mercredi 12 avril 2023

Schumann (Robert)

 

Robert Schumann


Robert Schumann


Robert Schumann est un compositeur et pianiste allemand de la période romantique, né le 8 juin 1810 à Zwickau et mort le 29 juillet 1856 à Endenich (aujourd'hui un quartier de Bonn).
 
Fils d'un libraire et éditeur, Robert effectue sa scolarité dans une école privée puis au lycée de Zwickau, où il apprend le latin, le grec et le français. Il reçoit ses premiers cours de piano de l'organiste de la cathédrale, Johann Gottfried Kuntsch. 
 
Il participe à plusieurs concerts. Son père l'emmène entendre Moscheles à Karlsbad : Robert est tout enthousiasmé et veut un piano. Il s'intéresse beaucoup à la littérature et se passionne pour l'écrivain Jean-Paul Richter.

Il commence à composer relativement tôt. Le musée Schumann de Zwickau conserve sa première œuvre intitulée – en français – « Le psaume cent-cinquantième », composée en 1822.

Son père meurt en 1826. Peu de temps après, il est envoyé à Leipzig pour y étudier le droit, mais il s'intéresse peu à ses études et préfère fréquenter les sociétés musicales et philosophiques.

En 1828, il décide de suivre des études de piano, d'harmonie et de contrepoint auprès du facteur de pianos et pédagogue Friedrich Wieck.

Ce dernier a une fille, Clara, née en 1819, qu'il formait pour être l'une des enfants prodiges les plus brillantes de son temps : elle paraît en concert au Gewandhaus de Leipzig pour la première fois à l'âge de 9 ans, en octobre 1828, et avait déjà publié ses quatre polonaises demeurées célèbres, entre l'âge de 9 et 11 ans. 

C'est à partir de 1830 que Schumann publie ses premières œuvres pour piano: Variations sur le nom d'Abegg op. 1, Papillons op. 2, Études d'après des caprices de Paganini op. 3.

Les tendances de Schumann à l'hypocondrie et à la dépression sont accentuées par la mort de sa belle-sœur Rosalie, puis de son frère Julius, et enfin par l'épidémie de choléra qui sévit en Allemagne au cours de l'année 1833.

Le 3 avril 1834, il lance la Neue Zeitschrift für Musik, revue – qui existe toujours – où il part en guerre contre les «philistins», gardiens d'un ordre musical rétrograde. Y interviennent les membres des «Compagnons de David» (Davidsbund), société fictive où l'on retrouve entre autres Friedrich Wieck (maître Raro), sa fille Clara (Zilia) et Schumann lui-même, dédoublé en Eusebius, rêveur introverti, et Florestan, passionné et combatif.

En 1835, Clara, la petite fille, est devenue une femme et une virtuose accomplie. La passion éclate entre elle et Robert.

Le 13 septembre 1837, Schumann demande officiellement la main de Clara mais essuie un refus brutal de son père. Wieck considère que Robert n'a pas une situation stable et qu'il fréquente beaucoup les auberges.
 
Robert entretient alors avec Clara une correspondance assidue et vit très mal cette séparation. Friedrich Wieck a recours au chantage affectif, à l'intrigue et à la calomnie, mais tout cela ne fait qu'intensifier l'amour qu'entretiennent Robert et Clara.

À l'automne 1839, à Paris, Clara (défendue par son avocat) et Robert portent plainte contre Wieck pour refus de consentement de mariage. Schumann parvient à convaincre le tribunal de la solidité de ses finances, présente des certificats de moralité et le titre de docteur que l'université d'Iéna lui a conféré le 24 février 1840. 
 
Le jugement favorable est rendu le 1er août 1840 et le mariage a lieu à Schönefeld le 12 septembre, la veille du vingt-et-unième anniversaire de Clara. 
 
À cette époque Schumann est très actif pour la propagation de la musique contemporaine dans ses écrits. Il noue des liens d'amitié avec Mendelssohn, rencontre Frédéric Chopin en octobre 1835 et Franz Liszt en 1837.

Alors que Schumann avait jusqu'alors écrit exclusivement pour le piano, à partir de 1840 il se met à composer une quantité impressionnante de lieder, environ 138, dans de nombreux cycles. Il apparaît ainsi comme un des grands compositeurs de lieder entre Schubert et Brahms.

En 1841, Schumann écrit sa première symphonie du "Printemps", qui est créée par son ami Felix Mendelssohn à la tête de l'orchestre du Gewandhaus. En 1842, il commence à se consacrer à la musique de chambre, et en 1843, il écrit son premier oratorio profane Le Paradis et la Péri Op. 50.

En janvier 1844, les Schumann partent pour une tournée de quatre mois en Russie. Robert est sujet à des phobies, des crises d'angoisse, des vertiges, qui s'accentuent au cours des voyages.

Au retour de Russie les symptômes s'aggravent et à l'automne 1844, il sombre dans une profonde dépression, accompagnée d'un acouphène qui reviendra par la suite. 

1848 voit l'achèvement de son unique opéra, Genoveva, qui ne remportera qu'un succès d'estime, et de Manfred, mélodrame pour voix parlée, chœur et orchestre d'après le poème de Byron.

1849 est l'occasion d'une nouvelle explosion créatrice dans tous les genres: lieder, musique pour piano, musique de chambre, ensembles vocaux, chœurs. Cette année-là, l'Allemagne célèbre le centenaire de Goethe ; c'est pour Schumann l'occasion de terminer ses Scènes de Faust commencées en 1844.

À l'été de 1852 ses troubles le reprennent, l'acouphène revient, et il doit laisser sa baguette de chef de l'orchestre de Düsseldorf à son assistant Tausch jusqu'en décembre. 

Les troubles le reprennent l'été suivant, accentués de douleurs rhumatismales et de lombalgie. En août apparaissent des troubles de la parole. 
 
Le 30 septembre 1853 Johannes Brahms se présente aux Schumann et leur joue ses premières compositions. Ils l'accueillent avec enthousiasme.

Le reste de la vie de Schumann est assombri par sa maladie mentale. Les circonstances exactes ont semble-t-il été déformées par ses premiers biographes et il semble que Clara a joué un rôle incertain dans ces déformations.

Toujours est-il que selon la version généralement admise, Robert s'est jeté dans le Rhin en février 1854. Suite à quoi, il est interné le 4 mars 1854 dans l'asile du Dr Richarz à Endenich et qu'il n'en sortira plus.
 
Il meurt le 29 juillet 1856 de cachexie. Il semble qu'il ait refusé de s'alimenter dans les derniers temps, à partir du moment où il se rend compte qu'il ne pourra plus sortir de l'asile.

On a longtemps pensé que la maladie mentale de Schumann était due au fait qu'il avait contracté la syphilis, mais cela est remis en cause aujourd'hui. Les thèses principales sont qu'il souffrait de troubles bipolaires et/ou de psychose schizoïde.

Robert Schumann nous laisse un catalogue de 268 œuvres, dans tous le domaines musicaux de l'époque: musique pour piano, lieder, 4 symphonies, de la musique de chambres, des concertos et des œuvres dramatiques. Il est l'incarnation du compositeur romantique littéraire.

Je vous propose une sélection d’œuvres incontournables dans les meilleures versions écoutées au disque et sous YouTube. Les œuvres sont présentées par ordre chronologique de composition.

D'autre part, je vous ai préparé une playlist avec une sélection de morceaux intitulée: Le melomane eclectique - Robert Schumann.

Sous Qobuz:
 
Sous Spotify:




1834 - Études Symphoniques Op. 13




Les études symphoniques constituent une des premières pièces d'envergure pour le piano. Il s'agit de 13 courtes pièces, composées d'un thème relativement sombre, une sorte de marche funèbre, puis de 11 variations appelées études, qui font appel à différentes difficultés techniques telles que le jeu polyphonique, les déplacements en octaves, etc.
 
Enfin, ces variations débouchent sur un finale, d'une longueur bien plus importante, qui constitue une sorte de chant triomphal.
 
Au disque, je vous propose l'album d'Alfred Brendel, spécialiste reconnu de la musique romantique allemande.
 
Sous YouTube, j'ai sélectionné la version brillante de Daniil Trifonov. Ce qui séduit le plus dans cette version, c'est que le pianiste a mis toute sa virtuosité au service d'une expression réellement symphonique de l’œuvre, on a l'impression d'entendre un véritable orchestre et non pas un piano seul.




1835 - Carnaval Op. 9



Le Carnaval Op. 9 est une œuvre écrite en 1834-1835 et dédiée au violoniste Karol Lipiński, elle a pour sous-titre "Scènes mignonnes sur quatre notes". Elle consiste en 22 pièces pour piano reliées par un motif récurrent.

Dans chaque section de Carnaval apparaît une ou deux séries de notes :
  • la-mi bémol-do-si, qui donne en notation allemande A-S-C-H, où mi bémol (Es), est transcrit en S,
  • la bémol-do-si, qui donne As-C-H.
Les deux séries donnent le nom de la ville d'Asch, alors allemande (et devenue par la suite Aš, en République tchèque), dans laquelle était née Ernestine von Fricken, fiancée de Robert Schumann à cette époque. 
 
Ce sont aussi quatre lettres du mot Schumann qui peuvent être interprétées comme des notes en allemand. 
 
Dans son Carnaval, Schumann va plus loin musicalement que dans Papillons Op. 2, car il y conçoit lui-même l'histoire dont il est l'illustration musicale. Carnaval est connu pour ses sons harmoniques succédant à de violents accords dans le grave du piano.

Bien que l'œuvre comporte 22 morceaux, seulement 20 sont numérotées. "Sphinx" et "Intermezzo : Paganini" n'ont pas de numéros.

Les sections de Carnaval sont les suivantes :

    1. Préambule (la bémol)
    2. Pierrot (mi bémol)
    3. Arlequin (si bémol)
    4. Valse noble (si bémol)
    5. Eusebius (mi bémol ; dépeignant le côté calme, décidé du compositeur)
    6. Florestan (sol mineur; dépeignant le côté impétueux du compositeur)
    7. Coquette (si bémol ; dépeignant la domestique aguichante de Friedrich Wieck)
    8. Réplique (sol mineur)
    Sphinx
    9. Papillons (si bémol)
    10. A.S.C.H. - S.C.H.A: Lettres Dansantes (en dépit du titre, le motif utilisé est As.C.H= la bémol-do-si; mi bémol)
    11. Chiarina (ut mineur; dépeignant Clara Wieck)
    12. Chopin (la bémol)
    13. Estrella (fa mineur; dépeignant Ernestine von Fricken)
    14. Reconnaissance (la bémol)
    15. Pantalon et Colombine (fa mineur)
    16. Valse Allemande (la bémol)
    Intermezzo : Paganini (fa mineur; avec une reprise de la Valse Allemande)
    17. Aveu (fa mineur)
    18. Promenade (ré bémol)
    19. Pause (la bémol ; menant directement sans pause à la...)
    20. Marche des "Davidsbündler" contre les Philistins (la bémol, avec de nombreuses citations des morceaux précédents).

Schumann avait créé un club, "les Davidsbündler" - les compagnons de David - qui se réunissait au Kaffeebaum de Leipzig, formé de personnages réels et imaginaires, lui-même sous plusieurs formes (Eusebius le gentil poète, Florestan le véhément) avec des membres d'honneur comme Chopin et Paganini. 
 
Le but du club était de lutter contre les Philistins qui, dans la littérature allemande du XIXe siècle en particulier, désignaient les personnes étrangères aux universités, les bourgeois. 

Marc-André Hamelin donne du Carnaval Op. 9 une version pleine de dynamisme et de virtuosité et se place parmi mes versions préférées.

Sous YouTube, voici un autre spécialiste de Schumann, Evgeny Kissin.





1838 - Kreisleriana Op. 16



Les Kreisleriana ont été composées pour Clara Schumann, cependant le cycle est dédié à Frédéric Chopin.

Robert Schumann écrit: « J'ai terminé encore une série de nouvelles pièces ; je les appelle Kreisleriana. Toi [Clara] et ta pensée les dominent complètement et je veux te les dédier, - à toi et à personne d'autre - et tu souriras si joliment quand tu t'y retrouveras. Ma musique me semble maintenant si merveilleusement réalisée, si simple et venant droit du cœur... Musique bizarre, musique folle, voire solennelle ; tu en feras des yeux quand tu les joueras ! D'ailleurs, il m'arrive maintes fois en ce moment de me sentir éclater à force de musique. Joue quelquefois mes Kreisleriana ! Dans certaines parties, il y a un amour vraiment sauvage, et ta vie et la mienne et beaucoup de tes regards ».

Il s'agit de pièces très virtuoses, riches et complexes. Malgré les difficultés, la musique a l'air de jaillir spontanément ce qui est typique de Schumann. Elles décrivent un amour sauvage, la musique est pleine d'émotion et de contrastes, elle est parfois excentrique, parfois bizarre, mais reste considérée comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la musique romantique allemande.

L’œuvre est en 8 parties:
  1. Extrêmement agité,
  2. Très intime et pas trop rapide - Intermezzo I (très vif) - Intermezzo II (plus animé),
  3. Très agité,
  4. Très lent,
  5. Très vif,
  6. Très lent,
  7. Très rapide,
  8. Rapide et enjoué.

La durée d'exécution est d'environ 30 minutes.

J'ai sélectionné au disque la version de Mitsuko Uchida qui est bien fantasque comme il faut.

Sous YouTube, voici une version dans le même esprit, celle de Yuja Wang.


 

 

 1838 - Fantaisie Op. 17



La Fantaisie Op. 17 composée entre 1836 et 1838 est un déchirant cri d'amour adressé à Clara, dans une période où Schumann a essuyé le refus de son père de l'épouser.

Dans cette période de folie et de désespoir, Schumann met toute son énergie dans cette pièce qui est un nouveau sommet de la musique romantique.

Robert Schumann écrit à Clara: "Ce n’est qu’un long cri d’amour vers toi, tu ne peux comprendre la Fantaisie si tu ne te transportes en esprit à ce malheureux été où je renonçai à toi ; maintenant je n’ai plus de raisons d’écrire des compositions aussi mélancoliques et aussi malheureuses. Le premier mouvement est ce que j’ai écrit de plus passionné, c’est une profonde plainte à cause de toi".
 
L’œuvre sera dédiée à Franz Liszt, et Schumann souhaitait l'utiliser pour faire une souscription pour l'érection d'un monument à Bonn en hommage à Ludwig van Beethoven.

L'exécution de la pièce demande environ un peu moins de trente minutes. Elle est en 3 mouvements:
  • Durchaus phantastisch und leidenschaftlich vorzutragen (À jouer d’un bout à l’autre d’une manière fantasque et passionnée)
  • Mässig, durchaus energisch (Modéré, toujours énergique)
  • Langsam getragen (Lent et soutenu)

 Au disque, j'ai choisi la version interprétée par Evgeny Kissin.

Voici la version audio du 3ème mouvement:



1839 - Carnaval de Vienne (Faschingsschwank aus Wien) Op. 26

Inspiré par son passage à Vienne en 1838, le Carnaval de Vienne fut composé en 1839.

Le Carnaval op 26 se distingue du Carnaval op 9 par son caractère moins intime mais aussi par sa forme. À la place d'une série de petites parties, nous avons affaire ici à une succession de cinq parties de dimensions relativement considérables à savoir : 

  1. Allegro 
  2. Romance 
  3. Scherzino 
  4. Intermezzo 
  5. Finale

Dans le premier mouvement, Schumann cite le thème de La Marseillaise.

Au disque j'ai sélectionné la version de Jörg Demus, tirée de son intégrale de la musique pour piano.

Sous YouTube, voici la version de Murray Perahia.




1840 - Myrthen Op. 25


L'année 1840 voit le début d'une nouvelle phase créatrice pour Schumann avec la composition de cent trente huit lieder. 

Alors que ses compositions précédentes pour piano étaient peuplées de son seul imaginaire, il s'ouvre à l'imaginaire des poètes. La perspective du mariage avec Clara élargit sa fantaisie créatrice et le voyage à Vienne l'a mis en contact direct avec la création de Schubert. 

En outre, ses compositions pour le piano n'ont pas été un énorme succès commercial et les lieder promettent des rentrées plus importantes. 

Myrthen op. 25 est un de ses premiers cycles. C'est un recueil de 26 lieder sur des textes d'auteurs divers qu'il mettra dans la corbeille de noces de Clara.

J'ai sélectionné la version interprétée par Camilla Tilling, soprano, Christian Gerhaher, baryton et Gerold Huber, piano.

Voici quelques extraits.

Freisinn.


Der Nussbaum.


Hochländisches Wiegenlied.


Räthsel.




1840 - L'Amour et la Vie d'une Femme (Frauenliebe und -leben) Op. 42



L'Amour et la Vie d'une Femme est un cycle de lieder sur des textes de Adelbert von Chamisso. Contrairement aux autres cycles qui regroupaient des lieder qui n'avait pas de liens entre eux, celui-ci raconte une véritable histoire: le destin d'une femme depuis les premiers transports de la jeune fille en passant par les fiançailles, les noces, la maternité, jusqu'à la mort de l'époux.

Ce qui importait à Schumann était d'exprimer les mouvements de l'âme de la femme, des joies aux tourments.

Le dernier lied "Nun hast du mir den ersten Schmerz getan" qui évoque la mort du mari est particulièrement poignant et comme prémonitoire quand on sait que Clara survivra 40 ans à son époux et qu'elle ne voudra jamais interpréter ce lied.

J'ai retenu la version de Bernarda Fink, accompagnée par Roger Vignoles au piano.

Voici le lied final.





1840 - Les Amours du Poète (Dichterliebe) Op. 48



Dichterliebe (Les Amours du poète) op 48, est un cycle de 16 lieder pour une voix et piano. Composée sur des poèmes de l'écrivain romantique allemand Heinrich Heine (Lyrisches Intermezzo, « Intermezzo lyrique », 1822–1823), cette œuvre date de 1840, l'année du mariage de Schumann avec la pianiste Clara Wieck. 

Schumann met en musique le réveil cruel qui suit un beau rêve d’amour. Derrière ces lieder, on reconnaît un personnage pour qui tout devient musique : le vieux chant de l’amour trahi raille le délaissé, les fleurs murmurent et parlent, les soupirs forment un chœur de rossignols.

Ils sont destinés à une voix masculine (baryton aigu ou ténor). 

Parmi les versions de référence j'ai choisi celle qui me semble la plus équilibrée, interprétée par le ténor Fritz Wunderlich.

Sous YouTube, j'ai sélectionné une version live avec Stanislas de Barbeyrac et Suzana Bartal au piano.




1841 - Liebesfrühling (Le Printemps de l'Amour) Op. 37


Voici un album qui a suscité ma curiosité ! En effet, fait unique dans l'histoire de la musique, voici un cycle de lieder écrit par un mari et une femme.

Il s'agit du cycle de lieder Liebesfrühling de Robert & Clara Schumann, écrit en 1841 sur des poèmes de Rückert. Ce cycle combine 9 lieder Op. 37 de Robert et 3 lieder Op. 12 de Clara. Robert le publia pour fêter le 22ème anniversaire de Clara.

L'album est superbement interprété par le baryton Raoul Steffani, la mezzo-soprano Magdalena Kozena et le pianiste Gerold Huber. C'est certainement un des plus beaux albums de lieder de ces dernières années et c'est cet album qui me donna l'envie d'écrire cet article sur Schumann.

Les trois lieder écrits par Clara sont:

  • No. 2: Er ist gekommen
  • No. 4: Liebst du um Schönheit
  • No. 11: Warum willst du andere fragen

Sous YouTube, j'ai sélectionné quelques lieder de cet album.

No. 1 - Der Himmel hat eine Träne geweint.


 

 No. 2 - Er ist gekommen.


No. 4 - Liebst du um Schönheit.


 

No. 12 - So wahr die Sonne scheinet.


 


1842 - Quintette pour piano Op. 44



Après l'éclosion de lieder de 1840, Robert Schumann passa l'année suivante à s'essayer à la musique orchestrale. Il composa alors ses deux premières Symphonies ainsi que Ouverture, Scherzo et Finale.

Après avoir engrangé cette expérience, c'est à partir de 1842 qu'il commença à composer de la musique de chambre.

Le quintette avec piano Op. 44 peut, à juste raison, être considéré comme le chef-d’œuvre de musique de chambre de Schumann.

D'une très belle facture, avec des thèmes qui se répondent entre les mouvements, l’œuvre est en 4 mouvements:

  1. Allegro brillante (mi bémol majeur, à 2/2)
  2. In modo d'una marcia, un poco largamente (en ut mineur, à 2/2)
  3. Scherzo: Molto vivace (en mi bémol majeur, à 6/8)
  4. Finale: Allegro ma non troppo (en mi bémol majeur, à 2/2)

La durée d'exécution est d'environ trente minutes.

Wagner lui fit un accueil enthousiaste, alors que Berlioz et Liszt furent plus réservés. Depuis, l’œuvre est devenue une des œuvres de musique de chambre romantiques les plus prisées et a servi de modèle à de nombreux autres compositeurs tels que Brahms, Dvorak ou César Franck.

Je vous propose au disque la version du Quatuor Takacs, avec Marc-André Hamelin au piano.

Sous YouTube, j'ai sélectionné la fougue de Martha Argerich accompagnée par des solistes de l'Israël Philharmonic Orchestra.




1842 - Quatre Fantasiestücke, pour violon, violoncelle et piano Op. 88


Robert Schumann avait une admiration pour Felix Mendelssohn qu'il considérait comme le maître du trio. Il en restait d'ailleurs un peu tétanisé et n'osait pas aborder ce genre. C'est Liszt, qui le poussant à innover, lui recommanda de composer des trios et des quintettes. Il était sûr que Schumann "ferait cela admirablement".

En cette même année 1842 où il composa son quintette, il composa un trio pour violon, violoncelle et piano. Mais comme il ne suivait pas un schéma académique il a décidé de réunir ces quatre mouvements sous le titre "Fantasiestücke".

Les quatre mouvements sont:
  1. Romance. Nicht schnell, mit innigem Ausdruck
  2. Humoreske. Lebhaft
  3. Duett. Langsam und mit Ausdruck
  4. Finale. Im Marsch-Tempo

J'ai sélectionné un coffret de 3 CDs qui donne la substantifique moelle des œuvres de musique de chambre de Schumann: "Complete Piano Trios" du Trio Wanderer qui contient le Quintette avec piano, le Quatuor avec piano, les trois Trios avec piano et les Fantasiestücke.

Le Trio Wanderer se classe pour moi parmi les meilleures formations de ce type. J'ai sélectionné une version live qui nous permet d'entendre leur superbe interprétation du 3ème mouvement.



1845 - Concerto pour piano Op. 54



En 1841, Schumann écrit une Phantasie pour piano et orchestre, conçue selon ses propres termes comme « un juste milieu entre symphonie, concerto et grande sonate ». C'est cette Phantasie qui deviendra, quatre ans plus tard, le premier mouvement de son concerto. En 1845, il y greffe un intermezzo et un finale, ses éditeurs trouvant un concerto plus commercialisable qu'un simple Allegro.

L'œuvre fut créée à Dresde le 4 décembre 1845 par Clara, la femme du compositeur, au piano, et Ferdinand Hiller, dédicataire de la pièce ; puis reprise à Leipzig, le 1er janvier 1846, sous la direction de Felix Mendelssohn.

Le concerto n'eut pas un succès immédiat. Cela s'explique partiellement par le fait qu'il n'a pas été conçu comme un morceau de bravoure. Schumann, dont la main droite était endommagée depuis 1832, s'était écarté de toute virtuosité démonstrative dans ses œuvres. Il avait d'ailleurs confié dès 1839 à sa fiancée, Clara : « Je ne peux pas écrire de concerto de virtuose ; il faut que j'imagine autre chose ». 

Il est devenu depuis le concerto romantique le plus joué et le plus enregistré.

J'ai souhaité sortir des interprétations plus anciennes, que j'adore toujours, comme celles de Clara Haskil, Jorge Bolet ou Murray Perahia. 
 
J'ai préféré choisir une version récente, en l’occurrence une version enregistrée en 2022, celle de Beatrice Rana, accompagnée par le Chamber Orchestra of Europe dirigé par Yannick Nézet-Séguin, non seulement parce que Beatrice Rana se révèle être une interprète actuelle de premier plan, mais également parce que l'album met en parallèle les concertos pour piano de Clara et Robert, et le livret est à ce propos très intéressant et montre toute l'influence que Clara a pu avoir sur son mari.
 
Sous YouTube, je propose la version digne d'éloges de Khatia Buniatishvili, accompagnée par le Frankfurt Radio Symphony Orchestra dirigé par Paavo Järvi.
 

 


1849 - Genoveva Op. 81



Genoveva est un opéra en quatre actes dans le style romantique allemand, avec un livret de Robert Reinick et du compositeur. 
 
Unique opéra de Schumann, il fut créé le 25 juin 1850 au Stadttheater de Leipzig, dirigé par le compositeur. Il ne fut joué que trois fois à sa création et les critiques négatives qu'il reçut de la presse jouèrent un rôle décisif dans la décision de Schumann de ne pas écrire un deuxième opéra.

Genoveva est basé sur l'histoire de Geneviève de Brabant, une légende médiévale prenant place au VIIIe siècle. L'histoire est inspirée de la vie de Marie de Brabant (XIIe siècle), femme de Louis II de Bavière. La légende gagna en popularité pendant la première moitié du XVIIe siècle, essentiellement en Allemagne à travers diverses adaptations théâtrales. Deux des adaptations de cette époque, celles de Ludwig Tieck (Leben und Tod der heiligen Genoveva) et de Friedrich Hebbel (Genoveva), servirent de base pour le livret de l'opéra. 

Le livret raconte le départ pour les croisades de Siegfried, Comte de Brabant. Pendant son absence il confie sa femme à son jeune serviteur Golo. Celui-ci, épris de Genoveva, tente de la séduire mais sans succès. Il cherche alors à se venger et accuse celle-ci d'adultère avec un vieil intendant du Comte. Après quelques péripéties, l'innocence de Genoveva est rétablie, le Comte découvre la tromperie de Golo et restaure l'honneur de sa femme.

Il n'existe pas une pléthore d'enregistrements de cet opéra. Je vous propose la version dirigée par Kurt Masur avec, dans la distribution, Edda Moser, Dietrich Fischer-Dieskau et Peter Shreier.

Voici l'ouverture de l'opéra.



Voici l'air "O du, der über alle wacht".




1849 - Manfred Op. 115



Robert Schumann écrit un poème dramatique basé sur le drame de Lord Byron.

L'intrigue du drame est la suivante: 

Tourmenté par le remords après avoir tué celle qu'il aimait, Manfred vit seul comme un maudit au cœur des Alpes. Il invoque les esprits de l'univers, et ceux-ci lui offrent tout, excepté la seule chose qu'il désire, l'oubli. Il essaie alors, mais en vain, de se jeter du haut d'un pic élevé. 

Il visite ensuite la demeure d'Ahriam, mais refuse de se soumettre aux esprits du mal, leur enjoignant d'évoquer les morts. Enfin lui apparaît Astarté, la femme qu'il a aimée puis tuée par son étreinte (« My embrace was fatal... I loved her and destroy'd her »). Répondant à son invocation, Astarté lui annonce sa mort pour le lendemain. Au moment prédit apparaissent des démons pour s'emparer de lui, mais Manfred leur dénie tout pouvoir sur sa personne. Pourtant, à peine sont-ils apparus qu'il meurt. 

La situation de Manfred deviendra l'un des poncifs favoris composant le portrait de l'homme fatal du romantisme.

La pièce la plus connue du poème de Schumann est l'ouverture. Il s'agit pour moi d'une des plus belles œuvres symphoniques de Schumann.

Au disque, j'ai sélectionné la version dirigée par George Szell à la tête du Cleveland Orchestra. A noter que cette ouverture fait partie d'un coffret contenant les quatre symphonies de Schumann et qu'il s'agit d'une des meilleures versions de celles-ci.

Sous YouTube, je vous propose la version de Jacek Kaspszyk à la tête du Warsaw Philharmonic Orchestra.




1850/1851 - Symphonies No. 3 "Rhénane" Op. 97 et No. 4 Op. 120



Poussé par Clara, Schumann commença à composer pour l'orchestre à partir de 1841 et acheva, entre autres, deux symphonies, mais laissa d'autres pièces inachevées. 

Installé à Düsseldorf, il appela sa troisième symphonie "Rhénane" faisant référence au Rhin qui coule dans cette ville.

Sa structure est inhabituelle, comprenant 5 mouvements avec deux mouvements lents. Elle dure un peu plus d'une demi-heure. 

Le premier mouvement est vif et, contrairement aux autres symphonies du compositeur, n'a pas d'introduction lente. Le quatrième mouvement, un andante maestoso funèbre construit sur un seul thème solennel (confié à un choral de cuivres, les interventions des trois trombones sont d'un grand effet), a été inspiré par la cathédrale de Cologne.

Les 5 mouvements de la symphonie sont:

  1. Allegro en mi bémol majeur
  2. Scherzo en do majeur
  3. Intermezzo en la bémol majeur
  4. Andante en mi bémol mineur
  5. Finale en mi bémol majeur

Sa Symphonie No. 4 est chronologiquement plutôt sa deuxième symphonie. Créée le 6 décembre 1841 par l'orchestre du Gewandhaus de Leipzig sous la direction de son premier violon, Ferdinand David, l'accueil est plus que mitigé. La symphonie est, par la suite, profondément remaniée en 1851. La première de cette seconde version a lieu le 3 mars 1851 sous la direction du compositeur à Düsseldorf et remporte cette fois-ci un grand succès. Depuis, c'est cette seconde version qui est interprétée de nos jours.  

Cette symphonie comporte quatre mouvements, mais doit être jouée d'un seul tenant, comme l'a voulu le compositeur.

La succession de mouvements rapides et lents, avec d'innombrables accélérations, a souvent déconcerté. Son thème principal, exposé dans le premier mouvement et repris dans le dernier, fa-mi-ré-do dièse-ré, correspond à l'anagramme CLARA, transposé une quinte plus basse. C'est un hommage à sa jeune épouse.

Les quatre mouvements sont:

  1. Ziemlich langsam –Lebhaft (ré mineur)
  2. Romanze : Ziemlich langsam (la mineur)
  3. Scherzo : Lebhaft – Trio (ré mineur)
  4. Langsam - Lebhaft (ré majeur)

Pour moi le Scherzo de cette symphonie est un des plus beaux passages de l’œuvre de Schumann. 

Ma version favorite des symphonies de Schumann est celle de Herbert von Karajan par son dynamisme et son romantisme.

Voici, sous YouTube, la Symphonie No. 3 interprétée par Christoph Eschenbach.


Et la Symphonie No. 4, interprétée par Philippe Herreweghe.



1850 - Concerto pour violoncelle Op. 129



La musique de Schumann, étroitement liée aux événements qui ont jalonné son existence inquiète et tourmentée, révèle les humeurs contradictoires, les hésitations et les interrogations qui l’ont hanté dès l’aube de sa carrière.

Bien qu’ayant étudié le violoncelle dans sa jeunesse parallèlement au piano, Schumann n’a commencé à composer pour cet instrument soliste que dans les dernières années de sa vie. 

Le Concerto pour violoncelle op. 129, auquel il a donné le titre de "Pièce de concert avec accompagnement d’orchestre" (Concertstücke für Violoncel mit Beigletung des Orchesters) date de l’automne 1850. 

Atteint depuis de longues années de troubles nerveux et de crises d’angoisse, Schumann, venant de Dresde, était depuis peu fixé à Düsseldorf en qualité de directeur de la musique de la ville. Profitant d’un moment de répit dans sa maladie, répit de courte durée, il connaissait une intense période de créativité, mais, atteint d’insomnies, d’hallucinations, de difficultés d’élocution, il supportait de plus en plus mal les contrariétés dues à ses délicates relations avec les autorités musicales locales. En 1853, il était contraint à la démission.

Surgirent de nouvelles difficultés lorsque Schumann se mit en quête d’un éditeur pour son concerto. C’est finalement la maison Breitkopf und Härtel qui répondit favorablement, et à la mi-février 1854, il pouvait lui confier son manuscrit revu et corrigé, probablement, selon son épouse Clara, pour trouver un apaisement à son délire. 

Quelques jours plus tard survint la crise suprême : le 27 février, fuyant son domicile et traversant Düsseldorf sous la pluie, à peine vêtu, Schumann se jetait dans le Rhin afin d’échapper à son cauchemar. Sauvé par des bateliers, il demanda lui-même son internement à l’hôpital d’Endenich, où il s’est éteint deux ans plus tard.

Schumann n’a jamais entendu son concerto pour violoncelle créé le 23 avril 1860 à Oldenburg par le premier violoncelliste de la cour, Ludwig Ebert, et rejoué le 9 juin pour le cinquantième anniversaire de sa naissance.

Au disque, j'ai choisi la superbe interprétation de Gautier Capuçon accompagné par le Chamber Orchestra of Europe dirigé par Bernard Haitink. Cet album a d'ailleurs été récompensé par un Diapason d'Or et un Choc de Classica.

Sous YouTube, je vous propose une autre excellente version, celle de Jean-Guihen Queyras dirigé par Pablo Heras-Casado à la tête du Freiburger Barockorchester.




1851 - Sonates pour violon No. 1 Op. 105 & No. 2 Op. 121



En 1851, Robert Schumann compose coup sur coup deux sonates pour violon. La première en la mineur est composée entre le 12 et le 16 septembre, quant à la deuxième, en ré mineur, elle est composée entre le 26 octobre et le 2 novembre.

Ces sonates ont certainement été composées à l'instigation de l'ami de Leipzig Ferdinand David, premier violon de l'orchestre du Gewandhaus qui se plaignait auprès de Schumann que celui-ci n'avait pas composé de sonate pour piano et violon: "Je ne connais personne qui pourrait le faire mieux que toi".

La première sonate fut créé le 16 octobre 1851 par Clara et par Wilhelm Joseph von Wasielewski, premier violon de l'orchestre de Düsseldorf et premier biographe de Schumann.

Clara écrivit: "Nous jouâmes et nous nous sentîmes, en particulier avec le premier mouvement, très élégiaques. Le second, si beau, nous saisit. Il n'y a que le troisième, moins charmant et plus entêté, qui ne voulait pas passer".

Schumann prit un peu plus de temps pour la composition de sa seconde sonate en ré mineur Op. 121: une semaine complète !

Schumann semblait plein d'humour et d'auto-ironie au sujet de la composition en si peu de temps des deux sonates pour violon: "La première sonate ne me plaisait pas, c'est pourquoi j'en ai fait une seconde qui, j'espère, sera meilleure".

Dans le travail contrapuntique et les passages fugués de ces sonates on sent l'étude que faisait Schumann à cette époque de l’œuvre de Jean-Sébastien Bach.

J'ai sélectionné, au disque, une version live des deux premières sonates par Renaud Capuçon et Martha Argerich.

Voici la première sonate Op. 105.




1853 - Concerto pour violon WoO 23



Au soir de sa vie, le compositeur n'a mis que onze jours à écrire son concerto. Pour expliquer cette rapidité fulgurante, il faut la replacer dans son contexte très particulier. 
 
Schumann avait rencontré quelques mois plus tôt le génial Joseph Joachim, disciple de Felix Mendelssohn et violoniste le plus accompli de sa génération. Âgé de seulement 22 ans, Joachim avait séduit les Schumann dans son interprétation somptueuse du concerto de Beethoven. 

Toujours est-il que Joachim, dérouté par ce concerto difficile et ingrat pour l'exécutant, ne créera jamais le concerto, et, à la mort de son auteur, renonce à le publier.

L'œuvre n'ayant pas été éditée du vivant de son auteur tomba dans l'oubli et n'en sortit qu'en 1937. 

Le concerto est composé de trois mouvements
  • I. In kräftigem, nicht zu schnellem Tempo
  • II. Langsam
  • III. Lebhaft, doch nicht schnell
dont les deux derniers s'enchaînent. 

J'ai sélectionné la version de Gidon Kremer, dirigé par Harnoncourt à la tête du Chamber Orchestra of Europe.

Sous YouTube, voici une autre très belle version: Isabelle Faust est accompagnée par le Freiburger Barockorchester dirigé par Pablo Heras-Casado.




1854 - Variations en mi bémol "Geistervariationen" WoO 24



Terminons cette anthologie par une des dernières œuvres du compositeur, une série de variations.

Existe-t-il un genre musical qui convienne mieux à Schumann que la variation ? Non, car avec ces fragments il vise l’absolu, cherche, tâtonne, esquisse et approche la perfection de l’écriture pianistique portée et guidée par l’intime de ses humeurs fugaces. Pour le dire plus simplement, avec le genre de la variation, Schumann trouve une écriture du quotidien.

C’est dans le Rhin – glacial en ce 27 février 1854 - que Schumann, abandonné par son génie, se jette. Non sans avoir, une dernière fois capté, au milieu de ses hallucinations auditives, un thème qu’il croit venu tout droit de Schubert, le thème des "esprits" ("Geister"), alors qu’il est simplement la réminiscence de son propre concerto pour violon. 
 
Que va-t-il faire de ce thème avant de se couler dans le Rhin ? Il va le varier. Il va noter une dernière fois, études de gris, ses humeurs, sa profonde mélancolie, ses chants d’une aube crépusculaire. Ce cantique pianistique, ces voix fantômes, ces esprits qui s’enlacent, sondent les graves du piano pour refuser la lumière, ces voix modulent sans cessent pour empêcher tout repos, toute sérénité. 
 
Ces variations terminent dans la beauté de leur mystère l’œuvre de l'artiste romantique et passionné.

J'ai sélectionné la superbe interprétation de Claire Désert qui me laisse sans voix.

Sous YouTube, j'ai choisi la version du pianiste Andras Schiff.






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