environ, comprend trois mouvements:
  1. Chez le marchand d'or (Venise, XIIIe siècle) — Peu vite, dédié à Ricardo Viñes, daté du 9 septembre. Cite la Ronde du veau d'or, extrait de Faust de Gounod.
  2. Danse cuirassée (Période grecque) — Modéré, dédié à M.-D. Calvocoressi, daté du 17 septembre. Cite le chant militaire La Casquette du père Bugeaud.
  3. La défaite des Cimbres (Cauchemar) — Sans trop de mouvement, dédié à Émile Vuillermoz, daté du 14 septembre. Cite Malbrough s'en va en guerre et le Bon Roi Dagobert.
Voici une version d'Aldo Ciccolini.

1. Chez le marchand d'or.



2. Danse cuirassée.




3. La défaite des Cimbres.




Je termine cet aperçu de la musique de Satie par une mélodie: "La Diva de l'Empire".

"La Diva de l'Empire" fut composée en 1904 pour Paulette Darty, la "reine de la valse lente". Elle date de la période café-concert d'Erik Satie, durant laquelle il est pianiste au cabaret Le Chat Noir. La chanson est sur un texte de Dominique Bonnaud et Numa Blès.

La pièce est un cake-walk, dans lequel la voix chante une mélodie de style ragtime, en sol majeur, sur un accompagnement au piano. Le titre de la chanson est une référence au théâtre de music-hall londonien The Empire, situé Leicester Square, dont le promenoir était réputé être un lieu de rencontres entre dandys et prostituées de luxe.

J'ai sélectionné une version qui ne se trouve pas dans "Tout Satie!" mais qui me paraît être la meilleure. La chanson est interprétée par Eva Lind (sur un album intitulé "Bijoux").





jeudi 5 mai 2022

Ravel (Maurice)

 

Maurice Ravel


Maurice Ravel


Maurice Ravel, de son nom de baptême Joseph Maurice Ravel, est un compositeur français né à Ciboure le 7 mars 1875 et mort à Paris le 28 décembre 1937. 

Avec son aîné Claude Debussy, Ravel fut la figure la plus influente de la musique française de son époque et le principal représentant du courant dit impressionniste au début du XXe siècle. 

Son œuvre, modeste en nombre d'opus (quatre-vingt-six œuvres originales, vingt-cinq œuvres orchestrées ou transcrites), est le fruit d'un héritage complexe s'étendant de Couperin et Rameau jusqu'aux couleurs et rythmes du jazz et d'influences multiples dont celle, récurrente, de l'Espagne.

S'il a composé si peu c'est que Ravel se considère comme un véritable artisan: il aime peaufiner une oeuvre et créer quelque chose d'inédit, il déteste la redite, et donc une fois qu'il a résolu un problème, il passe à autre chose. Ce qui explique l'extrême qualité et diversité de ses oeuvres.

Ravel fait partie des compositeurs que j’apprécie beaucoup principalement pour ses qualités mélodiques, sa sensibilité et son don pour les musiques évocatrices. En outre c'est vraisemblablement le meilleur orchestrateur de son époque.

Je vous propose de découvrir Ravel en 10 albums (pas un de plus ... et je peux vous garantir que la sélection a été dure).

Il n'y a pas de classement particulier dans les œuvres dans la mesure où j'ai sélectionné des albums avec de nombreuses œuvres.




Concerto en sol



Le Concerto en sol majeur de Maurice Ravel est un concerto pour piano et orchestre en trois mouvements composé de l'été 1929 à novembre 1931. Il a été créé à Paris, salle Pleyel, le 14 janvier 1932 par sa dédicataire, la pianiste Marguerite Long, avec l'Orchestre des Concerts Lamoureux dirigé par le compositeur.

Les trois mouvements sont:
  1. Allegramente: les premier et dernier mouvements sont inspirés par le jazz. Il s'agit d'un mouvement gai et sautillant. Les changements brusques de rythme sont amusants à constater.
  2. Adagio assai: ce mouvement est à la fois mélancolique et resplendissant. Il nous délivre une des plus belles mélodies de la musique classique.
  3. Presto: contraste important avec l'introduction de ce mouvement rapide, inspiré par le ragtime. On y constate également de nombreux changements de rythme et les instruments, notamment les cuivres, qui jouent des extraits de fanfare. Le piano s'en donne à cœur joie.
Ce concerto a été joué lors du premier gala d'ouverture de la Philharmonie de Paris le 14 janvier 2015. Hélène Grimaud était accompagnée par l'Orchestre de Paris dirigé par Paavo Järvi. Cela a été pour moi une révélation et c'est pourquoi j'ai choisi cet album où Hélène Grimaud interprète le concerto en sol sous la direction de David Zinman à la tête du Baltimore Symphony Orchestra.

Sous Youtube, je vous propose Hélène Grimaud sous la direction de Vladimir Jurowki lors d'un concert de 2009.




Gaspard de la Nuit



"Gaspard de la nuit : Trois poèmes pour piano" est un triptyque pour piano de Maurice Ravel, composé en 1908, d'après trois poèmes en prose extraits du recueil du même nom d'Aloysius Bertrand, et créé le 9 janvier 1909 par le pianiste Ricardo Viñes.

Sa noirceur et son extrême difficulté en ont fait une des œuvres les plus emblématiques de son auteur. 

Sa durée d'exécution approche les 25 minutes.

Les trois parties sont:
  1. Ondine, conte d'une nymphe des eaux séduisant un humain, pour fusionner et obtenir une âme immortelle.
  2. Le Gibet, dernières impressions d'un pendu qui assiste au coucher du soleil.
  3. Scarbo, petit gnome diabolique et facétieux, porteur de funestes présages apparaissant en songe au dormeur.
La version de Lucas Debargue est époustouflante surtout dans la partie diaboliquement difficile que constitue Scarbo. On citera comme autres versions de cette oeuvre celles de Martha Argerich, Bertrand Chamayou et Alexandre Tharaud.

Voici une version donnée en concert en 2016 à La Grande de Meslay par Lucas Debargue.




Shéhérazade



Shéhérazade est un cycle de 3 mélodies composées par Ravel en 1903 sur des poèmes de Tristan Klingsor. Ravel choisit exprès des vers difficiles à mettre en musique.

La partition s'inspire dans la musique du lyrisme d'un Rimsky-Korsakov et pour la déclamation de Claude Debussy, celle que l'on retrouve dans Pelléas et Mélisande.

Les 3 mélodies sont:
  1. Asie: vision exotique et cruelle de l'Asie, ponctuée par la phrase "Je voudrais voir ..."
  2. La Flûte enchantée: air sensuel, l'amoureux joue de la flûte et c'est comme un baiser.
  3. L'Indifférent: mélodie mélancolique, un beau jeune homme passe, mais il reste insensible à l'invitation.
J'ai choisi l’interprétation de Véronique Gens qui est parfaite et dispose d'une diction parfaite.

N'ayant pas trouvé de version de concert interprétée par Véronique Gens, j'ai sélectionné cette version interprétée par Christiane Karg:




Œuvres complètes pour piano solo



L'intégrale du piano solo de Maurice Ravel tient dans un coffret de 2 CDs. Ces œuvres sont tellement superbes que je ne vois pas de raison de s'en priver. En 2016, Bertrand Chamayou, qui est un de nos plus prometteurs pianistes actuels, sort cette intégrale.

J'ai sélectionné 4 œuvres pour vous faire découvrir ce coffret.

Pavane pour une infante défunte (1899):



Jeux d'eau (1901):



Une barque sur l'océan, extrait de Miroirs (1904-1905):



Alborada del gracioso, extrait de Miroirs (1904-1905):





Concerto pour la main gauche



Ravel a composé ce concerto entre 1929 et 1931, c'est-à-dire en même temps que le concerto en sol. Par contre, il faut bien considérer que même si les deux œuvres ont toujours beaucoup de succès, elles sont très différentes, et il est certainement plus difficile de "rentrer" dans cette oeuvre que dans le concerto en sol.

Ce concerto fut écrit par Ravel à la demande de Paul Wittgenstein qui avait perdu son bras droit durant la première guerre mondiale, mais souhaitait continuer à jouer, et c'est pourquoi il commanda ce type de concerto à plusieurs compositeurs de l'époque.

Il s'agit d'une partition tragique, à l'image de son introduction dans l'extrême grave par les contrebasses et le contrebasson. Ce concerto demande également une extrême virtuosité et commence également dans l'extrême grave du piano. Il s'agit d'une sorte de lutte violente et grandiose entre le piano et l'orchestre.

Des nombreuses versions écoutées, celle que j'ai préférée est celle interprétée par Jean-Efflam Bavouzet, sur un album couplé avec des œuvres de Debussy et Massenet.

Sur Youtube, j'ai sélectionné la version interprétée par Boris Berezovsky, dirigé par Jean-Jacques Kantorow à la tête du Sinfonia Varsovia en 2013:




Œuvres Orchestrales




Il est clair qu'il reste possible de choisir des albums consacrés à telle ou telle oeuvre orchestrale de Ravel. Néanmoins, ce coffret de 3 CDs dirigé par Pierre Boulez, permet d'avoir un panorama complet de l'oeuvre orchestrale de Ravel et l’interprétation de Boulez est excellente.

J'ai sélectionné 4 des œuvres les plus emblématiques de Ravel. J'ai privilégié des interprétations en concerts et des vidéos de bonne voire très bonne qualité.

Voici tout d'abord, "La Valse", un formidable morceau dans lequel Ravel se moque de la valse viennoise et entraîne l'auditeur dans un tourbillon sardonique. J'ai sélectionné la version dirigée par Vasily Petrenko à la tête de l'Oslo Philharmonic, car il nous fait entendre toutes les couleurs de l'orchestre et toutes les tensions de cette tournoyante partition.



Ensuite, j'ai choisi de vous faire entendre la "Rapsodie Espagnole". Ravel a subi une influence hispanique par sa mère, d'origine basque, qui lui chantait souvent des mélodies de son pays. Cette inspiration se retrouve pendant toute la période créatrice du musicien (Pavane pour une infante défunte, L'Heure espagnole, Bolero, etc.). 

À noter que la Rapsodie espagnole fut écrite et achevée un an avant Iberia de Claude Debussy : Ravel ne s'est donc pas inspiré de l'œuvre de Debussy. Par contre, on retrouve un peu de l'esprit de la Rapsodie Espagnole dans les Escales de Jacques Ibert.

En voici une version par la cheffe mexicaine Alondra de la Parra dirigeant le Queensland Symphony Orchestra:



Ensuite, j'ai choisi la version orchestrale de la "Pavane pour une infante défunte", car j'adore cette oeuvre et sa superbe mélodie. L'Orchestre National de France est placé sous la direction de Dalia Stasevska qui nous en livre une version d'une incroyable délicatesse, je n'ai jamais vu autant de douceur dans la battue et l'expression d'un chef d'orchestre.



Enfin, voici la version orchestrale du "Tombeau de Couperin", un hommage rendu par Ravel aux compositeurs baroques. Ravel se réclamait de cette filiation via Couperin et Rameau. Cette suite utilise des danses anciennes et l'effectif réduit permet de mettre en valeur les timbres des instruments.

La suite est en quatre parties:
  1. Prélude
  2. Forlane
  3. Menuet
  4. Rigaudon
Voici une version concert par Paavo Järvi dirigeant le NDR Elbphilharmonie Orchester. On remarquera combien Ravel met à contribution les instruments à vent: hautbois, clarinette et cor anglais.





Quatuor à cordes Op. 35



Le Quatuor à cordes en fa majeur de Maurice Ravel est composé entre décembre 1902 et avril 1903, à son domicile 19 Boulevard Pereire à Paris. 

Il est dédicacé à Gabriel Fauré, alors professeur de composition de Ravel.

Il s'agit de la première œuvre de musique de chambre du compositeur publiée, la Sonate posthume pour violon et piano, incomplète et datée de 1897, étant restée inédite jusqu'en 1975.

Il est postérieur de dix ans au Quatuor en sol mineur de Claude Debussy dont Ravel s'était inspiré. Claude Debussy émit des critiques élogieuses sur l'œuvre.

Le quatuor est en 4 mouvements:
  1. Allegro moderato (fa majeur): mouvement léger et mélancolique. Il m'évoque la perte de l'enfance.
  2. Assez vif. Très rythmé (la mineur): les pizzicatos sonnent comme une harpe. la musique est syncopée et moderne. Ravel s'épanche. Les changements de rythme sont nombreux.
  3. Très lent (sol bémol majeur): mouvement plein de dignité, il mêle la rêverie à des élans lyriques, on peut entendre des sortes d'irisations des cordes.
  4. Vif et agité (fa majeur): plein d'énergie, ce dernier mouvement est bien scandé, il est léger et en demi-teinte, ce qui est typique de Ravel.
Au disque, j'ai sélectionné la version du quatuor Ebène, qui à mon avis en donne une des meilleures versions. A noter, l'excellent couplage avec les quatuors de Debussy et Fauré.

En concert, j'ai choisi la version du Quatuor Fine Arts. Une version d'une grande lisibilité qui nous permet d'apprécier tous les détails de la musique de Ravel.





Daphnis & Chloé (Ballet)



Daphnis et Chloé est une symphonie chorégraphique pour orchestre et chœurs sans paroles écrite par Maurice Ravel entre 1909 et 1912, sur la commande de l’imprésario russe Serge de Diaghilev. Michel Fokine est le corédacteur, avec Maurice Ravel, de l'argument du ballet.

Conçue en un seul mouvement divisé en trois parties enchaînées, l'histoire s'inspire du roman grec Daphnis et Chloé, de Longus. Elle conte l'histoire du berger Daphnis, son amour pour Chloé, l'enlèvement de cette dernière par des pirates, l'intervention du dieu Pan et la fin heureuse.

Composé pour les Ballets russes, Daphnis et Chloé fut chorégraphié par Michel Fokine et créé dans des décors et des costumes de Léon Bakst. La première eut lieu le 8 juin 1912 au Théâtre du Châtelet sous la direction de Pierre Monteux. Les rôles titre étaient tenu par Vaslav Nijinski, moins de quinze jours après avoir créé L'Après-midi d'un faune sur la musique de Claude Debussy et Tamara Karsavina.

J'ai choisi de sélectionner une version récente, celle de François-Xavier Roth dirigeant l'orchestre Les Siècles et l'Ensemble Aedes. Cela ne doit pas faire oublier la formidable version de Pierre Monteux dirigeant le chœur du Royal Opera House de Covent Garden et le London Symphony Orchestra en 1959 avec une prise de son incroyable pour l'époque.

Ravel a écrit deux suites tirées du ballet pour l'exécution au concert. La suite No. 2 est la plus célèbre. En voici une version interprétée par Alain Altinoglu à la tête du Frankfurt Radio Symphony Orchester. Je vous recommande le final, intitulé "Danse générale", une sorte de bacchanale endiablée. Ravel n'a jamais écrit de musique plus dynamique et enjouée.




Sonate & Trio


La Sonate pour violon et piano de Maurice Ravel est une œuvre de musique de chambre composée entre 1922 et 1927.

Il s'agit de la deuxième sonate pour violon et piano et de la dernière œuvre de musique de chambre du compositeur. Elle est dédiée à Hélène Jourdan-Morhange, une violoniste et amie du musicien, qui ne put créer la composition en raison de problèmes rhumatismaux. 

La genèse fut particulièrement longue (quatre ans), sa composition ayant dû être interrompue à plusieurs reprises. Ravel affirmait en outre qu'il avait besoin de tout ce temps pour « éliminer les notes inutiles ». Il rapporte, dans un autre texte, que le violon lui semblait « essentiellement incompatible » avec le piano.

La sonate comporte trois mouvements et son exécution dure environ quinze minutes. Le second mouvement, Blues, traduit le goût du musicien pour la musique américaine, qui se confirma lors de son séjour aux États-Unis (il visita plusieurs night clubs new yorkais en compagnie notamment de George Gershwin). Le troisième mouvement est particulièrement virtuose dans sa partie de violon.
  1. Allegretto
  2. Blues
  3. Perpetuum mobile
J'ai sélectionné un album qui comprend les 2 sonates de Ravel et son trio interprétés par Renaud Capuçon, violon, Gautier Capuçon, violoncelle et Frank Braley, piano.

Voici le mouvement le plus connu de la sonate, le fameux second mouvement "Blues" interprété par Elsa Grether, violon et Marie Vermeulin, piano.



Le Trio en la mineur M.67 est une pièce pour piano, violon et violoncelle composée par Maurice Ravel en août 1914, alors que le musicien était engagé volontaire dans la Première Guerre mondiale.

Il comporte quatre mouvements et son exécution dure environ trente minutes. Le premier mouvement reprend un thème basque, sur un rythme inspiré par celui du zortziko. Le second mouvement se réfère à une forme poétique orientale, le pantoum, avec deux thèmes en alternance. Le troisième mouvement est noble et solennel. On retrouve l'influence du folklore basque dans le quatrième mouvement qui est joyeux et triomphal.
  1. Modéré
  2. Pantoum
  3. Passacaille
  4. Final
Le premier mouvement a été utilisé intensément pour la bande son du film de Claude Sautet Un cœur en hiver, sorti en 1992.

Voici la version des frères Capuçon et Frank Braley:


 

Le Boléro



Je ne peux évidemment pas terminer cet article sur Ravel, sans citer le fameux "Boléro", qui au grand dam de Ravel a éclipsé le reste de ses œuvres, ce qui, il faut l'avouer, est très dommage et c'est un peu pourquoi je l'ai réservé pour la fin.

Il s'agit d'une musique de ballet pour orchestre en ut majeur composée en 1928 et créé le 22 novembre de la même année à l’Opéra Garnier par sa dédicataire, la danseuse russe Ida Rubinstein. 

Mouvement de danse au rythme et au tempo invariables, à la mélodie uniforme et répétitive, le Boléro de Ravel tire ses seuls éléments de variation des effets d’orchestration, d’un lent crescendo et, in extremis, d’une courte modulation en mi majeur.

Cette œuvre singulière, que Ravel disait considérer comme une simple étude d’orchestration, a connu en quelques mois un succès planétaire qui en a fait son œuvre la plus célèbre et, de nos jours encore, une des pages de musique savante les plus jouées dans le monde.

La naissance présumée de la mélodie est rapportée dans le témoignage d'un confrère et ami de Ravel, Gustave Samazeuilh, qui lui rendit visite à Saint-Jean-de-Luz à l’été 1928. Il raconta comment le compositeur, avant d’aller nager un matin, lui aurait joué un thème avec un seul doigt au piano en lui expliquant:

"Mme Rubinstein me demande un ballet. Ne trouvez-vous pas que ce thème a de l’insistance ? Je m'en vais essayer de le redire un bon nombre de fois sans aucun développement en graduant de mon mieux mon orchestre."

A noter que l'article Wikipedia du Boléro constitue un très bon guide d'écoute puisqu'il fournit, pour chaque apparition du thème l'orchestration utilisée par Ravel. A noter que le thème est répété 18 fois !

Au disque, je vous propose la version dirigée par René Leibowitz, enregistrée en 1960 à Paris avec l'Orchestre de la Société des Concerts Symphonique de Paris. Un enregistrement remarquable et un programme de musique française très alléchant.

Sur Youtube, j'ai sélectionné l'interprétation pleine de fougue du chef Vasily Petrenko à la tête de l'Oslo Philharmonic.