samedi 29 février 2020

Schubert

Schubert

Schubert


Franz Schubert est un compositeur autrichien né le 31 janvier 1797 à Lichtenthal, l'un des quartiers du neuvième arrondissement de Vienne, et mort à Vienne le 19 novembre 1828.

Bien que mort à 31 ans, Schubert est l'un des plus grands compositeurs du XIXe siècle et le maître incontesté du lied. 

Schubert est un de mes compositeurs préférés: je suis toujours très touché par son romantisme, la délicatesse dont il fait preuve, ses qualités mélodiques et sa façon de nous transmettre ses sentiments et ses peines.

Le catalogue complet de l’œuvre de Schubert a été établi en 1951 par le musicologue autrichien Otto Erich Deutsch (c’est pourquoi on trouve l’abréviation D. pour « Deutsch-Verzeichnis » pour ses oeuvres).

En outre, je vous ai concocté une playlist qui vous propose un panorama complet de l'œuvre de Franz Schubert. 

On y trouve les pièces suivantes:
  • Des lieder, notamment des extraits des grand cycles, par des interprètes d'exception comme Dietrich Fischer-Dieskau, Fritz Wunderlich, Matthias Goerne, Barbara Bonney ou Gundula Janowitz.
  • Des symphonies, dont une version complétée de la symphonie "Inachevée", ainsi que la symphonie No. 10, également complétée, puisque Schubert ne l'avait pas achevée.
  • De la musique de chambre, avec des oeuvres fameuses comme le quintette à cordes D956, le trio op. 100, le quintette "La Truite", la quatuor No. 13 "Rosamunde", la sonate arpeggione, la fantaisie D934 et la fantaisie D940 pour piano à 4 mains.
  • De la musique pour piano seul avec les sonates Nos. 14, 16 et 21, des impromptus, les moments musicaux et la fantaisie "Wanderer".

Voici les liens vers la playlist.

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Voici une anthologie de mes œuvres préférées dans les meilleures interprétations que je connaisse.

Symphonie "Inachevée" D.759


Je voudrais commencer par un album paru en Novembre 2018 et qui est absolument remarquable: il s'agit d'une interprétation de la fameuse symphonie "Inachevée" de Schubert. Or cette fameuse "inachevée" a été complétée avec deux mouvements supplémentaires : un scherzo esquissé par Schubert, complété en 2015 par le compositeur Nicola Samale assisté du musicologue Benjamin-Gunnar Cohrs, et un entracte de la musique de scène intitulée "Rosamunde" qui selon un certain nombre de critères détaillés dans l'essai musicologique de Benjamin-Gunnar Cohrs convient bien pour terminer cette symphonie, et dont le principal mérite est d'être entièrement de la main de la Schubert. 

On est très loin de la pitoyable tentative de Huawei de faire compléter cette même symphonie par une intelligence artificielle. Le résultat est lui-même très "artificiel" et ressemble bien plus à un patchwork de musique de comédie musicale ou bien de musique de film de Hollywood que de musique de Schubert.

Enfin, pour revenir à l'album qui nous intéresse, je dirais qu'il est dirigé par un chef d'orchestre autrichien que j'ai découvert pour l'occasion, Stefan Gottfried, qui n'est autre que le successeur du regretté Nikolaus Harnoncourt à la tête du Concentus Musicus Wien. 

La Symphonie "Inachevée" est complétée par des lieder orchestrés par Brahms et Webern et chantés par l'excellent baryton-basse Florian Boesch. Cet album a été justement primé par un diapason d'or.

Le 1er mouvement:


Le second mouvement:



Le fameux trio inachevé de Schubert (3ème mouvement):


L'entracte de la musique de scène de "Rosamunde" utilisé comme quatrième mouvement:



Quintette la truite D.667 


Schubert a excellé dans la musique de chambre, voici un de mes coups de cœur récents: en 2017, la violoniste Anne-Sophie Mutter et le pianiste Daniil Trifonov enregistrent avec d’autres musiciens une version mémorable du « Forellenquintett » (« Quintette la Truite ») D.667. 

On retrouve la mélodie fameuse du lied qui donne son nom au quintette dans le 4ème mouvement, mais l’œuvre reste passionnante de bout en bout. 

En ce qui concerne les meilleures interprétations de cette œuvre, je voudrais quand même signaler celle d’Elisabeth Leonskaja au piano, accompagnée par le Alban Berg Quartett, qui est également au top !

Le scherzo (3ème mouvement):



Quintette pour deux violoncelles D.956


Ensuite, il y a le merveilleux « Streichquintett » D.956 (« Quintette pour deux violoncelles »). L’œuvre est superbe, mais le 2ème mouvement, Adagio, est tout simplement sublime. 

Pour l’anecdote, c’est un morceau que j’ai découvert dans le délicieux film de Colline Serreau "Trois hommes et un couffin". Je pense que la réalisatrice a tout compris de la poésie de ce morceau. 

L’interprétation que je retiens au disque est celle du Quatuor Rosamonde et Nicolas Deletaille, violoncelle. Ce morceau est couplé à la « Sonate pour Arpeggione et Clavier » D.821 interprétée par Nicolas Deletaille à l’arpeggione et Paul Badura-Skoda au pianoforte. 

L'arpeggione est un instrument à cordes frottées, joué à l'archet, à 6 cordes et accordé comme une guitare. Il est appelé également « guitare-violoncelle » ou « guitare d'amour ». Il est peu fréquent que cette œuvre soit jouée à l’arpeggione, instrument rare, elle est plus souvent jouée au violoncelle. C’est ce qui fait l’originalité de cette version qui a des timbres très particuliers. 

A noter que ce n’est pas, malgré tout, ma version préférée de cette œuvre.

Pour la version live du quintette, j'ai sélectionné une interprétation du quatuor Borodine et Alexander Buzlov, violoncelle:



Sonate Arpeggione D.821


Ma version favorite de la sonate Arpeggione est quant à elle celle de Jean-Guyhen Queyras au violoncelle et Alexandre Tharaud au piano. 

Je trouve que cette interprétation a tellement de classe et de tenue. Il faut dire que ce sont deux très grands interprètes que l’on retrouve très fréquemment dans mes choix.

Et, pour vous en persuader, voici le 1er mouvement:



Trios op. 99 D.898 et op. 100 D.929


Schubert expose tout son talent pour la musique de chambre dans ses deux trios pour piano et cordes. En particulier, pour les cinéphiles, le second mouvement "andante con moto" du trio op. 100 a été rendu célèbre par la musique du film Barry Lyndon de Stanley Kubrick.

Je vous propose de l'écouter dans sa version par le trio Wanderer.



Fantaisie pour violon et piano en ut majeur D.934



Je vous encourage fortement à mettre une oreille dans cet oeuvre. C'est un pur moment de douceur, de charme et de bonheur. Quelle délicatesse et quelle sensibilité !

On notera que dans le troisième mouvement "Andantino", Schubert cite le thème de son lied "Sei mir gegrusst".

Au disque, je vous recommande la version de Cédric Tiberghien, piano et Alina Ibragimova, violon, qui est couplée aux sonates pour violon et piano.

Sur youtube, j'ai sélectionné cette version live de Alena Baeva (violon) et Vadym Kholodenko (piano), car elle est pleine de romantisme et de fougue, et rend bien justice à cette oeuvre magnifique.



Fantaisie en fa mineur pour piano à 4 mains D.940



Conseillé par un très bon ami mélomane, j'ai écouté cette fantaisie pour piano à 4 mains, et je suis absolument tombé sous le charme. Schubert a écrit de nombreuses pièces pour piano à 4 mains qui étaient destinées à être interprétées parmi un groupe d'amis, ce que l'on a appelé les Schubertiades.

Cette fantaisie est dédiée à son élève la jeune comtesse Caroline Esterhazy, dont il était amoureux sans espoir. Il s'agit de son oeuvre la plus aboutie pour piano à 4 mains, elle date de l'année 1828 qui est l'année même de sa mort.

Dans la fugue finale, des vagues enflent, la tension augmente, les silences sont éloquents, le morceau alterne entre passion et renoncement, on y sent tout Schubert.

Les pianistes Radu Lupu et Murray Perahia nous en restituent toute la beauté, leur version est un pur joyau.




Impromptus D.899 et D.935


Schubert a également composé de nombreuses pièces pour piano. Un de mes albums coup de cœur est intitulé: "Le voyage magnifique", il est interprété par Maria Joao Pires au piano. 

Elle joue les "Impromptus" D.899 et D.935. Une mention particulière pour l’Impromptu D.899 No. 2 qui nous propose une ribambelle de notes : j’adore la façon dont les notes glissent dans ce morceau ! 

Quand à l’Impromptu D.899 No. 3 je trouve toujours qu’il annonce Chopin, par sa délicatesse et son romantisme. Bref, vous aurez compris à quel point je suis séduit par ces pièces et la sensibilité avec laquelle Maria Joao Pires les joue.

J'ai sélectionné une autre belle version de l'impromptu No. 3 par Vladimir Horowitz:



Les Moment Musicaux D.780


Un autre très grand interprète de Schubert au piano est Alfred Brendel, qui joue également les Impromptus. Mais ce qui m’intéresse plus particulièrement dans cet enregistrement ce sont les « Moment Musicaux » D.780. 

Ce sont des musiques très évocatrices et aux climats très différents : 
  • le No. 1 m’évoque des brumes, un peu à la manière de Satie, 
  • le No. 2 semble une prière, 
  • le No. 3 est une sorte de marche amusante, presque malicieuse, elle m’inspire le monde de l’enfance, 
  • le No. 4 me rappelle irrésistiblement les préludes de Bach et leur rigueur contrapuntique, 
  • le No. 5 est plus échevelé et purement romantique, c’est une sorte de chevauchée, 
  • enfin le No. 6, nostalgique et austère, semble rappeler les moments perdus que l’on ne retrouvera pas. 



Sonate No. 16 en la mineur D.845


Schubert a également composé de superbes sonates. La première sonate que j’ai découverte est la sonate No. 16 en la mineur D.845. 

Contrairement aux « Moments musicaux », que je trouve très évocateurs, cette sonate ressort de la musique pure. Je l'apprécie pour sa forme et pour l'agencement et la richesse de ses thèmes. 

Je la trouve assez classique, elle me rappelle un peu Beethoven pour la forme, mais surtout Mozart pour l’esprit, surtout dans les deux derniers mouvements. 

L’interprétation choisie est extraite d’un très beau coffret de 8 CDs intitulé sobrement: "Mitsuko Uchida plays Schubert". Je trouve que Mitsuko Uchida excelle dans les sonates de Schubert qui demandent beaucoup de sensibilité et de délicatesse, mais quand même parfois une certaine fougue romantique.



Sonates No. 20 D.959 et No. 21 D.960


En ce qui concerne l’album suivant, je pense que je vais manquer de superlatifs pour l’évoquer ! 

Il s’agit du testament pianistique de Schubert, ses deux dernières sonates : les sonates No. 20 D.959 et No. 21 D.960, interprétées par le pianiste polonais Krystian Zimerman. 

Pour parler de ces deux sonates, je laisse la parole à l’interprète : « Ces deux ultimes sonates contribuent énormément à nous montrer la grandeur de Schubert, et avec elles, il passe à la vitesse supérieure, ose des choses radicalement nouvelles d’un point de vue harmonique et polyphonique. Par rapport à ses sonates antérieures, on pourrait presque imaginer qu’elles sont d’un autre compositeur. » 

Zimerman a attendu longtemps avant d’affronter ces monuments, mais il nous livre une version de référence, et comme dit le critique André Tubeuf : « On ne marque pas avec plus de juste sensibilité que ne le fait Zimerman la géniale complémentarité qu'il y a dans ce diptyque, et peut-être bien (à quelques exceptions beethovéniennes près) ce qu'il y a de plus souverain dans le piano classique. [...] Voici un maître. [...] » 

Cet album a d’ailleurs été élu Choc Classica de l’année 2017. Autant vous dire que je partage totalement ce jugement, je reste totalement subjugué par cet enregistrement !

Ecoutez le rondo (4ème mouvement) de la sonate No. 20, n'est-ce pas magnifique ?



Symphonie No. 10 D.936A


Il est difficile de comptabiliser exactement le nombre de symphonies de Schubert, car il a laissé plusieurs projets inachevés. 

En particulier, sa symphonie "Inachevée" ne porte pas toujours le même numéro: le plus souvent on la trouve avec le No. 8, mais parfois avec le No. 7. Or, il existe bien une Symphonie No. 7 D.729, elle aussi inachevée, mais qui a été complétée par d'autres compositeurs. 

Enfin, pour ceux qui croient que la symphonie No. 9 "La Grande" est la dernière, détrompez-vous: on doit au musicologue Brian Newbould la reconstruction, en 1983, d'une symphonie No.10 D.936A. 

Et, à ce jour, je dois bien reconnaître que je voue une certaine admiration à cette symphonie, particulièrement pour les thèmes des 2 mouvements extrêmes. 

Je recommande la version de Sir Charles Mackerras à la tête du Scottisch Chamber Orchestra, qui offre en couplage d'autres fragments symphoniques, tels que la symphonie en ré majeur D.708A, elle aussi complétée par Newbould.

Voici le scherzo de la Symphonie No. 10 dirigée par Pierre Bartholomée.



Lieder


Enfin, je termine avec le domaine le plus typique de la musique de Schubert: les lieder. Il en a composé plus de 600. Voici une anthologie de ce merveilleux domaine, et sauf mention contraire, l'interprétation que je retiens est celle chantée par Dietrich Fischer-Dieskau, accompagné par Gerald Moore au piano.

Il y a d'abord les trois célèbres cycles:
  • "Die schöne Müllerin" ("La Belle Meunière"): un cycle sur les tourments amoureux.
  • "Winterreise" ("Le Voyage d'Hiver"): c'est un cycle particulièrement poignant.
  • "Schwanengesang" ("Le chant du cygne"): c'est un très beau cycle. Avec des lieder tels que: "Ständchen" ("Sérénade", dont le thème a été repris par le groupe The Platters dans la chanson "My Serenade"), "Der Atlas" (certainement un de mes lieder préférés avec cette image du pauvre Atlas portant le monde sur ses épaules) , "Der Doppelgänger" ("Le double", un des lieder les plus sombres) et "Die Taubenpost" ("Le pigeon voyageur", avec un retour à un climat beaucoup plus léger!).

Voici une sélection des meilleurs lieder de Schubert:
  • "Adelaide" D.95, 
  • "Gretchen am Spinnrade" D.118 ("Marguerite au rouet", on entend l'effet rendu par le rouet qui tourne), 
  • "Heidenröslein" D.257 ("Rose des Bruyères"), 
  • "Der Erlkönig" D.328 ("Le roi des Aulnes", d'après une ballade de Goethe, un des plus beaux lieder avec sa chevauchée infernale qui se solde tragiquement par la mort de l'enfant),
  • "Der Tod und das Mädchen" D.531 ("La jeune fille et le mort", un lied très sombre), 
  • "Ganymed" D.544, 
  • "An die Musik" D.547, 
  • "Die Forelle" D.550 ("La truite", un des plus charmants lieder), 
  • "Der Wanderer" D.649 ("Le Voyageur"), 
  • "An die Freunde" D.654 ("Aux amis"), 
  • "Sei mir gegrüsst" D.741 ("Je te salue"), 
  • "Der Musensohn" D.764 ("Le fils des Muses"), 
  • "Auf dem Wasser zu singen" D.774 ("A chanter sur l'eau"), 
  • "Du bist die Ruh" D.776 ("Tu es le repos"), 
  • "Im Frühling" D.882 ("Au Printemps"), 
  • "Das Lied im Grünen" D.917 ("Chant dans la campagne").

Enfin, voici trois superbes lieder pour voix de femme, extrait de "Ellens Gesang" ("Le chant d'Hélène") d'après "La dame du Lac" de Sir Walter Scott:
  • "Raste Krieger, Krieg ist aus" D.837 ("Repose-toi guerrier, la guerre est finie")
  • "Jäger, ruhe von der Jagd" D.838 ("Chasseurs, repos après la chasse")
  • "Hymne an die Jungfrau" D.839 ("Hymne à la vierge"): ce lied magnifique est connu sous le titre "Ave Maria de Schubert".

Ma version favorite est celle chantée par Gundula Janowitz, accompagnée au piano par Irwin Gage.

Voici quelques-uns de ces lieder fameux.

Der Atlas

Der Erlkönig


Die Forelle


L'Ave Maria par Gundula Janowitz:


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