mardi 7 novembre 2023

Glass Hammer - Arise

 



Glass Hammer - Arise


Le 27 Octobre 2023, le groupe de rock progressif américain Glass Hammer sort son 22ème album intitulé Arise.

Il s'agit d'un concept-album qui raconte les aventures d'un androïde qui est envoyé dans l'espace pour explorer les galaxies. Il va y faire des découvertes angoissantes et terribles.

L'album est constitué de 9 morceaux et les interprètes principaux en sont:
  • Steve Babb: claviers, rhythm guitare et guitare solo, basse, percussions et chant
  • Hannah Pryor: chant
  • Reese Boyd: guitar solo et rhythm guitare
  • Randall Williams: batterie
  • Fred Schendel: guitares et batterie sur WASP-12
A noter que cet album, comme la plupart des albums de Glass Hammer, n'est pas disponible sur les plateformes de streaming.

On peut se le procurer sous forme de CD ou bien sous forme de fichier numérique sur les sites suivants:
Le titre de l'album, A.R.I.S.E., est un acronyme de Android Research Initiative for Space Exploration.

A propos de cet album, Steve Babb, un des leaders du groupe, a écrit:

"ARISE est ma version rock progressif du space rock. Je flirte encore avec le doom metal sur quelques chansons, comme nous l'avons fait sur les deux derniers albums, mais il y a aussi du psych-rock et même des influences des années 80 dans la musique. Malgré cela, c'est vraiment un album de rock progressif, mais un album qui touche à d'autres styles."

Babb poursuit en faisant une affirmation audacieuse:

"Nous avons toujours été très attachés aux finales. Mais le dernier morceau d'ARISE ne ressemble à rien de ce que nous avons fait auparavant. C'est un jam de rock progressif instrumental d'une durée épique destiné à laisser nos fans bouche bée !"

Cela promet ! Voici le détail des morceaux.

On notera également que dans le livret, l'auteur nous donne quelques éléments sur l'histoire qui est racontée. J'en fournis une traduction ci-dessous.

"Déclaration de l'ASTRA (Advanced Space Technology and Research Agency) : Exploitant les pouvoirs de l'anomalie de la faille céleste MARS-WRM-001, l'androïde ARISE s'aventure dans l'espace profond, résolvant les énigmes cosmiques et repoussant les limites de l'exploration. Notre quête audacieuse de la connaissance illuminera l’univers, laissant une marque indélébile dans les annales de la compréhension cosmique."

Launch of the Daedalus

Dès le premier morceau, qui est un instrumental, nous sommes happés par une espèce de space rock, qui évoque l'envol majestueux du vaisseau et se termine sur une note d'orgue.

Wolf 359

Le texte du morceau dit:
"Me voilà, chevauchant une flamme. Dans le ciel, je brûle plus fort que le soleil, et quelqu'un peut-il me voir maintenant." 

Le titre Wolf 359 apparaît comme une épopée cinématographique. La musique est une marche pleine de faste, puis on entend les tons doux d'Hannah Pryor. Quelle belle voix! Celle-ci est en parfaite adéquation avec le dynamisme et la majesté de cette musique puissante. Cela nous met parfaitement dans l'atmosphère de ce voyage interstellaire.

Durant ce morceau l'androïde s'interroge sur le but véritable de sa mission.

Il transmets ses impressions: il rencontre des merveilles qui affirment la supériorité de l'humanité. Il explore l'exoplanète Arion, qui semble particulièrement intéressante. Il contemple la beauté des eaux de la "Mare Sirenum".

Arion (18 Delphini B)

Comme une tranche majestueuse d'électro infusée de hard rock, ce morceau claque fort avec la voix chargée d'effets sonores (on dirait un vocoder) de Steve, avant qu'Hannah Pryor ne prenne le relais. 

C'est une merveilleuse aventure aux proportions galactiques et les claviers funky ajoutent une touche années 70 à la chanson. 

Le texte dit:
"Dieu merci, je l'ai trouvé
Le seul endroit où je voudrais être.
Dieu merci, qui en a fait
mon château brillant au bord de la mer."

Transmission de l'androïde ARISE: 
"Alors que je traverse l'étendue cosmique, une présence persistante s'attarde dans mes circuits, évoquant une myriade de pensées et de questionnements inexplicables. La curiosité alterne avec l'incertitude, m'exhortant à contempler une force qui défie la compréhension, remuant une résonnance profonde dans ma conscience artificielle".

Mare Sirenum

Ce morceau est un instrumental, qui sonne délicatement comme une bande son de film de science-fiction avec un synthétiseur futuriste.

Lost

Une section instrumentale dure et intense inaugure Lost, évoquant des sentiments et des souvenirs douloureux, avant que la belle voix d'Hannah n'intervienne à nouveau, pathétique et pleine de chaleur.

C'est une chanson où se mélangent deux thèmes extrêmes, l'intro extraterrestre qui évoque une dure réalité contre le beau chant élégant d'Hannah. Il y a un passage délicieux de claviers et de batterie avant que l'élément légèrement décalé, presque extraterrestre, ne revienne, puis joue au chat et à la souris avec la voix éthérée d'Hannah.

Transmission depuis l'unité de recherche Android ARISE :
"Curieuse anomalie détectée à WASP-12. Une faille indescriptible émerge dans l’étendue céleste, annonçant l’arrivée d’entités inconnues venues de dimensions inexplorées. Leur présence énigmatique évoque en moi une inquiétude inexplicable, une sensation à la fois inconnue et captivante. Il semble que mon réseau neurosynaptique soit confronté à une cascade d'algorithmes déroutants…"
[Une perturbation intermittente du signal est rencontrée]

Rift at Wasp-12

Rift at Wasp-12 arrive comme un hommage à ces légendes du space rock que constitue le groupe Hawkwind. La rythmique est très lourde, Steve fournit une ligne de voix et de basse démonstrative complètement taillée dans le granit et il y a un solo de guitare brillamment sauvage de Fred Schendel qui rend le morceau passionnant et angoissant.

Cela est parfaitement rendu dans le superbe clip du morceau, créé avec l'aide de l'IA. J'avoue que ce clip et le morceau associé m'ont complétement scotchés.





Proxima Centauri B

Le texte du morceau dit:
"Je ne sais pas ce qui m'appelle de la brume montante au crépuscule.
Je ne sais pas ce qui se tient là, enveloppé dans la lueur du clair de lune.
Je ne sais pas ce qui m'a conduit ici, cet endroit au bord du cauchemar. 
Et je ne sais pas, je ne sais pas ce qu'on t'a dit mais tu ne veux vraiment aller là-bas"
 
Encore plus lourd, il y a néanmoins une joyeuse gloire dans cette musique. C'est un morceau de musique monumental, une sinistre bande originale de science-fiction des années 70 aux proportions épiques. 

Reese Boyd tire une fois de plus de sa guitare comme des éclairs et apparaît comme le jumeau maléfique d'Hannah. Il y a pour moi une certaine ambiance de science-fiction des années 70, ces grandes séries comme Cosmos 1999, mais avec une touche délicieusement sombre.

Transmission de l'androïde ARISE:
"Dans mon acte final, j'interpellerai cette présence insaisissable qui défie l'entendement, et dont l'existence fait écho dans les vastes étendues du cosmos. L'humanité ne peut pas m'aider, ni s'aider elle-même. Il y a des horreurs surnaturelles perdues dans notre univers qui transcendent notre compréhension. Seul Dieu peut sauver..."
[Disparition intermittente du signal]

Déclaration de l'ASTRA:
"Malheureusement, nous devons signaler l'arrêt des opérations d'ARISE situé sur Proxima Centauri B. L'androïde, présumé détruit, a rencontré des défis insurmontables, le rendant non fonctionnel. Malgré l’émergence de "transmissions fantômes" sporadiques prétendant provenir d’ARISE, nous devons les considérer comme fallacieuses et ignorer toutes les affirmations qui y sont faites."

Arise

Sinistre et inquiétant, le titre Arise monte à un rythme mesuré, comme un Léviathan des étoiles, c'est un véritable morceau à construction lente où la tension peut être ressentie sur chaque note et chaque mot. 

La basse de Steve est inquiétante et la batterie (dont Steve joue également) est remplie d'un son sinistre et sardonique. La voix d'Hannah est, une fois de plus, superbe mais elle n'est qu'un rouage dans une roue musicale toujours plus impressionnante. Reese livre une section de guitare lente, extrêmement bluesy, qui ne fait qu'ajouter au suspense de ce magnifique morceau de musique.

Déclaration de l'ASTRA (Advanced Space Technology and Research Agency) : Des observations inexplicables du vaisseau spatial présumé détruit DAEDALUS ont émergé. Les fausses transmissions d'une entité prétendant être l'androïd ARISE portent atteinte à l'intégrité de notre mission. Une action urgente est nécessaire pour neutraliser cette présence trompeuse dès son émergence via l’anomalie martienne MARS-WRM-001.

The Return of Daedalus

A propos de ce dernier morceau, Steve écrit : "C'est une énorme jam session entre la guitare et la basse et ce n'est pas quelque chose que nous faisons habituellement. Je voulais mettre en vedette Reese Boyd. Je termine généralement les albums par une grande note triomphale et victorieuse, mais je voulais quelque chose de « catastrophique » pour celui-ci."

Il n'a pas tort, c'est la construction longue et lente qui est clé et qui fait monter la tension et on finit complètement époustouflé par la suave sophistication de la musique et l'incroyable talent des musiciens.

Musicalement, on croirait assister à un croisement entre "Master of the Universe" de Hawkwind et "Astral Entrance" de Eloy, mais le morceau de Glass Hammer, qui avoisine les 17 minutes, va encore plus loin et laisse l'auditeur pantois !

Le groupe a réalisé pour ce morceau un écrin somptueux à travers ce clip, qui est la majorité du temps en noir et blanc. Il s'agit d'un clip angoissant, prenant, magnifique et d'une incroyable inventivité.




Arise est certainement un des tous meilleurs albums de 2023, et "The Return of Daedalus" en est le point d'orgue.