Vassily Kandinsky - Vers le haut |
Musique Contemporaine
Je vous propose dans cet article en deux parties un bref panorama de la musique contemporaine. Je pense que dès les années 1920, et la prise de pouvoir progressive des musiques dodécaphoniques, sérielles, spectrales, concrètes, et j'en passe, la musique "classique" dite contemporaine s'est peu à peu éloignée du grand public pour devenir le domaine réservé d'une frange très minoritaire d'amateurs.
Je peux me tromper, mais j'imagine que ce désistement, ce manque d'attrait pour la création contemporaine, voire son rejet total, et le fait que la majorité des gens préfèrent aujourd'hui écouter de la musique "pop", a pour cause l'abandon partiel ou total de la mélodie et de tout repère tonal, pour une musique qui pour la plupart des œuvres (surtout depuis les années 50) devient un art purement intellectuel et qui ne touche plus l'auditeur car il ne s'adresse plus à ses sens et à son côté émotionnel mais uniquement à sa compréhension intellectuelle des intentions de l'auteur. Preuve en est, que l'on ne comprend pas la plupart des œuvres si on ne nous les explique pas d'abord, quand dans le pire des cas l'explication elle-même nous laisse désemparés.
Or, si l'on fait un peu attention à la musique contemporaine de ces dernières années, et cela commence dès les années 1970 avec la musique minimaliste américaine, on constate un retour progressif à des musiques modales, voire tonales, de la part des nouvelles écoles nationales et un abandon progressif d'une musique complètement atonale, et qui donc n'offre aucun repère aux auditeurs.
Malheureusement, il me semble que le mal est fait et que la plupart des gens sont devenus méfiants vis à vis de la musique contemporaine.
Cet article a donc pour but de vous présenter une sélection d'une trentaine d’œuvres de musique contemporaine qui ont toutes en commun de m'avoir touché.
Je reconnais qu'elles sont plus ou moins faciles d'accès, mais j'ai choisi avec soin des œuvres représentatives des styles et des périodes, de 1948 à nos jours, et qui, me semble-t-il, ne sont pas totalement absconses. Si vous êtes rétifs à la musique contemporaine je vous engage à écouter ces œuvres sans apriori, peut-être ferez-vous des découvertes !
Je vous ai également préparé une playlist illustrant les compositeurs sélectionnés dans cet article.
Voici les liens vers la playlist.
Spotify:
Qobuz:
Apple Music:
Deezer:
Voici donc la première partie de ce panorama, et les quinze premières œuvres. J'ai choisi simplement de les classer par ordre alphabétique sur le nom du compositeur afin de brasser les époques et les styles.
Cette première sélection va nous permettre d'entendre des œuvres de John Adams à Michael Nyman.
Cette première sélection va nous permettre d'entendre des œuvres de John Adams à Michael Nyman.
John Adams - Short Ride in a Fast Machine
John Adams est un compositeur américain né en 1947. Il est un principaux représentants de la musique minimaliste, pourtant aujourd'hui sa production n'est pas réduite à ce style. Il fait preuve d'une grande habileté orchestrale, il a composé des opéras qui remettent le genre au goût du jour. Il peut sans conteste être considéré comme un des compositeurs les plus influents de notre époque.
J'ai choisi pour commencer le morceau "Short Ride in a Fast Machine" composé en 1986, un morceau dynamique et enjoué, assez répétitif, avec une scansion omniprésente des percussions, d'une durée de 4:40 interprété ici par la cheffe Marin Alsop:
John Adams - Lollapalooza
Je continue avec une deuxième œuvre de John Adams, composée en 1995 pour les quarante ans du chef d'orchestre Simon Rattle, la musique est basée sur le rythme du mot "lollapalooza" qui évoque quelque chose de grand mais pas très raffiné.
Il s'agit également d'un morceau répétitif, à l'orchestration chatoyante, avec une grande importance attribuée aux trombones et tubas. On y sent un mélange de musique classique et de jazz comme dans la musique de Léonard Bernstein. Une musique typiquement américaine assez enthousiasmante:
John Adams - Must the Devil Have All the Good Tunes ?
Le 17 avril 2020 sort chez Deutsche Grammophon l'une des partitions les plus enthousiasmantes de John Adams, son concerto pour piano très original intitulé "Must the Devil Have All the Good Tunes ?" ("Le diable doit-il avoir tous les bons morceaux?") merveilleusement interprété par Yuja Wang dirigée par Gustavo Dudamel à la tête du Los Angeles Philharmonic.
Il s'agit d'une partition endiablée (c'est le cas de le dire!), influencée par le jazz, en trois mouvements. Je pense qu'il s'agit d'un concerto pour piano qui marquera le XXIe siècle, je vous laisse juger, voici le 1er mouvement: "Gritty, Funky, But in strict Tempo".
Leonard Bernstein - Symphonie No. 2 "The Age of Anxiety"
On ne présente plus Leonard Bernstein, le célèbre chef d'orchestre et compositeur de "West Side Story".
Après avoir vu le superbe film "Maestro" réalisé par Bradley Cooper et consacré à Leonard Bernstein, j'ai eu l'idée de réaliser cette playlist dédiée à un des compositeurs les plus originaux du XXe siècle.
J'ai sélectionné les œuvres suivantes:
- Symphonie No. 1 "Jeremiah" (1942): il s'agit d'une symphonie en 3 mouvements (Prophecy, Profanation, Lamentation) qui suit l'histoire biblique du prophète Jérémie, que l'on associe généralement au livre de Lamentations. La symphonie présente un certain dramatisme, le troisième mouvement fait intervenir une voix de mezzo-soprano.
- Fancy Free (1944): c'est un ballet, dont la chorégraphie est de Jerome Robbins. Le ballet raconte les mésaventures de trois marins en permission qui sont à la recherche de compagnie féminine. La musique servira de base à la comédie musicale "On the Town".
- On the Town (1944): il s'agit d'une comédie musicale créée à Broadway. Elle raconte globalement la même histoire que le ballet Fancy Free.
- Symphonie No. 2 "The Age of Anxiety" (1949): Son titre vient du poème The Age of Anxiety de W. H. Auden. Elle est dédiée à Serge Koussevitzky. La symphonie a deux parties, Première et Seconde, chacune d'elles comprenant trois sections qui portent les noms suivants: Prologue, The Seven Ages, The Seven Stages, The Dirge, The Masque et l'Epilogue. La symphonie est écrite pour piano et orchestre. Une œuvre complexe et passionnante.
- Prelude, fugue & riffs, pour clarinette solo et ensemble de jazz (1949): il s'agit d'une œuvre influencée par le jazz et qui fait penser aux œuvres similaires de Stravinsky.
- Trouble in Tahiti (1951): Trouble in Tahiti est un opéra en un acte et en sept scènes, Leonard Bernstein en a également écrit le livret original en langue anglaise. Cet opéra dure à peu près 40 minutes. Situé dans une banlieue américaine, cet opéra expose le désenchantement d'un amour entre Dinah et Sam, son mari, qui est plus intéressé par sa carrière et ses loisirs que par sa famille. Bien que le couple semble se réconcilier à la fin de l'opéra, leur couple semble condamné. Leonard Bernstein écrira plus tard une suite à cet opéra : A Quiet Place.
- Serenade, pour violon solo, orchestre à cordes, harpe et percussion (1954): Pour la sérénade, le compositeur s'est inspiré du Banquet de Platon, une série de déclarations faisant l'éloge de l'amour, chaque déclaration étant faite par un orateur distingué (Phèdre, Pausanias, Aristophane, Eryximaque, Agathon, Socrate et Alcibiade). Une œuvre néo-classique au ton assez austère qui ne délivre son charme qu'après plusieurs écoutes.
- On the Waterfront (Sur les quais) (1954): il s'agit d'une musique pour le film d'Elia Kazan. Le film raconte l'histoire d'une rébellion sur les docks de New York.
- Candide (1956): il s'agit d'une opérette en deux actes basée sur le conte philosophique éponyme de Voltaire. L'air de Cunégonde "Glitter and Be Gay" (pour soprano) est un sommet de l'art lyrique.
- West Side Story (1957): on ne présente plus la célèbre comédie musicale de Bernstein, inspirée par la pièce de théâtre Roméo et Juliette de Shakespeare. On notera qu'il s'agit d'une des rares comédie musicales à finir tragiquement. La musique est influencée par le jazz et les rythmes sud-américains, l'orchestre joue un rôle très important et les mélodies se sont imposées comme des standards.
- Symphonie No. 3 "Kaddish" (1963): Les paroles de cette symphonie sont de Leonard Bernstein et en partie celles du kaddish, une prière hébraïque de louange en l'honneur de Dieu. La symphonie est dédiée « à la bien-aimée mémoire de John F. Kennedy ». Il s'agit d'une œuvre pour orchestre, chœur mixte, chœur d'enfants, récitant(e) et soprano solo.
- Chichester Psalms (1965): il s'agit d'une œuvre pour chœur mixte, solo d'enfant ou de contre-ténor et orchestre, se basant sur le Livre des Psaumes de la Bible hébraïque. La playlist en contient un extrait tiré de la bande originale du film "Maestro".
- Mass (1971): L'œuvre est basée sur la messe tridentine de l' Église catholique. Les passages liturgiques sont chantés principalement en latin, bien que le "Sanctus" comprenne des parties en hébreu. La messe comprend également des textes supplémentaires en anglais écrits par Bernstein, le compositeur de Broadway Stephen Schwartz et Paul Simon. L'œuvre est destinée à être mise en scène de manière théâtrale, mais elle a également été jouée dans le cadre d'un concert standard. Elle présente un passionnant patchwork entre musique sacrée et esprit de la comédie musicale.
- Dybbuk (1974): c'est un ballet monté par le chorégraphe Jerome Robbins du New York City Ballet sur une musique de Leonard Bernstein et un argument tiré d'une pièce de Shalom Anski Le Dibbouk. L'histoire est centrée autour des personnes de Khonnon et Léa, un jeune couple dont les parents avaient prévu avant leur naissance de les marier. Le père de Léa brise cette promesse de mariage car Khonnon est désargenté. Khonnon meurt le cœur déchiré, mais obtient sa revanche en entrant dans le corps de Léa sous la forme d'un esprit malin appelé un dibbouk. Bernstein a utilisé un système de 8 notes pour sa composition en utilisant les valeurs numériques des noms des personnages en se basant sur la tradition kabbalistique. Il en découle une œuvre très moderne aux dissonances prononcées parfois proche du dodécaphonisme.
- Divertimento (1980): il s'agit d'une suite de huit bagatelles orchestrales. Chacune des bagatelles de l'ensemble a une saveur distincte et utilise des caractéristiques de différents genres musicaux.
- Halil (1981): c'est une œuvre pour flûte et orchestre de chambre. Bernstein a composé Ḥalil en l'honneur d'un jeune flûtiste israélien Yadin Tanenbaum qui a été tué au canal de Suez pendant la guerre du Kippour en 1973. Halil signifie "flûte" en hébreu.
- A Quiet Place (1983): c'est un opéra américain sur un livret de Stephen Wadsworth. Il s'agit d'une suite de l'opéra Trouble in Tahiti de 1951.
- Danses symphoniques de West Side Story, pour orchestre (1961): West Side Story étant l'oeuvre la plus emblématique du compositeur, il m'a semblé intéressant de sélectionner ces danses symphoniques qui en donnent la substantifique moëlle.
- Thirteen Anniversaries (1988): il s'agit d'une composition pour piano seul, commémorant 13 personnes qui ont joué un rôle important dans sa vie. Le No. 11 est dédié à sa femme: Pour Felicia, à l'occasion de notre 28e anniversaire (et son 52e).
- Four Anniversaries - For Felicia Montealegre (1948): bien que cette pièce pour piano ne soit pas la dernière chronologiquement, j'ai trouvé qu'elle finissait bien cette playlist dans un certain recueillement. De nouveau, cette pièce est dédiée par Bernstein à sa femme Felicia.
Voici les liens vers la playlist.
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Sous YouTube, j'ai choisi de vous faire découvrir sa Symphonie No. 2 "The Age of Anxiety" qui est inspirée par un poème de W.H. Auden et composée en 1948-1949.
Elle est écrite pour piano et orchestre et se compose de 2 parties: une première partie composée de deux séries de variations, et la seconde partie composée de "The Dirge" (morceau emphatique et dramatique), "The Masque" (passage énergique et jazzy où l'on retrouve le Bernstein de West Side Story) et "Epilogue" (une fin grandiose et pleine de foi en l'homme).
Une œuvre mélancolique sur la recherche illusoire du bonheur. Elle est complètement tonale.
En voici une interprétation mythique, dirigée par Leonard Bernstein lui-même, avec Krystian Zimerman au piano:
Au disque, je vous recommande fortement la version dirigée par Simon Rattle, avec encore Krystian Zimerman au piano.
Guillaume Connesson - Jurassic Trip
Guillaume Connesson est un compositeur français né en 1970. Il est certainement un des compositeurs les plus prometteurs de la génération actuelle. Il compose une musique modale et revendique des influences diverses de Couperin à Messiaen, en passant par John Williams pour la musique de films et le funk de James Brown.
Il a déjà été nommé deux fois compositeur de l'année aux Victoires de la Musique Classique (en 2015 et 2019). Ces principales compositions sont la "Trilogie Cosmique", le concerto pour saxophone "A kind of Trane", le concerto pour violon "Les horizons perdus", "Techno parade" et "Disco Toccata".
Personnellement, j'adore sa musique de chambre, dont j'ai sélectionné la pièce "Jurassic Trip" pour flûte, clarinette, 2 pianos, percussion et quintette à cordes, en sept parties (1998). Voici la troisième partie intitulée "Attaque des raptors":
George Crumb - Vox Balaenae
George Crumb est un compositeur américain né en 1929 à Charleston. Je dirai que sa musique est relativement inclassable et très originale.
Mes compositions préférées sont "Ancient voices of Children" (1970), "Black Angels" pour quatuor à cordes électrifié (1970) et Makrokosmos I & II pour piano amplifié (1972 et 1973), une œuvre prenante qui est constituée de 24 petites pièces sur les signes du zodiaque.
J'ai choisi une de ses œuvres les plus originales "Vox Balaenae" ("La voix des baleines") composée en 1971, pour flûte électrique, violoncelle électrique, et piano amplifié. Dans cette pièce, Crumb s'est inspiré d'une bande magnétique qu'il avait entendue et sur laquelle était enregistré le chant des baleines.
En outre, Crumb demande que les instrumentistes jouent cette pièce en portant des masques noirs: "en effaçant un sentiment de projection humaine, [les masques] symboliseront les visages puissants et impersonnels de la nature", tandis que l'éclairage bleu souvent utilisé améliore l'immersion figurative dans la mer.
Vous me direz, c'est bien joli tout ça, mais c'est un peu du "pipotage". Je suis bien d'accord, moi je trouve l'utilisation des masques amusante, mais ce qui compte c'est la musique.
Je vous laisse donc juge. Voici la pièce interprétée par Mimi Stillman, flûte, Arlen Hlusko, violoncelle et Amy Yang, piano. Je trouve cela plein de poésie et de douceur dans un monde brutal ...
Pascal Dusapin - Double concerto pour violon et violoncelle "At Swim-Two-Birds"
Pascal Dusapin est un compositeur français né en 1955. Il étudie auprès d'Olivier Messiaen et de Iannis Xenakis. Il est l’auteur de nombreuses pièces pour solistes, musique de chambre et grand orchestre. Il inscrit plusieurs opéras à son catalogue : Roméo et Juliette (1984-1988) ; Medeamaterial (1990) ; To Be Sung (1991-1992) ; Perelà uomo di fumo (2003) ; Faustus, the Last Night (2006); Passion (2008).
Dusapin veux se dégager des carcans propres à la musique du milieu du XXe siècle et la libérer des contraintes dodécaphoniques et sérielles. Sa musique garde des libertés avec la tonalité mais reste expressive.
Parmi son œuvre très riche, j'ai choisi le double concerto pour violon et violoncelle composé en 2017.
Pascal Dusapin écrit: "[A cette époque] J’étais donc envahi de toutes parts par le violon et le violoncelle. C’est alors que Viktoria Mullova et Matthew Barley m’ont demandé si j’étais intéressé à écrire un double concerto pour eux deux. C’était une demande très douce et insistante qui m’a beaucoup impressionné. J’ai répondu que je ne savais pas encore, que c’était peut-être « trop » pour moi ces deux instruments encore… Alors, ils m’ont répondu qu’un violon et un violoncelle ensemble c’est un autre instrument. Cela a tout changé… "
Pascal Dusapin s'inspire du roman de Flann O’Brien publié en 1939: "At Swim-Two-Birds" qui raconte les rêveries d'un jeune étudiant paresseux. Les deux oiseaux du titre sont les deux instruments. Ce double concerto est une oeuvre mystérieuse et intense, formidablement interprétée par Viktoria Mullova et Matthew Barley:
Philip Glass - Metamorphosis
Philip Glass, compositeur américain, né en 1937 à Baltimore, est certainement un des compositeurs minimalistes les plus connus.
Il a composé de très nombreuses musiques de films telles que celles de The Hours, The Secret Agent, ou la trilogie des Qatsi de Godfrey Reggio. Il a également composé des œuvres pour ensemble, des opéras, 11 symphonies, des concertos et des œuvres pour soliste.
Parmi ses oeuvres, citons les deux symphonies inspirées par des albums de David Bowie: Low Symphony et Heroes Symphony.
Philip Glass est certainement un des compositeurs les plus influents du XXème siècle.
J'ai sélectionné mon oeuvre favorite, il s'agit de la suite pour piano intitulée Metamorphosis. Un cycle de cinq pièces composées vers 1988 pour une adaptation théâtrale de la Métamorphose de Kafka. Effectivement, l'oeuvre nous laisse entendre des thèmes qui se métamorphosent progressivement. Cette oeuvre est particulièrement prenante voire hypnotique par ses répétitions, mais elle n'est jamais lassante. Sans conteste un chef-d'oeuvre du XXème siècle.
Au disque, je recommande la version interprétée par Philip Glass lui-même dans l'album Solo Piano.
Sur Youtube, j'ai choisi la version interprétée par la pianiste yougoslave Branka Parlic:
Henryk Gorecki - Concerto pour clavecin
Henryk Gorecki (1933-2010) est un compositeur polonais. Il est tout d'abord influencé par le sérialisme de Boulez, puis son style se rapproche de la musique minimaliste et il est souvent comparé au compositeur estonien Arvo Pärt pour la place accordée à la musique sacrée d'inspiration catholique telle que dans son Miserere op. 44 de 1981.
Ses principales œuvres sont la Symphonie No. 3 dite "des chants plaintifs" op. 36 (1976), le quatuor à cordes No. 1 "La Nuit tombe" op. 62 (1988) et le concerto pour clavecin op. 40 (1980).
J'ai découvert ce compositeur grâce à la claveciniste Elżbieta Chojnacka, qui s'était spécialisée dans le clavecin contemporain. Il s'agit d'une œuvre que l'on pourrait qualifier de néo-classique et répétitive, d'une grande virtuosité, et d'une tension constante. Elle me fait toujours éprouver, en version moderne, ce que l'on peut ressentir en écoutant un concerto pour clavecin de Bach avec les entrelacs du clavecin.
Henryk Gorecki - Symphonie No.3 "des chants plaintifs"
En 1992, le label Nonesuch Records, sort cet enregistrement de la Symphonie No.3 d'Henryk Gorecki avec Dawn Upshaw, soprano, et le London Sinfonietta dirigé par David Zinman. Cet album devient un véritable événement discographique avec près d'un million d'exemplaires vendus dans le monde, faisant de cet enregistrement le plus grand succès de la musique contemporaine, et permettant à cette musique d'être entendue au delà des cercles restreints d'amateurs. Je pense que ce qui a fait le succès de cette symphonie est sa déchirante beauté, sa formidable mélancolie et la belle voix plaintive de Dawn Upshaw.
Il s'agit d'une symphonie en trois mouvements:
- Le premier mouvement, le plus ample de la Symphonie, commence par un vaste prélude orchestral préparant à une complainte qui s'inspire d'une lamentation des Chants de Lysagora du monastère de la Sainte Croix, écrits au xve siècle.
- Le deuxième mouvement est une prière, Zdrowas Mario, à la Vierge Marie inscrite par une prisonnière, Helena Wanda Blażusiakówna, sur le mur de sa cellule dans le siège central de la Gestapo à Zakopane.
- Le troisième mouvement, utilisant le texte d'un chant populaire, a pour thème le deuil d'une mère pour son fils.
Gyorgy Ligeti - Hungarian Rock
Gyorgy Ligeti est un musicien de citoyenneté hongroise, naturalisé autrichien. Né le 28 mai 1923 et mort le 12 juin 2006 à Vienne.
Il a composé une oeuvre très diverse et très riche, abordant à peu près tous les genres du piano seul à l'opéra. Quant à son style il évolue également, à travers de multiples influences, de Bartok à Boulez, utilisant tantôt du dodécaphonisme, créant de véritables happening originaux et provocateurs, utilisant également des techniques micropolyphoniques et polyrythmiques, jusqu'à un retour progressif à la tonalité et à la mélodie, suivant en cela un mouvement général de la musique contemporaine.
Sa musique a été rendue célèbre notamment par l'utilisation de son morceau "Lux Aeterna", pour la bande originale du film "2001, Odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick, où elle évoque le mystère du monolithe noir.
J'ai sélectionné le morceau "Hungarian Rock" parce qu'il est représentatif de l'originalité, de la dynamique rythmique et de l'esprit débridé de Ligeti. En outre, l'interprétation du duo formé par Greg Anderson & Elizabeth Joy Roe mérite un éloge:
Gyorgy Ligeti - Mysteries of the Macabre
La pièce suivante est un morceau de bravoure, toujours d'une grande originalité et d'un caractère débridé proche du happening. Elle est magnifiée par l'interprétation sans faille de Barbara Hannigan, qui est capable à la fois de chanter et de diriger une oeuvre d'une complexité rythmique redoutable ce qui n'est pas un mince exploit. Cette femme sait tout faire, une pièce jubilatoire !Martin Matalon - Trame VIII
Martin Matalon, né le 17 octobre 1958 à Buenos Aires, est un compositeur argentin, installé à Paris depuis 1993. Il est professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon depuis 2018.
Sa musique est un mélange de musique sérielle et spectrale.
Initiée en 1997, la série des "Trames", œuvres à la lisière de l’écriture soliste, du concerto et de la musique de chambre, forment un pan important de son catalogue.
Trame VIII constitue un véritable concerto pour percussions et ensemble de chambre:
Olivier Messiaen - Turangalîla-Symphonie
Olivier Messiaen, né le 10 décembre 1908 à Avignon et mort le 27 avril 1992 à Clichy (Hauts-de-Seine), est un compositeur, organiste et pianiste français.
Les principales caractéristiques de sa musique sont la couleur, les chants d’oiseaux (il était également ornithologue), les rythmes, en particulier les rythmes hindous, les modes à transposition limitée, l'inspiration chrétienne et la métrique grecque.
Il est un des principaux initiateurs de la musique sérielle. Citons parmi ses principales œuvres: L'Ascension (1933), le Quatuor pour la fin du Temps (1940), les Vingt Regards sur l'Enfant-Jésus (1944), la Turangalîla-Symphonie (1946-48), Saint François d'Assise (1975-79) et Eclairs sur l'Au-Delà (1987).
Il est considéré comme un des plus influents compositeurs de la seconde moitié du XXème siècle. Grand pédagogue, il a enseigné la composition à un nombre très important de compositeurs parmi lesquels Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, Iannis Xenakis, Tristan Murail, ou George Benjamin.
Les accords musicaux faisaient l'objet pour lui d'une synesthésie avec les couleurs, ce qui a largement influencé son art, comme il en témoigne.
J'ai constitué une playlist chronologique à partir d'une sélection d'une vingtaine d'oeuvres parmi lesquelles on retrouve le Quatuor pour la fin du temps et la Turangalîla-Symphonie, pour piano solo, ondes Martenot et grand orchestre.
Voici les liens vers la playlist.
Spotify:
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Apple Music:
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D'autre part, j'ai sélectionné ce qui est certainement son œuvre la plus brillante et l'une des plus longues symphonies (elle dure 1h20 environ): la Turangalîla-Symphonie.
Il s'agit d'une œuvre sur l'amour et la mort, dans la lignée du mythe de Tristan et Yseult. Turanga et Lîla sont deux mots en sanscrit, et la traduction de Turangalîla peut être « chanson d'amour, hymne de joie, mouvement, rythme, vie et mort ».
C'est une sorte de symphonie concertante dans laquelle le piano et les ondes Martenot jouent un grand rôle, ainsi que les fanfares de cuivres (Messiaen y fait appel à un grand nombre de trompettes) et les percussions, dont l'instrumentarium est impressionnant: triangle, temple-block, wood-block, petite cymbale turque, cymbales, cymbale chinoise, tam-tam, tambour, tambour de basque, maracas, tambour provençal, caisse claire, grosse caisse, vibraphone et huit cloches tubulaires !
L'originalité de cette symphonie réside principalement dans une orchestration très riche et chatoyante, la musique en reste très mélodique, la partie de piano est très virtuose, presque percussive par moments et utilise le résultat des recherches de Messiaen à l'époque sur les hauteurs et les intensités. Enfin, les ondes Martenot y ajoutent leur part de mystère.
Au disque, j'ai choisi l'interprétation de Myung-Whun Chung à la tête de l'Orchestre de la Bastille.
Sous YouTube, j'ai choisi l'interprétation superlative donnée par Gustavo Dudamel à la direction du Simon Bolivar Orchestra, avec en solistes Yuja Wang, piano et Cynthia Millar, ondes Martenot.
Ecoutez ne serait-ce que le mouvement intitulé "Joie du Sang des Étoiles", par moment on dirait presque du jazz, et quelle virtuosité, c'est un vrai régal !
Michael Nyman est un compositeur anglais, né en 1944, surtout connu pour ses musiques de films. Il a composé la musique de la plupart des films de Peter Greenaway. Sa musique de film la plus célèbre est certainement celle du film de Jane Campion "La Leçon de piano" ("The Piano"). On peut rattacher son style à celui de la musique minimaliste.
Pour faire le pendant avec le concerto pour clavecin de Gorecki, j'ai choisi, dans un autre style, le concerto pour clavecin de Nyman, composé en 1995, qui est dédié à la claveciniste Elisabeth Chojnacka. Il s'agit d'une oeuvre dans la lignée de la musique minimaliste, aux intéressantes méandres, dérivé du morceau Tango for Tim, une pièce que Nyman avait écrite en hommage au compositeur Tim Souster. Il se trouve que, Elisabeth Chojnacka adorant le tango, elle demanda à Michael Nyman de composer un concerto pour clavecin en s'inspirant de ce morceau. Le résultat est audacieux et montre comment la sonorité du clavecin moderne s'adapte bien à la musique minimaliste.
Sous YouTube, j'ai choisi l'interprétation superlative donnée par Gustavo Dudamel à la direction du Simon Bolivar Orchestra, avec en solistes Yuja Wang, piano et Cynthia Millar, ondes Martenot.
Ecoutez ne serait-ce que le mouvement intitulé "Joie du Sang des Étoiles", par moment on dirait presque du jazz, et quelle virtuosité, c'est un vrai régal !
Michael Nyman - Concerto pour clavecin et cordes
Michael Nyman est un compositeur anglais, né en 1944, surtout connu pour ses musiques de films. Il a composé la musique de la plupart des films de Peter Greenaway. Sa musique de film la plus célèbre est certainement celle du film de Jane Campion "La Leçon de piano" ("The Piano"). On peut rattacher son style à celui de la musique minimaliste.
Pour faire le pendant avec le concerto pour clavecin de Gorecki, j'ai choisi, dans un autre style, le concerto pour clavecin de Nyman, composé en 1995, qui est dédié à la claveciniste Elisabeth Chojnacka. Il s'agit d'une oeuvre dans la lignée de la musique minimaliste, aux intéressantes méandres, dérivé du morceau Tango for Tim, une pièce que Nyman avait écrite en hommage au compositeur Tim Souster. Il se trouve que, Elisabeth Chojnacka adorant le tango, elle demanda à Michael Nyman de composer un concerto pour clavecin en s'inspirant de ce morceau. Le résultat est audacieux et montre comment la sonorité du clavecin moderne s'adapte bien à la musique minimaliste.
Voici la version interprétée par Elisabeth Chojnacka:
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