samedi 30 mai 2020

Schmelzer (Johann Heinrich)

Johann Heinrich Schmelzer


Johann Heinrich Schmelzer


Johann Heinrich Schmelzer est un compositeur baroque autrichien né vers 1623 et mort à Prague en 1680.

J'ai souhaité consacrer plusieurs articles à des compositeurs baroques autrichiens plus ou moins connus, mais qui ont su me toucher par leur musique et me créer de véritables coups de coeur.

C'est le cas de Schmelzer, qui fut un brillant violoniste et qui a joué un rôle important dans le développement de la sonate et de la suite.

Il fut maître de chapelle de la chapelle royale de l'empereur Leopold 1er à Vienne en 1679.

Voici ses principales œuvres:
  • Lamento sopra la morte di Ferdinando III (1657) et ses sonates à plusieurs voix
  • Duodena selactarum sonatarum (1659)
  • Sacroprofanum Concentus (1662)
  • Sonatae unarum fidium seu a violino solo (1664)
  • Die musiklische Fechtschul (1668)
  • Environ 150 suites de ballets, œuvres vocales, musique d'église et 3 musiques funèbres.
Quoique peu connu du public, Schmelzer dispose d'une belle discographie dans laquelle j'ai sélectionné quelques pépites, ainsi que quelques belles illustrations trouvées sous Youtube.

Sonates pour Violon



Cet album est ma première découverte des œuvres de Schmelzer. En tant que violoniste, il a bien entendu consacré une grande partie de ses œuvres instrumentales à cet instrument. On reste relativement surpris par la modernité de ces œuvres, sachant que l'on est encore dans la seconde moitié du XVIIème siècle.

L'interprétation d'Andrew Manze au violon, rend pleinement justice au compositeur. Il est accompagné par Nigel North au théorbe et John Toll au clavecin et à l'orgue.

Cet album contient la charmante Sonate du Coucou qui nous enchante par ses imitations de l'oiseau:


Il contient également l'intéressante sonate "Victoire des Chrétiens sur les Turcs" qui est un témoignage des événements historiques de l'époque et plusieurs sonates du recueil "Sonatae unarum fidium seu a violino solo".

J'ai sélectionné une version live de la Sonate IV du recueil dans une superbe interprétation d'Ingrid Matthews au violon et Byron Schenkmann au clavecin. J'ai rarement entendu une telle façon de faire chanter le violon, voici une vidéo que je vous recommande chaudement:



La Margarita


Voici une musique de cour avec trompettes et timbales qui n'est sans rappeler les fastes de certaines œuvres similaires comme les feux d'artifice royaux de Haendel ou certains ballets de Lully.

Cette musique fut composée par Schmelzer pour le mariage de l'empereur Leopold 1er avec l'infante d'Espagne Margarita Teresa, alors seulement âgée de 15 ans.

Pour l'anecdote, mentionnons que cette infante, quoique morte jeune (à 21 ans), a été célèbre en raison des multiples portraits qui lui ont été consacrés par le peintre Diego Velázquez, et en particulier le plus célèbre: "Les Ménines", dont une partie est utilisée pour la pochette de cet album.

Diégo Velazquez - Les Ménines

Ce ballet est interprété par Lorenz Duftschmid à la tête de l'ensemble Armonico Tributo Austria:



Sonatae a violino solo



Retour à la musique pour Violon dans ce troisième coup de cœur, et ce très élégant album de la collection Alpha, interprété par Hélène Schmitt au violon. On y retrouve des musiques de chambre et toute la beauté de la musique de Schmelzer.

Pour illustrer cet album j'ai choisi la magnifique Chaconne en la majeur, une musique absolument divine:




samedi 23 mai 2020

Hélène Grimaud

Hélène Grimaud


Hélène Grimaud


Ce nouvel article est consacré à une grande artiste, et une de mes pianistes préférées. Il s'agit d'Hélène Grimaud. Ce que j'aime chez cette artiste est tout d'abord son jeu très incisif et très clair, sa capacité à mettre les œuvres interprétées en avant, qui montre combien elle comprend et s'identifie au compositeur qu'elle joue, cela est particulièrement patent avec le compositeur Johannes Brahms.

En outre, Hélène Grimaud accorde une grande place dans sa vie à l'écologie: elle a suivi des études d'éthologie et se consacre à la sauvegarde des loups en Amérique du Nord grâce à sa fondation.

Enfin, elle a écrit trois livres que j'ai adorés, ils sont d'une rare intelligence: "Variations Sauvages", "Leçons Particulières" et "Retour à Salem".

En particulier, dans "Leçons Particulières", elle parle de sa vie d'artiste, aux quatre coins du monde, et nous livre quelques clefs de sa philosophie.

Voici deux extraits qui m'ont particulièrement frappé:

  • "L'amour est partout où est l'art. L'art déploie l'amour. Lorsque les hommes croyaient en lui, je veux dire en l'Amour - eh bien leurs œuvres s'enchantaient de son existence."
  • "Si nous ne trouvons aucun sens à notre vie, ce passage entre un néant précédent, quand nous n’étions pas encore sur terre, et un néant à venir quand nous en aurons disparu, il reste encore à nous croire capable de faire de ce passage, de cet instant miraculeux et mystérieux de notre présence, la possibilité de créer un paradis. Entrons en compétition avec l’Eden originel".

Ce dernier extrait sonne très épicurien : "Carpe Diem". Profitons au maximum de la vie et disons-nous que lorsque nous ne serons plus, on ne pourra jamais nous retirer ce que nous avons vécu. 

J'ai composée une playlist consacrée à cette artiste.

Au moment de créer cette playlist, je lis son quatrième livre "Renaître" dans lequel elle partage ses idées sur la musique, l'interprète et son rapport au public: la musique nous permet de nous replonger dans les temps passés. Elle est un témoignage vivant de ces époques et enrichit nos connaissances. La musique ne commence en réalité qu'avec l'auditeur, qu'à partir du moment où elle entre dans la chaleur d'un cœur et sourdement habite son silence.

En particulier, je citerai les pièces suivantes qui ont une grande importance pour moi:
  • Le concerto en sol de Ravel, en particulier le mouvement lent avec ses notes suspendues
  • Le concerto No. 2 de Rachmaninov avec ses mélodies sublimes et déchirantes
  • Le finale de la Fantaisie Op. 80 de Beethoven qui nous emmène dans un tourbillon annonciateur de la 9ème symphonie
  • L'incroyable Credo d'Arvo Pärt
  • Toutes les pièces de Johannes Brahms, mais en particulier les deux très difficiles concertos pour piano, qui sont habités et magnifiés par Hélène Grimaud
  • Les bagatelles de Valentin Silvestrov diaphanes et limpides comme de l'eau de source
  • Les œuvres de Satie et de Debussy, interprétées avec délicatesse et nous menant à la rêverie
Voici les liens vers la playlist.

Spotify:
Qobuz:
Apple Music:
Deezer:


Aujourd'hui, Hélène Grimaud a une discographie composée d'environ 30 albums, j'ai choisi de vous présenter une sélection de mes albums préférés et les véritables coups de cœur que j'ai eus en les écoutant.


Sergueï Rachmaninov - Concerto pour piano No. 2




Cet album sort en 2001, et c'est avec lui que je découvre Hélène Grimaud. Il s'agit certainement du plus grand chef-d'oeuvre de Rachmaninov: un des summums de la musique post-romantique. Hélène Grimaud apporte à cette oeuvre virtuose toutes ses capacités digitales, et se permet en outre d'en révéler toutes les beautés sans tomber dans un pathos inutile.

On retrouve toute la suavité et la saveur de cette oeuvre magnifique dans l'enregistrement suivant, où la pianiste est dirigée par le grand Claudio Abbado à la tête du Lucerne Festival Orchestra en 2008:





Arvo Pärt - Credo



Cet album génial, intitulé "Credo", sort en 2003. Il s'agit certainement de mon album préféré de par le choix des œuvres interprétées.

Dans cet album cohabitent des œuvres de musique de chambre: on commence par la "Fantasia on an Ostinato for solo piano" du compositeur américain John Corigliano, puis la Sonate No. 17 "La Tempête" de Beethoven. 

On passe ensuite à deux œuvres pour piano, chœur et orchestre: tout d’abord la "Fantaisie Chorale Op. 80" de Beethoven, et on finit, crescendo, avec le fabuleux "Credo" du compositeur estonien Arvo Pärt.

La Fantaisie Chorale de Beethoven est une oeuvre méconnue, elle est souvent présentée comme une ébauche du finale de la Symphonie No.9, la fameuse "Ode à la joie", mais je pense que cette oeuvre mérite réellement d'être redécouverte car la présence du piano, à côté de l'orchestre et du chœur lui donne un impact particulier:



Enfin, il me semble indispensable de jeter une oreille au "Credo" d'Arvo Pärt. Il faut rappeler qu'Arvo Pärt est un compositeur estonien représentant de la musique minimaliste, et également un ardent contributeur dans le domaine de la musique sacrée. Cette oeuvre cite un prélude de Jean-Sébastien Bach et nous emmène dans des ambiances variées, passant d'un déchaînement contemporain d'une force hallucinante, jusqu'au chœur final, d'une beauté angélique, alors que le piano égrène les notes du prélude de Bach. Je vous laisse juge:


  

Jean-Sébastien Bach - Chaconne en ré mineur BWV 1004



En 2008, Hélène Grimaud sort cet album consacré à Bach. On y retrouve des préludes et fugues, le concerto pour piano No. 1 et cette chaconne en ré mineur d'une beauté indicible.

Hélène Grimaud apporte à la musique de Bach un touché clair et précis. En ce qui concerne la chaconne, il s'agit de la transcription effectuée par Feruccio Busoni, Hélène Grimaud l'interprète avec un grand dynamisme. Une interprétation envoûtante, d'une expressivité parfaitement dosée:




Wolfgang Amadeus Mozart - Concertos pour piano Nos. 19 & 23



En 2011, Hélène Grimaud interprète deux des concertos pour piano de Mozart parmi les plus beaux (même si je considère que parmi les 27 concertos pour piano de Mozart il y en a beaucoup de sublimes ...).

Je retiens en particulier le finale du concerto No. 19 et son style fugué, et l'adagio du concerto No. 23, qui comporte une des mélodies les plus géniales de Mozart. L'enjeu dans ce mouvement est de jouer simplement détachées les notes indiquées staccato par Mozart. C'est ce que réussit à la perfection Hélène Grimaud dans ce mouvement:




Hélène Grimaud & Sol Gabetta - Duo


En 2012 sort ce divin album "Duo", interprété par Hélène Grimaud et la fabuleuse violoncelliste argentine Sol Gabetta. Ce qui est absolument génial dans cet album est la complicité entre les deux artistes. Ce qui ne gâche rien, c'est également le choix des pièces interprétées puisque l'on peut entendre les sonates pour violoncelle et piano de Schumann, Brahms, Debussy et Chostakovitch, excusez du peu !

Voici les finales des sonates de Brahms et de Debussy, un vrai régal !



Johannes Brahms - Concertos pour piano




En 2013, à nouveau un gros choc musical avec la sortie des concertos pour piano de Johannes Brahms, un des sommets de la musique romantique. Quand on sait que Brahms est le compositeur d'élection d'Hélène Grimaud, on ne pouvait s'attendre qu'à une interprétation monumentale, à l'image des œuvres, et on n'est pas déçu. A noter l'excellente prestation du chef letton Andris Nelsons (qui n'en est pas à sa première réussite discographique - voir mon article sur Chostakovitch).

Voici le concerto No. 1 dans cette interprétation (version audio):




Hélène Grimaud, c'est Brahms ... en voici la deuxième preuve, toujours avec Andris Nelsons (version audio):




Water



En 2016, Hélène Grimaud sort un premier album conceptuel dont le sujet principal est l'Eau. Cet élément a inspiré un grand nombre de compositeurs, et la pianiste a souhaité nous faire partager ce que cet élément lui inspire dans sa démarche écologique: il nous faut absolument respecter et préserver cet élément vital pour l'homme. Et de nous rappeler que l'homme est fait d'eau. 

Elle a choisi d'alterner avec des œuvres classiques (de Berio, Takemitsu, Fauré, Ravel, Albeniz, Liszt, Janacek et Debussy), des œuvres du compositeur contemporain et électro Nitin Sawhney.

J'ai beaucoup apprécié cette thématique et ce mélange d’œuvres sur le thème de l'eau. J'en ai extrait une des œuvres les plus emblématiques du genre: "La Cathédrale Engloutie" de Debussy, pièce ô combien envoûtante et évocatrice:


Memory



Enfin, en 2018, Hélène Grimaud sort un nouvel album conceptuel, baptisé "Memory" et centré sur le thème de la mémoire.

C'est à nouveau l'occasion pour la pianiste de nous faire entendre des œuvres évocatrices et mémorables. On peut entendre des œuvres de Satie, Debussy, Chopin, Silvestrov et Nitin Sawhney.

J'ai choisi tout d'abord la délicate et sensible Bagatelle I de Valentin Silvestrov, qui évoque pour Hélène Grimaud une promenade en forêt, et pour moi une étendue enneigée, c'est cela je pense la richesse de la musique qui peut évoquer de multiples choses et faire ressentir de multiples sensations ... et vous, à quoi cela vous fait-il penser ?


Enfin, je termine cette évocation par un de mes morceaux favoris: "Clair de Lune" de Debussy, extrait de la suite bergamasque. Cette musique m'évoque toujours la "Nuit Etoilée" de Vincent Van Gogh, l'interprétation d'Hélène Grimaud est tout justement rêveuse et onirique:








vendredi 8 mai 2020

Telemann (Georg Philipp)

Georg Philipp Telemann


Georg Philipp Telemann


Georg Philipp Telemann (14 mars 1681 à Magdebourg - 25 juin 1767 à Hambourg) est un compositeur allemand. 

Telemann est un des plus grands compositeurs baroque, et certainement le compositeur le plus prolifique de l’histoire de la musique avec plus de 6000 œuvres. 

Une anecdote raconte qu’à la fin de sa vie, Telemann entend une œuvre de musique, il trouve la musique jolie et demande qui est le compositeur, on lui répond : « Mais, c’est de vous maître ! »

Telemann est le premier compositeur à obtenir la propriété intellectuelle de son oeuvre, à une époque où les œuvres sont généralement considérées comme propriétés des mécènes; il tire d'importants profits grâce à ses travaux publiés pour la vente.

Son oeuvre se compose de:

- plus de 600 suites pour orchestre, sinfonias, concertos, sonates, duos, trios, quatuors, sérénades, de la musique pour clavecin et orgue ;
- plus de 40 opéras et de nombreux intermezzi ;
- au moins 1 700 cantates d'églises, 15 messes, 22 psaumes, plus de 40 passions, 6 oratorios, et des motets à 8 voix ;
- des cantates profanes, des odes, des canons, des chants, etc.

A noter également que Telemann était ami avec Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Händel. Telemann sera le parrain de Carl Philipp Emanuel Bach. Ce dernier lui succédera au poste de directeur de la musique de Hambourg.

Si j'ai souhaité vous parler de ce compositeur c'est qu'il est injustement relégué derrière d'autres compositeurs contemporains tels que Händel ou Bach. 

Selon moi, la musique de Telemann mérite d'être considérée pour elle-même, sans être comparée à celle de ces deux génies de la musique.

La musique de Telemann est d'une grande délicatesse, finement ouvragée et ne cache pas des influences étrangères, en particulier françaises et italiennes, qui rendent sa musique très légère pour une musique allemande.

C'est pourquoi je vous ai concocté une petite sélection où vous verrez combien la musique de Telemann est plaisante à écouter et paraît d'une grande simplicité, le talent du compositeur étant toujours de masquer la complexité grâce à son savoir-faire.



Les ouvertures

Ouverture-Suite en la mineur TWV 55:a2


On sent dans ces charmantes ouvertures l’influence de la musique française. Elles me rappellent également la « Water Music » de Händel, en particulier cette délicieuse Ouverture-Suite en la mineur TWV 55:a2.

J'ai sélectionné le disque interprété par Maurice Steger à la flûte à bec et l'Akademie für Alte Musik Berlin.

Cet enregistrement contient également la grandiose « Ouvertüre C-Dur - Hamburger Ebb und Flut » (« Ouverture en Ut Majeur – Marée montante et descendante à Hambourg ») qui exprime le mugissement des flots et des divinités antiques qui les habitent.

Voici le premier mouvement de la Suite en la mineur TWV 55:a2:



Wassermusik - Ouverture Hamburger Ebb und Flut TWV 55:C3


De nombreux enregistrements ont été consacrés à cette "Wassermusik" ("Musique sur l'eau"). On retrouve dans cet enregistrement la fameuse « Ouvertüre C-Dur - Hamburger Ebb und Flut » ainsi que plusieurs concertos pour deux flûtes et un basson. Reinhard Goebel est un très grand interprète de Telemann.

Voici une autre excellente version de l'Ouverture Hamburger Ebb und Flut par Jordi Savall:



Intégrale des Ouvertures



Pour les amateurs de Telemann, je ne saurais que trop conseiller ce coffret publié par Brilliant Classics avec l'intégrales des ouvertures par le Collegium Instrumentale Brugense dirigé par Patrick Peire. A noter, que ce coffret existe également en trois volumes séparés.

On retrouve dans ce coffret les ouvertures citées ci-dessus, plus d'autres que j'ai sélectionnées ci-dessous.

Tout d'abord voici la suite en ré majeur TWV 55:D1 par le Bremer Barockorchester:



Ensuite, la très amusante suite sur Don Quichotte interprétée par Apollo's Fire, The Cleveland Baroque Orchestra:



Les Concertos

Concerto pour trompette TWV 51:D7



Afin d'illustrer les concertos de Telemann, j'ai choisi de commencer par le superbe concerto pour trompette TWV 51:D7. Alison Balsom se révèle une des meilleures interprètes actuelles de ce type de musique dans un album flamboyant contenant, entre autre, des œuvres de Haendel et de Purcell.

Voici deux extraits du concerto pour trompette par Alison Balsom:

I. Adagio

II. Allegro


Concerto Grosso pour 3 trompettes, 2 hautbois, timbales, cordes et basse continue TWV 54:D3


Voici un autre concerto de Telemann qui fait encore appel à la trompette, mais pas en soliste unique cette fois. Il apparaît dans l'excellent disque de l'Akademie für Alte Musik Berlin.

Voici une autre version par Trevor Pinnock à la tête de l'English Concert:



Concertos pour Cor



L'intérêt principal de ces œuvres est la sonorité tout à fait spéciale du cor, qui évoque la chasse, et la rareté des concertos pour cor. En effet, parmi les compositeurs célèbres on peut se référer à Mozart qui a également composé des concertos pour cor, mais dans un esprit différent.

Voici le concerto pour cor en ré majeur par le Yofin Baroque Ensemble Zurich, avec Konstantin Timokhine au cor:



Sonates

Sonates en Trio


Telemann a un talent particulier pour faire sonner la flûte. Cela est révélé totalement par ses "Triosonaten" ("Sonates en Trio") pour flûte, violon (ou hautbois) et basse continue et par cette version de référence interprétée par Alice Harnoncourt au violon et Kees Boeke à la flûte.

Voici une vidéo qui nous laisse apprécier la finesse de ces sonates, ici une sonate en trio pour flûte, hautbois et basse continue:



Sonate pour trompette en ré majeur TWV 44:1


Enfin, je termine avec la très belle sonate pour trompette en ré majeur de Telemann. Que la trompette sonne bien dans cette oeuvre célèbre ! 

En voici une interprétation par Matthias Höfs:







mercredi 6 mai 2020

Pink Floyd - Dernière période: de 1975 à 2014

Pink Floyd


Pink Floyd



Avec ce troisième article sur le groupe Pink Floyd se termine la saga du groupe.


1975 - Wish you were here



Après l'apogée que représentait "The Dark Side of the Moon", on aurait pu craindre le pire, il n'en fut rien. Le groupe Pink Floyd était loin d'avoir tout dit. La preuve en est l'album "Wish you were here" qui est une confirmation du talent du groupe, puisqu'il faut bien avouer que tous les titres de cet album sont d'un grand niveau.

A commencer par la suite "Shine on you Crazy Diamond" qui est un hommage rendu à Syd Barrett, qui d'ailleurs rend une visite émouvante aux membres du groupe pendant l'enregistrement. La suite est composée de deux morceaux de 13 minutes chacun qui débutent et terminent l'album.

Pour ce morceau, j'ai choisi l'excellente version donnée lors du nouveau concert de David Gilmour à Pompeii en 2016:



De même, il est impossible de ne pas mentionner le morceau éponyme, dont voici une version acoustique donnée par David Gilmour. Une chanson très émouvante sur l'absence:



1977 - Animals



L'album suivant du groupe, Animals, est inspiré du livre de George Orwell "La Ferme des Animaux" qui est une critique acerbe de la société qui se divise en porcs ("Pigs") qui dirigent la société de manière cynique, en chiens ("Dogs") qui exécutent les ordres de la classe dirigeante et en moutons ("Sheep") qui désignent l'ensemble du troupeau humain qui suit docilement les règles.

J'ai choisi en extrait le morceau "Pigs on the wing (part one)" tiré de l'album:



Ensuite, le morceau "Sheep" tiré d'un live de 2006 de Roger Waters, une mention particulière pour le riff de guitare utilisé à la fin du morceau:



1979 - The Wall



En 1979, le groupe sort un nouveau chef-d'oeuvre. Il est la réalisation de Roger Waters qui en a eu l'idée suite à un concert au Canada: Roger Waters a trouvé le public indiscipliné et bruyant et il imagine une histoire où le héros s'isole du monde extérieur et construit un mur autour de lui.

Cet album marque un nouvel apogée du groupe, et de fait il s'agit du double album le plus vendu au monde, et d'un des concept-albums les plus aboutis de l'histoire du rock.

Il marque aussi une période de tensions croissantes à l'intérieur du groupe, Roger Waters monopolisant la réalisation de quasiment tous les titres de l'album. 

Il s'agit d'un album assez sombre, mais il est d'une telle richesse: des mélodies, des harmonies, des thèmes musicaux, des ambiances, passant de chansons très calmes à des passages endiablés. En outre, la représentation sur scène de "The Wall" nécessitera une logistique absolument sans précédent qui coûtera beaucoup aux membres du groupe.

Il serait tentant de recommander aux amateurs l'intégralité de l'album de manière à profiter non seulement de sa beauté mais également de pouvoir suivre l'histoire de Pink.

Mais je me suis contenté de faire une sélection de quelques incontournables.

A commencer par le titre qui atteint le numéro 1 en tant que single: "Another brick in the Wall part 2", j'ai choisi la version du concert PULSE donné en 1994:



Ensuite, j'ai sélectionné le morceau "Confortably Numb" pour son fabuleux solo de guitare. J'ai choisi la version du Live 8 où on retrouve Roger Waters sur scène avec le reste du groupe:



Enfin, un morceau endiablé: "Run like Hell" tiré du concert "Delicate Sound Of Thunder": 




1983 - The Final Cut


Cet album mérite bien son nom. En effet, il s'agit du dernier album avant le départ de Roger Waters du groupe, et à nouveau d'une réalisation totale de ce dernier. Il s'agit d'un album sombre où Roger Waters évoque la douleur de l'absence de son père tué lors de la seconde guerre mondiale, et constitue une critique acerbe de la politique britannique en pleine guerre des Malouines.

J'ai tout d'abord sélectionné le titre "Paranoid Eyes" interprété par Roger Waters, une ballade mélancolique:



Et le morceau "Two Suns in the Sunset", une chanson à la poésie sombre et triste, qui finit par les paroles suivantes:

Finally, I understand the feelings of the few. Ashes and diamonds Foe and friend We were all equal in the end.

Suivies par un solo de saxophone:



1987 - A Momentary Lapse of Reason



Après le départ de Roger Waters, on aurait pu craindre que le groupe Pink Floyd s'arrête, mais il n'en fut rien. Commence alors l'ère Gilmour.

Avec Nick Mason, il réalise un nouvel album, bientôt rejoints par Richard Wright.

De cet album se distinguent les titres "Learning to Fly", dont voici une prestation lors du concert PULSE de 1994:



et "On the Turning Away", avec une vidéo de 1988:



1994 - The Division Bell



En 1994 sort ce nouvel album qui confirme le renouveau du groupe, c'est un succès à la fois commercial et critique. On notera l'apport important aux paroles de Polly Samson, la femme de Gilmour qui cosigne sept titres sur onze.

Extrait de cet album, voici tout d'abord le titre "Take It Back":


Ensuite, voici "High Hopes" qui est certainement le meilleur morceau de cette époque, avec ses fameuses cloches:



2014 - The Endless River



Il faut attendre 20 ans pour l'album suivant: "The Endless River". Il comprend des morceaux que Pink Floyd a enregistrés en 1969 et en 1993 et plus tard. The Endless River connaît un énorme succès malgré des critiques mitigées et devient disque d'or dans de nombreux pays dès la première semaine. Il est dédié au claviériste Richard Wright, mort le 15 septembre 2008.

Il s'agit de ma première déception de la part du groupe, car c'est ni plus ni moins qu'un album d'ambient dans lequel on entend de longues tenues de notes statiques qui ne débouchent sur rien ...

Les seuls morceaux qui surnagent sont "Allons-Y", dans lequel on retrouve un rythme à la "Run Like Hell":



Et "Nervana", morceau rythmé avec un bon riff de guitare:



En 2015, David Gilmour annonce la fin de Pink Floyd. 

Celui-ci continue néanmoins sa carrière solo.


mardi 5 mai 2020

Pink Floyd - The Dark Side of the Moon


Pink Floyd

Pink Floyd - The Dark Side of the Moon


Le groupe Pink Floyd sort cet album en 1973. Les musiciens du groupe l’ont rôdé de nombreux mois en concert avant de le sortir. Ils se sont servi de techniques rares à l’époque telles que l’utilisation de synthétiseurs analogiques et un enregistrement sur 16 pistes. L’ingénieur du son était Alan Parsons et il fut un des premiers expérimentateurs de la quadriphonie.

Cet album est la troisième meilleure vente de tous les temps : entre 45 et 50 millions d’exemplaires ont été vendu.

La pochette a été réalisée par Storm Thorgerson, le fameux fondateur du studio d’art graphique Hipgnosis, qui a également réalisé des pochettes pour Peter Gabriel, Led Zeppelin ou Genesis.

La pochette représente un prisme qui sépare les couleurs, mais métaphoriquement, il sépare les thèmes de la condition humaine explorés par le groupe : le temps, l’argent, la vieillesse, la guerre, la folie et la mort.

Un des thèmes principaux de l’album est la folie, suite aux problèmes mentaux rencontrés par Syd Barrett, qui fut chanteur, guitariste et un des principaux compositeurs du groupe à sa création. « The Dark Side of the Moon » n’est pas le côté obscur de la lune au sens astronomique du terme, mais bien plutôt le côté obscur de l’homme lunatique qui le conduit à la folie.


Speak to me

Le premier morceau, « Speak to me », est un battement de coeur, suivi d’un bruit de réveil, puis des paroles, un rire sardonique un peu fou, des bruits de pièces qui tombent et un bruit mécanique répétitif et angoissant. En fait, plein de bruits qui vont intervenir dans les autres morceaux de l’album. Le tableau est dressé.


Breathe

Ensuite, « Breathe » démarre par un cri dément, suivi par un rythme lent des guitares. Relativement calme, le morceau dégage une certaine sérénité. Respirez, creusez des trous, travaillez encore et toujours jusqu’à la tombe. La sérénité n’est qu’apparente.


On the Run

« On the Run » fait appel aux bruits électroniques : une sorte de moniteur cardiaque se transforme peu à peu en machine industrielle, voire en bolide fonçant sur une autoroute futuriste qui rappelle le morceau « Autobahn » de Kraftwerk. Saturation des sons. Boucle qui se répète à l’infini. Rire dément déformé. Bruit d’avion et d’explosions.





Time

On passe à « Time » ... Le temps est marqué par cette symphonie de réveils qui sonnent tous à la fois, la dernière horloge évoque un clavecin. Les battements de coeur reviennent, ponctués par des interventions dans le grave des guitares et claviers. Le clavier joue également des notes cristallines qui évoquent un célesta. On entend des percussions avant l’arrivée du thème chanté. Cette chanson m’évoque les montres molles de Dali, en particulier la « Montre molle au moment de la première explosion ». 



Le temps passe, inexorable, jusqu’à la dernière heure, celle qui tue, celle qui fait tout exploser. Qu’y a-t-il après le temps ?




The Great Gig in the Sky

« The Great Gig in the Sky » : le grand concert dans le ciel. Le groupe a demandé à une chanteuse, Clare Torry, de réaliser une improvisation vocale en pensant à l’horreur, à la mort. Sur un accompagnement sobre du piano, la chanteuse déclame sa plainte, ponctuée par un homme qui parle et dit : "je n’ai pas peur de la mort, il faut bien partir un jour."




Money

« Money », l’argent : cette chanson critique notre monde consumériste : « Money, get away » (« Argent, va-t-en »). On entend le bruit des pièces qui tombent, cela fait penser à une sorte de casino infernal. Rythme obsédant et répétitif, suivi d’une intervention d’un saxophone interprété par Dick Parry. Vers le milieu du morceau apparaissent les interventions stridentes de la guitare de David Gilmour, puis le morceau devient réellement progressif avec le développement du thème. Peut-être la plus belle chanson rock de tous les temps !





Us and Them

« Us and Them » : une chanson sur l’absurdité de la guerre. Nous et eux, nous sommes après tout des gens ordinaires, on ne sais plus qui est qui ... Le premier rang est tombé, on ne connaît même pas la raison du conflit ...




Any colour you like

« Any colour you like » : morceau instrumental utilisant les ressources du synthétiseur VCS3 alimenté par une longue bande magnétique en boucle. Le solo est assuré par deux guitares.


Brain Damage

« Brain Damage » : dommage cérébral. Le fou est dans ma tête. Il y a quelqu’un dans ma tête mais ce n’est pas moi. Et si ta tête cède sous le poids des pressentiments sombres, je te reverrai sur le côté obscur de la lune.



Eclipse

« Eclipse » : Le soleil est éclipsé par la lune. Faut-il comprendre que toutes nos actions sont vaines ? Retour du battement de cœur ... la boucle est bouclée.



Suite et fin dans le prochain article consacré à Pink Floyd.