mercredi 21 octobre 2020

Louis XIV et la musique

 

Louis XIV

Portrait de Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud, 1701


Louis XIV


Louis XIV est né le 5 septembre 1638 au château Neuf de Saint-Germain-en-Laye et mort le 1er septembre 1715 à Versailles. Son règne de 72 ans est l'un des plus longs de l'histoire d'Europe et le plus long de l'histoire de France.

Si j'ai souhaité consacrer un article à Louis XIV c'est que pendant son long règne il s'est révélé être un mécène de tous les arts, et il ne faut pas oublier que dans sa jeunesse il fut un excellent danseur et qu'il a même utilisé ses représentations au sein de la cour pour affirmer son rôle prépondérant auprès de la noblesse: le roi qui danse se pose en vrai "Roi Soleil", une sorte d'Apollon du XVIIème siècle.

A son époque, les principaux artistes qu'il soutient sont:
  • en littérature et théâtre: Molière, Racine, Boileau, Corneille, La Bruyère
  • en musique: Lully, Campra, Marais, Charpentier, De Lalande
  • en peinture: Charles Le Brun, Philippe de Champaigne
  • en sculpture: il invite Le Bernin en France
  • pour les jardins: Le Nôtre et Le Vau
  • en architecture: Hardouin-Mansart
Je vous propose une anthologie chronologique d'œuvres qui ont ponctué les grands événements de la vie de Louis XIV ou bien que j'ai choisies pour la beauté que je leur ai trouvée. Comme toujours il s'agit d'un choix subjectif, et il est bien évident que je suis très loin de citer toutes les œuvres de cette époque qui méritent d'être mentionnées.

J'ai tiré de cette sélection une playlist disponible sur les principales plateformes.


 

1639 - Giovanni Rovetta - Messe pour la naissance de Louis XIV



Né, après presque vingt-trois ans de mariage stérile entre Louis XIII et Anne d'Autriche, ponctué de plusieurs fausses couches, la naissance inattendue de l'héritier du trône est considérée comme un don du ciel, ce qui lui vaut d'être prénommé Louis-Dieudonné.

En remerciement à la Vierge pour cet enfant à naître, le roi signe le Vœu de Louis XIII, consacrant le royaume de France à la Vierge Marie, et faisant du 15 août un jour férié dans tout le royaume.

Giovanni Rovetta, musicien vénitien, maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise compose, dans un style influencé par Monteverdi, une messe cérémoniale en l'honneur de la naissance du dauphin. En voici le Kyrie:




1653 - Jean de Cambefort - Le Ballet Royal de la Nuit



Après cinq années de “Fronde”, le principal ministre Mazarin et Anne d’Autriche imposent leur régence face à une aristocratie et des parlements contestataires, qui voyaient dans la minorité du jeune Louis XIV, une occasion d’accroître leur pouvoir.

Le Ballet royal de la Nuit est né, le 23 février 1653, d'une volonté unificatrice. Le royaume de France, et sa noblesse en particulier, a besoin d’un signe fort : le ballet aux dizaines d'entrées, ponctuées des danses du roi et de son frère, doit marquer les esprits. La dernière entrée, surtout, se veut hautement symbolique : Louis XIV y figure le soleil levant.

Ecrit sur des vers d'Isaac de Benserade, la musique du Ballet royal de la nuit a été principalement écrite par Jean de Cambefort, compositeur et chanteur à la cour. On suppose que quelques pièces ont été également composées par Jean-Baptiste Lully et Jean-Baptiste Boësset.

Il est à noter qu'en 2017 l'ensemble Correspondances dirigé par Sébastien Daucé en donne un version reconstituée agrémentée de musiques de Boësset, Lambert, Cavalli et Rossi. Une interprétation d'exception, dont voici en extrait l'Ouverture du ballet:



1660 - Les Noces Royales de Louis XIV



Le 9 juin 1660, le mariage du roi de France Louis XIV et de l’infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche est l’occasion d’une fête sans précédent. Scellant définitivement la paix entre deux monarchies catholiques opposées depuis des siècles, il voit le jeune monarque de 21 ans entreprendre un voyage de treize mois pour traverser et découvrir son royaume – un tour de France de 3 200 kilomètres, accomplis en 95 étapes, impliquant 15 000 personnes et 8 000 chevaux, pour aboutir à une cérémonie célébrée en grande pompe dans la ville basque de Saint-Jean-de-Luz, près de la frontière espagnole.

Vincent Dumestre à la tête de son ensemble Le Poème Harmonique tente de reconstituer le programme musical de ces noces dans un album musical qui est un vrai festin.





1662 - Francesco Cavalli - Ercole Amante



Louis XIV est sacré le 7 juin 1654 en la cathédrale de Reims par Simon Legras, évêque de Soissons. Il laisse les affaires politiques à Mazarin, tandis qu'il continue sa formation militaire auprès de Turenne.

Le 7 novembre 1659, les Espagnols acceptent de signer le traité des Pyrénées, qui fixe les frontières entre la France et l'Espagne. De son côté, Louis XIV consent, bon gré mal gré, à respecter une des clauses du traité : épouser l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, fille de Philippe IV, roi d'Espagne, et d'Élisabeth de France. 

Le mariage a lieu le 9 juin 1660 en l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz.

L’opéra "Ercole amante" (Hercule amoureux) fut commandé par Mazarin pour les noces de Louis XIV et Marie Thérèse.  Pour la représentation, une salle, gigantesque vaisseau de bois destiné à contenir six à sept mille personnes, fut construite dans le prolongement du château des Tuileries.

A cause des retards dans la construction du théâtre, puis de la mort de Mazarin (le 9 mars 1661), l’opéra, en un prologue et cinq actes, n’y fut créé que le 7 février 1662, par la troupe des chanteurs italiens du cardinal Mazarin, sous la direction de Cavalli, mêlé de ballets de Jean-Baptiste Lully, sur des textes de Bensérade, qui avaient pour sujet l’origine et la grandeur de la Maison de France. 

Voici un court extrait interprété par l'ensemble Pygmalion dirigé par Raphaël Pichon:




1664 - Jean-Baptiste Lully - Les plaisirs de l'île enchantée



La recherche de gloire chez Louis XIV ne passe pas seulement par la politique et la guerre : elle inclut les arts, les lettres et les sciences ainsi que la construction de palais somptueux et des spectacles à grand déploiement.

C'est en 1662 que Louis XIV démarre les travaux de construction du château de Versailles.

Alors que les travaux du château n'ont commencé que depuis deux ans, Louis XIV donne sa première grande fête pour un public de 600 invités : Les Plaisirs de l’Île enchantée. 

Officiellement dédiée à Anne d'Autriche et Marie-Thérèse, elle n'a en réalité d'autre objet que de célébrer ses retrouvailles avec Mlle de La Vallière et de présenter à la Cour la maîtresse en titre. Elle dure une semaine, du 7 au 13 mai 1664. Les deux artisans principaux de la fête sont Molière et Lully. 

Voici un extrait de la première journée, le défilé des saisons, interprété par Skip Sempé:




1670 - Jean-Baptiste Lully - Le Bourgeois Gentilhomme



En 1661, Lully est nommé surintendant de la musique du roi et l'année suivante maître de musique de la famille royale.

À partir de 1664, Lully travaille régulièrement avec Molière, qui le surnomme le paillard. Il crée ainsi la comédie-ballet, sans cependant renoncer aux ballets de cour. 

Les pièces de Molière sont alors une combinaison de comédies, de ballets et de chants.

En 1670, Lully met en musique Le Bourgeois gentilhomme et sa turquerie. En voici l'un des passages les plus célèbres: la "Marche pour la cérémonie des Turcs", interprétée par Jordi Savall:




1670 - André Danican Philidor - La Marche des Mousquetaires



Entré le 12 octobre 1659 à la Grande Écurie du roi en tant que joueur de cromorne (une sorte de hautbois) et de trompette marine, Philidor l’aîné devient hautbois des Mousquetaires de 1667 à 1677. À ce titre, il suit le roi dans la plupart de ses campagnes de Flandres (notamment au siège de Maastricht le 10 juin 1673), Franche-Comté, Lorraine et Alsace. 

Il se spécialise alors dans la composition de marches militaires destinées à accompagner les troupes. Voici la Marche des Mousquetaires interprétée par La Simphonie du Marais dirigée par Hugo Reyne:




1677 - Jean-Baptiste Lully - Isis



Isis est une tragédie lyrique en cinq actes sur un livret de Philippe Quinault, représentée pour la première fois à Saint-Germain-en-Laye le 5 janvier 1677.

A noter qu'Isis entraîna la disgrâce de Philippe Quinault. Il fut chassé de la cour et du théâtre pendant deux ans. En effet, Madame de Montespan se reconnut en Junon et crut reconnaitre Mademoiselle de Ludres, la maîtresse du roi du moment, dans le personnage de Io et Isis. Toute la cour en fit des gorges chaudes et Mademoiselle de Ludres quitta la Cour l'année suivante.

La musique en est tout à fait réussie, en voici un extrait tiré du film de Gérard Corbiau "Le Roi danse" avec Benoît Magimel dans le rôle de Louis XIV. Il s'agit de l'air "C'est lui dont les dieux ont fait choix":




1677 - Jean-Baptiste Lully - Te Deum



Durant l'été 1677, Lully compose un Te Deum qui va marquer l'Histoire. Cette œuvre sacrée, il l'écrit pour le baptême de son premier enfant et le parrain n'est autre que Louis XIV en personne !

La musique est à la hauteur de l'événement : une architecture colossale, un effectif de musiciens imposant, sans oublier les trompettes et les timbales.

Lully écrit son Te Deum en quelques semaines en cet été 1677. Et la création a lieu à Fontainebleau.

Dix ans plus tard, Lully dirige à nouveau son Te Deum pour fêter la guérison du roi. Est-ce de l'impatience ou de l'énervement, toujours est-il qu'il se donne un violent coup au pied avec la canne qu'il utilise pour diriger. Cela lui sera malheureusement fatal : la gangrène s'installe, Lully refuse de se faire amputer et meurt deux mois plus tard.

Ce Te Deum est une œuvre magnifique, et je vous le propose dans son intégralité sous la direction d'un spécialiste de la musique française du XVIIème siècle: William Christie.




1690 - Michel-Richard de Lalande - Dies Irae



Michel-Richard de Lalande a composé, pour le roi Louis XIV, essentiellement de la musique religieuse (des motets inspirés de textes latins tirés des Psaumes) mais aussi des divertissements, des pastorales et des ballets.

En 1690, il compose le motet Dies irae à la suite du décès de la dauphine Marie Anne Victoire de Bavière épouse du dauphin Louis de France fils de Louis XIV.

A noter que ce motet sera rejoué le 18 avril 1712, lors d'un office célébré à l'abbaye royale de Saint-Denis, en mémoire du Dauphin de France, décédé de la variole en 1711. La même année, de Lalande perd deux filles, le roi lui aurait dit: « Vous avez perdu deux filles qui avaient bien du mérite ; Moy, j'ay perdu Monseigneur. La Lande, il faut se soumettre »

Voici cette œuvre émouvante dirigée par Raphaël Pichon à la tête de l'ensemble Pygmalion:




1692 - Marc-Antoine Charpentier - Te Deum en ré majeur H.146



Marc-Antoine Charpentier est un des plus grands compositeurs français du XVIIème siècle. Bien qu'il ait occupé des postes prestigieux durant toute sa carrière, peu de témoignages de ses contemporains nous sont parvenus et l’homme reste étonnamment énigmatique. Dix-huit ans passés au service de la duchesse de Guise n'y changent rien.

Ainsi, on ne sait pas grand chose de la création de son fameux Te Deum, dont la partition n'a été redécouverte qu'en 1953. Cette œuvre a pu être composée pour célébrer la victoire des Français à Steinkerque.

Il est clair que par sa beauté et sa grandeur le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier concurrence celui de Lully. Le voici, également sous la baguette de William Christie:




1697 - André Campra - L'Europe Galante



André Campra est un compositeur français, baptisé à Aix-en-Provence le 4 décembre 1660 et mort à Versailles le 29 juin 1744. Chronologiquement situé entre Jean-Baptiste Lully et Jean-Philippe Rameau, il a participé au renouveau de l'opéra français.

Avec L'Europe galante, Campra s'affirme comme le vrai créateur de l'opéra-ballet.

L'argument en est la dispute entre Vénus et la Discorde pour la suprématie sur l'Europe. Le prologue est suivi de quatre histoires évoquant l'attitude des peuples européens face à l'amour : bergers et bergères concluent l'entrée de la France ; puis vient l'entrée de l'Espagne ; puis celle de l'Italie avec une évocation des bals masqués vénitiens ; enfin celle de la Turquie avec un sérail peuplé de sultanes et de bostangis.

L'œuvre fut représentée pour la première fois le 24 octobre 1697 au Palais-Royal, par la troupe de l'Académie royale de musique.

Voici, en extrait, l'ouverture interprétée par Gustav Leonhardt et La Petite Bande:




1701 - Marin Marais - Les Folies d'Espagne



En 1701, Marin Marais publie son Deuxième livre de pièces de viole. Dans ce livre, comme dans les trois qui suivront, Marais donne un vrai rôle dialoguant à la basse continue qui accompagne la viole de gambe soliste. S'inspirant des pièces à deux violes esgales, les interprètes de cet album proposent une version pour deux violes, où chaque instrument alterne le rôle de soliste et le rôle d'accompagnement de la basse continue.

J'ai eu la chance de voir en concert Mathilde Vialle et Myriam Rignol (lors de l'édition 2023 du festival des Promenades Musicales du Pays d'Auge, dans le cadre intime de la chapelle Notre-Dame de Grâce à Equemauville). Ces deux musiciennes ont donné une prestation remarquable qui les place sans conteste parmi les meilleurs interprètes de ce répertoire. Je recommande donc chaudement leur album. 

Le point d'orgue en est les "Couplets de Folies" de Marin Marais, dans lesquels il fait appel à toute la virtuosité de l'interprète. Cette œuvre est inspirée de la célèbre danse apparue au Portugal appelée "Folia" ou "Follia" ou "Folies d'Espagne" car la musique était tellement rapide qu'elle faisait tourner la tête des danseurs, et qui a connu, jusqu'à nos jours, de très nombreuses versions.

Sous Youtube, on ne trouve pas la version du disque, mais je vous propose le spécialiste historique de ce répertoire: Jordi Savall.





1703-1713 - Michel-Richard de Lalande - Symphonies pour les soupers du Roy



De Lalande n'a pas composé que des motets, il a également composé de nombreuses symphonies. Il ne s'agit d'ailleurs pas d'une dénomination désignant la forme musicale mais uniquement un ensemble instrumental.

C'est en 1689 que Delalande fut nommé surintendant de la musique à la chambre du roi. Il commença à composer des suites instrumentales pour agrémenter les soupers royaux. En 1703, il fit paraître dix suites, et en ajouta trois nouvelles en 1713. Le Concert de trompettes marquait l'entrée du roi.

La composition de ces symphonies s'étale sur plus de dix ans, et représente au total près de cinq heures de musique. En écoutant cette œuvre on remarque l'influence qu'elle a pu avoir sur des compositeurs comme Haendel lorsqu'il compose sa fameuse Musique pour les feux d'artifice royaux.

En voici une version interprétée par Hugo Reyne dirigeant La Simphonie du Marais:




1706 - Marin Marais - Alcyone



Marin Marais est un violiste (ou gambiste) et compositeur français de la période baroque, né en 1656 à Paris, où il est mort le 15 août 1728.

Un roman de Pascal Quignard lui est consacré: "Tous les matins du monde", à partir duquel Alain Corneau réalise un film célèbre.

Alcyone (ou Alcione) est considéré comme le chef-d'œuvre de Marin Marais. Le livret d'Antoine Houdar de La Motte, est basé sur le mythe grec de Ceix et Alcyone tel que le raconte Ovide dans ses Métamorphoses.

La représentation a lieu à Marly, le lieu de plaisance privilégié de Louis XIV.  Le monarque s’y rend souvent, au détour d’une partie de chasse ou d’une balade, et ses séjours ne cessent de s’allonger au fil du règne, de quelques jours dans les années 1680 et 1690 à plus de deux semaines dans les années 1700.

Voici l'ouverture d'Alcione interprétée par Jordi Savall et le Concert des Nations:



 

1711 - Marin Marais - Livre III de Pièces pour Violes



Comme nous l'avons vu, Marin Marais reste un des plus illustres gambistes de son époque.

Voici la suite en sol majeur extraite du Livre III, interprétée par Romina Lischka (viole de gambe) et Maude Gratton (clavecin):




Antoine Forqueray - Jupiter



Antoine Forqueray, né à Paris en septembre 1672 et décédé à Mantes-la-Jolie le 28 juin 1745 à l'âge de 71 ans, est un gambiste et compositeur français.

Il eut l'honneur, très jeune, de jouer de la basse de violon devant Louis XIV et celui-ci demanda qu'on enseignât la viole au jeune musicien. 

Devenu gambiste virtuose, il est nommé musicien ordinaire de La Chambre du Roy Louis XIV en 1689.

Marin Marais et Antoine Forqueray ont été, à égalité, considérés par leurs contemporains comme les deux plus grands virtuoses de la viole.

D'un caractère exécrable il a manifesté sa vindicte, suite à son divorce, vis-à-vis de son fils Jean-Baptiste. Celui-ci ne fut pas rancunier, et malgré tout, transcrivit pour le clavecin de nombreuses œuvres de son père. Editées bien après leur composition, il n'est pas facile de dater celles-ci.

J'ai sélectionné le morceau "Jupiter" qui date certainement des années 1700. Il pourrait être considéré comme une évocation de Louis XIV lui-même. En voici une superbe interprétation par Jean Rondeau au clavecin et Thomas Dunford au luth:




1713 - François Couperin - La Villers



François Couperin, né le 10 novembre 1668 à Paris et mort le 11 septembre 1733 à Paris est considéré comme le maître du clavecin. Une anthologie de la musique du temps de Louis XIV ne pouvait pas l'omettre.

J'ai sélectionné une pièce extraite de son Premier Livre de clavecin interprétée par Laurence Boulay: La Villers, qui tire son nom du dédicataire Christophe-Alexandre Pagot de Villers.




1715 - André Danican Philidor - Marche funèbre pour le convoi du Roy



L'année 1715 marque la fin du règne de Louis XIV. Celui-ci se termine dans une profonde tristesse du roi qui voit disparaître successivement tous ses fils, ses petits-fils et ses arrière-petits-fils, tous sauf un: Louis duc d'Anjou, le futur Louis XV. 

Le 1er septembre 1715, aux alentours de 8 h 15 du matin, le roi meurt d'une ischémie aiguë du membre inférieur, causée par une embolie liée à une arythmie complète, compliquée de gangrène, à l'âge de 76 ans.

Philidor compose la musique funèbre pour le convoi du Roy. En voici une version interprétée par Hugo Reyne à la tête de la Simphonie du Marais:



Le règne de Louis XIV représente une période féconde et éblouissante dans tous les arts.



Traveling Wilburys

 

Traveling Wilburys

Traveling Wilburys


Si comme moi vous étiez passés à côté de ce supergroupe, c'est l'occasion de corriger le tir. 

En effet, en 1988 George Harrison demande à Bob Dylan s'il peut utiliser son studio à Malibu, pour enregistrer le titre "Handle with Care" qui doit finir sur une face B. 

Bob Dylan est accompagné par des musiciens célèbres, ils se réunissent tous dans le studio, et ce qui devait être une face B, devient le premier tube d'un supergroupe qui se forme pour l'occasion. Il est constitué de Bob Dylan, Jeff Lynne, Tom Petty, George Harrison et Roy Orbison.

Si j'ai choisi de vous parler de ce groupe c'est qu'en deux albums seulement ils ont sorti un nombre de perles étonnant, avec un mélange de voix fabuleux: entre les voix douces de George Harrison et Roy Orbison et les voix nasillardes de Bob Dylan et Tom Petty. 

Les Traveling Wilburys c'est un mélange détonnant de styles: on y entend les Beatles, Electric Light Orchestra, le folk de Bob Dylan, le rock sudiste de Tom Petty, les harmonies vocales de Roy Orbison.


Traveling Wilburys Vol. 1 (1988)



C'est donc en 1988 que sort la première galette, elle connaît un succès international.

Voici le premier hit du groupe "Handle with Care":


Dans la même lignée, et tout aussi excellent, voici le clip de "End of the Line":



Voici un clip totalement déjanté pour le titre "Last Night":




Traveling Wilburys Vol. 3 (1990)


Malgré la mort de Roy Orbison en 1988, le groupe continue et sort un deuxième album en 1990. Peut-être en hommage à Roy Orbison ils l'appellent volontairement Vol. 3.

Si vous aimez ces artistes, je vous engage fortement à écouter ces deux albums, c'est un vrai régal.

On continue avec "Inside Out":



Voici le clip de "She's My Baby":


On termine avec un morceau plein d'humour qui déménage bien, le "Wilbury Twist", et si vous vous demandez comment on doit le danser, toutes les indications sont fournies dans le livret de l'album ! 





mardi 20 octobre 2020

Tom Petty and the Heartbreakers

 

Tom Petty

Tom Petty


Tom Petty et son groupe les Heartbreakers a démarré sa carrière en 1976. Le groupe s'arrête malheureusement en 2017 avec la mort de Tom Petty, victime d'une crise cardiaque due à un médicament.

J'ai souhaité consacrer un article à cet artiste élégant et attachant, un des grands du rock sudiste américain. Originaire de Floride, Tom Petty nous livre un rock fin et racé, avec des musiciens qui ont un sacré calibre. On s'attache à sa voix traînante et un peu nasillarde.

Plus connu dans les pays anglo-saxons qu'en France, c'est l'occasion de le faire découvrir à certains, et de vous faire apprécier quelques-uns de ses meilleurs titres.

Tom Petty a sorti 13 albums studio avec les Heartbreakers et 3 albums solo.

Voici ma sélection.

You're gonna get it (1978)


Extrait du second album du groupe paru en 1978, j'ai sélectionné le titre "I need to know". En voici une version live dans laquelle Tom Petty est accompagné par Stevie Nicks (de Fleetwood Mac) avec laquelle il a collaboré plusieurs fois:




Damn the torpedoes (1979)



En 1979, Tom Petty and the Heartbreakers sortent l'album qui est, à mon avis, un des meilleurs album du groupe: "Damn the torpedoes".

On trouve sur cet album des titres fameux comme "Refugee", "Even the losers" ou "Don't do me like that". J'ai choisi une version live de "Refugee", un morceau exceptionnel:



Stevie Nicks - Bella Donna (1981)



En 1981, Stevie Nicks sort son premier album et produit plusieurs tubes dont un duo mémorable avec Tom Petty intitulé "Stop draggin' my heart around":



Southern Accents (1985)


Le sixième album de Tom Petty and the Heartbreakers s'intitule "Southern Accents" et est à nouveau un excellent album. Je vous propose d'écouter le titre éponyme, une belle ballade:



Full moon fever (1989)



En 1989, Tom Petty sort son premier album solo, et c'est une réussite. On y retrouve des morceaux comme "Free Fallin", "I won't back down" et "A face in the crowd".

Voici le clip officiel de "A face in the crowd":


Et celui de "I won't back down" avec, excusez du peu, Ringo Starr, George Harrison et Jeff Lynne (d'Electric Light Orchestra) en guest stars:



Into the great wide open (1991)



Nouvel album de Tom Petty et nouveau tube, cette fois il s'agit d'un des morceaux les plus célèbres: "Learning to Fly". Voici une version live avec Stevie Nicks dans les choeurs:



Greatest Hits (1993)


En 1993, Tom Petty sort une première compilation sur laquelle on peut entendre des titres inédits tels que "Mary Jane's Last Dance". En voici une excellente version live de 2006:



Wildflowers (1994)



En 1994, Tom Petty sort l'album "Wildflowers", mais le titre que j'ai choisi est absent de l'album, il n'a pas été sélectionné. Il faut attendre 2020 et la publication d'un box set de 4 CDs intitulé "Wildflowers and the Rest" qui reprend l'album "Wildflowers" et de nombreux inédits pour avoir sur l'album le titre "Leave Virginia Alone". Tom Petty a sorti un clip superbe visuellement:



Hypnotic Eye (2014)


En 2014, Tom Petty sort son dernier album. Voici en extrait un des singles sélectionnés l'excellent "American Dream Plan B" en version live:



lundi 19 octobre 2020

Saint-Saëns (Camille)

 

Camille Saint-Saëns

Camille Saint-Saëns


Camille Saint-Saëns, né à Paris le 9 octobre 1835 et mort à Alger le 16 décembre 1921, est un pianiste, organiste et compositeur français de l'époque post-romantique. Il a écrit douze opéras, dont le plus connu est "Samson et Dalila" (1877), de nombreux oratorios, cinq symphonies, cinq concertos pour piano, trois pour violon et deux pour violoncelle, des compositions chorales, de la musique de chambre et des pièces pittoresques, dont Le Carnaval des animaux. 

Camille Saint-Saëns a été victime de sa longévité : en effet, c’est un enfant prodige qui donne son premier concert à 11 ans (jouant un concerto pour piano de Mozart), ensuite il encourage la nouvelle génération de musiciens : Liszt, Schumann et Wagner et sa musique est novatrice. Mais, à la fin de sa vie, sa musique est alors considérée comme trop académique et les jeunes musiciens comme Debussy ou Ravel éprouvent du mépris pour ses œuvres. 

Cette désaffection continue de frapper Saint-Saëns en France car il est très peu joué au concert, alors que ce n’est pas le cas à l'étranger. Je trouve cet ostracisme totalement injuste et je pense qu’il faut redécouvrir Saint-Saëns. C'est à l'occasion de la parution d'un de ses opéras méconnus que j'ai choisi de vous livrer ma sélection de ses œuvres.

Camille Saint-Saëns a écrit plus de 600 œuvres. Parmi celles-ci, j'ai sélectionné mes 50 œuvres préférées dans des interprétations prestigieuses et j'ai créé une playlist.

On y retrouve ses œuvres les plus connues: 
  • Le Carnaval des Animaux, 
  • La Symphonie No. 3 avec orgue dirigée par Daniel Barenboïm 
  • Les concertos pour piano dans lesquels Alexandre Kantorow et Bertrand Chamayou se tirent la bourre pour atteindre le plus haut niveau.
A côté des œuvres connues, j'ai choisi de vous faire découvrir les 15 œuvres suivantes, qui restent aujourd'hui largement méconnues:
  • La Symphonie "Urbs Roma"
  • La Tarentelle pour flûte, clarinette et orchestre Op. 6
  • Introduction et rondo capriccioso Op. 28
  • Orient et Occident Op. 25
  • L'Ouverture de la Princesse Jaune Op. 30
  • Allegro appassionato pour violoncelle et orchestre Op. 43
  • Le Timbre d'Argent
  • Le Requiem Op. 54
  • La Jota Aragonese Op. 64
  • Wedding Cake Op. 76
  • Proserpine
  • Africa Op. 89
  • La Fantaisie pour Harpe Op. 95
  • L'assassinat du duc de Guise Op. 128 (une des premières musiques de films)
  • La Muse et le Poète pour violon, violoncelle et orchestre Op. 132

Voici les liens vers la playlist.

Spotify:
Qobuz:
Apple Music:
Deezer:



Le Timbre d'Argent


Je commence donc cette anthologie par cet opéra jusque-là inédit au disque. En effet, il faut attendre le mois d'août 2020 pour voir enfin sortir, à l'initiative du formidable éditeur le Palazzetto Bru Zane, cet opéra méconnu de Saint-Saëns, "Le Timbre d'Argent".

Cet opéra a été composé en 1864-1865 par Saint-Saëns et il s'inscrit dans la grande tradition de l'opéra romantique français, dans le même style que "Les Contes d'Hoffmann" d'Offenbach. A noter que les deux opéras ont les mêmes librettistes.

La particularité de cet opéra est de nous entraîner dans un conte fantastique. En effet, "Le Timbre d'Argent" nous raconte l'histoire de Conrad un peintre raté qui est tombé amoureux d'une danseuse et qui rêve de pouvoir lui payer tout ce qu'elle souhaite. Un personnage diabolique propose alors à Conrad de gagner tout l'or qu'il souhaite. A cette fin, il lui donne un timbre d'argent. Chaque fois que Conrad frappe sur le timbre, il obtiendra de l'or, mais une personne inconnue mourra. Le timbre diabolique tuera le père de la fiancée de Conrad, ainsi que son meilleur ami. A la fin de l'opéra, Conrad se réveille pour découvrir qu'il ne s'agissait que d'un long cauchemar !

La musique de cet opéra est d'une grande finesse symphoniste, et Saint-Saëns a su créer une ambiance fantastique et romantique à souhait. 

Le chef d'orchestre François-Xavier Roth à la tête de l'orchestre Les Siècles et du chœur Accentus, accompagné de très bons solistes nous en livre une version enthousiasmante. 

Voici un extrait de l'acte II: Troisième tableau. Finale (Suite) . Vivat ! vive le vin.




Le Carnaval des animaux



Je poursuis avec l’œuvre certainement la plus connue du compositeur : « Le Carnaval des Animaux ». 

Je pense que si on disait à Saint-Saëns que son œuvre la plus connue était « Le Carnaval des Animaux » il en serait très fâché, dans la mesure où il n’a pas composé cette œuvre pour qu’elle soit jouée en public : de son vivant il en avait interdit l’exécution, à l’exception du "Cygne". 

Quand j’écoute « Le Carnaval des Animaux », je retrouve mon âme d’enfant, et je suis emporté par l’humour et la fantaisie des différents morceaux, avec une mention spéciale pour « Les Pianistes » qui est une parodie de cette drôle d’espèce animale qui fait des gammes interminables. 

Dans cette œuvre Saint-Saëns multiplie les citations en particulier dans « Fossiles » où il s’auto-parodie en citant, "La Danse Macabre", "J'ai du bon tabac", puis le Barbier de Séville de Rossini,  et "Ah vous dirais-je maman". 

"Le Cygne" déroule sa sublime mélodie au violoncelle avec le piano qui symbolise les rides de l’eau sur l’étang. Enfin, on finit en beauté avec le final qui cite les principaux extraits de l’œuvre. 

Il existe une compilation intitulée « Best of Saint-Saëns » chez EMI qui nous livre une version de grande qualité du « Carnaval des Animaux » interprété, entre autres, par Aldo Ciccolini et Alexis Weissenberg au piano, toute l'équipe étant dirigée par Georges Prêtre. 

Cet album contient également d’autres œuvres célèbres de Saint-Saens : « Introduction et rondo capriccioso », « La Danse Macabre », « Phaeton », « Le Rouet d’Omphale », « La Havanaise » et la Bacchanale de « Samson et Dalila ».

Sur Youtube, j'ai sélectionné une version live interprétée par le Zagreb Music Academy Chamber Orchestra:



En 2021 sort une nouvelle version du Carnaval des Animaux, avec Alex Vizorek en récitant qui nous a concocté une petite histoire pour les enfants (et les parents). A consommer sans modération !


 


Symphonie No. 3 avec Orgue



Saint-Saëns a composé cinq symphonies, mais uniquement trois sont numérotées. En effet, celui-ci a renié deux de ses symphonies : la symphonie en la majeur, composée à 15 ans, et la symphonie en fa majeur « Urbs Roma » composée à 21 ans entre la 1ère et la 2ème. Je pense que cette dernière mérite une redécouverte. 

Il faut bien reconnaître que parmi ses symphonies, toutes sont éclipsées par la Symphonie No. 3 avec orgue, qui est certainement une des œuvres les plus célèbres de Saint-Saëns.

L’œuvre a été composée entre 1885 et 1886 et est dédiée à son ami Franz Liszt décédé le 31 juillet 1886. 

L’œuvre est constituée de deux mouvements, mais chaque mouvement est constitué de deux parties. L’orgue intervient uniquement dans les deuxième et quatrième parties et ne peut pas être considéré comme un instrument soliste, il s’intègre plutôt à l’orchestre. 

Il existe de très nombreuses versions de cette très belle partition. Après une écoute approfondie de quelques versions que je connais, mon choix se porte sur celle dirigée par Daniel Barenboïm à la tête du Chicago Symphony Orchestra, avec Gaston Litaize à l’orgue. 

Pour ceux qui sont intéressés par l’intégrale des symphonies, il n’en existe à ma connaissance qu’une seule version, il s’agit de celle de Jean Martinon à la direction de l’Orchestre National de l’ORTF. Cette intégrale a le mérite de proposer les cinq symphonies de Saint-Saëns, l’interprétation est de haut niveau, et ces symphonies méritent vraiment d'être écoutées.

En voici une version dirigée par Mariss Jansons avec Iveta Apkalna à l'orgue:




Concerto pour Piano No. 5 "Egyptien"




Saint-Saëns a composé cinq concertos pour piano qui se caractérisent par leur grande virtuosité dans la plus pure tradition romantique. Parmi ces concertos se distingue le concerto No. 5 « Egyptien », ainsi appelé car Saint-Saëns l’a composé lors d’un séjour à Louxor. 

Ce concerto se caractérise par sa grande difficulté technique. Dans le deuxième mouvement apparaît un thème basé sur une chanson d'amour nubienne que Saint-Saëns aurait entendu dans la bouche du batelier qui le faisait naviguer sur le Nil. 

Le 3ème mouvement « molto allegro » est d’un grand dynamisme et nous fait entendre au côté de thèmes tout à fait occidentaux, un thème vaguement orientaliste qui n’est pas sans évoquer le thème de « Sur un marché persan » d’Albert Ketelbey. 

En 2018, sort un formidable album interprété par Bertrand Chamayou au piano, accompagné par l’Orchestre National de France dirigé par Emmanuel Krivine. Cet album contient les concertos Nos 2 & 5, et se hisse dès à présent au sommet de la discographie. 

A noter, pour ceux qui sont intéressés par une intégrale des concertos la très recommandable version d’Anna Malikova.

En voici le finale dans la version de Bertrand Chamayou, dont les notes volent littéralement:




Cavatine pour Trombone - Sonate No. 2 pour Violoncelle et Piano



Saint-Saëns a composé de très belles pièces de musique de chambre, en particulier des sonates pour instruments à vent et piano, dont l’étonnante cavatine pour trombone ténor et piano Op. 144. 

Voici la cavatine pour trombone:



Mais mon œuvre préférée reste la sonate pour violoncelle et piano No. 2 Op. 123. Mes passages préférés sont le 2ème mouvement, un scherzo con variazioni qui enchaîne des ambiances très variées, la romanza du 3ème mouvement et le finale. 

Ma version favorite est celle de Christian Poltera au violoncelle et Kathryn Stott au piano. Cet album nous offre en prime un très belle version du « Cygne ».

Voici la délicieuse "Romanza" (3ème mouvement):




Requiem



Je termine avec une œuvre méconnue de Saint-Saëns, mais que je trouve absolument superbe, il s’agit de son Requiem. 

Un passage particulièrement prenant est le « Dies Irae », avec des interventions de l’orgue, puis des solistes, en particulier le baryton (à 6:20 dans l'enregistrement sélectionné).

Un autre passage très dramatique est le « Rex tremendae » (à 12:45). 

Il se termine dans le recueillement avec un très bel « Agnus Dei » (à 26:55). 

Les versions de cette œuvre ne sont pas pléthore. Je sélectionne l'interprétation de Jacques Mercier à la tête de l'Orchestre National d’Île de France.