lundi 19 octobre 2020

Saint-Saëns (Camille)

 

Camille Saint-Saëns

Camille Saint-Saëns


Camille Saint-Saëns, né à Paris le 9 octobre 1835 et mort à Alger le 16 décembre 1921, est un pianiste, organiste et compositeur français de l'époque post-romantique. Il a écrit douze opéras, dont le plus connu est "Samson et Dalila" (1877), de nombreux oratorios, cinq symphonies, cinq concertos pour piano, trois pour violon et deux pour violoncelle, des compositions chorales, de la musique de chambre et des pièces pittoresques, dont Le Carnaval des animaux. 

Camille Saint-Saëns a été victime de sa longévité : en effet, c’est un enfant prodige qui donne son premier concert à 11 ans (jouant un concerto pour piano de Mozart), ensuite il encourage la nouvelle génération de musiciens : Liszt, Schumann et Wagner et sa musique est novatrice. Mais, à la fin de sa vie, sa musique est alors considérée comme trop académique et les jeunes musiciens comme Debussy ou Ravel éprouvent du mépris pour ses œuvres. 

Cette désaffection continue de frapper Saint-Saëns en France car il est très peu joué au concert, alors que ce n’est pas le cas à l'étranger. Je trouve cet ostracisme totalement injuste et je pense qu’il faut redécouvrir Saint-Saëns. C'est à l'occasion de la parution d'un de ses opéras méconnus que j'ai choisi de vous livrer ma sélection de ses œuvres.

Camille Saint-Saëns a écrit plus de 600 œuvres. Parmi celles-ci, j'ai sélectionné mes 50 œuvres préférées dans des interprétations prestigieuses et j'ai créé une playlist.

On y retrouve ses œuvres les plus connues: 
  • Le Carnaval des Animaux, 
  • La Symphonie No. 3 avec orgue dirigée par Daniel Barenboïm 
  • Les concertos pour piano dans lesquels Alexandre Kantorow et Bertrand Chamayou se tirent la bourre pour atteindre le plus haut niveau.
A côté des œuvres connues, j'ai choisi de vous faire découvrir les 15 œuvres suivantes, qui restent aujourd'hui largement méconnues:
  • La Symphonie "Urbs Roma"
  • La Tarentelle pour flûte, clarinette et orchestre Op. 6
  • Introduction et rondo capriccioso Op. 28
  • Orient et Occident Op. 25
  • L'Ouverture de la Princesse Jaune Op. 30
  • Allegro appassionato pour violoncelle et orchestre Op. 43
  • Le Timbre d'Argent
  • Le Requiem Op. 54
  • La Jota Aragonese Op. 64
  • Wedding Cake Op. 76
  • Proserpine
  • Africa Op. 89
  • La Fantaisie pour Harpe Op. 95
  • L'assassinat du duc de Guise Op. 128 (une des premières musiques de films)
  • La Muse et le Poète pour violon, violoncelle et orchestre Op. 132

Voici les liens vers la playlist.

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Le Timbre d'Argent


Je commence donc cette anthologie par cet opéra jusque-là inédit au disque. En effet, il faut attendre le mois d'août 2020 pour voir enfin sortir, à l'initiative du formidable éditeur le Palazzetto Bru Zane, cet opéra méconnu de Saint-Saëns, "Le Timbre d'Argent".

Cet opéra a été composé en 1864-1865 par Saint-Saëns et il s'inscrit dans la grande tradition de l'opéra romantique français, dans le même style que "Les Contes d'Hoffmann" d'Offenbach. A noter que les deux opéras ont les mêmes librettistes.

La particularité de cet opéra est de nous entraîner dans un conte fantastique. En effet, "Le Timbre d'Argent" nous raconte l'histoire de Conrad un peintre raté qui est tombé amoureux d'une danseuse et qui rêve de pouvoir lui payer tout ce qu'elle souhaite. Un personnage diabolique propose alors à Conrad de gagner tout l'or qu'il souhaite. A cette fin, il lui donne un timbre d'argent. Chaque fois que Conrad frappe sur le timbre, il obtiendra de l'or, mais une personne inconnue mourra. Le timbre diabolique tuera le père de la fiancée de Conrad, ainsi que son meilleur ami. A la fin de l'opéra, Conrad se réveille pour découvrir qu'il ne s'agissait que d'un long cauchemar !

La musique de cet opéra est d'une grande finesse symphoniste, et Saint-Saëns a su créer une ambiance fantastique et romantique à souhait. 

Le chef d'orchestre François-Xavier Roth à la tête de l'orchestre Les Siècles et du chœur Accentus, accompagné de très bons solistes nous en livre une version enthousiasmante. 

Voici un extrait de l'acte II: Troisième tableau. Finale (Suite) . Vivat ! vive le vin.




Le Carnaval des animaux



Je poursuis avec l’œuvre certainement la plus connue du compositeur : « Le Carnaval des Animaux ». 

Je pense que si on disait à Saint-Saëns que son œuvre la plus connue était « Le Carnaval des Animaux » il en serait très fâché, dans la mesure où il n’a pas composé cette œuvre pour qu’elle soit jouée en public : de son vivant il en avait interdit l’exécution, à l’exception du "Cygne". 

Quand j’écoute « Le Carnaval des Animaux », je retrouve mon âme d’enfant, et je suis emporté par l’humour et la fantaisie des différents morceaux, avec une mention spéciale pour « Les Pianistes » qui est une parodie de cette drôle d’espèce animale qui fait des gammes interminables. 

Dans cette œuvre Saint-Saëns multiplie les citations en particulier dans « Fossiles » où il s’auto-parodie en citant, "La Danse Macabre", "J'ai du bon tabac", puis le Barbier de Séville de Rossini,  et "Ah vous dirais-je maman". 

"Le Cygne" déroule sa sublime mélodie au violoncelle avec le piano qui symbolise les rides de l’eau sur l’étang. Enfin, on finit en beauté avec le final qui cite les principaux extraits de l’œuvre. 

Il existe une compilation intitulée « Best of Saint-Saëns » chez EMI qui nous livre une version de grande qualité du « Carnaval des Animaux » interprété, entre autres, par Aldo Ciccolini et Alexis Weissenberg au piano, toute l'équipe étant dirigée par Georges Prêtre. 

Cet album contient également d’autres œuvres célèbres de Saint-Saens : « Introduction et rondo capriccioso », « La Danse Macabre », « Phaeton », « Le Rouet d’Omphale », « La Havanaise » et la Bacchanale de « Samson et Dalila ».

Sur Youtube, j'ai sélectionné une version live interprétée par le Zagreb Music Academy Chamber Orchestra:



En 2021 sort une nouvelle version du Carnaval des Animaux, avec Alex Vizorek en récitant qui nous a concocté une petite histoire pour les enfants (et les parents). A consommer sans modération !


 


Symphonie No. 3 avec Orgue



Saint-Saëns a composé cinq symphonies, mais uniquement trois sont numérotées. En effet, celui-ci a renié deux de ses symphonies : la symphonie en la majeur, composée à 15 ans, et la symphonie en fa majeur « Urbs Roma » composée à 21 ans entre la 1ère et la 2ème. Je pense que cette dernière mérite une redécouverte. 

Il faut bien reconnaître que parmi ses symphonies, toutes sont éclipsées par la Symphonie No. 3 avec orgue, qui est certainement une des œuvres les plus célèbres de Saint-Saëns.

L’œuvre a été composée entre 1885 et 1886 et est dédiée à son ami Franz Liszt décédé le 31 juillet 1886. 

L’œuvre est constituée de deux mouvements, mais chaque mouvement est constitué de deux parties. L’orgue intervient uniquement dans les deuxième et quatrième parties et ne peut pas être considéré comme un instrument soliste, il s’intègre plutôt à l’orchestre. 

Il existe de très nombreuses versions de cette très belle partition. Après une écoute approfondie de quelques versions que je connais, mon choix se porte sur celle dirigée par Daniel Barenboïm à la tête du Chicago Symphony Orchestra, avec Gaston Litaize à l’orgue. 

Pour ceux qui sont intéressés par l’intégrale des symphonies, il n’en existe à ma connaissance qu’une seule version, il s’agit de celle de Jean Martinon à la direction de l’Orchestre National de l’ORTF. Cette intégrale a le mérite de proposer les cinq symphonies de Saint-Saëns, l’interprétation est de haut niveau, et ces symphonies méritent vraiment d'être écoutées.

En voici une version dirigée par Mariss Jansons avec Iveta Apkalna à l'orgue:




Concerto pour Piano No. 5 "Egyptien"




Saint-Saëns a composé cinq concertos pour piano qui se caractérisent par leur grande virtuosité dans la plus pure tradition romantique. Parmi ces concertos se distingue le concerto No. 5 « Egyptien », ainsi appelé car Saint-Saëns l’a composé lors d’un séjour à Louxor. 

Ce concerto se caractérise par sa grande difficulté technique. Dans le deuxième mouvement apparaît un thème basé sur une chanson d'amour nubienne que Saint-Saëns aurait entendu dans la bouche du batelier qui le faisait naviguer sur le Nil. 

Le 3ème mouvement « molto allegro » est d’un grand dynamisme et nous fait entendre au côté de thèmes tout à fait occidentaux, un thème vaguement orientaliste qui n’est pas sans évoquer le thème de « Sur un marché persan » d’Albert Ketelbey. 

En 2018, sort un formidable album interprété par Bertrand Chamayou au piano, accompagné par l’Orchestre National de France dirigé par Emmanuel Krivine. Cet album contient les concertos Nos 2 & 5, et se hisse dès à présent au sommet de la discographie. 

A noter, pour ceux qui sont intéressés par une intégrale des concertos la très recommandable version d’Anna Malikova.

En voici le finale dans la version de Bertrand Chamayou, dont les notes volent littéralement:




Cavatine pour Trombone - Sonate No. 2 pour Violoncelle et Piano



Saint-Saëns a composé de très belles pièces de musique de chambre, en particulier des sonates pour instruments à vent et piano, dont l’étonnante cavatine pour trombone ténor et piano Op. 144. 

Voici la cavatine pour trombone:



Mais mon œuvre préférée reste la sonate pour violoncelle et piano No. 2 Op. 123. Mes passages préférés sont le 2ème mouvement, un scherzo con variazioni qui enchaîne des ambiances très variées, la romanza du 3ème mouvement et le finale. 

Ma version favorite est celle de Christian Poltera au violoncelle et Kathryn Stott au piano. Cet album nous offre en prime un très belle version du « Cygne ».

Voici la délicieuse "Romanza" (3ème mouvement):




Requiem



Je termine avec une œuvre méconnue de Saint-Saëns, mais que je trouve absolument superbe, il s’agit de son Requiem. 

Un passage particulièrement prenant est le « Dies Irae », avec des interventions de l’orgue, puis des solistes, en particulier le baryton (à 6:20 dans l'enregistrement sélectionné).

Un autre passage très dramatique est le « Rex tremendae » (à 12:45). 

Il se termine dans le recueillement avec un très bel « Agnus Dei » (à 26:55). 

Les versions de cette œuvre ne sont pas pléthore. Je sélectionne l'interprétation de Jacques Mercier à la tête de l'Orchestre National d’Île de France.






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