mardi 23 août 2022

Alkan (Charles-Valentin)

 

Charles-Valentin Alkan




Charles-Valentin Alkan


Charles-Valentin Morhange, dit Alkan, est né à Paris 7e le 30 novembre 1813 et mort à Paris 8e le 29 mars 1888. 

C'était un compositeur et un pianiste virtuose.

Charles-Valentin est un enfant prodige qui entre au Conservatoire de Paris à 6 ans. Il étudie l'harmonie, l'orgue et le piano avec des professeurs tels que Pierre Zimmermann. 

Il obtient le premier prix de piano en 1824, d'harmonie en 1827 (classe de Victor Dourlen) et d'orgue en 1834 (classe de François Benoist). 

À 17 ans, il est un virtuose réputé, rivalisant avec Franz Liszt ou Sigismund Thalberg, il fut d'ailleurs surnommé "le Berlioz du piano" par Hans von Bülow.

Alkan est un des compositeurs les plus singuliers, et dans le même temps un des plus méconnus de toute l'histoire de la musique. Son oeuvre n'émerge que progressivement de l'oubli. Si aujourd'hui il dispose d'une discographie relativement conséquente, il est toujours très peu joué au concert. La difficulté technique de ses œuvres peu d'ailleurs expliquer cela.

Il provenait d'une famille juive alsacienne fixée à Paris, et ses frères et sœurs furent tous musiciens professionnels. Ils choisirent tous comme nom de scène Alkan, qui était le prénom de leur père.

De trois ans le cadet de son ami intime Chopin, de deux ans celui de Liszt, il entreprit comme eux la carrière d'un brillant virtuose du piano, et acquit une célébrité précoce également comme compositeur. Il écrivit une musique d'une difficulté technique tellement exorbitante que même Liszt n'osa pas l'aborder en public.

Il partageait ses élèves avec Chopin et habita le même immeuble. Mais bientôt il devint un original, une sorte d'ermite, abandonnant sa brillante carrière pour ne plus se présenter au public qu'à de rares intervalles.

Il reprend les concerts en 1844. Il espère un moment succéder à Pierre Zimmermann au Conservatoire de Paris, mais c'est Antoine-François Marmontel qui obtient le poste. En 1848, après cet amer échec, Alkan mène une vie de plus en plus solitaire, même s'il revient parfois à la vie publique, comme en 1855.

Cette rupture singulière avec le monde publique semble avoir plusieurs raisons: on a parlé d'agoraphobie, de tendances dépressives, voire de misanthropie. Mais comme l'on trouve à partir de ce moment dans son oeuvre d'étonnantes oppositions d'intériorité mystique et de déchaînements véritablement diaboliques, on peut supposer qu'il se produisit quelque révélation d'ordre spirituel, lui ouvrant un univers de connaissance visiblement plus précieux à ses yeux que les succès d'une carrière.

Alkan continua à composer jusque vers 1875. Il meurt le 29 mars 1888, à 74 ans. La légende dit qu'il a été écrasé par sa bibliothèque en voulant saisir le Talmud, livre contenant les textes fondamentaux du judaïsme, mais on n'en a pas de certitude.

Alkan meurt dans un oubli presque total. Ses œuvres vont être également négligées, même si des musiciens comme Ferrucio Busoni, Egon Petri ou Hüseyin Sermet essaient de promouvoir sa musique.

Ses compositions ont été longtemps méconnues et restent encore relativement peu enregistrées. Elles sont pourtant particulièrement originales et personnelles et d'une extrême difficulté d'exécution. La musique d'Alkan est à l'image de son caractère étrange : elle est toute de contraste.

Comme Frédéric Chopin, Alkan a écrit presque exclusivement pour le piano. Ses œuvres les plus importantes sont la Grande Sonate pour piano "Les Quatre Âges de la vie", op. 33, et ses Études, comparables en difficulté et en complexité aux Études d'exécution transcendante de Liszt.

Si les Études dans tous les tons majeurs, op. 35, ressemblent encore aux publications de son temps. les Études dans tous les tons mineurs, op. 39, constituent une somme pianistique de 300 pages, sans équivalent à l'époque. 

Ce recueil aux dimensions époustouflantes est dominé par une Symphonie et un Concerto : le concerto pour piano solo, œuvre cataclysmique pour piano seul dure près de 50 minutes. Le fait de donner de tels titres à des œuvres pour piano solo traduit bien l'ambition d'Alkan qui est de conférer une dimension orchestrale au piano.

Alkan nous laisse environ une centaine d’œuvres. A côté des œuvres pour piano, on trouve quelques pièces de musique de chambre, 3 concertos da camera pour piano et orchestre, quelques pièces chorales et de la musique pour orgue. Il a également eu une affection particulière pour le piano-pédalier (encore appelé piano à pédale), un instrument qui lui fut prêté par la maison Érard, qu'il conserva jusqu'à sa mort, mais qui ne connut pas de succès sur le long terme.

Je vous propose une sélection de 10 œuvres d'Alkan, je vous invite à la découverte de ce monument absolu de la littérature pour piano.



1828 - Variations sur un thème de Steibelt Op. 1



Les Variations sur un thème de Daniel Steibelt est la première oeuvre d'Alkan composée alors qu'il n'a que 15 ans. Le thème des variations est tiré d'un concerto intitulé L'Orage. Steibelt avait une réputation considérable à l'époque quoiqu'un peu gâchée par sa défaite face à Beethoven lors d'un concours à Vienne.

Cette oeuvre est tirée d'un album interprété par Laurent Martin, un pianiste d'une grande virtuosité et d'une grande finesse (il défriche la musique française et j'en parle déjà dans mon article sur Mel Bonis). L'album contient en outre quatre impromptus, le deuxième recueil d'impromptus, le rondeau chromatique Op. 12 No. 1 et Alleluia Op. 15.

Même si Alkan ne montre pas encore une personnalité affirmée dans cette oeuvre, on peut déjà y voir une certaine virtuosité. Voici la version interprétée par Laurent Martin.




Le Rondeau Chromatique Op. 12 No. 1 est une oeuvre plein d'éclat, mais encore conventionnelle, elle fut composée en 1833 à une époque où Alkan commençait à se faire connaître en tant que virtuose.



L'Alleluia Op. 25 fut composé en 1844 et explore un large intervalle du piano par l'utilisation d'accords répétés dans les aiguës et d'accords complets dans les basses.





1832 - Concerti da camera Op. 10



L'oeuvre d'Alkan est claire et intelligible, mais les limites imposées par Alkan sont une des raisons de la désaffection de la plupart des pianistes pour une oeuvre dont la finalité n’est ni la séduction, ni l’ivresse du divertissement.

Une fois dominé les exploits digitaux il reste à l’interprète à surmonter l’aspect le plus ardu: communiquer l’envoûtant univers d’une musique hors des chemins battus.

Cette musique aux allures de “musique réservée à l'élite” est l’autre obstacle à la popularité: une oeuvre unique, obsédante qui le situe parmi les compositeurs les plus importants de la musique romantique.

La complexité ahurissante de son invention aux rythmes puissants, la franchise de son imaginaire, en font la négation de l'artiste extraverti et romantique et dans le même temps généreront les folles créatures issues de ses propos musicaux qui seront les modèles dont s’inspirera une descendance prestigieuse: car la rare virtuosité d’écriture proposera des superpositions de 3 à 4 lignes mélodiques, toutes primordiales, et uniques pour créer les accords stupéfiants issus de la rencontre de ces voix.

Le concerto da camera Op. 10 No. 1 fut longtemps connu uniquement comme une pièce pour piano seul, mais la découverte récente des parties orchestrales a permis de révéler l'ambition et la maturité de cette oeuvre. Les trois mouvements sont joués dans la continuité, suivant l'exemple du Konzerstück de Weber, en utilisant des éléments cycliques. S'il n'a pas la joliesse d'autres œuvres similaires de l'époque, il s'inscrit néanmoins nettement dans la tradition romantique.

En 1833, Alkan visita Londres où il écrivit le second concerto da camera (Op. 10 No. 2) pour piano et cordes. Il est dédié à Henry Field de Bath (qui n'a pas de rapport avec John Field, l'inventeur du Nocturne). Il s'agit d'une oeuvre plus courte que la précédente, toujours en trois parties, mais avec des relations thématiques entre les sections plus proches. Elle devint une des pièces de concert favorites d'Alkan qui la jouait souvent accompagné d'un quatuor à cordes.

L'album interprété par Giovanni Bellucci au piano nous permet également d'entendre le concerto da camera Op. 10 No. 3 en un seul mouvement dans une reconstruction effectuée par François Luguenot, et en effet, il aurait été dommage de s'en priver. Il contient également les Six morceaux caractéristiques Op. 16 (1838).

Voici l'intégralité de cet album proposé par Piano Classics.




1840 - Grand duo concertant en fa dièse mineur pour violon et piano Op. 21




Le Grand Duo concertant en fa dièse mineur pour violon et piano Op. 21 date de l'année 1840. Il fait une grande place à la virtuosité habituelle à Alkan et se complaît dans les tonalités les plus diésées.

Conformément à son titre, l'oeuvre ne possède pas le caractère d'une sonate.

J'ai sélectionné la version du Trio Alkan, car outre ses qualités propres, l'album nous permet d'entendre les deux autres pièces de musique de chambre d'Alkan: la Sonate de concert pour violoncelle et piano Op. 47 (qui vaut vraiment le détour) et le trio en sol mineur Op. 30. 

A noter une autre version qui mérite une écoute: celle de Hüseyin Sermet, piano et Tedi Papavrami, violon.

Voici les trois mouvements de cette oeuvre par le Trio Alkan.

I. Assez Animé: Le premier mouvement frappe par son extrême concentration. La matière mélodique est d'une austérité presque grégorienne par son contrepoint d'une grande rigueur et sévérité.




II. L'Enfer - Lentement: Le second mouvement, comme on le voit, est sous-titré "L'Enfer". C'est le moment le plus étonnant de l'oeuvre et sans doute la première de ces singulières visions mystiques, telles qu'on les rencontrera fréquemment par la suite. Les sombres agrégats d'accords dissonants dans l'extrême grave du piano, presque des clusters, contrastent avec le chant quasiment ecclésiastique du violon, planant "évangéliquement" (indication de l'auteur!) dans l'aigu.




III. Aussi vite que possible: Le duo atteint à son maximum d'effet dans un Finale d'une rapidité vertigineuse (on pouvait s'y attendre quand on voit l'indication: "aussi vite que possible"!), qui impressionne tant par ses complexes déplacements d'accents que par son inépuisable richesse d'invention.




1844 - Le Preux, étude de concert Op. 17



L'album sélectionné contient Le Preux, Le Chemin de Fer et les Etudes Opp. 12 et 76 que je recommande. Mais il faut bien faire des choix, j'ai donc sélectionné uniquement Le Preux et le Chemin de Fer.

Le Preux Op. 17 fut publié en 1844, il s'agit d'un morceau de bravoure, qui offre de nombreuses difficultés techniques à l'interprète, ce qui pouvait transparaître dans le titre de l'oeuvre. Le pianiste, tel un preux chevalier, devra surmonter la technicité de l'oeuvre pour devenir un champion.



Le Chemin de Fer Op. 27 fut également publié en 1844. Il célèbre en termes musicaux un voyage en train, quelque chose de nouveau à l'époque, et qui fournit un matériau musical à de nombreux compositeurs, intrigués par le rythme de la machine et par son sifflet. Les voyages en train présentaient à l'époque quelque danger, c'est ce qu'illustre Alkan, alors que le train prend de la vitesse, avant de s'arrêter en toute sécurité.




1846 - La chanson de la folle au bord de la mer, prélude Op. 31 No. 8



L'album que j'ai sélectionné porte comme sous-titre: "A collection of eccentric piano works" ("Une collection de pièces excentriques pour piano"). Il s'agit d'une sélection d’œuvres d'Alkan particulièrement originales.

La chanson de la folle au bord de la mer (No. 8 des préludes Op. 31) est certainement l'oeuvre la plus originale et la plus étrange d'Alkan, avec ces accords profonds dans les basses qui évoquent le bruit de la mer et cette tension soutenue durant tout le morceau.

Je vous propose une version live du pianiste Vincenzo Maltempo.



La Marche Triomphale Op. 27 fut publiée en 1844, il s'agit d'une pièce virtuose et pleine de panache. En voici l'interprétation par Vincenzo Maltempo.




1847 - Douze Etudes dans tous les tons majeurs Op. 35



Les Douze Etudes dans tous les tons majeurs Op. 35 constituent un des premiers monuments légués par Alkan à la littérature pianistique. J'ai sélectionné l'interprétation de Bernard Ringeissen qui, au passage, nous livre des versions de référence du Festin d'Esope et du Scherzo Diabolico dont je reparlerai à propos de l'opus 39.

J'ai sélectionné deux études de l'opus 35 que je trouve remarquables.

Tout d'abord, l'Allegro Barbaro, d'une certaine modernité, il n'est pas sans annoncer la musique du futur et ce titre sera d'ailleurs réutilisé par Bartok. Voici une version par Jack Gibbons de cette pièce démoniaque.



L'étude intitulé "Contrapunctus" nous permet d'entendre toute l'ingéniosité d'Alkan dans le contrepoint et une utilisation d'un grand intervalle du piano.





1847 - Grande Sonate "Les Quatre Ages de la Vie" Op. 33




Voici quelques extraits des notes du livret de cet album:

"La Grande Sonate Op. 33 est à maints égards l'un des sommets de sa production et de tout le répertoire pour piano. En écrivant une sonate pour piano, Alkan régénère et perpétue une forme à la fois peu appréciée des Français et "en bout de course" selon les propres mots de Schumann.

La composition et la publication de la Grande Sonate interviennent à un moment crucial de la vie du compositeur. Durant l'été 1848, Zimmerman, le maître d'Alkan, démissionne de son poste de professeur de piano au Conservatoire de musique de Paris. Il semble naturel que Charles-Valentin, son élève le plus brillant et le plus prometteur, lui succède; mais dans le climat troublé de cette période, à la suite de banales intrigues, c'est en fait un médiocre qui va avoir le poste: Antoine Marmontel.

La potion est particulièrement amère pour Alkan qui va progressivement rentrer dans l'ombre et renoncer à toute position publique et officielle."

Au disque, j'ai choisi l'interprétation fine et virtuose de Marc-André Hamelin. Sous Youtube, la version qui s'impose est celle de Vincenzo Maltempo.

La sonate est en 4 quatre mouvements:

1er mouvement "20 ans (Très Vite)": La sonate s'ouvre sur un scherzo échevelé qui offre de nombreuses réminiscences du Scherzo No. 3 de Chopin. Le trio marque l'éveil au sentiment amoureux. La coda achève le mouvement dans des tourbillons.



2ème mouvement "30 ans, Quasi-Faust (Assez Vite)": c'est le cœur de la sonate. Il s'ouvre avec le thème de Faust, qui en quatre mesures prend possession de tout le clavier. Lui succède le thème du Diable qui est le thème de Faust en mouvement contraire. Le thème de Marguerite est une douce mélodie qui subira de nombreuses métamorphoses de climat. Le développement conduit à quatre immenses accords arpégés qui couvrent tout le clavier. Intervient alors une fugue, à huit voix réelles, horriblement difficile. Le mouvement se conclut sur une claire victoire du Bien sur le Mal.



3ème mouvement "40 ans, un ménage heureux (Lentement)": Ce mouvement nous propose une atmosphère de Romance sans parole, coupée d'une charmante digression intitulée "les enfants". Le thème est ensuite traité en canon et se pare d'une plus grande chaleur. Les dix coups d'horloge sont le signal de la prière.



4ème mouvement "50 ans, Prométhée enchaîné (Assez lentement)": Ce dernier mouvement nous mène à l'abîme. Après la victoire de "Quasi-Faust" et la félicité du ménage heureux qui sera refusée au compositeur, "50 Ans" s'achèvent sur un constat d'échec, dans une pièce visionnaire dont l'écriture évite toute boursouflure, tout excès. C'est une pièce également prémonitoire quand on songe au destin du compositeur.





1857 - Douze Etudes dans tous les tons mineurs Op. 39



Les Douze Etudes dans tous les tons mineurs Op. 39 constituent le chef-d'oeuvre absolu d'Alkan et certainement son projet le plus ambitieux non seulement par la virtuosité et la complexité des œuvres mais également par leur ampleur. Quand on considère, par exemple, que le Concerto pour piano solo dure à lui seul 50 minutes (il est constitué de 3 études dont la première dure à elle seule 30 minutes!).

Jack Gibbons nous en fournit une version intégrale sur un double album. Certaines de ces études connaissent d'autres versions égales ou supérieures, je le signalerai au passage.

Je vous propose de commencer par l'étude No. 3 justement intitulée "Scherzo Diabolico", qui justifie bien son nom. Il s'agit d'une étude virtuose bien dans l'esprit des études d'exécution transcendante de Liszt. En voici une version par Jack Gibbons.



Les quatre études suivantes, Nos. 4 à 7, constituent ce qu'Alkan a intitulé "Symphonie pour piano seul". 

Le pianiste José Vianna da Motta a décrit avec les mots les plus justes cette symphonie:

"Alkan démontre son étonnante compréhension de la forme de la symphonie dans son premier mouvement. La structure de la pièce est aussi parfaite, et ses proportions sont aussi harmonieuses, qu'un mouvement d'une symphonie de Mendelssohn, mais elle reste dominée par un caractère passionné. Les tonalités sont tellement bien calculées et développées que chacun peut relier chaque note à un son de l'orchestre, et ce n'est pas juste à travers la sonorité que l'orchestre est dépeint et devient tangible, mais également par le style et la façon dont la polyphonie est gérée. L'art véritable de la composition est transformé dans cette oeuvre."

Voici la symphonie entière sous les doigts de Jack Gibbons, l'oeuvre dure un peu plus de 27 minutes.



On continue dans la monumentalité avec le Concerto pour piano solo qui regroupe les études Nos. 8, 9 et 10. Il s'agit d'une des œuvres les plus difficiles écrite pour piano par Charles-Valentin Alkan.

Cette œuvre se compose de trois mouvements :
  • 1er mouvement : Allegro Assai - Allegro con brio
  • 2e mouvement : Adagio
  • 3e mouvement : Allegretto alla Barbaresca
Sur le plan tonal, le concerto commence en sol#mineur et se termine en fa#majeur, avec des changements de tonalités incessants, ce qui ne rend que plus difficile la mémorisation de cette œuvre de près de cinquante minutes soit environ 120 pages.

Je vous propose le troisième mouvement interprété par Jack Gibbons.



On notera qu'une des meilleures versions de ce concerto est l'interprétation de Marc-André Hamelin.

On termine cette revue de l'Opus 39 avec l'étude No. 12 intitulée le "Festin d'Esope" et certainement une des pièces les plus connues d'Alkan. 

Le Festin d'Esope consiste en une série de variations sur un thème qu'on a pu rapprocher de mélodies traditionnelles juives. L'argument se retrouve dans "La vie d’Ésope le Phrygien" de Jean de la Fontaine, qui sert aux invités de son maître Xantus de la langue, accommodée à toutes les sauces. Et Ésope de dire: "Qu'y a-t-il de meilleur que la langue ?"

Le thème de la langue, organe et fonction de première importance, se trouve évoqué fréquemment dans la Bible, livre de prédilection d'Alkan. Les variations qui traitent de problèmes techniques variés, illustrent également les métamorphoses qu'un thème peut subir. On peut également y voir une succession de tableaux décrivant le règne animal.

Voici cette étude dans une superbe interprétation de Jack Gibbons. On remarquera la façon très originale et intéressante dont la vidéo a été filmée en faisant le focus sur les mains du pianiste et en indiquant le numéro de chaque variation interprétée.



On notera qu'au disque Bernard Ringeissen nous livre une des meilleures versions de cette pièce.



1861 - 49 Esquisses Op. 63




Ce qui est intéressant avec les Esquisses Op. 63 est qu'Alkan nous montre qu'après avoir traité les formes amples et très développées avec ses études, il était également capable d'écrire des miniatures, des œuvres courtes mais néanmoins très intéressantes.

Laurent Martin nous en livre une intégrale dont j'ai extrait celles que j'ai préférées.

Esquisse No. 1 La Vision.



Esquisse No. 2 Le Staccatissimo.



Esquisse No. 6 Fuguette.



Esquisse No. 27 Rigaudon.



Esquisse No. 36 Toccatina.



Esquisse No. 39 Heraclite et Democrite.





1869 - Troisième Recueil de Chants Op. 65



Ce troisième recueil de chants Op. 65 est un des cinq volumes de Chants (Opp. 38, deux recueils, 65, 67 et 70) inspirés des Romances sans paroles de Mendelssohn. Chaque recueil utilise la même séquence tonale et finit avec la même barcarolle conclusive.

La version que j'ai sélectionnée figure sur le même album que la version du Concerto pour piano seul, interprété par Marc-André Hamelin.

N'ayant pas trouvé cette version sous Youtube, je vous propose comme alternative la version de Claudio Colombo qui en reste assez proche dans l'esprit.

Chant No. 1 Vivante: enfantin et enjoué.



Chant No. 2 Esprits Follets: vif.



Chant No. 3 En canon à l'octave: mélancolique.



Chant No. 4 Tempo Giusto: militaire, qui donne des ordres, finale débridé.



Chant No. 5 Horace et Lydie: comme des amoureux qui se disputent gentiment.




Chant No. 6 Barcarolle: éloignement et solitude (probablement autobiographique). Morceau superbe.




En bonus: Musique pour orgue ou piano à pédale



Normalement j'aurais du m'arrêter là puisque nous avons atteint les 10 œuvres prévues. Mais j'ai pensé aux amateurs d'orgue, puisque Alkan a écrit des œuvres pour orgue ou pour piano à pédale, un instrument dont Alkan s'est entiché, mais qui a disparu depuis.

J'ai sélectionné cet album interprété par Kevin Bowyer qui nous permet d'entendre les Treize Prières Op. 64.

La pièce sélectionnée est la 11ème prière Andantino, elle est interprétée par Olivier Latry et est extraite d'un album où l'on trouve des pièces pour orgue de Bach, Liszt et Franck. C'est d'ailleurs Franck qui a transcrit cette oeuvre pour orgue. Une oeuvre qui pourrait très bien être utilisée pour une cérémonie de mariage.




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