vendredi 24 décembre 2021

Venise

 

Venise

Canaletto - Le Grand Canal au pont du Rialto


Venise


Venise est une ville magique. 

La première fois que je suis arrivé à Venise, ce qui m'a le plus surpris c'est que l'on a l'impression d'être transporté au XVIIIème siècle, car la ville n'a pas changé depuis cette époque. L'autre choc est quand on se retrouve en face de la Basilique Saint-Marc. J'eus cette réflexion naïve: "ils ont mis la décoration également à l'extérieur" !

Cette cité est née aux alentours de l'an 700. Qu'est-ce qui a pu pousser la population locale à s'installer dans cette lagune remplie de miasmes ? Tout simplement, les invasions barbares. Après que leurs cités furent détruites plusieurs fois (par les Huns, les Goths, les Vandales et les Lombards), ils décidèrent de s'installer au seul endroit où ils savaient que les envahisseurs ne les suivraient pas: dans une lagune aux eaux peu profondes, où ceux qui ne connaissaient pas les bons passages échoueraient immanquablement leurs embarcations.

Au IXème siècle, ce qu'il manquait à la ville pour asseoir sa réputation fut une histoire, car contrairement aux autres grandes cités Italiennes elle n'avait pas connu l'antiquité. A l'époque il était important pour une cité d'avoir des reliques, Venise n'en avait pas. Qu'à cela ne tienne: deux jeunes vénitiens se rendirent à Alexandrie en Egypte et dérobèrent le corps de l’évangéliste Saint Marc. N'était-il pas mieux que cette relique repose en terre chrétienne ?

Le doge de l'époque, Giustiniano Participazio, fit construire une chapelle pour le Saint près de son palais. C'est à cet emplacement que fut construite au XIème siècle la Basilique.

La cité a alors joué un rôle de premier plan dans les échanges commerciaux entre l'Occident et l'Orient. Au début sous le contrôle de Byzance, la cité devient de plus en plus indépendante et de plus en plus riche. Elle s'ouvre alors aux arts qu'elle développe d'une façon remarquable: l'architecture, la peinture, la sculpture, la musique s'y déploient et jouent un rôle de premier plan en Italie.

Qu'est-ce qui caractérise la musique vénitienne ?

Je laisse la parole à Olivier Lexa (Historien et musicien, il a dirigé le Palazzetto Bru Zane et a été co-fondateur du Venetian Centre for Baroque Music), qui la définit tellement bien dans son livre "Venise, l'éveil du Baroque":

"La musique vénitienne, c'est un mélange de tragédie, de comédie et de folie, un perpétuel aller-retour entre le monde des hommes et celui des dieux. La musique vénitienne, c'est la musique de la lagune - la musique de l'eau: on l'entend à l'opéra, chez Monteverdi, chez Cavalli; on l'entend à l'église, chez Legrenzi, chez Lotti; on l'entend dans les concertos de Vivaldi évidemment. Peut-être est-ce ce décor naturel, cette lumière unique qui ont épargné aux compositeurs vénitiens les spéculations les plus complexes - celles d'un Palestrina, d'un Bach ou d'un Rameau ? Car la musique vénitienne, c'est une musique simple, libre, spontanée, pleine de naturel, qui va droit au cœur".

Je vous propose un voyage dans la musique vénitienne, du Moyen-Age à la période baroque. 

Tout d'abord, sous forme de playlist.

Dans cette playlist, on retrouve les poids lourds que sont Monteverdi et Vivaldi, mais je vous invite également à découvrir quelques perles comme les chansons amusantes d'Adrian Willaert, les fabuleuses sonates de Giovanni Battista Fontana, Dario Castello et Biagio Marini, les airs magnifiques de Francesco Cavalli et Barbara Strozzi par la sublime soprano argentine Mariana Flores, le méconnu Stabat Mater d'Antonio Caldara et les excellents concertos de Tomaso Albinoni (l'adagio du Concerto pour hautbois Op. 9 No. 2 !) et des frères Alessandro et Benedetto Marcello.

Voici les liens vers la playlist.

Spotify:
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Deezer:


Pour cet article, j'ai sélectionné les principaux compositeurs vénitiens et je vous les présente par ordre chronologique de date de naissance en distinguant trois époques: le Moyen-Age, la Renaissance et la période Baroque.

Le Moyen-Age

Venezia Millenaria



Dans cet album, qui contient un livret très documenté sur l'histoire de Venise, Jordi Savall nous invite à un tour d'horizon des grands événements qui ont ponctué l'histoire de Venise, depuis sa fondation en l'an 700, jusqu'en 1797, où suite à l'invasion de la cité par les troupes napoléoniennes, la cité perd son indépendance pour être bientôt rattachée à l'Autriche.

Il est très intéressant de constater les liens étroits que Venise a entretenu avec Byzance qui était la capitale de l'empire romain d'Orient et qui suite au schisme de 1054, était le berceau de la religion orthodoxe.

Voici, pour illustrer cette période, un morceau du XIVème siècle: Istampitta, un « saltarello », danse médiévale italienne à trois temps dans l’esprit de la tarentelle : les danseurs face à face ou côte à côte simulent les disputes et les défis de la relation amoureuse, jusqu’à la réconciliation finale.




La Renaissance

Adrian Willaert (1490-1562)

The Complete Works, Volume 1 - Le Villanesche



Pour commencer ce voyage dans la musique vénitienne de la Renaissance, j'ai choisi un musicien passionnant: Adrian Willaert. C'est un compositeur flamand, né à Bruges ou à Rumbeke suivant les sources.

La réputation de Willaert, comme musicien et compositeur, rayonne dans toute l'Italie. En 1527, à l'instigation du doge Andrea Gritti, il est nommé maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise, poste prestigieux qu'il occupe jusqu'à sa mort, en 1562.

À sa mort, Willaert laisse plus de soixante-dix madrigaux italiens, environ soixante-cinq chansons françaises, plus de trois cent cinquante motets, une cinquantaine d'hymnes et de psaumes, ainsi que neuf messes où apparaît l'influence de Josquin des Prés et celle de son maître, Jean Mouton. 

Il est le créateur de l'école vénitienne (1550-1610) et compte parmi ses élèves toute une génération de musiciens, dont Cyprien de Rore, Claudio Merulo et Andrea Gabrieli. Il marque également de son influence l'œuvre de Roland de Lassus.

J'ai sélectionné cet album fabuleux dirigé par Antonio Eros Negri car il nous permet d'entendre quelques unes des meilleures chansons de Willaert: "Vecchie letrose non valete niente", "O dolce vita mia" et "Madonna mia famme bon'offerta".

Voici la très amusante chanson, "Vecchie letrose non valete niente" ("Vieilles mégères vous ne valez rien"), dans son interprétation la plus enthousiasmante, celle de Jordi Savall. (On retrouve cette version dans l'album "Carlos V", et une autre version dans l'album "Venezia Millenaria" cité ci-dessus).



Je vous propose la chanson "Madonna mia famme bon'offerta" interprétée par l'ensemble Concerto Scirocco:



Enfin, la chanson "O dolce vita mia", extraite de l'album sélectionné:



Chansons, Madrigali & Villanelle


Voici un autre très bon album pour découvrir les chansons de Willaert.

J'ai choisi l'air "Qual dolcezza giamai":




Cipriano de Rore (1515-1565)

Le Vergine



Cyprien de Rore (avec le prénom italianisé : Cipriano de Rore) (né à Renaix en 1515 ou en 1516 – mort à Parme, entre le 11 et le 20 septembre 1565) est un compositeur franco-flamand.

En 1562, il est choisi comme maître des chœurs à Saint-Marc de Venise, mais démissionne en 1564 et retourne à Parme où il décède.

Il est considéré comme un des plus grands madrigalistes de son temps. Voici des airs de Rore sur des poèmes de Pétrarque dédiés à la vierge.

J'ai sélectionné le poème "Vergine pura":





Claudio Merulo (1533-1604)

Œuvres d'orgue


Claudio Merulo est un compositeur italien de la renaissance. C'est un virtuose de l'orgue et c'est pourquoi il est nommé organiste à Saint-Marc de Venise. Il y officie en même temps qu'Andrea Gabrieli.

J'ai choisi de vous faire écouter la Toccata VII interprétée par Stephano Molardi qui a sorti au disque une intégrale en deux volumes de la musique d'orgue de Merulo. On admirera la beauté et la virtuosité de l'oeuvre.



Andrea Gabrieli (1533-1585) & Giovanni Gabrieli (1556-1612)

A Venetian Coronation - Messe de couronnement du doge



Andrea Gabrieli fut un musicien et organiste italien. Il fut organiste à Saint-Marc à partir de 1566 (en même temps que Claudio Merulo). Il fut également le maître de son neveu Giovanni Gabrieli.

Le catalogue de Giovanni Gabrieli comprend environ 250 œuvres. Il était un compositeur très original et est considéré comme une figure importante de la transition entre la musique de la Renaissance et la musique baroque.

Voici le morceau "O sacrum convivium" extrait de la messe du couronnement du doge de Venise Marino Grimani, qui eut lieu en 1595. Cette messe comprend des musiques à la fois d'Andrea et Giovanni Gabrieli.




La période baroque

La période baroque qui s'étend de 1600 à 1750 est certainement la période la plus riche de la musique vénitienne. Voici quelques-uns des principaux compositeurs de cette période.

Claudio Monteverdi (1567-1643)

Selva Morale e Spirituale


Claudio Monteverdi fut baptisé le 15 mai 1567 à Crémone, il meurt le 29 novembre 1643 à Venise.

Ses œuvres, essentiellement vocales, se situent à la charnière de la Renaissance et du baroque. 

Il est considéré comme l'un des créateurs de l'opéra et, avec L'Orfeo, comme l'auteur du premier chef-d'œuvre du genre. Il est également le dernier grand représentant de l'école italienne du madrigal, genre auquel il a consacré neuf Livres, ainsi que l'auteur d'une abondante œuvre de musique religieuse polyphonique (messes, vêpres, motets…).

J'ai sélectionné deux œuvres de Monteverdi.

Tout d'abord le Gloria à 7 voix extrait des "Selva Morale e Spirituale".  Contenant quarante pièces sacrées d'époque et de styles différents, ce recueil marque l'aboutissement de la carrière du compositeur dans le domaine de la musique religieuse.

Voici une très belle interprétation par l'ensemble Vox Luminis dirigé par Lionel Meunier.



Il combattimento di Tancredi e Clorinda



Voici un extrait du livre VIII de madrigaux: la scène dramatique Il combattimento di Tancredi e Clorinda (« le Combat de Tancrède et Clorinde ») (1624), d'après la Jérusalem délivrée du Tasse (Torquato Tasso), dans laquelle instruments et voix forment deux entités distinctes. 

L'oeuvre fut donnée pour la première fois au Palazzo Mocenigo, à Venise.

L’originalité de cette composition provient du rapprochement du genre madrigalesque et du Stile rappresentativo (imitatif), ainsi que de l’utilisation pour la première fois du tremolo de cordes (cordes jouées rapidement avec l’archet) pour créer des effets expressifs, en particulier la colère et l'agitation (stile concitato), dans les scènes les plus dramatiques.

J'ai sélectionné la version interprétée par  Rolando Villazón (testo), Patrizia Ciofi (Clorinda), Topi Lehtipuu (Tancredi), sous la direction d'Emmanuelle Haïm.



Salomone Rossi (1570-1630)

Quattro violoni a Venezia



Salomone Rossi est un violoniste et un compositeur italien de confession juive du début du xviie siècle. 

En 1623, il composa une collection d'œuvres pour la liturgie synagogale intitulée "Les cantiques de Salomon" (Ha-shirim asher li-Shlomo).

J'ai sélectionné ce compositeur car c'est un représentant majeur de la transition de la musique de la Renaissance vers la musique baroque. 

Ses œuvres sont parmi les premières à mentionner le violon à la place de la "viola da braccio", ancêtre du violon et de l'alto (ce dernier étant toujours appelé "viola" en italien).

Ce compositeur apparaît dans la superbe compilation d’œuvres de compositeurs vénitiens intitulée "Quattro violini a Venezia" interprétées par l'ensemble Clematis dirigé par Brice Sailly et Stéphanie de Failly.

Voici la "Sonata a quattro violini e doi chitarroni" (le chitarrone fait partie de la famille des luths), une sonate à double chœur avec des dialogues alternés en piano et forte, pour finir avec une réunion majestueuse des deux ensembles.



Giovanni Battista Fontana (1589-1630)

Sonatas


Nous disposons de très peu d'informations sur ce compositeur. Son recueil "Sonate a 1, 2 ,3 per il Violino o Cornetto, Fagotto, Chitarrone, Violincino o simile altro istrumento", est l'unique opus posthume, imprimé à Venise en 1641 qui nous soit parvenu. 

Il travaille successivement à Venise, Rome et Padoue. Il est décrit comme « l'un des plus fantastiques violonistes et virtuoses de son temps », surnommé de son vivant « dal Violino ». Il meurt lors de l'épidémie de peste de 1630.

Au disque, j'ai sélectionné l'album de l'Ensemble Sonnerie qui donne l'intégrale des 18 sonates. L'intérêt principal de ces sonates sont la variété des instruments pour lesquels elles sont écrites. 

J'ai selectionné la "Sonata Prima". Dans cette sonate, le soliste est le cornet (cornetto) accompagné par l'orgue.

En voici une version par Seicento Stravagante: David Brutti, cornet et Nicola Lamon, orgue.



Dario Castello (1590-1644)

Sonate concertate in stil moderno


Dario Castello fut violoniste de la Basilique Saint-Marc à Venise en 1624. Il a publié deux recueils de "Sonate concertate in stil moderno per sonar nel organo, overo spineta con diversi instrumenti", à 2 et 3 voix et basse continue.

Ses dates de naissance et de mort sont à prendre avec précaution, car j'ai trouvé des informations contradictoires !

Il joua un rôle important dans la transformation de la canzona instrumentale en sonate. On le retrouve fréquemment sur des albums en compagnie de son contemporain Fontana.

J'ai sélectionné un album interprété par John Holloway au violon où l'on retrouve des sonates des deux compositeurs.

En vidéo, j'ai choisi la "Sonata seconda" interprétée par la divine Rachel Podger au violon.



Biagio Marini (1594-1663)

Curiose & Moderne Inventioni



Voici un compositeur très intéressant.

Il exerce son activité de violoniste à Venise au service de la cour ducale et parmi les musiciens de la chapelle de la basilique Saint-Marc, sous la direction du maître de musique Claudio Monteverdi.

Voici tout d'abord la "Sonata in ecco con tre violini", que l'on retrouve dans l'album "Quattro violoni a Venezia", où l'on entend un effet d’écho entre les différents violons qui se répondent:



Ensuite, voici la Passacaille en sol qui se trouve dans l'album de Romanesca. En vidéo, j'ai sélectionné la version de l'ensemble Tafelmusik. Une pièce recueillie à la très belle mélodie.



Francesco Cavalli (1602-1676)

Heroines of the Venetian Baroque - Statira principessa di Persia



Francesco Cavalli est un compositeur italien de la première moitié du XVIIème siècle. Il s'est spécialisé dans les opéras (il en a composé plus de trente) et dans la musique religieuse.

L'album "Heroines of the Venetian Baroque" nous permet d'entendre un florilège d'air d'opéras de ce grand compositeur. Il est dominé par la merveilleuse soprano argentine Mariana Florès. 

On la retrouve dans un air de l'opéra "Statira principessa di Persia": "Menfi, mi patria, regno".



Vespero de la beata vergine Maria


En 1675, Cavalli compose ces vêpres de la vierge. Filippo Maria Bressan nous en donne une très belle lecture, voici en extrait le Magnificat.




L'Amore innamorato



Voici un autre très bel opéra de Cavalli, superbement interprété par L'Arpeggiata dirigé par Christina Pluhar avec Nuria Rial et Hana Blažíková. On voit dans cet air tout ce que Cavalli doit à Monteverdi.



Barbara Strozzi (1619-1663)

Virtuosissima Compositrice



J'ai déjà parlé de Barbara Strozzi dans mon article Les femmes dans la musique baroque

A noter que Barbara Strozzi fut l'élève de Francesco Cavalli.

J'ai sélectionné l'album "Virtuosissima Compositrice" qui nous fait entendre des airs de Barbara Strozzi. On y retrouve la soprano Mariana Florès sous la direction de Leonardo Garcia Alarcon. Elle nous interprète l'air "Che si puo fare" ("Que peut on faire" à la souffrance d'amour).




Giovanni Legrenzi (1626-1690)

Sonate & Balletti


Giovanni Legrenzi représente un jalon important de l'école instrumentale vénitienne entre les Gabrieli et Vivaldi. Nous nous trouvons à une époque où Venise est un des plus prestigieux foyers musicaux d'Italie.

On retrouve l'ensemble Clematis dans l'album sélectionné "Sonate & Balletti".

Voici en extrait le Balletto secondo a cinque op. 16.


Antonio Lotti (1667-1740)

Venetian Church Music



Antonio Lotti reçoit une éducation musicale à Venise auprès de Giovanni Legrenzi et Lodovico Fuga, organiste de San Rocco ; il exerce des fonctions à la basilique Saint-Marc, tout d'abord comme chanteur (chantre-choriste), puis comme assistant du second organiste dès 1702, avant de devenir le titulaire ; enfin, à partir de 1704, comme premier organiste. Dès 1736, il s'impose par concours en tant que Maître de Chapelle de la Cappella Marciana, poste qu'il occupe jusqu'à sa mort.

Ce compositeur apparaît dans l'album sélectionné "Venetian Church Music" qui réunit des œuvres de musique sacrée des plus grands compositeurs vénitiens de l'époque baroque.

J'ai choisi de vous faire écouter le Crucifixus à 10 voix. Dans cette version vidéo il est interprété par le Macadam Ensemble. Le chromatisme de cette oeuvre est utilisé par le compositeur pour exprimer la douleur du Christ.



Antonio Caldara (1670-1736)

Stabat Mater


Considéré au xviiie siècle comme le plus grand compositeur italien, Caldara influence directement, de son vivant, Jean-Sébastien Bach, Heinichen et Telemann.

Il quitte l'Italie pour s'établir définitivement en Autriche en 1716. Il est vice-maître de chapelle à la cour impériale, sous la direction de Johann Joseph Fux.

Sa production est importante (plus de 3 000 œuvres) dans tous les domaines et formes musicales : musique religieuse (messes, cantates, motets, 32 oratorios), instrumentale (symphonies, 16 sonates pour violoncelle de 1735) et lyrique (87 opéras, des madrigaux, 300 canons), etc. Son œuvre a influencé l'école de Mannheim, ainsi que Haydn et Mozart.

J'ai sélectionné une oeuvre de musique sacrée, le "Stabat Mater". Au disque la version dirigée par René Clemencic avec Diego Fasolis comme chef de chœur. En vidéo, la version du Carmina Kamerkoor.



Tomaso Albinoni (1671-1751)

Concerto pour Hautbois Op. 9 No. 2



Albinoni est considéré comme un compositeur majeur du baroque tardif italien. Il est surtout connu pour ses concertos, parmi lesquels ses œuvres pour un ou deux hautbois ainsi que celles pour violon. 

Contrairement à bon nombre de ses contemporains, Albinoni décide de ne pas se placer au service d'un protecteur ou d'une institution en particulier, mais de mener sa carrière en toute indépendance.

Tomaso Albinoni laisse environ 300 œuvres. Il a composé environ quatre-vingts opéras dont il ne reste pratiquement rien. En effet, près de soixante-dix de ces partitions furent détruites pendant le bombardement de Dresde en février 1945. C'est principalement son œuvre instrumentale qui nous est parvenue, grâce à une publication imprimée.

Clarifions tout de suite ce point: l'adagio d'Albinoni n'est pas d'Albinoni ! Il s'agit en réalité d'une œuvre composée en 1945 par Remo Giazotto et éditée en 1958 à partir du fragment d'une sonate perdue d'Albinoni.

C'est pourquoi il n'apparaît pas dans l'album sélectionné pour illustrer ce compositeur. J'ai plutôt choisi les concertos pour hautbois interprétés par le Collegium Musicum 90 dirigé par Simon Standage.

Le plus célèbre morceau est l'adagio du concerto op. 9 No.2, en voici une version interprétée par Amy Roberts et l'ensemble Epiphany. Le hautbois, dans ce concerto, évoque pour moi le calme de la lagune.




Alessandro Marcello (1673-1747)

Concerto pour hautbois en ré mineur



Alessandro Ignazio Marcello est un écrivain, un philosophe, un compositeur et un mathématicien italien de renom, issu d'une famille de la noblesse vénitienne. Aujourd'hui cependant, on le connaît surtout comme compositeur de musique baroque, de même que son jeune frère Benedetto.

Il compose plusieurs recueils de concertos de soliste, parmi lesquels six furent rassemblés sous le titre de La Cetra (v. 1738), ainsi que quelques cantates. Il publie ses œuvres sous le pseudonyme de Eterio Stinfalico qu'il utilisait à l'Accademia dell'Arcadia. 

Son œuvre la plus connue est le concerto pour hautbois en ré mineur qui a été transcrit par Jean-Sébastien Bach en un concerto pour clavecin (BWV 974), parfois repris à l'orgue.

En voici une version interprétée par Fabien Thouand et l'ensemble I Cameristi della Scala :




Antonio Vivaldi (1678-1741)

Gloria RV 589



Quand on parle de Venise, Antonio Vivaldi est un compositeur incontournable. Je lui ai déjà consacré un article: Vivaldi.

Ici, j'ai sélectionné quelques œuvres de Vivaldi qui illustrent la ville de Venise, lui qui a su si bien la décrire dans sa musique.

Tout d'abord, voici son célèbre Gloria RV 589 interprété par le Concerto Italiano dirigé par Rinaldo Alessandrini. On notera au passage la superbe sonorité des trompettes et le tempo rapide.



Concerto pour violoncelle RV 416



Ensuite j'ai choisi le concerto pour violoncelle RV 416 interprété par Jean-Guihen Queyras et l'Akademie für alte Musik Berlin. Les concertos pour violoncelle sont moins connus que les concertos pour violon, mais méritent une découverte.



Juditha Triomphans


Juditha Triomphans est le chef-d'oeuvre de musique sacrée de Vivaldi et le seul oratorio qui nous soit parvenu. 

Vivaldi composa cette oeuvre en 1716 pour l'Ospedale de la Pieta. L'Ospedale est un hospice pour jeunes filles, et fait unique, Venise permettait aux jeunes filles de jouer de la musique et de chanter à l'église. Cet oratorio est une allégorie de la lutte de Venise, personnifiée par Judith, contre les Turcs, représentés par Holopherne.

J'ai sélectionné la version interprété par Magdalena Kozena sous la direction de Alessandro de Marchi. Dans l'air "Veni, me sequere fida", on entend un chalumeau (petite flûte).



Venice's Fragrance - Concerto pour mandoline RV 425



L'album "Venice's Fragrance" est exceptionnel. Il nous permet d'entendre des airs d'opéras et des concertos de compositeurs vénitiens tels que Traetta, Conti, Vivaldi, Galuppi, Manna, Lotti et Arrigoni, interprétés par la soprano Nuria Rial et l'ensemble Artemandoline, qui comme son nom l'indique comprend des mandolines.

Je vous propose le premier mouvement du concerto pour mandoline RV 425, tellement typique de Venise.



Benedetto Marcello (1686-1739)

Concerto Grosso No. 1



Notre voyage dans la musique vénitienne se termine avec Benedetto Marcello, le frère cadet d'Alessandro.

Il est surtout connu pour sa mise en musique des Psaumes de David, il a également composé des cantates, un opéra, des sonates et des concertos.

Il est également connu pour avoir écrit un pamphlet satirique très amusant intitulé "Teatro alla moda", paru à titre anonyme à Venise en 1720 et dont la cible principale était Antonio Vivaldi, sous le pseudonyme peu équivoque d'Aldiviva. 

J'ai sélectionné son Concerto Grosso No. 1, emprunt d'une certaine gravité.




mercredi 15 décembre 2021

Le Château d'Hérouville

 

Le Château d'Hérouville

Le Château d'Hérouville


Si j'ai souhaité vous parler du Château d'Hérouville, c'est qu'il s'agit d'un studio d'enregistrement mythique des années 70 et 80.

Tout commence en 1962, le compositeur de musiques de films Michel Magne tombe sous le charme de cette bâtisse du XVIIIème siècle qui aurait abrité les amours de George Sand et Frédéric Chopin.

Michel Magne est déjà célèbre pour ses musiques de films, il a réalisé, entre autres, les musiques des films de Georges Lautner: "Les Tontons Flingueurs", "Les Barbouzes", "Ne nous fâchons pas", de la série des "Fantômas", de la série des "Angélique", il va encore réaliser la musique des films de Jean Yanne: "Les Chinois à Paris", "Moi y'en a vouloir des sous", "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".

Malheureusement pour lui, en 1969, un incendie se déclare dans le château, et toute la musique de Michel Magne, ses partitions et ses bandes, disparaît sans sauvegardes.

Michel Magne encaisse le coup, mais ne se laisse pas décourager pour autant. C'est à ce moment qu'il a l'idée de faire construire un studio d'enregistrement dans l'aile sud du château. Ce studio sera appelé "George Sand", mais sera également connu sous le nom anglo-saxon de "Strawberry Studio". 

Comme Hérouville-en-Vexin est à plus de 30km de Paris, Michel Magne a l'idée d'offrir des prestations de restauration et de logement sur place aux artistes qui souhaitent utiliser le studio. Cela fera du château l'un des premiers studios résidentiels au monde et ce qui explique la vie très spéciale que les artistes en résidence ont pu connaître: les années 70 étant surtout des années de liberté, on peut imaginer la vie débridée que vont pouvoir mener les stars dans ce château.

Durant la période où les studios seront actifs (un deuxième studio est créé début 1972), c'est-à-dire de 1970 à 1985, ils vont accueillir un nombre impressionnant de stars du rock et de la pop.

On peut distinguer deux périodes dans la vie des studios: un première période, de 1970 à 1973, où le château est dirigé par Michel Magne et les studios par Dominique Blanc-Francard, puis de 1974 à 1985 où les studios passent sous la houlette de Laurent Thibault.

Si vous êtes intéressés par l'histoire du Château d'Hérouville, je vous recommande les ouvrages suivants:
  • "Les amants d'Hérouville - Une histoire vraie": une bande dessinée très bien documentée de Yann Le Quellec & Romain Ronzeau, qui insiste plus sur la vie et la période Michel Magne.
  • "Hérouville - Le Château Hanté du Rock": un livre de Laurent Jaoui, qui insiste plus sur la période de Laurent Thibault.
Entre 1970 et 1985, plus de 250 albums, dont plusieurs comptent parmi les plus importants de l'histoire de la Pop Culture, ont été enregistrés aux studios d'Hérouville.

Je vous ai concocté une playlist à partir d'une sélection de ces albums.


Voici également une anthologie des albums les plus représentatifs ou les plus célèbres enregistrés durant cette époque. J'ai emprunté les anecdotes aux deux livres cités plus haut.

Gong - Camembert Electrique (1971)


Gong est un groupe de rock progressif composé du guitariste australien Daevid Allen et de musiciens tels que Pip Pyle, Didier Malherbe, Gilli Smyth et Venux. Les membres du groupe vivent en communauté, près de Bernay dans l'Eure. Ils se considèrent comme de vrais Normands, d'où l'idée du titre "Camembert Electrique" pour cet album qui deviendra mythique.

Voici des extraits de leur témoignage à propos de cet enregistrement: "C'est une époque où nous étions des pionniers. [...] Nous défrichions en permanence. Arriver au château a été un choc. Il y soufflait un incroyable esprit de liberté et on y mangeait bien. [...] C'était une époque rebelle, hyper importante. Nous ne voulions plus d'un système moisi. [...] C'était festif et rigolo. Cela plaisait beaucoup à Michel Magne. Nos expérimentations l'intéressaient énormément."

En effet, cet album est carrément décalé, et on peut supposer que les membres du groupe n'ont pas consommé que des substances licites durant l'enregistrement.

Voici un morceau bien représentatif de ce rock psychédélique/space rock: "You can't kill me".


 

Elton John - Honky Château (1972)


Elton John viendra à de nombreuses reprises au Château d'Hérouville, où il enregistrera pas moins de 3 albums.

"Honky Château" est le premier album enregistré au château, et le titre de l'album rend hommage à celui-ci.

Cet album contient deux tubes: "Rocket Man" et "Honky Cat".

J'ai sélectionné "Honky Cat":




T. Rex - The Slider (1972)



Marc Bolan, le leader de T.Rex, et son équipe débarquent au château en 1972 pour enregistrer son nouvel album.

Marc Bolan apparaît, dans les témoignages donnés dans le livre de Jaoui, comme un véritable tyran qui interdit que le moindre repas soit servi à son équipe après le petit déjeuner, obligeant les musiciens à prétexter des pauses pipi afin de déguster en douce des sandwiches dans la cuisine.

Marc Bolan, quant à lui, adore le vin Français et consomme six à sept bouteilles par jour !

Marc Bolan, toujours aussi tyrannique, interdit toujours à ses musiciens de manger, même quand la séance d'enregistrement dure jusqu'à 6 heures du matin !

Marc Bolan se dispute avec l'ingénieur du son d'Elton John, et c'est finalement Laurent Thibault qui réalise le disque: "Vingt jours absolument extraordinaires. Bolan a été adorable et m'a fait une bonne publicité".

Le résultat sera l'album "The Slider". Marc Bolan reviendra pour enregistrer l'album "Tanx" et faire la préparation de l'album "Futuristic Dragon".

J'ai sélectionné le morceau "Metal Guru".




Pink Floyd - Obscured by Clouds (1972)


Décidément le château d'Hérouville attire les groupes de rock progressif. C'est au tour du mythique groupe Pink Floyd de venir en février et mars 1972 enregistrer l'album "Obscured by Clouds" qui est la bande originale du film "La Vallée" de Barbet Schröder.

Voici le titre éponyme typique du style planant de cette époque.




David Bowie - Pin Ups (1973)



Durant la période Michel Magne, David Bowie vient une première fois au château d'Hérouville enregistrer un album de reprises qui s'intitule "Pin Ups".

Il y rend un hommage aux groupes britanniques des années 60 avec des titres des Who, des Pretty Things et des Yardbirds.

Voici une reprise très réussie de "See Emily Play", un morceau des Pink Floyd, période Syd Barrett.


  

David Bowie - Low (1976)


David Bowie revient au château d'Hérouville enregistrer en septembre 1976 le superbe album "Low".

On est passé dans la période Laurent Thibault de gestion du studio. Celui-ci décrit Bowie comme quelqu'un de génial, de très exigeant et un peu vampirique: dès qu'il détecte quelque chose de bien chez quelqu'un il s'en empare et le fait sien.

L'album "Low" est de manière générale assez grave, j'ai choisi le morceau qui me semble le plus "festif" de l'album. Il s'agit de "Sound and Vision".




Iggy Pop - The Idiot (1977)


David Bowie n'est pas venu à Hérouville pour enregistrer uniquement son album "Low". En effet, c'est également lui qui produit l'album de Iggy Pop "The Idiot".

Iggy Pop a quitté les Stooges et démarre une carrière solo. Cet album est très proche dans le concept de l'album de David Bowie. A noter que Laurent Thibault joue de la basse sur cet album.

On y trouve l'hypnotique morceau "Nightclubbing", mais j'ai choisi de vous présenter la version d'Iggy Pop de la chanson "China Girl", car je la trouve exceptionnelle.

Cette chanson sera reprise par Bowie lui-même sur son album "Let's Dance".



Bee Gees - Saturday Night Fever (1977)



Changement total de registre avec l'arrivée des Bee Gees, qui viennent au studio d'Hérouville enregistrer quelques titres de l'album "Saturday Night Fever".

Laurent Thibault a le souvenir de sessions intenses et d'artistes totalement perfectionnistes.

Le producteur du groupe, Albhy Galuten, est extrêmement exigeant. Il fait refaire les voix des dizaines de fois. Les frères Gibb suivent sans rechigner.

Quelques passages (notamment les choeurs de "Staying Alive") sont enregistrés dans le grand escalier du château devenu mythique grâce aux Bee Gees pour son écho et sa réverbération. L'acoustique est excellente. Les trois frères Gibb chantent assis sur les marches. Barry et Maurice sont à la guitare sèche, et Robin à la voix.

Voici le superbe "Night Fever":



Chet Baker - Two a day (1978)



L'album "Two a day" est enregistré en une nuit, le 29 décembre 1978 avec Phil Markowitz (piano), Jean-Louis Rassinfosse (basse) et Jeff Brillinger (batterie).

Cet album a un son superbe, et le génial Chet Baker nous distille avec sa voix et sa trompette une musique intemporelle qui n'en finit pas de nous toucher.

Voici le morceau "Two a day":




Magma - Attakh (1978)



Laurent Thibault, alors bassiste, a participé au groupe Magma, il semble alors normal que le groupe soit venu à plusieurs reprises enregistrer à Hérouville.

C'est le cas en 1978 avec cet album "Attakh".

Le leader du groupe, Christian Vander, est admiré par Laurent Thibault. Vander est un véritable gourou aux goûts musicaux prononcés. Exigeant, intraitable, maniaque, charismatique, il a inventé son propre univers cosmique: une planète imaginaire nommée Kobaia et un véritable langage associé, dans lequel sont interprétées toutes les chansons du groupe.

Le groupe Magma représente un genre musical baptisé Zeuhl, mélangeant art rock, jazz, avant-garde, musique classique, influences des musiques folkloriques d'Europe de l'Est, chant choral et chant lyrique.

Il est clair qu'il faut rentrer dans cet univers déroutant et très moderne. Comme introduction j'ai choisi le morceau "Spiritual", qui n'est pas forcément le plus difficile d'accès.



Jacques Higelin - Champagne pour tout le monde (1979)



Jacques Higelin est venu à de nombreuses reprises à Hérouville (à partir de 1976), et il y a enregistré les albums suivants: "Irradié", "No man's land", "Champagne pour tout le monde", "Caviar pour les autres...", "Aï", ainsi que le mixage de plusieurs concerts.

On notera pour l'anecdote que Marie-Claude Magne, la femme de Michel, fera une tournée avec Jacques Higelin en tant que danseuse.

Parmi tous ces albums, j'ai choisi "Champagne pour tout le monde", qui est pour moi le meilleur album d'Higelin. J'ai sélectionné le morceau "Champagne". Il me semble bien représentatif de l'ambiance du château, à la fois festive et un peu inquiétante, car de nombreuses légendes ont toujours circulé sur le prétendu côté hanté du château.



Patrick Coutin - Coutin (1981)



Patrick Coutin est chroniqueur pour le magazine Rock & Folk lorsqu'il couvre les séances d'enregistrement du groupe Magma. Il sympathise avec Laurent Thibault et lui confie une cassette de démo. Laurent lui dit qu'il y a encore du travail à faire, mais lui propose de travailler avec lui dès qu'une place se libère au studio.

En Juin 1979, Higelin interrompt l'enregistrement de son album, une place se libère et Laurent convie donc Patrick Coutin à travailler sur son album qui contient en particulier le morceau "J'aime regarder les filles".

A cette époque, Patrick Coutin continue de se produire sur scène avec son groupe Reporter. Il propose son album à plusieurs maisons de disques, mais elles refusent toutes de le sortir.

Le journaliste Daniel Lesueur entend le groupe et accroche immédiatement. Il convainc CBS de sortir l'album. Finalement, l'album sort le 21 Mars 1981.

Les radios refusent de diffuser le titre "J'aime regarder les filles" à cause des paroles: "la poitrine gonflée par le désir de vivre".

Mais, en 1981, François Mitterand est élu, et il libère les ondes. Les radios libres arrivent et ne craignent plus la censure. Le titre explose durant l'été 81.

Il semble que "J'aime regarder les filles" a complètement occulté les autres titres de l'album. Or il y a vraiment de très bons morceaux sur cet album: "Lady Mandrax", "400 millions de kilomètres", "Une fille comme ça" ou "Katie change de vie". Je recommande vivement de redécouvrir cet artiste.

Néanmoins, je ne pouvais pas manquer de sélectionner le fameux titre "J'aime regarder les filles" !






Fleetwood Mac - Mirage (1982)



Je termine cette anthologie par l'album "Mirage" enregistré par Fleetwood Mac en 1982 au château d'Hérouville.

Laurent Thibault partage dans le livre de Laurent Jaoui un certain nombre d'anecdotes pas tristes: le groupe arrive avec ses cinq membres (dont deux ex-couples) et une trentaine d'amis. Selon Laurent, les Fleetwood Mac sont ceux qui boiront le plus au château ce qui n'est pas une mince performance: entre autres, douze bouteilles de Dom Perignon par jour.

Toute la décoration du château a été refaite, en fonction des goûts du groupe, avant leur arrivée. Le groupe rachètera d'ailleurs tous les meubles après leur séjour.

Le groupe loue des voitures, la plupart finiront dans le fossé, tout le monde ne supporte pas l'alcool aussi bien que Mick Fleetwood ! Ce dernier est un géant qui fracassera son lit le premier soir et dormira durant tout le séjour dans un lit brisé.

Mis à part ces anecdotes amusantes, l'album enregistré est superbe et même s'il ne connaît pas le succès de l'album "Rumours" (album précédent du groupe enregistré en 1977), il distille son lot de pépites.

J'ai sélectionné le morceau "Gypsy" qui met en valeur la voix de Stevie Nicks.