mardi 27 avril 2021

Renaud Capuçon

 

Renaud Capuçon

Renaud Capuçon


Renaud Capuçon est un violoniste français né à Chambery en 1976. Si j'ai souhaité vous en parler, c'est que je le considère comme un des meilleurs violonistes de sa génération, j'aime son phrasé, sa grande élégance, son fabuleux coup d'archet, sa virtuosité, mais également sa grande humilité.

Il joue de nombreux styles de musique : du baroque (en 2019 il a enregistré les sonates pour violon et clavier de Bach avec David Fray), du classique, de la musique de films et il ne dédaigne pas interpréter de la musique contemporaine, il joue des œuvres de Wolfgang Rihm, Pascal Dusapin, Bruno Mantovani et Guillaume Connesson.

Enfin, il interprète de la musique orchestrale, mais il s'adonne souvent à de la musique de chambre.

Vous trouverez dans cette chronique une sélection de mes albums préférés.


Renaud Capuçon & Khatia Buniatishvili - Franck, Grieg, Dvorak



Je commence avec cet album de musique de chambre dans lequel Renaud Capuçon est accompagné par l'élégante pianiste géorgienne Khatia Buniatishvili. L'album se compose de la sonate pour violon et piano de César Franck, de la troisième sonate pour violon et piano d'Edvard Grieg et de Quatre pièces romantiques d'Antonin Dvorak.

César Franck a composé une des plus célèbres sonates pour violon et piano de l'époque romantique. On compte à l'heure actuelle plus de 180 versions de cette oeuvre. 

L'oeuvre est en quatre mouvements:

I - Allegretto ben moderato : le premier mouvement est plein de douceur, mais en même temps de lyrisme, et fait place à un joli dialogue entre les deux instruments.
II - Allegro : ce mouvement est plein de fougue et de tension.
III - Recitativo-Fantasia (ben moderato) : celui-ci est doux et recueilli.
IV - Allegretto poco mosso : enfin, le quatrième mouvement se caractérise par une superbe mélodie nostalgique.

Cette interprétation est ma préférée, les deux instrumentistes faisant preuve d'un bel engagement, d'une extrême lisibilité et d'une expressivité parfaite. J'aime beaucoup les accentuations de Renaud Capuçon.

Voici le quatrième mouvement:



Le reste de l'album est passionnant, preuve en est cette première pièce romantique de Dvorak :




 Lalo - Symphonie Espagnole



En 2016, Renaud Capuçon sort un album qui contient l'oeuvre la plus connue d'Edouard Lalo. Il s'agit de la Symphonie Espagnole, créée en 1875 par Pablo de Sarasate. Cette oeuvre est en fait un concerto pour violon constitué de cinq mouvements:

  1. Allegro non troppo : ce mouvement contient une très belle mélodie.
  2. Scherzando : Allegro molto : ce mouvement est virevoltant, il s'agit d'une danse hispanique endiablée.
  3. Intermezzo : Allegretto non troppo : ce mouvement est plus grave, par moments martial, en tout cas, il est très romantique.
  4. Andante: lent et triste.
  5. Rondo: Allegro : le final est enjoué et virtuose.

On remarquera dans cette oeuvre la grande légèreté de l'archet de Renaud Capuçon.

La symphonie espagnole est couplée à Zigeunerwisen de Pablo de Sarasate et au célèbre concerto pour violon No. 1 de Max Bruch.

Voici le mouvement final de la Symphonie Espagnole:



Pascal Dusapin - Aufgang



Toujours en 2016, Renaud Capuçon montre son intérêt pour la création contemporaine avec cet album qui réunit trois œuvres de compositeurs contemporains: Gedicht des Malers de Wolfgang Rihm, Aufgang de Pascal Dusapin et Jeux d'Eau de Bruno Mantovani.

J'ai souhaité faire le focus sur Aufgang de Pascal Dusapin.

Voici ce que dit le site de France Musique sur la création de cette oeuvre:

En plus d’être le dédicataire du Concerto pour violon et orchestre de Dusapin, Renaud Capuçon est celui qui a rendu sa création possible. L’écriture de la pièce débute en 2008. Ne parvenant pas à trouver de violoniste apte à porter son œuvre, Dusapin s’interrompt brusquement, après deux mois de travail. Mais l’intérêt que Renaud Capuçon lui manifeste en 2009 lui redonne la vigueur nécessaire pour mener son projet à terme. C’est d’ailleurs de cette genèse que l’œuvre tire son titre, Aufgang (Elévation).

Le compositeur explique que ce concerto, « combat entre le sombre et l’éclat », est né « par le désir d’opposer les contraires, et de les réunir sans cesse en un flux. » La partition du soliste est ainsi souvent écrite dans le suraigu, par opposition à celle de l’orchestre, globalement dans le grave.

L'oeuvre est en trois mouvements:

I. Ce mouvement exprime une ambiance de mystère. L'orchestre, dans le grave, donne de la densité. On a l'impression que le violon lutte et se débat.



II. Ce deuxième mouvement commence de manière plus introvertie, puis la musique s'anime de manière assez conflictuelle. A mi-chemin s'instaure un dialogue entre le violon et la flûte, dont les lignes mélodiques s'entrecroisent.




III. Le troisième mouvement continue de nous présenter des forces contradictoires: un combat entre le sombre et l'éclat, entre l'orchestre dans le grave (on apprécie certains instruments à vents qui jouent dans l'extrême grave) et le violon dans le suraigu. Les textures sont zébrées d'éclats convulsifs. L'élévation continue jusqu'à la victoire finale du violon.




Debussy - Sonates & Trio


Retour à la musique de chambre avec cet album de 2017 qui nous fait entendre un florilège de partitions de Debussy: la sonate pour violoncelle et piano, syrinx pour flûte seule, la sonate pour violon et piano, la sonate pour flûte, alto et harpe et le trio en sol majeur.

Il s'agit d'un album majeur dans la discographie de Debussy. Renaud Capuçon joue la sonate pour violon et piano en compagnie de Bertrand Chamayou au piano. Pour moi, ils se hissent au sommet de la discographie par leur dynamisme et la couleur de leur jeu.

Pour plus de détails sur les œuvres jouées dans cet album, vous pouvez vous référer à mon article sur Debussy.

Voici le 1er mouvement:




Bartok - Concertos pour violon


En 2018, Renaud Capuçon interprète avec maestria les deux concertos pour violon de Bartok dirigé par François-Xavier Roth à la tête du London Symphony Orchestra.

Les deux concertos de Bartok sont empreints à la fois d'une grande modernité rythmique et harmonique, mais encore reflètent le goût que Bartok avait pour le folklore des pays de l'est qu'il a pendant de nombreuses années analysé et répertorié.

Cet enregistrement groupe un compositeur dont j'apprécie la modernité et l'originalité, un chef d'orchestre que j'adore et que j'ai eu la chance de voir plusieurs fois en concert et notre violoniste dont j'aime la sonorité.

 Voici le finale du concerto No. 2:




Cinéma



Changement de registre avec cet album, paru en 2018, qui permet à Renaud Capuçon de nous interpréter des musiques de films. La musique de films n'est-elle pas le reflet de notre époque ?

J'ai choisi d'extraire de cet album trois morceaux très différents:

En premier l'émouvante musique composée par John Williams pour La liste de Schindler:



J'ai ensuite sélectionné le morceau "Calling you" extrait de la bande originale du film Bagdad Café. On peut y entendre la superbe voix de Nolwenn Leroy:



Enfin, on termine sur une note plus légère avec la musique du Grand Blond de Vladimir Cosma:



Guillaume Connesson - Les Horizons Perdus



Pour terminer cette chronique j'ai choisi cet album de 2019 consacré au compositeur français Guillaume Connesson, qui a été, rappelons-le, élu compositeur de l'année aux victoires de la musique classique en 2015 et en 2019.

Cet album nous permet d'entendre quatre œuvres de Connesson: Les Cités de Lovecraft, A kind of Trane (concerto pour saxophone), Les Horizons perdus (concerto pour violon) et Le tombeau des regrets.

Je m'attarderai sur le concerto pour violon "Les Horizons perdus".

Je cite le livret de l'album:

"Le Concerto pour violon “Les Horizons Perdus” fait à nouveau référence à une oeuvre littéraire : le roman de James Hilton Lost Horizon (1933), adapté au cinéma par Frank Capra. Dans ce livre, quatre voyageurs découvrent par accident la lamaserie tibétaine de Shangri-La, un lieu utopique hors du monde et hors du temps. Le personnage principal est déchiré entre son envie de retourner dans la vie active qu’il avait à Londres ou celle de rester pour toujours dans cette retraite où la mort même semble abolie. C’est ce déchirement et cette opposition radicale entre la vie active et l’absolu de la vie intérieure qui constituent la trame du Concerto pour violon. La construction de la partition reflète ce contraste : les “Voyages” (mouvements i. et iii.) sont des mouvements rapides très actifs et les “Shangri-La” (mouvements ii. et iv.) de calmes méditations." 

Ce concerto est donc en quatre mouvements:

I. Premier voyage: la musique ressemble à une musique de film, très descriptive, mouvementée, présentant beaucoup d'action. Une sorte de "mer déchaînée", théâtrale et spectaculaire.
II. Shangri-La 1: Il s'agit de la lamaserie utopique située au Tibet. Le temps est comme suspendu, et laisse l'auditeur dans la méditation et l'introspection.
III. Deuxième voyage : Un mouvement dansant qui rappelle un peu Stravinsky. Il s'agit d'une sorte de scherzo.
IV. Shangri-La 2 : Ce mouvement nous présente la nostalgie du monde de la ville. La musique exprime un détachement du monde et la flûte en particulier y exprime une certaine joie.

Voici le quatrième et dernier mouvement de cette oeuvre qui nous fait voyager :




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