lundi 17 janvier 2022

Albinoni (Tomaso)

 

Tomaso Albinoni


Tomaso Albinoni


Tomaso Giovanni Albinoni, né le 8 juin 1671 à Venise et mort le 17 janvier 1751 également à Venise, est un violoniste et compositeur italien de musique baroque. Il est souvent considéré comme un compositeur majeur du baroque tardif italien.

Issue d'une famille aisée - son père possède une fabrique de papier - il n'a pas besoin de composer ou de dépendre d'un mécène pour vivre. Il se considère lui-même comme un "dilettante veneto". Après la mort de son père il confie la direction de la fabrique à ses deux frères cadets et se consacre pleinement à la musique.

Il a composé quatre-vingt opéras qui ont pratiquement tous été perdus, des sonates, des concertos, des balletti, des cantates et des intermezzos.

Sa célébrité est due à une seule oeuvre et à un malentendu. C'est cette histoire que je vais vous conter maintenant.

L'adagio d'Albinoni



Dans les années 30, le musicologue italien Remo Giazotto découvre l'oeuvre de Tomaso Albinoni et décide de s'en faire l'ardent propagateur, car le compositeur est totalement tombé dans l'oubli.

Il décide donc de constituer un catalogue des œuvres d'Albinoni. Il découvre qu'en tant que musicien dilettante toutes ses œuvres n'ont pas été éditées et que la seule source d'information réside dans la bibliothèque musicale de Dresde.

Or, la seconde guerre mondiale éclate et cela empêche le musicologue de faire ses investigations.

En février 1945, les alliés bombardent Dresde et la bibliothèque est complètement détruite. 

Dès que la guerre est finie, Remo Giazotto se rend à Dresde et cherche fébrilement dans les décombres pour voir s'il peut retrouver des œuvres du maître qu'il vénère.

Et c'est là que commence la légende: Remo Giazotto prétend avoir retrouvé un fragment d'un adagio faisant partie d'une sonate d'église appartenant à l'opus 4 d'Albinoni, datant de 1708. 

Remo Giazotto va alors réaliser à partir de ce fragment un "Adagio en sol mineur pour cordes et orgue" en l'attribuant à Albinoni et en le publiant aux éditions Ricordi en 1958.

Or, Remo Giazotto n'a jamais voulu montrer le manuscrit de l'adagio, et donc personne ne l'a jamais vu.

Remo Giazotto meurt dans l'anonymat presque total en 1998, gardant le mystère total sur ce manuscrit.

Entre temps la partition de l'adagio d'Albinoni est devenue universellement célèbre et a assuré la notoriété de Tomaso Albinoni, alors qu'il semble que la paternité de l'oeuvre doive être attribuée uniquement à Remo Giazotto.

Il a trop bien réussi son pari de rendre célèbre Albinoni. Cependant, l'effet pervers de cela est que le célèbre Adagio éclipse toutes les œuvres du compositeur vénitien.

C'est ce que j'ai souhaité corriger en vous emmenant à la découverte des œuvres du plaisant dilettante.

En attendant, voici quand même le célèbre adagio dirigé par Herbert von Karajan à la tête du Berliner Philharmoniker.



1694 - Sonates en trio Op. 1



Ces sonates sont pour deux violons et basse continue. Elles furent publiées à Venise en 1694. Les versions de cet opus ne sont pas légion. J'ai sélectionné la version de l'ensemble Parnassi Musici.

Voici la Sonate n° 6:



1700 - Sinfonie e concerti a cinque Op. 2



En 1700, Albinoni publie son Opus 2, il s'agit de Sinfonie et de concerti à cinq instruments (2 violons, 2 altos et une basse continue).

Chiara Banchini à la tête de son ensemble 415 nous en donne une version de référence. Voici la sonate à cinq en ut majeur Op. 2 No. 2:




1707 - 12 Concerti a cinque Op. 5



Sautons à 1707 et à l'Opus 5. Il s'agit de concertos pour violon. Il ne faut pas oublier qu'Albinoni était violoniste et que le violon était son instrument fétiche.

J'ai sélectionné l'ensemble Collegium Musicum 90 dirigé par Simon Standage qui vous allez le voir est un des spécialistes actuels d'Albinoni. Il devance les interprétations sur instruments modernes d'I Solisti Veneti dirigés par Claudio Scimone.

Voici le concerto en ut majeur Op. 5 No. 12, premier mouvement: Allegro.




1708 - Vespetta e Pimpinone



En 1708, Albinoni compose l'intermezzo "Vespetta e Pimpinone". Il s'agit d'un opéra dont le sujet comique raconte les histoires du bourgeois Pimpinone, riche et âgé, et de sa servante Vespetta, jeune femme rusée qui arrive à faire faire au bourgeois ce qu'elle veut. On retrouve ce thème, souvent utilisé, dans l'opéra La Serva Padrona de Pergolesi.

Voici une version avec Edit Karoly dans le rôle de Vespetta, Viktor Massányi dans le rôle de Pimpinone, le chef d'orchestre Pál Németh dirige le Savaria Baroque Orchestra.




1710 - Il nascimento dell'Aurora (La naissance de l'Aurore)




Vers 1710, Albinoni publie cette sérénade dont l'argument est le suivant: Apollon, le fleuve Pénée et sa fille la nymphe Daphné, Zéphyr et Flore sont réunis dans la vallée de Tempé, en Thessalie, pour célébrer la naissance de la nouvelle déesse Aurore.

Il s'agit d'une fête pastorale. Je recommande la version de René Clemencic. Voici l'air de Daphné: "Questa Fronda", chanté par Krisztina Jonas.



On retrouve un extrait de cette pastorale dans l'album "Cecilia & Sol - Dolce Duello" interprété par Cecilia Bartoli et Sol Gabetta. L'air donné dans cet enregistrement est "Aure andate e baciate" chanté par le personnage Zéphyr.




1711 - 12 Trattenimenti Armonici per camera Op. 6 (Divertissements)



En 1711, Albinoni sort son Opus 6, un ensemble de 12 trattenimenti (divertissements) ou sonates. J'ai sélectionné un album interprété par le "Locatelli Trio" qui regroupe des sonates des opus 4 et 6.

En particulier la sonate No. 11 en la majeur est également connue sous le nom de Concerto Saint Marc, dans une instrumentation avec trompette et orgue.

En voici une version interprétée par Roderick MacDonald à la trompette et Martin Stephan à l'orgue.




1718 - Climène



Climène est une sérénade écrite par Albinoni pour le carnaval de Venise de 1718 et offerte à Charles VI, le saint empereur romain.

Gilbert Bezzina à la tête de l'ensemble baroque de Nice, donne la seule version connue au disque. La distribution est menée par Isabelle Poulenard dans le rôle de Climène.

Pour vous donner un aperçu de cette oeuvre charmante, voici l'air "Qual passato freddo verno" interprété par Isabelle Poulenard.



1722 - Sonates & Sonates en trio Op. 8



L'opus 8 est un ensemble de balletti (ou sonates) et de sonates en trio pour 2 violons et basse continue.

La seule version connue de cette oeuvre est celle interprétée par Claudio Ferrarini à la flûte. Ce qui montre combien les interprètes prennent de liberté avec l'instrumentation d'Albinoni.

Youtube nous en propose la version intégrale.




1722 - 12 Concertos pour Hautbois Op. 9



L'opus 9 est certainement l'opus majeur d'Albinoni. Il comprend des concertos pour violon, mais surtout des concertos pour un ou deux hautbois.

La version de référence de ces concertos est pour moi celle de Simon Standage à la tête du Collegium Musicum 90. Cet ensemble nous offre la substantifique moelle des concertos pour hautbois d'Albinoni, dans un triple album qui contient également des concertos de l'opus 7.

L'air le plus connu d'Albinoni est présent dans le second mouvement "Adagio" du concerto Op. 9 No. 2, il s'agit certainement de son plus beau passage:




1729 - Il concilio de' pianeti (Le congrès des planètes)



Il concilio de' pianeti (Le congrès des planètes) est une sérénade à trois voix et instruments commandée par Louis XV à l'occasion de la naissance du Dauphin, et exécutée à l'ambassade de France à Venise le 16 octobre 1729. 

Il s'agit d'une discussion entre l'allégorie de l'éternité et les planètes Jupiter et Mars sur l'avenir du Dauphin.

Au disque, j'ai sélectionné la version dirigée par Annibale Cetrangolo à la tête de l'ensemble Strumentale Albalonga.

Voici l'air introductif "Stelle, Vivaci Stell" interprété par Sylva Pozzer.




1735 - 12 Concertos pour Violon Op. 10


L'opus 10, constitué de 12 concertos pour violon, est le dernier opus d'Albinoni qui nous soit parvenu.

Voici le concerto Op. 10 No.1 dédié au Marquis de Castelar et surnommé le Concerto Espagnol dans une version dirigée par Simon Standage.

On admirera comme dans la plupart des œuvres d'Albinoni la délicatesse de l'ouvrage.







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