samedi 29 février 2020

Beethoven

Beethoven

Beethoven


Ludwig van Beethoven est un compositeur allemand né à Bonn le 15 ou 16 décembre 1770 et mort à Vienne le 26 mars 1827. 

On fête donc cette année les 250 ans de sa naissance. J'ai donc souhaité vous livrer une anthologie de ses principales œuvres, et pour chacune de ces œuvres partager avec vous mes coups de cœur au disque et sur internet.

Beethoven est un des grands représentants du classicisme viennois, et probablement le dernier puisqu'il annonce déjà avec sa musique le romantisme. 

Il est connu principalement pour sa musique symphonique, mais il a également laissé un héritage considérable dans le domaine de la musique de chambre et de la musique pour clavier. 

Je pense que la principale caractéristique de la musique de Beethoven est qu'il est le premier à utiliser les différents instruments comme, littéralement, des personnages. Ceux-ci expriment leurs passions, leurs espoirs, leurs tristesses. 

Dans ma sélection, j'ai choisi de vous présenter certaines des œuvres les plus emblématiques dans les domaines de la musique pour piano, la musique de chambre et la musique orchestrale.

A noter également que je vous ai concocté deux playlists sur les principales plateformes de streaming.

Certaines œuvres de Beethoven sont très connues du public, elles font partie de la première playlist intitulée "Beethoven connu". Cette playlist s'adresse à tous les publics et vous permettra d'entendre, entre autres:
- les symphonies Nos. 3, 5, 6, 7 et 9
- les sonates "Clair de Lune", "Pathétique" et "Appassionata"
- les concertos les plus connus tels que le concerto pour piano No. 5 "Empereur" et le concerto pour violon
- la sonate pour violon et piano No. 9 "à Kreutzer"
- de la musique de chambre: un quatuor "Razoumovski", le trio "à l'Archiduc" et la grande fugue
- la lettre à Elise
Ensuite, pour vous montrer à quel point le catalogue des œuvres de Beethoven est riche, j'ai sélectionné des œuvres méconnues, mais qui sont pour moi des coups de cœur, dans une deuxième playlist intitulée "Beethoven inconnu", qui s'adresse principalement aux amateurs de Beethoven qui souhaitent approfondir son œuvre.
Voici, choisies dans cette playlist, quelques œuvres qui méritent d'être écoutées:
- le quatuor No. 15 et son superbe 3ème mouvement Molto Adagio
- l'andante et variations WoO 44b pour mandoline
- le triple concerto pour violon, violoncelle et piano Op. 56
- la fantaisie pour piano, chœur et orchestre Op. 80
- les variations Diabelli Op. 120

Voici les liens vers les playlists.

Beethoven Connu.

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Beethoven Inconnu.

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La musique pour piano

Sonate No. 23 Op. 57 "Appassionata"


Pour commencer, j'ai sélectionné interprétation que j'ai découverte récemment grâce à un article du magazine Classica. Il s'agit de la sonate No. 23 Op. 57 "Appassionata" interprétée par Emil Gilels au piano. 

Celui-ci met ses énormes moyens au service de cette œuvre virtuose avec sobriété mais en même temps avec une forte conviction. A noter la qualité exceptionnelle de la prise de son pour un enregistrement de 1961. Et, cerise sur le gâteau, le couplage avec les sonates No. 8 "Pathétique" et No. 14 "Clair de Lune".

Voici cette merveilleuse sonate, par Emil Gilels:




Sonate No. 32 Op. 111


On continue avec la musique pour piano avec l'œuvre suivante: il s'agit de la dernière sonate pour piano de Beethoven, la sonate No. 32 Op. 111. 

Elle a été consacrée par la formule de Thomas Mann: "l'adieu à la sonate". Cette œuvre a particulièrement désorienté les contemporains de Beethoven et est restée quasiment ignorée à l'époque. 

Il y a un passage que je trouve particulièrement fou dans cette sonate: le 2ème mouvement est composé d'un thème (arietta) et de six variations. La deuxième variation fait appel à un rythme très balancé en "double croche/triple croche en triolet", à tel point qu'on croirait entendre du jazz ! (Ecoutez de 15:30 à 17:15 environ dans la version sélectionnée ci-dessous). 

La version que je choisis est celle interprétée par Julius Katchen qui est absolument parfaite. 



Variations Diabelli Op. 120


Sur le même album de Julius Katchen, on trouve les "33 Variations sur une valse de Diabelli" Op. 120, appelées communément "Variations Diabelli". 

Ce qui est absolument novateur avec ces variations c'est que Beethoven casse les codes: après avoir cité le thème de la valse, la première variation n'a déjà plus rien à voir avec le thème initial. 

Beethoven aurait trouvé le thème de Diabelli insignifiant et aurait voulu montrer tout ce qu'il était capable de faire à partir d'un sujet aussi mince. Beethoven s'amuse même à faire une citation à la Variation 22 : Allegro molto, alla ‘Notte e giorno faticar’ di Mozart (reprise d'un thème de "Don Giovanni"). Il finit en beauté avec une fugue et un menuet.

Outre la version de Julius Katchen, je recommande également les versions d'Alfred Brendel et de Claudio Arrau.

Voici la variation XVIII par Julius Katchen:





La musique de chambre

Quatuor No. 8 Op. 59 No. 2 "Rasoumovsky"


Passons à présent à la musique de chambre.

Beethoven a composé 17 quatuors, parmi lesquels quelques chef-d'œuvres. On voit tout le chemin parcouru depuis les premiers quatuors, dans la lignée de Haydn, jusqu'aux derniers quatuors qui révolutionnent le genre par leurs audaces harmoniques qui ont surpris les contemporains. 

J'ai choisi le quatuor No. 8 "Rasoumovsky" Op. 59 No. 2. Il fait partie d'un ensemble de 3 quatuors dédiés au prince Andreï Rasoumovsky. Ce que j'aime dans ce quatuor c'est l'énergie dégagée dans les mouvements extrêmes, le thème russe exalté du 3ème mouvement, et la longue rêverie du 2ème mouvement. 

J'ai sélectionné la version du quatuor Alban Berg, qui à mon avis est le meilleur interprète des quatuors de Beethoven. 



Trio No. 7 Op. 97 "Archiduc"


Son plus célèbre trio est le No. 7 Op. 97 "Archiduc". Il doit son nom à la dédicace à l'archiduc Rodolphe d'Autriche, élève et ami fidèle de Beethoven. 

J'apprécie la célèbre mélodie du 1er mouvement, la légèreté du scherzo, le recueillement du 3ème mouvement, enfin la vivacité du dernier mouvement. 

Mon interprétation favorite est celle de Daniel Barenboïm au piano, Pinchas Zukerman au violon et Jacqueline du Pré au violoncelle. Le grave du violoncelle fait merveille, en particulier dans le 3ème mouvement.



Sonate pour violon et piano No. 9 Op. 47 "à Kreutzer"


Je voudrais continuer avec une œuvre très connue de Beethoven: il s'agit de la sonate pour violon et piano No. 9 Op. 47, dite "à Kreutzer", en raison de sa dédicace. Le comble est que le violoniste Kreutzer refusa toujours de jouer cette sonate, la trouvant injouable !

Après avoir entendu de nombreuses versions de cette sonate, j'ai été particulièrement surpris d'entendre une nouvelle version, encore meilleure que tout ce que j'avais entendu jusqu'à présent: il s'agit de la version enregistrée en 2016 par Lorenzo Gatto au violon et Julien Libeer au piano. Cet enregistrement a obtenu un Diapason d'or.

A noter d'autres excellentes versions: Itzhak Perlman et Vladimir Ashkenazy, Petr Messiereur et Stanislav Bogunia, Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien.

Enfin, un live excellemment interprété par Joshua Bell au violon et Yuja Wang au piano:



Adagio con variazioni en ré majeur WoO 44 No. 2


Maintenant, je voudrais sortir totalement des sentiers battus en vous citant une œuvre méconnue de Beethoven: l' "Adagio con variazioni" en ré majeur WoO 44 No. 2 pour mandoline et piano. 

Effectivement, à l'écoute de cette œuvre charmante, on est bien loin du Beethoven annonciateur du romantisme. On est plutôt dans une musique galante à influence italienne. Mais je ne vois pas pourquoi on bouderait notre plaisir à écouter cette sucrerie !



La musique orchestrale

Symphonie No. 5


Passons à des choses plus sérieuses: la musique orchestrale.

On a dit que dans cette symphonie on entend le destin qui frappe à notre porte ! 

En tout cas, c'était certainement le destin de Nikolaus Harnoncourt de nous livrer cette fulgurante version de la symphonie No. 5 peu de temps avant sa mort. 

Il avait déjà sorti une intégrale des symphonies en 1990, il récidive en 2015 avec les Nos. 4 & 5 cette fois, et avec son orchestre fétiche "Le Concentus Musicus Wien" sur instruments historiques. 

On sort transporté de cette écoute: écoutez les cors et la flûte dans le finale. Tout est dit.

Pom, pom, pom, pom:


Le finale:



Symphonie No 9


Je ne pouvais pas omettre l'œuvre suivante: la symphonie No. 9 avec chœur et son célébrissime "Hymne à la joie", qui est maintenant utilisé comme hymne de l'Europe. 

"Alle Menschen werden Brüder" ("Tous les hommes seront frères") peut-on imaginer un meilleur programme? 

Et comment ne pas rester pantois quand on sait que lorsqu'il a composé ce chef-d'œuvre Beethoven était déjà devenu sourd. 

Afin d'illustrer cette œuvre, j'ai choisi la jeunesse et la fougue du chef d'orchestre vénézuelien Gustavo Dudamel à la tête du "Simon Bolivar Symphony Orchestra of Venezuela" et du "Coro Nacional Juvenil Simon Bolivar". La prestation est parfaite. Cette version est excellente et confirme le talent de Gustavo Dudamel qui est un des tout meilleurs chefs de la génération montante.

En version live, voici toujours Gustavo Dudamel:






Concerto pour piano No. 5 Op. 73 "L'Empereur"


Je voudrais continuer avec le roi, que dis-je le roi, l'empereur des concertos pour piano, le si bien nommé concerto pour piano No. 5 de Beethoven. J'ai choisi une interprétation légendaire celle d'Arturo Benedetti Michelangeli dirigé par Carlo Maria Giulini.


A noter parmi les interprétations récentes sur instruments anciens l'excellente prestation de Kristian Bezuidenhout dirigé par Pablo Heras-Casado.

Fantaisie pour piano, chœur et orchestre en do mineur Op. 80


Enfin, je voudrais terminer avec une oeuvre moins connue. Il s'agit de la Fantaisie Chorale. 

Cette oeuvre pour piano, chœur et orchestre est souvent sous-estimée et trop souvent comparée à sa grande sœur la Symphonie No. 9 avec chœurs. 

Or, il me semble, que cette oeuvre somptueuse mérite mieux. En tout cas, je souhaite vous la faire découvrir sous les doigts agiles de la merveilleuse pianiste Hélène Grimaud, dirigée ici par Jean-Claude Casadesus.



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