mercredi 6 juillet 2022

Liszt

 

Franz Liszt


Franz Liszt


Franz Liszt (Ferenc Liszt en hongrois) est un compositeur, transcripteur et pianiste virtuose hongrois né le 22 octobre 1811 à Doborján (Raiding en autrichien) et mort le 31 juillet 1886 à Bayreuth (Allemagne).

Liszt est le père de la technique pianistique moderne et du récital. Avec lui naissent l'impressionnisme au piano, le piano orchestral et le piano littéraire. Il est considéré, à juste titre, comme l'un des plus grands virtuoses du piano du XIXème siècle. 

Il a été adulé et détesté à la fois. Il a connu une vie amoureuse tumultueuse, qui se solde, à la fin de sa vie, par un retour à la foi: il rejoint l'ordre franciscain en 1865, recevant la tonsure et les quatre ordres mineurs de l'Église catholique. 

Il eut une amitié profonde, mais difficile, avec Chopin, car ils étaient souvent mis en concurrence. Après la mort de ce dernier, toute rancœur disparut, et seule l'admiration persista. 

Liszt fut un ardent défenseur des jeunes musiciens: Berlioz, Saint-Saëns, Borodine et enfin Wagner, avec qui il entretint également des relations houleuses: c'est lui qui fit connaître la musique de Wagner, mais il se disputa avec lui lorsque ce dernier voulu partir avec sa fille Cosima, déjà mariée et de 25 ans sa cadette.

Liszt nous a laissé plus de mille compositions et une abondante œuvre littéraire dont une biographie de Chopin. Côté musique, son domaine de prédilection est bien sûr le piano, seul ou avec orchestre, ensuite les œuvres orchestrales, car il ne faut pas oublier que Liszt est l'inventeur du poème symphonique. Ce que l'on connaît moins est que Liszt nous a laissé de nombreuses pièces pour orgue, de la musique sacrée, des œuvres vocales et des lieder. 

Je laisse la parole au musicologue Bernard Gavoty qui a écrit de très belles phrases sur Franz Liszt:

"Unique et exceptionnel - ainsi nous apparaît Liszt dans la lumière, non de la légende, mais de la réalité. Que faut-il admirer le plus chez un tel homme, de la noblesse du cœur ou de l'incroyable fécondité du génie comme d'une ardeur qui ne connaît pas de trêve ?

Non pas le plus grand compositeur de son temps, mais, assurément, le plus merveilleux inventeur. Il découvre la formule du poème symphonique: il y dépasse Berlioz, il y devance Saint-Saëns. Il agrandit singulièrement le cadre de la symphonie avec la Dante et la Faust-Symphonie. Il dote l'orgue de legs royaux.

Enfin, il détermine dans la littérature et le style du piano une véritable révolution: cinquante ans plus tard, Maurice Ravel reprendra les trouvailles pianistiques de Liszt et en tirera ses recettes d'écriture.

Dans le domaine orchestral, Wagner a modifié sa conception du "thème conducteur" (le leitmotiv) à lire la musique de son ami - et il lui a emprunté non seulement de l'argent, mais bien des thèmes.

On se disputait les secrets du magicien. Donner tout ce qu'on a - c'était sa devise et sa règle de vie, humaine et artistique."

Il y avait trois choses qui comptaient plus que tout pour Liszt: l'amour, l'art et la religion.

Sa devise pourrait être cette phrase qu'il a écrite: "Va sur les montagnes, compose, et mets tout le ciel en musique".

Personnellement, je dois avouer que j'ai fait l'erreur que beaucoup de personnes font sur Liszt: obnubilé par sa carrière de pianiste, je trouvais sa musique trop virtuose et trop superficielle et ne l'appréciait pas beaucoup.

Ce n'est que depuis quelques années, en me penchant d'avantage sur son œuvre, en la comprenant mieux, et en découvrant notamment sa musique sacrée, que j'ai découvert que la virtuosité de Liszt n'était qu'une façade et qu'en grattant un peu on pouvait découvrir toute sa profondeur. 

La musique de Liszt est formidablement innovante et profonde, et j'ai voulu partager avec vous ma passion pour ce génie.

A noter que la musique de Liszt s'inscrit plus largement dans la musique hongroise, pour laquelle j'ai créé une playlist, dans laquelle on retrouve bien sûr quelques œuvres du maître.

Voici les liens vers la playlist.

Spotify:
Qobuz:
Apple Music:
Deezer:
 

Liszt est trop rare au concert, par contre il dispose d'une belle et riche discographie. Je me suis lancé le défi de vous faire écouter Liszt en 20 albums (pas un de plus - mais j'ai un peu triché car j'ai inclus des coffrets!) dans les domaines musicaux suivants: musique pour piano seul, musique pour piano et orchestre, musique orchestrale, musique vocale et sacrée, musique pour orgue.

Voici donc cette anthologie.



Œuvres pour le piano


Van Cliburn in Moscow



Un des premiers déclics qui amorça ma redécouverte de l'œuvre de Liszt fut pour moi (vers 2009) l'écoute de la "Mephisto Waltz No. 1" interprétée par Van Cliburn. 

Ce morceau est extrait d'un coffret de 5 CD intitulé "Van Cliburn in Moscow" qui est d'une incroyable qualité et qui reflète une très belle anecdote musicale. 

Je me permets donc de vous citer l'extrait de Wikipédia qui raconte comment Van Cliburn est devenu une légende américaine: 

"Organisé en 1958 par l'URSS, le premier Concours international Tchaïkovski était un événement destiné à démontrer la supériorité culturelle de celle-ci pendant la Guerre froide, sur la lancée de la victoire technologique du Spoutnik lancé dans l'espace quelques semaines auparavant. À la finale du concours, la lumineuse virtuosité du texan Cliburn dans le Concerto n°1 de Tchaïkovski et le n° 3 de Rachmaninov lui vaut une ovation debout qui dure bien huit minutes. Les juges soviétiques auraient été alors contraints de demander à Nikita Khrouchtchev la permission de donner le premier prix à cet Américain. « Est-il le meilleur ? » leur aurait demandé le dirigeant soviétique. « Oui, alors donnez-lui le prix ! »."

Écrite entre 1859 et 1862, la première Mephisto Waltz décrit un épisode du Faust de Lenau, une "Danse à l'auberge du village" ("Der Tanz in der Dorfschenke"). C'est une valse passionnée et sensuelle avec de nombreux effets dramatiques. Van Cliburn en livre une version d'une maîtrise parfaite.




Années de Pèlerinage - Bertrand Chamayou



Liszt a composé un cycle très riche intitulé "Les Années de Pèlerinage" (entre 1835 et 1839 pour les deux premiers recueils, et entre 1867 et 1881 pour le troisième). Ce cycle est composé de trois années.

La première année est consacrée à la Suisse et contient principalement de la musique descriptive inspirée par des paysages, tels que: "Au lac de Wallenstadt", "Au bord d'une source", "Vallée d'Obermann" et "Orage". 

La deuxième année est consacrée à l'Italie et contient principalement des pièces inspirées d'œuvres littéraires: il y a le morceau "Il penseroso" qui est austère et recueilli, ensuite "Le Sonnet 123 de Pétrarque" qui me semble exprimer des rêveries amoureuses. 

Le point d'orgue de ce cycle est sans conteste la pièce "Après une lecture de Dante (Fantasia quasi sonata)" qui s'inspire de "La Divine Comédie" de Dante qui raconte l'enfer, le purgatoire et le paradis. La pièce est divisée en deux thèmes principaux. Le premier thème chromatique en ré mineur caractérise les lamentations des âmes en Enfer. Le second est un choral béatifique en fa dièse majeur, dérivé du premier thème, qui représente la joie dans le Paradis. 

La deuxième année se termine avec le rythme échevelé de la "Tarentella", inspirée par la musique napolitaine. 

La troisième année est également consacrée à l'Italie. Mon morceau favori est "Les jeux d'eau de la Villa d'Este", qui m'a toujours semblé très prémonitoire de la musique impressionniste, et annonce notamment les "Jeux d'eau" de Ravel. Enfin le cycle se termine avec le grandiose Sursum corda "Erhebet eure Herzen" ("Elevez vos cœurs"). 

J'ai sélectionné la version de Bertrand Chamayou qui a été récompensée par un Diapason d'Or. 

A noter que ce cycle dispose de nombreuses interprétations parmi lesquelles je recommande également celles de Lazar Berman et de Jorge Bolet.

Pour illustrer ce coffret, j'ai choisi un morceau de chaque année.

Première année, "Vallée d'Obermann". Dans cette pièce Liszt passe du désenchantement à la joie par une exaltation croissante.



Deuxième année, "Après une lecture de Dante". Cette pièce est réputée pour être une des plus dures du répertoire.



Troisième année, "Les Jeux d'Eau de la Villa d'Este". Liszt exprime de manière très précise le côté liquide et bondissant des jeux d'eau.






Liszt par Khatia Buniatishvili



L'album que j'ai sélectionné ensuite nous propose un excellent programme de musique pour piano seul. On y trouve les œuvres suivantes: Liebestraum (Rêve d'amour) No. 3, Sonate en si mineur, Mephisto Waltz No. 1, La lugubre gondole et le prélude et fugue en la mineur d'après Bach.

Sombre et envoûtante, la sonate en si mineur est un monument. Cette grande sonate, la seule du compositeur, fut écrite entre 1852 et 1853, alors que Liszt partageait son bonheur avec Carolyne de Sayn-Wittgenstein à l'Altenburg de Weimar. Elle est en 3 mouvements et dure environ 30 minutes.

Selon les analystes de l'oeuvre, certains y voient une traduction du mythe de Faust, chaque partie désignant un personnage (Faust, Gretchen, puis Méphisto) d'autres une référence au paradis perdu (désignant alors Adam, Ève, puis le serpent).

Voici une version live par Khatia Buniatishvili (la qualité visuelle de la vidéo n'est pas bonne, mais la partie audio est très correcte et ressemble suffisamment à la version du disque).



Liebestraum No. 3 fait partie d'une série de 3 nocturnes de 1850. Celui-ci est le plus célèbre et trouve sous les doigts de Khatia Buniatishvili tout le charme et le romantisme souhaitable.




Liszt - Liebesträume Nos 1, 2 et 3 - Daniel Barenboim




Le mérite de cet album est non seulement de nous faire entendre les 3 Liebesträume de Liszt, mais encore d'assurer un couplage très intelligent avec les Moments Musicaux de Schubert et les Romances sans paroles de Mendelssohn.

Liebesträume (en français : Rêves d'amour) est un recueil de trois morceaux en forme de nocturne pour piano (S/G541) composé par Franz Liszt et publié en 1850.

Liebesträume fait souvent référence au nocturne No. 3, la plus connue des trois pièces. Elles sont composées pour accompagner des poèmes de Ludwig Uhland et de Ferdinand Freiligrath. Dès leur publication, deux versions apparaissent, une pour voix et piano et une transcription pour piano solo.

Les deux poèmes d'Uhland et celui de Freiligrath décrivent trois formes d'amour. 

Le premier nocturne parle de l'Hohe Liebe (Amour exalté) de Uhland, qui est un amour saint ou religieux : le martyr renonce à l'amour terrestre et les portes du paradis s'ouvrent pour lui. 

Le second évoque l'amour érotique, « Gestorben war ich » (littéralement « j'étais mort »). Mort est ici une métaphore faisant référence à la petite mort (« J'étais mort de la volupté d'aimer ; je gisais enterré dans ses bras ; je fus réveillé par ses baisers ; je vis le ciel dans ses yeux. ») 

Le troisième nocturne, le plus fameux, basé sur un poème de Freiligrath, parle de l'amour mature (« O lieb, so lang du lieben kannst », « Aime aussi longtemps que tu peux aimer »). 

Voici le Liebestraum No. 2 par Daniel Barenboim:





Transcendental - Daniil Trifonov plays Franz Liszt



Transcendental est un double album de Daniil Trifinov qui nous permet d'entendre les 12 études d'exécution transcendante et les grandes études de Paganini.

Les Études d'exécution transcendante, S. 139, sont un recueil de pièces pour piano parmi les plus difficiles jamais écrites composées par Franz Liszt. Elles font partie, avec la Sonate en si mineur, des œuvres majeures pour piano seul du compositeur hongrois. Redoutées des pianistes jusque dans les plus grands concours internationaux pour leurs multiples difficultés techniques, elles font aujourd'hui partie des œuvres incontournables du répertoire des pianistes modernes.

Pour vous donner une idée du niveau de difficulté de ces études, voici l'étude No. 4 "Mazeppa" par Daniil Trifonov:



Liszt avait été ébloui par le jeu de Niccolo Paganini et s'était fixé l'objectif de transcrire certaines de ses œuvres pour le piano. Ce fut chose faite avec les grandes études de Paganini, composées en 1838 et révisées en 1851. L'une des plus connues est l'étude No.3 appelée "La Campanella" ("La Clochette"), elle est une transcription du dernier mouvement du concerto pour violon No. 2 de Paganini.

En vidéo j'ai choisi l'interprétation de "La Campanella" par Valentina Lisitsa:




Les 19 Rhapsodies Hongroises - Misha Dichter




Liszt a composé 19 rhapsodies hongroises, qui magnifient le folklore hongrois, notamment tzigane. Liszt était très fier de ses origines et voulait faire connaître ces musiques folkloriques. Il les a initialement composées pour piano seul, puis en a orchestré certaines.

Le pianiste américain Misha Dichter nous les interprète dans ce très beau coffret de 2 CD.

Voici certainement la plus connue, la rhapsodie hongroise No. 2 interprétée par Valentina Lisitsa.



Voici la rhapsodie hongroise No. 9 intitulée "Carnaval de Pest" par Misha Dichter.



La rhapsodie hongroise No. 14 intitulée "Fantaisie Hongroise" est l'une des plus célèbres avec son hymne populaire magyar.



Voici enfin la rhapsodie hongroise No. 15 dite "Rakocsy", une pièce patriotique hongroise.





Liszt Macabre - Nathanaël Gouin



A l'époque romantique la fascination gothique pour tout ce qui est lugubre, macabre, et pour ainsi dire pour la mort elle-même est assez répandue, on se souvient de son utilisation par Berlioz dans sa symphonie fantastique et le "Songe d'une nuit de sabbat" inspiré du Faust de Goethe.

Liszt a d'ailleurs écrit: "On sait que la vie n’est que l’apprentissage de la mort ; cependant la leçon que nous en donne la mort de nos amis accable."

Nathanaël Gouin nous propose donc ce programme macabre composé de la Mephisto Waltz No. 2, "Pensée des morts", "Totentanz" ("Danse Macabre"), Funérailles, "Czardas Macabre" et un extrait de la Faust-Symphonie en version piano seul.

Voici la célèbre "Totentanz" par Nathanël Gouin, cette oeuvre fut créée en 1849 et est une paraphrase du Dies Irae. Elle fut certainement inspirée à Liszt par les gravures de la "Danse des morts" de Holbein et les fresques de Buffalmacco ("Le Triomphe de la mort") au Campo Santo de Pise.



Dès la parution en 1877 de la "Danse macabre" de Saint-Saëns, Liszt en réalise un arrangement pour piano solo. Quelques années plus tard, en 1882, il envisage de dédier au compositeur français sa propre "Csárdás macabre", danse (hongroise) macabre. Il la dédie finalement à son ami Sándor Teleky. Comme d’autres œuvres tardives, elle fut refusée par l’éditeur, et bien que Bartók la découvrît et tentât de la publier, en 1912, il fallut attendre 1952 pour la première édition. 

Fascinante par son évolution harmonique et rythmique, sa violence assumée et sa danse fantasmagorique, la Csárdás macabre semble annoncer certaines des pièces "barbares" de Bartók et a même été reprise par des groupes contemporains de Death Metal. On a le sentiment en écoutant cette pièce que Liszt se délecte à manier l'humour noir.

N'ayant malheureusement pas trouvé l'interprétation de Nathanaël Gouin de cette pièce, je vous propose celle d'Alfred Brendel avec laquelle on ne perd pas au change, il la joue sensiblement dans le même tempo.





The Complete Piano Music - Leslie Howard




Je ne pouvais pas explorer la musique pour piano de Liszt sans mentionner le pianiste australien Leslie Howard. En effet, ce dernier a publié l'intégrale de la musique pour piano de Liszt dans un magnifique coffret de 99 CD.

Le voici dans la légende "Saint François de Paule marchant sur les flots". Composée vers 1863, cette pièce est un véritable poème symphonique pour piano. Elle raconte l'épisode de la vie du saint franchissant le détroit de Messine. La pièce commence par un choral qui exprime la foi robuste du saint et sa tranquille assurance face à l'agitation des flots exprimée par des trémolos et de vastes arpèges. La tempête se déchaîne en houles chromatiques jusqu'à l'instant où le saint s'avance sur la mer et apaise le chaos. La pièce se conclut victorieusement sur une apothéose.



Le premier volume de Leslie Howard est dédié aux valses, notamment les quatre Méphisto-Valses, et nous permet également d'entendre la mystérieuse "Bagatelle sans tonalité".

C'est un morceau ludique et en même temps obscur de la dernière période de Liszt, il est composé en 1885 et il rappelle ses deux dernières Méphisto-Valses. Le manuscrit porte le titre "Quatrième Mephisto Waltz" et était peut-être destiné à remplacer la pièce maintenant connue sous le nom de "Quatrième Mephisto Waltz" lorsqu'il est apparu que Liszt ne serait pas en mesure de la terminer. La phrase "Bagatelle ohne Tonart" apparaît en sous-titre sur la première page du manuscrit. En effet, il est difficile de définir la tonalité du morceau car il est très chromatique.

Malheureusement, n'ayant pas trouvé la version de Leslie Howard sous Youtube, je me retourne une fois de plus vers Brendel (décidément celui-ci aurait mérité de faire partie de ma sélection!).




Œuvres pour piano et orchestre

Nous attaquons à présent le deuxième domaine des œuvres de Liszt, celles pour piano et orchestre. On notera d'ailleurs qu'on retrouvera certaines pièces pour piano seul adaptées pour piano et orchestre.


Athanor - Concertos pour piano Nos 1 & 2, Totentanz - Beatrice Berrut



Liszt a composé deux concertos pour piano très virtuoses, avec de très belles mélodies inspirées du folklore hongrois. Ces deux concertos sont très souvent couplés avec la "Totentanz" ("Dance macabre", paraphrase sur le "Dies Irae"). 

En 2017 est parue la version de la jeune pianiste suisse Béatrice Berrut accompagnée par le Czech National Symphony Orchestra dirigé par Julien Masmondet dans un album intitulé "Athanor". 

Athanor: nom mystérieux qui désigne, en alchimie, le fourneau à combustion prolongée qui permet de réaliser la pierre philosophale. Cette matrice, symbole de la quête d’absolu, représente métaphoriquement la démarche de Liszt.

En effet, il a fallu 23 ans entre le premier jet et l’exécution publique du premier concerto, 22 ans entre les premières esquisses et la publication définitive du deuxième concerto, et 20 ans entre le brouillon de la "Totentanz" et la version de la partition enregistrée dans cet album. Liszt a donc laissé maturer longtemps ces œuvres, probablement parce qu'il pensait que le public n'était pas tout à fait prêt pour accueillir ces œuvres avant-gardistes. 

Le Concerto pour piano No. 1 en mi bémol majeur S. 124, créé à Weimar en 17 février 1855 sous la direction de Berlioz et avec le compositeur au piano, a été composé entre 1830 et 1853. Il est en quatre mouvements.

Le troisième mouvement est célèbre pour l'utilisation surprenante du triangle, en dialogue tour à tour avec l'orchestre, puis avec le piano. Ce procédé original n'avait pas manqué, à l'époque, de susciter les railleries de certains critiques.

Pour moi, il s'agit de la plus belle oeuvre de Liszt.

Dans la version vidéo sélectionnée, Boris Berezovsky interprète le Concerto pour piano n°1 aux côtés de l’Orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Constantin Trinks. Enregistré le 13 avril 2018 à l’Auditorium de la Maison de la Radio (Paris). Boris Berezovsky partage virtuosité et légèreté.



Le Concerto pour piano no 2 en la majeur S. 125 a été achevé en 1861. Il a été créé le 7 janvier 1857 à Weimar sous la direction de Liszt, un de ses élèves Hans Bronsart von Schellendorff étant au clavier. Il consiste en six mouvements enchaînés. 

Liszt a écrit une première version de ce concerto pendant sa période virtuose entre 1839 et 1840. Il l'a ensuite laissé de côté pendant une dizaine d'années avant de le réécrire plusieurs fois. La quatrième et dernière version fut terminée en 1861. Comme pour son premier concerto, Liszt a énormément remanié les parties de piano.

Autant le concerto No. 1 était brillant et extraverti, autant le concerto No. 2 est sombre et méditatif.

En vidéo, j'ai sélectionné la version interprétée par Khatia Buniatishvili, elle est dirigée par Andrey Boreyko à la tête de l'Orchestre de Paris.



J'avais déjà sélectionné plus haut la version pour piano seul de la Totentanz, voici la version avec orchestre interprétée par Beatrice Berrut, accompagnée par le Junges Orchester der FU dirigé par Antoine Rebstein.





Fantaisie sur des airs populaires hongrois - Jorge Bolet



Jorge Bolet est également un spécialiste de Liszt. On retrouve sur cet album la Totentanz. Elle est couplée à la "Malédiction" et à l'oeuvre qui nous intéresse ici la "Fantaisie sur des airs populaires hongrois" qui n'est autre que la transcription de la Rhapsodie Hongroise No. 14 citée plus haut.

Cette pièce fut jouée pour la première fois à Budapest en 1853. Elle est basée sur le thème d'un chant populaire à la gloire des combats contre les Turcs à Mohacs.

Sous Youtube, je suis tombé sous le charme de la version de Valentina Lisitsa dirigée par John Axelrod conduisant l'Orchestra Sinfonica Nazionale della Rai.





Concerto pathétique - Claudio Crismani



Le Concerto pathétique, S258, est une œuvre musicale pour deux pianos (sans orchestre) de Franz Liszt, écrite en 1865.  Cette version pour deux pianos donne une présentation plus efficace des idées musicales grâce à la forme de concerto donnée à l'ensemble. 

Franz Liszt en ébaucha une version pour piano et orchestre, mais n'alla jamais jusqu'au bout. En 1952, le compositeur et musicologue hongrois Gabor Darvas compléta la partie orchestrale. C'est de cette version dont est parti le pianiste Claudio Crismani qui a modifié la partie soliste pour l'adapter aux exigences de la nouvelle forme sonore et expressive de l'oeuvre.

En 1995, le concerto est enregistré en première mondiale par Claudio Crismani dirigé par Thomas Sanderling à la tête du Philharmonia Orchestra.

Voici cette très intéressante version de cette oeuvre méconnue.





Œuvres Orchestrales

Dans ce troisième domaine musical on va retrouver les symphonies, les poèmes symphoniques et la version orchestrale des Rhapsodies Hongroises.


Dante-Symphonie - Kirill Karabits



La "Dante-Symphonie" ("Eine Symphonie zu Dantes Divina Commedia", S.109) est une symphonie chorale, créée à Dresde le 7 novembre 1857 par Liszt à la direction. 

Écrite dans le style romantique, elle fonde son inspiration sur le voyage de Dante Alighieri à travers l'enfer et le purgatoire, comme il le décrit dans sa "Divine Comédie". 

L'œuvre est officieusement dédiée à Richard Wagner, ami et futur gendre du compositeur.

L'œuvre est en trois mouvements :
  • Inferno
  • Purgatorio
  • Magnificat
La durée d'exécution approche les 45 minutes.

En avril 2020, la revue Diapason récompense d'un diapason d'or l'enregistrement de Kirill Karabits à la tête de la Staatskepelle Weimar:

« [...] Frisson garanti et prise de son à grand spectacle pour l'imposante Dante-Symphonie, vaste triptyque lisztien. Kirill Karabits et les forces de Weimar — ville dans laquelle l'œuvre fut écrite en 1855-1856 — prennent à bras-le-corps cette fresque où épouvante, angoisse et rédemption se succèdent et tiennent l'auditeur en haleine. [...] Dans le Purgatoire, Karabits emporte l'adhésion par le relief de ses clairs-obscurs, une dramaturgie alliant éloquence et retenue. [...] » (Hugues Mousseau)

Voici le premier mouvement "Inferno":




Faust-Symphonie - Leonard Bernstein





La "Faust-Symphonie" ("Eine Faust-Symphonie" in drei Charakterbildern nach Johann Wolfgang von Goethe, soit Une symphonie Faust en trois études de caractère d’après Johann Wolfgang von Goethe), S. 108, est une symphonie chorale inspirée de la tragédie Faust de Johann Wolfgang von Goethe.

La symphonie fut créée à Weimar le 5 février 1857, à l'occasion d'une inauguration du monument de Gœthe et de Schiller, mais la conception est bien plus ancienne : des fragments d'une Faust-Symphonie existent dès la décennie 1840-50. 

En 1852, Liszt dirigea la Faust-Ouvertüre de Wagner, composée en 1840, et montra comment la transformer en une symphonie à trois mouvements. Wagner s'attaquant à l'écriture du Ring, Liszt s'y plongea et, à Zurich, en 1853, joua devant Wagner des extraits de sa symphonie.

La Faust Symphonie fut principalement écrite à Weimar au cours de l'été 1854. Encouragé par l'honneur que lui fit Berlioz en lui dédicaçant La Damnation de Faust, Liszt, ardent défenseur de la musique contemporaine, termina la partition de la Faust-Symphonie en octobre 1854. Elle comptait trois cents pages.

Elle est composée de trois mouvements :
  • Faust
  • Gretchen
  • Mephistopheles
De par son thème et son traitement, cette œuvre grandiose — elle dure quelque 73 minutes — peut être considérée comme un poème symphonique avec chœurs. Comparable à la neuvième symphonie de Beethoven, elle montre la maîtrise de Liszt pour la composition orchestrale, puisqu'il s'agissait de sa première orchestration.

Leonard Bernstein à la tête du Boston Symphony Orchestra nous en livre une version passionnée.





Complete Tone Poems (Intégrale des Poèmes Symphoniques) - Bernard Haitink




Bien qu'on en attribue souvent la création à Berlioz avec la Symphonie fantastique voire à Beethoven avec l'ouverture d'Egmont, c'est Liszt qui, le premier, a théorisé le poème symphonique et en a fait une forme musicale quasi indépendante. 

La principale caractéristique du poème symphonique, particulièrement apparente dans l'œuvre de Liszt est qu'il est conçu comme une "musique à programme", ancêtre de la musique de film cinématographique, c'est-à-dire qu'il cherche à suggérer musicalement quelque chose. 

Il peut s'agir d'un tableau (La Bataille des Huns), d'une pièce de théâtre (Hamlet, Tasso), d'un poème (Ce qu'on entend sur la montagne, Mazeppa, Héroïde funèbre, Les Idéaux), d'une figure mythologique (Orphée, Prométhée) d'une ambiance de la vie courante (Bruits de fêtes), voire d'une vie (Du berceau à la tombe). Il ne s'agit cependant là que d'une suggestion : on restitue l'esprit et non la lettre, comme dans un Lied ou dans les symphonies de Berlioz, de la chose décrite ce qui laisse une grande liberté de ton au compositeur.

La meilleur intégrale disponible à ce jour est certainement celle de Bernard Haitink à la tête du London Philharmonic Orchestra (en 2 volumes - 4 CD).

J'ai sélectionné deux poèmes symphoniques de cette intégrale.

"Hunnenschlacht" (en français : "La Bataille des Huns") fut écrit en 1857 d’après l’œuvre picturale homonyme de Wilhelm von Kaulbach.

Cette dernière décrivait la bataille des champs Catalauniques qui eut lieu en 451, et au cours de laquelle les armées hunniques, menées par Attila, rencontrèrent une coalition romaine dirigée par le général romain Flavius Aetius et le roi wisigoth Théodoric.

La première section de cet ouvrage, Tempestuoso, allegro non troppo, porte les instructions suivantes de la part du compositeur : "L'on devra s'efforcer de maintenir une couleur orchestrale très sombre, tous les instruments devant sonner comme des fantômes".



L'Héroïde funèbre fut composé en 1849-1850. Marqué par la vague révolutionnaire qui a traversé l'Europe en 1848-1849, Liszt reprit les ébauches d'une vaste Symphonie révolutionnaire qu'il avait esquissée au moment de la révolution de 1830. 

Celle-ci devait comporter cinq mouvements, mais seul le premier avait été achevé et l'œuvre était demeurée à l'état d'esquisses. C'est ce mouvement que Liszt retravailla. Il en fit une grande marche funèbre, un hymne à la mémoire des morts de tous les pays, la rapprochant ainsi beaucoup dans l'esprit et la conception de la Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz, composée en 1840. 

Comme dans celle-ci, les percussions et les instruments militaires ont la place la plus importante ; une trompette suggère brièvement La Marseillaise. La composition dure environ 27 minutes.





Rhapsodies Hongroises (version orchestrale) - Antal Dorati




Comme dit précédemment, Liszt a écrit 19 Rhapsodies Hongroises pour piano. Il en a ensuite orchestré six correspondant respectivement aux Rhapsodies pour piano nos 14, 2, 6, 12, 5 et 9.

Au disque j'ai sélectionné la version interprétée par Antal Dorati. Elle nous offre en couplage la Rhapsodie Roumaine No. 1 d'Enesco.

Sous Youtube, je vous propose l'intégrale interprétée par Willi Boskovsky, un festival de musique festive et dansante!





Œuvres vocales et de musique sacrée

Je vous invite à découvrir un domaine musical moins connu de Liszt, sa musique vocale et sa musique sacrée.


Sardanapalo, opéra inachevé - Kirill Karabits




Après quelques essais embryonnaires, Liszt a bel et bien composé un opéra: "Je vais essayer de composer à mon tour un opéra, rien que ça !" écrit-il à Marie d'Agoult en 1846. 

Ainsi naîtra en 1850 le premier acte de "Sardanapale" opéra qui reste inachevé puisque Liszt en abandonne la composition deux ans plus tard, peut-être a-t-il attendu en vain que le livret, en italien, soit terminé par l’auteur qui est resté anonyme. 

Abandonnée, enfouie dans les archives de Weimar, la partition a été retrouvée, reconstituée et orchestrée par le musicologue britannique David Trippett, sur la base des indications laissées par le compositeur. 

L'opéra, ou du moins son premier acte, le seul achevé, a été créé à Weimar en Août 2018. 

La musique fait beaucoup penser à du Berlioz, elle est flamboyante, et montre ce que Liszt aurait pu donner à l’opéra s’il en avait pris le temps. 

En 2019, le chef ukrainien Kirill Karabits nous en livre au disque une superbe version avec une distribution emmenée par la soprano Joyce El-Khoury dans le rôle de Myrrha.

Voici quelques extraits de cet enregistrement.

Tout d'abord, le prélude:



Ensuite, la scène "Sotto il tuo sguardo":



Enfin, le final du 1er acte, "Allegro deciso":




Messe de Gran (Missa Solemnis) - Janos Ferencsik



Liszt a composé plus de 60 pièces religieuses, dont trois messes et un requiem. 

La "Missa Solemnis" dite "Messe de Gran" est une de ses œuvres sacrées les plus imposantes. La composition et la création de cette messe fut pour Liszt, alors à Weimar, l’occasion de retrouver la Hongrie et le Danube. En effet, cette messe a été écrite pour célébrer la consécration de la basilique Saint-Adalbert à Esztergom (ville appelée Gran en allemand).

Les émotions de ce retour au "pays natal" furent très vives. Il avait donné le meilleur de lui-même pour composer cette messe. 

Il s'agit d'une œuvre grandiose, et qui montre bien toute la ferveur de Liszt. 

J'ai sélectionné la version de Janos Ferencsik à la tête du Budapest Symphony Orchestra. On notera néanmoins une autre version qui mérite d'être écouter celle de Jacques Grimbert à la tête du Chœur et de l'Orchestre Paris Sorbonne.

Voici en extrait le Kyrie dans la version de Janos Ferencsik.





Via Crucis - Reinbert de Leeuw




Via Crucis (Chemin de croix) est une œuvre de Franz Liszt pour clavier (orgue ou piano) et voix (solistes et chœurs).

Elle a été écrite entre 1878 et 1879. Il s'agit donc d'une œuvre de la maturité du musicien qui avait alors près de 67 ans. Elle est postérieure de deux ans à sa troisième année de Pèlerinage.

La genèse de Via Crucis a été inspirée par la vision des dessins de Johann Friedrich Overbeck (1789-1869). Liszt en projette l'écriture dès 1874 mais sa gestation se fait essentiellement entre l'automne 1878 et le 26 février 1879, date marquée sur la partition. L'œuvre ne sera créée qu'un demi-siècle plus tard à Budapest, en 1929, soit longtemps après le décès de Liszt.

L'œuvre se compose de quinze parties (une hymne et les quatorze stations) et son exécution demande environ trois quarts d'heure.

Elle se caractérise par une profonde austérité et intériorité, qui contraste avec ses partitions plus connues. Les chants sont soit a cappella, soit avec un accompagnement très discret au clavier. Ce dernier comporte des parties solistes, également dépouillées. L'inspiration musicale est très variée, allant du chant grégorien pour l'hymne initial, à la liturgie luthérienne, jusqu'à reprendre quelques thèmes de la Passion selon saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach, formant une composition très œcuménique.

L'accompagnement du piano seul donne à l'oeuvre une grande solennité et un dépouillement éthéré. En ceci la version dirigée par Reinbert de Leeuw accompagné par le Collegium Vocale est digne d'éloges.

Voici l'hymne introductrice "Vexilla Regis":



Et la Station XII. Jesus stirbt am Kreuze (Jésus meurt sur la croix):





Die Legende von der heiligen Elisabeth - Janos Ferencsik




"Die Legende von der heiligen Elisabeth" ("La Légende de Sainte Elisabeth") est le premier oratorio écrit par Liszt. Il en écrira un deuxième, "Christus".

En 1857, Franz Liszt entend honorer une promesse faite à la princesse Sayn-Wittgenstein, qui lui avait demandé un oratorio sur la vie de sainte Élisabeth, généreuse princesse patronne de la Hongrie, qui avait voué sa vie à aider les pauvres et les malheureux, jusqu’à le devenir elle-même et jusqu’à l’épuisement.

Liszt se fait faire le livret par Otto Roquette à partir des six fresques qu’on trouve au château de la Wartburg, qui n’est pas du tout en Hongrie, mais qui n’est pas très loin de Weimar, lieu de résidence habituel de l’éternel voyageur qu’est le compositeur, et qui racontent cette vie légendaire.

L’ouvrage retrace la vie de la sainte patronne de la nation hongroise. Ayant refusé l’héritage princier que lui avait légué son défunt époux, la landgravine Elisabeth de Hongrie est chassée du château de la Wartburg par sa belle-mère, la landgravine Sophie. Elle se rend à Marburg et consacre alors sa vie aux pauvres et à Dieu. Elle fut canonisée quatre ans après sa mort, en 1235.

Nous la voyons d’abord jeune fille, arrivant en Thuringe, dans le pays où se déroulera sa vie, puis jeune épouse radieuse, dans son engagement auprès des plus humbles. Plus tard elle fait ses adieux à son époux le margrave Louis IV qui part en terre sainte avec l’Empereur Frederic II. Puis c’est la jeune veuve humiliée qui est chassée par sa belle-mère Sophie qui lui arrache ses enfants. Enfin nous la retrouvons mourante, mais en proie à une vision que lui suggère l’exaltante paix de son âme partant vers son céleste voyage dans un état d’indicible pauvreté.

Le 15 aout 1865 Liszt dirigea la création de son œuvre en Hongrie à Pest, dans la traduction hongroise. Le grand chef Hans von Bulow, le premier mari de sa fille Cosima, la dirigea à Munich et Bedrich Smetana la fit triompher à Prague. Elle est dédiée à Louis II de Bavière.

De nos jours cette oeuvre est moins donnée et son succès discographique semble malheureusement très restreint tout comme le reste de sa musique sacrée, occultée par sa musique pour piano.

Janos Ferencsik à la tête du Slovak Philharmonic Choir and Orchestra nous en donne une version toute en douceur, sensibilité et solennité.

En voici l'introduction: "Einleitung" (qui marque l'arrivée d'Elisabeth au château de la Wartburg).



Voici ensuite le chœur des pauvres: "Hier wohnt sie", une des plus belles pages de l'oratorio.



On termine avec le finale: "Decorata novo flore". L'oratorio se termine en apothéose.





Musique pour Orgue

On termine la revue des œuvres de Franz Liszt par un autre domaine méconnu: la musique pour orgue.


Inspirations - Olivier Latry




En mai 2021, Olivier Latry, qui est le titulaire du grand orgue de Notre-Dame de Paris, sort un album intitulé "Inspirations" et consacré aux œuvres de Liszt.

On y trouve les œuvres suivantes: Fantaisie et fugue sur B.A.C.H. (transcr. Guillou). Weinen, klagen, sorgen, zagen (transcr. Dupré). Saint François d’Assise : La Prédication aux oiseaux (transcr. Saint-Saëns). Liebestraum n° 3 (transcr. Latry). Fantaisie et fugue sur le choral "Ad nos, ad salutarem undam".

L'album est récompensé par le diapason d'or de l'année 2021. Voici ce qu'en dit le journaliste du magazine Diapason: "Le plus brillant organiste de sa génération nous offre un Liszt éclectique et virtuose, sans kitsch ni clinquant, et qui ne disparaît jamais derrière le panache de l'interprète."

Olivier Latry présente lui-même son album:

"Que serait le monde musical aujourd’hui sans l’apport décisif de Liszt ?

Mon admiration à l’égard de ce musicien concerne aussi bien l’artiste visionnaire que le personnage hors norme, adulé sur scène et qui choisit de terminer sa vie en revêtant la soutane d’un abbé. Comment cet homme qui a vécu la révolution sonore du XIXe siècle, a-t-il pu atteindre, dans ses dernières œuvres, les frontières de l’atonalité ? Les bouleversements de la facture instrumentale, la révélation de l’orchestre symphonique moderne, tout cela a nourri la pensée lisztienne.

Plus encore, Liszt fut un idéaliste de la musique et son oeuvre me semble dédié à un instrument… qui n’existe pas ! Comment expliquer, sinon, que la moitié de son répertoire soit consacrée à des transcriptions, des arrangements et des paraphrases ? 

Lui-même créa des instruments nouveaux, tels son "piano-harmonium" ou son "clavier de voyage", qui lui permettait de composer dans n’importe quelles circonstances. Curieux de tout, il était normal qu’il s’intéresse à l’orgue et à son développement. L’apparition de la facture symphonique sous l’impulsion de Cavaillé-Coll en France, les travaux de facteurs tels que Ladegast en Allemagne ne pouvaient que retenir son attention.

Dans ce disque, je souhaitais montrer l’infinité des couleurs et des expressions que suggère son écriture, mais aussi son génie inspirant – d’où le titre de l’album – dans l’histoire de la musique."

Je vous présente ci-joint quelques extraits de l'album. Tout d'abord le fameux nocturne "Liebestraum No. 3" magnifié par la profondeur et la beauté de l'orgue.



Voici le Choral des variations sur "Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen".



On termine avec un hommage de Liszt au maître absolu de l'orgue, le grand Bach, avec "Fantaisie et fugue sur le nom de BACH".





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire