lundi 8 juillet 2019

Les femmes dans la musique classique

Les femmes dans la musique classique


Il faut bien l’avouer, dans cette période qui s’étend de 1750 à 1950 rien n’a été fait pour permettre aux femmes de laisser libre cours à leur créativité, voire à faire de la musique leur métier. 

Nous allons voir qu’il y a eu un certain nombre de femmes compositrices durant cette période, mais la plupart sont tombées dans l’oubli, ou bien leur nom est connu, mais pas leur prénom ! Il est grand temps de remédier à cela. Et notre époque qui s’intéresse tant à redécouvrir la musique des époques passées ferait bien de s’intéresser également aux femmes.

Je cite les femmes compositrices par année de naissance croissante, afin de conserver l’évolution de leur musique au cours de cette période. Pour chaque compositrice je cite une œuvre que j’ai eu la chance d’écouter.

En outre, j'ai réalisé une anthologie de la musique de compositrices classiques et romantiques sous forme de playlist.




Louise Farrenc




Louise Farrenc (de son nom de jeune fille Jeanne-Louise Dumont) est une compositrice, pianiste et professeur française, née à Paris le 31 mai 1804 et morte à Paris le 15 septembre 1875. 

Très vite, la jeune fille montre des dispositions pour le piano. A tel point, si l’on en croit le redouté critique et musicologue belge François-Joseph Fétis, qu’après avoir reçu dans un premier temps l’enseignement d’une élève de l’Italien Muzio Clementi, elle bénéficie des conseils de deux autres grands pianistes et compositeurs : le Slovaque Johann Nepomuk Hummel et l’Allemand Ignaz Moscheles. 

Elle a composé trois symphonies, de la musique vocale, de la musique de chambre et de la musique pour piano. Les plus grands musiciens de son temps l'ont soutenue, tel le violoniste Joseph Joachim qui a participé à la création en 1850 de son Nonette pour cordes et vents en mi bémol majeur. 

Elle a pu entendre en 1849 sa Troisième Symphonie, op. 36, exécutée par l'orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire. Son Air russe varié pour le piano, opus 17, suscite une critique positive de la part de Robert Schumann. 




J’ai pu entendre ses symphonies Nos. 1 & 3. Son style se situe dans la lignée de Beethoven, proche de Berlioz, Mendelssohn ou Schumann. En particulier je trouve que le 1er mouvement de la Symphonie No. 3 est particulièrement réussi. L’album est dirigé par Johannes Goritzki à la tête du Hannover Radio Philharmonic Orchestra. Louise Farrenc est totalement tombée dans l’oubli et mérite aujourd’hui d’être redécouverte.


La Symphonie No. 3 par l'Orchestre Philharmonique de Radio France:






Fanny Mendelssohn




Fanny Mendelssohn connue aussi sous le nom de Fanny Hensel, est une compositrice et pianiste allemande, née à Hambourg le 14 novembre 1805 et morte à Berlin le 14 mai 1847. Elle est la sœur du compositeur Felix Mendelssohn. 

Elle connut de nombreux poètes, tels Heinrich Heine, Joseph von Eichendorff et Johann Wolfgang von Goethe dont elle mit les œuvres en musique. Très tôt, comme son frère, elle manifeste des dons musicaux. Son père et ensuite son frère l'empêcheront néanmoins de se consacrer totalement à sa première passion, la musique. 

Fanny Mendelssohn a écrit près de 250 lieder pour soprano et piano, ainsi que plus d'une centaine de pièces pour piano seul. Très peu de ces œuvres ont été publiées, Fanny Mendelssohn n'ayant trouvé le courage de les publier qu'en 1846, un an avant sa mort. 

En 1841, Fanny Mendelssohn compose « Das Jahr, 12 charakterstücke » (« L’année, 12 pièces musicales ») qui décrivent les 12 mois de l'année d’une façon charmante et très variée. 

En 1997, la bibliothèque d’état de Berlin acquiert le manuscrit qui était jusque là en possession de la famille Mendelssohn, ce qui permet de rendre cette œuvre disponible au public. La version sélectionnée est celle du pianiste allemand Wolfram Lorenzen.



Son quatuor à cordes par le quatuor Ebène:






Clara Schumann




Clara Schumann née Wieck (née à Leipzig le 13 septembre 1819 et décédée le 20 mai 1896 à Francfort-sur-le-Main) est une pianiste et compositrice allemande. Elle fut l’épouse du compositeur romantique Robert Schumann et est considérée comme l'une des plus grandes pianistes du XIXe siècle. 

A 16 ans elle s’éprend de Robert Schumann qui est un élève de son père. Robert fait une demande en mariage, mais le père de Clara refuse catégoriquement. Il faudra attendre 1840 pour que le mariage ait lieu. 

Elle a 18 ans quand Liszt se précipite à Vienne car il a entendu parler d’une pianiste si brillante qu’il craint la concurrence ! « Son talent me charma il y a chez elle une supériorité réelle, un sentiment profond et vrai, une élévation constante. » Il lui dédie les études d’après Paganini ce qui prouve le niveau de virtuosité dont est capable la jeune pianiste. 

Plus tard, les filles de Clara témoigneront des facilités techniques de leur mère : elle s’exerce sans y prêter attention en parcourant son courrier ou en parlant avec ses filles sidérées de son insolente facilité. 

En 1832, elle compose son opus 1 qui est admiré par Liszt. Par contre, son œuvre majeure, le concerto pour piano opus 7 est éreinté par la critique pour la seule raison qu’elle est femme. 

En 1839, on a déjà un témoignage de Clara qui montre à quel point les femmes elles-mêmes, influencées par leur milieu, ne croient pas en leurs capacités : « Il fut un temps où je croyais posséder un talent créateur mais je suis revenue de cette idée. Une femme ne doit pas prétendre composer. Aucune encore n’a été capable de le faire, pourquoi serais-je une exception ? Il serait arrogant de croire cela, c’est une impression que seul mon père m’a autrefois donnée. » 

Veuve dès 1856, Clara devient l'amie, la conseillère et l'inspiratrice de Johannes Brahms. 

Elle laisse un catalogue de 23 numéros d’opus.

J'ai préparé une anthologie de ses oeuvres, composée d'incontournables comme son concerto pour piano Op. 7 et son trio Op. 17, de pièces pour piano, dont sa sonate, et de lieder, tels que ceux du cycle Liebesfrühling, qui, fait unique dans l'histoire de la musique, fut composé par des époux, en effet il est la réalisation à la fois de Robert et Clara.

Voici les liens vers les playlists.

Spotify:
Qobuz:
Apple Music:

J’ai également sélectionné une très belle œuvre de musique de chambre de Clara Schumann : le Trio Op. 17 interprété par Micaela Gelius, piano, Sreten Krstic, violon et Stephan Haack, violoncelle. Cet enregistrement comporte en outre plusieurs œuvres pour piano seul et des romances pour piano et violon.



Et voici son superbe concerto pour piano:






Pauline Viardot




Pauline Viardot, née Pauline Garcia, est une cantatrice (mezzo-soprano) et une compositrice française, née le 18 juillet 1821 à Paris où elle est morte le 18 mai 1910. Pauline Viardot est la fille du ténor espagnol Manuel Garcia, un des créateurs du Barbier de Séville, et la sœur de Maria Malibran, elle aussi cantatrice, décédée en 1836 à l’âge de 28 ans. 

Pauline commence ses études de musique par le piano, sous la férule de Franz Liszt. Elle donne son premier récital en 1838, à l’âge de 16 ans, et débute sur une scène d’opéra l’année suivante dans le rôle de Desdémone de l'Otello de Gioachino Rossini. Quelques années lui suffisent pour s’imposer. 

Les principaux compositeurs de l’époque Meyerbeer, Berlioz, Saint-Saens ou Gounod lui offrent des rôles dans leurs opéras ou lui dédient des œuvres. Elle tient salon dans son hôtel particulier. 

En 1863, elle renonce à la scène et se consacre à la composition de plusieurs opérettes sur des livrets de Tourgueniev, telles que Cendrillon composée en 1903. 

J’ai sélectionné cette œuvre avec Sandrine Piau dans la distribution. Les plus beaux airs sont : « Désirez-vous un air de bravoure ? », « De n’aimer que toi », et le finale.




Voici en extrait "Désirez-vous un air de bravoure ?"







Alice Mary Smith



Alice Mary Smith, née le 19 mai 1839 à Londres et morte le 4 décembre 1884 dans la même ville, est une compositrice britannique. Elle est la première Britannique à avoir composé une symphonie. 

Alice Mary Smith est une compositrice prolifique d'œuvres à grande et à petite échelle. Parmi ses compositions figurent quatre quatuors pour piano, trois quatuors à cordes, une sonate pour clarinette (1870), six ouvertures de concert et deux symphonies. Sa première symphonie en ut mineur a été écrite à 24 ans et interprétée par la Musical Society of London en 1863 ; la seconde, en la mineur, a été écrite pour le concours Alexandra Palace de 1876. 

Sa musique est empreinte d’élégance et de grâce, son style est beaucoup plus classique que romantique. Ses deux symphonies font beaucoup penser à Haydn. 

La symphonie en la mineur, la symphonie en ut mineur et l’andante pour clarinette et orchestre ont été enregistrés par Howard Shelley et les London Mozart Players sur le label Chandos en 2005. 

Cet enregistrement semble, à l’heure actuelle, constituer le seul disponible. Il reste à espérer que d’autres suivent et nous permettent de découvrir cette compositrice pleine de finesse et de charme. 



Voici une version audio de la Symphonie en la mineur:





Cécile Chaminade




Cécile Chaminade est une compositrice et pianiste française née à Paris le 8 août 1857 et morte à Monte-Carlo le 13 avril 1944. Elle révèle très jeune des dons musicaux que sa famille s'empresse de cultiver. 

Elle étudie avec Benjamin Godard la composition. Elle reçoit les encouragements de Camille Saint-Saëns et Emmanuel Chabrier, tandis que Georges Bizet, un ami de la famille, l'encourage à se présenter au Conservatoire. À dix-huit ans, elle donne son premier concert. 

Sa production est importante (plus de 200 œuvres) et ses principaux ouvrages sont : 
  • une Suite d'orchestre (1881), 
  • un opéra-comique « La Sévillane » opus 10 (1882), 
  • une symphonie dramatique avec chœurs intitulée « Les Amazones », opus 26 (1886), 
  • un Trio No. 2 pour violon, violoncelle et piano, opus 34 (1887), 
  • le ballet « Callirhoë », opus 37 (1888), 
  • un Concerstück pour piano et orchestre, opus 40 (1888), 
  • un Concertino pour flûte et orchestre, opus 107 (1902) - sa dernière œuvre symphonique.
J’ai sélectionné son Concertstück pour piano et orchestre Op. 40, qui est une œuvre de très grande qualité. Stylistiquement elle me semble se rapprocher de Saint-Saens. C’est une pièce d’une grande virtuosité avec de très belles mélodies. 

J’ai choisi la version interprétée par Danny Driver, piano, accompagné par le BBC Scottish Symphony Orchestra dirigé par Rebecca Miller. Cette œuvre est couplée avec deux concertos pour piano de compositrices: celui de Dorothy Howell, et le superbe concerto, très lisztien, d’Amy Beach.


Voici une vidéo du Concertstück pour piano et orchestre Op. 40:





Mel Bonis

L'article sur Mel Bonis se trouve à cette page:
Article sur Mel Bonis




Henriette Renié




Henriette Renié (née à Paris le 18 septembre 1875, morte le 1er mars 1956) est une harpiste, pédagogue et compositrice française. Elle est connue pour avoir enseigné à de nombreux harpistes célèbres et pour avoir inventé une méthode d'enseignement de la harpe restée en usage longtemps après sa mort. L'œuvre d'Henriette Renié compte une trentaine de pièces et de transcriptions pour harpe. Elle s'inscrit dans le courant du romantisme musical.

L’œuvre choisie est le Trio pour harpe, violon et violoncelle. C’est une pièce en 4 mouvements dynamique et enjouée, à noter que la harpe amène une sonorité très spécifique et dépaysante. Les interprètes en sont Xavier de Maistre, harpe, Ingolf Turban, violon et Wen-Sinn Yang, violoncelle.




La danse des Lutins:






Alma Mahler




Alma Mahler, née Schindler à Vienne le 31 août 1879 et morte à New York le 11 décembre 1964, est une artiste peintre et musicienne qui a composé des lieder. Elle fut successivement l'épouse du compositeur Gustav Mahler, de l'architecte Walter Gropius et du romancier Franz Werfel. En épousant Mahler, il a été convenu qu'elle doit abandonner ses propres aspirations artistiques en musique et en peinture. Frustrée, souvent sacrifiée au travail d'un mari distrait et exigeant, Alma succombe au charme de l'architecte Walter Gropius, avec lequel elle s'engage dans une relation extra-conjugale. Après la mort de Mahler, pendant deux ans, Alma est la maîtresse de l'écrivain et peintre Oskar Kokoschka, qui, pour représenter leur amour, réalise la toile « La Fiancée du vent ». Effrayée par la passion qu'elle suscite en lui, elle rompt avec Kokoschka. 

Kokoschka - La fiancée du vent

Alma, qui, dans le même temps, fréquentait toujours Gropius, l'épouse le 18 août 1915 à Berlin, et de leur union naît Manon, en 1916. Cette dernière décède de la poliomyélite en 1935, à l'âge de 18 ans. 

Le compositeur Alban Berg, grand ami d'Alma et qui aimait beaucoup Manon, lui dédie le "Concerto à la mémoire d'un ange". Dès 1919, Alma vit avec le romancier Franz Werfel. Elle l’épouse en juillet 1929. Après la mort de Werfel en 1945, Alma est surnommée la « veuve des quatre arts ». 

Elle aurait composé une centaine de lieder qui restent encore inédits. 

En 2003 est sorti un album de lieder de Alma Mahler interprété par la mezzo-soprano finlandaise Lilli Paasikivi accompagnée par le Tampere Philharmonic Orchestra dirigé par Jorma Panula. Ces lieder sont dans le style musical de Gustav Mahler.




"Cinq chansons" d'Alma Mahler (1910), chantées par l'alto Wiebke Lehmkuhl, interprétées par le WDR Sinfonieorchester sous la baguette de son chef d'orchestre Christian Măcelaru le 06 février 2021 à la Kölner Philharmonie.





Germaine Tailleferre




Germaine Tailleferre est une compositrice française née à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) le 19 avril 1892 et morte à Paris le 7 novembre 1983. Son nom est en fait Marcelle Taillefesse. 

La jeune Germaine commence l'étude du piano avec sa mère. Très jeune, elle compose de courtes œuvres. Malgré l'opposition de son père et à l'insu de celui-ci, elle entre au Conservatoire de Paris en classe de piano et de solfège et remporte le premier prix de solfège. Ce succès met un terme à l'opposition du père qui l'autorise à continuer ses études, tout en refusant d'en assurer le financement... 

Une certaine prise de conscience, doublée d'un léger désir de vengeance, lui fait changer son patronyme — sujet à railleries — de Taillefesse en Tailleferre. 

Germaine Tailleferre fait partie du groupe des Six : Le groupe des Six, aussi nommé Les Six, est un groupe de compositeurs français réunissant entre 1916 et 1923: Georges Auric (1899-1983), Louis Durey (1888-1979), Arthur Honegger (1892-1955), Darius Milhaud (1892-1974), Francis Poulenc (1899-1963), et Germaine Tailleferre (1892-1983). Leur musique réagissait essentiellement contre l'impressionnisme et le wagnérisme. Ils étaient très influencés par les idées d'Erik Satie et de Jean Cocteau. Bien qu'ils aient écrit collectivement, chacun a conservé son style personnel. 

Germaine Tailleferre laisse un catalogue de plus de 170 œuvres dans tout les domaines : 
  • œuvres orchestrales, lyriques, ballets, musique de chambre, de nombreuses musiques de film,
  • sonate pour violon et piano (1921), 
  • le marchand d’oiseaux - ballet (1923), 
  • le concertino pour harpe (1927), 
  • le concerto pour deux pianos, chœur, saxophones et orchestre (1934), 
  • le petit chose – musique de film (1938), 
  • Paris-Magie – ballet (1948), 
  • sonate champêtre (1972), 
  • concerto de la fidélité (1981). 
En 1921, elle participe en tant que membre du groupe des six à la composition conjointe du ballet « Les Mariés de la Tour Eiffel », elle compose les morceaux « Valse des dépêches » et le « Quadrille »
Parmi les œuvres que j’ai entendues de Germaine Tailleferre, j’ai choisi de vous parler du Trio pour violon, violoncelle et piano interprété par le Morgenstern Trio. C’est une œuvre qui peut s’apparenter au Trio de Ravel en moins impressionniste et plus néoclassique, notamment le 2ème mouvement qui s’impose par son thème principal très rythmé et assez martial. J’aime beaucoup le dernier mouvement, « très animé », aux changements de rythmes et de climats, mais toujours d’une parfaite maîtrise. C’est une œuvre superbe.  



Une vidéo du trio par le Morgenstern Trio:





Lili Boulanger




Marie Juliette Boulanger, dite Lili Boulanger, est une compositrice française, née à Paris 9e le 21 août 1893 et morte à Mézy-sur-Seine (Yvelines) le 15 mars 1918. Elle est la sœur cadette de la compositrice et pédagogue de renom Nadia Boulanger. Lili montre très tôt d’étonnantes dispositions. 

Dès six ans, elle sait déchiffrer les partitions — avant même de savoir lire — et étudie l'harmonie. Gabriel Fauré, ami de la famille, est émerveillé par sa précocité et lui donne ses premières leçons de piano. Elle est âgée de deux ans lorsque les premiers troubles de déficience immunitaire apparaissent avec une pneumonie intestinale. Dès lors, elle sera constamment malade. 

Elle se présente au Prix de Rome et devient, en 1913, la première femme à remporter le premier grand prix de Rome de composition musicale pour sa cantate « Faust et Hélène » (prix qu'elle partage néanmoins avec Claude Delvincourt, qui aida secrètement la jeune fille malade à orchestrer sa cantate). 

Une première audition publique de l'œuvre est donnée le 16 novembre 1913 par les Concerts Colonne au Théâtre du Châtelet et rencontre un vif succès, tant public que critique. 

Atteinte de tuberculose intestinale, liée à la maladie de Crohn, Lili Boulanger meurt à l'âge de vingt-quatre ans. Ses compositions incluent des pièces orchestrales ou pour piano, orgue, violon, violoncelle, hautbois ou flûte et, surtout vocales sur des poèmes de Jammes, Maeterlinck ou Musset. 

Le diagnostic précoce de sa terrible maladie semble avoir accru sa créativité et ses nombreuses œuvres, d'inspiration biblique ou mystique, semblent marquées par sa tragique et fatale destinée. Beaucoup d'entre elles sont restées inachevées ou sont perdues.

La pièce que j’ai voulu vous faire partager est le « Psaume 130 : Du fond de l’abîme » composé en 1910 (et revu en 1917) pour contralto, ténor, chœur mixte et orchestre. C’est une œuvre grandiose qui n’est pas sans rappeler le Psaume XLVII de Florent Schmitt. 

La version que j’ai choisie est interprétée par Sally Bruce-Payne, mezzo-soprano, Julian Podger, ténor, The Monteverdi Choir, le London Symphony Orchestra dirigés par John Eliot Gardiner. Le Psaume 130 est couplé avec deux autres Psaumes (24 et 139), la « Vieille prière bouddhique » et la « Symphonie de Psaumes » de Stravinsky. 

Lili Boulanger fut une compositrice exceptionnelle et reste une grande figure du début du XXème siècle.




Le Psaume 130 "Du fond de l'abîme" par le Monteverdichor Würzburg:





Grazyna Bacewicz




Grażyna Bacewicz, née le 5 février 1909 à Łódź – morte le 17 janvier 1969 à Varsovie, est une compositrice, violoniste et professeur polonaise. En 1928, elle entre au conservatoire de Varsovie, où elle étudie le violon avec Józef Jarzębski, le piano avec Józef Turczyński et la composition avec Kazimierz Sikorski. 

Elle poursuit sa formation à Paris, à l'École normale de musique de 1932 à 1933, avec Nadia Boulanger (composition) et André Touret (violon). Ses études terminées, Bacewicz a eu une grande activité musicale comme soliste, compositrice, membre de jury. Elle est premier violon de l'orchestre de la radio polonaise. Ce poste lui donne l'occasion de faire entendre une série de ses compositions. 

Finalement, en 1954, elle se retire de la scène pour se consacrer uniquement à la composition, après qu'elle a été sérieusement blessée dans un accident de voiture. Elle meurt à Varsovie en 1969. 

Grażyna Bacewicz était considérée par Witold Lutosławski comme « une éminente compositrice polonaise du vingtième siècle et l’une des plus grandes femmes compositeurs de tous les temps. » 

Grażyna Bacewicz a laissé plus de 200 compositions essentiellement instrumentales, sauf quelques rares œuvres pour la scène. Son style a évolué au cours du temps. 

La première période de 1932 à 1944 est plutôt néoclassique teintée de musique populaire. De 1945 à 1959 son style devient plus proche du langage d’un Szymanowski, toujours inspiré par le folklore polonais. Enfin de 1959 à 1969 son idiome évolue vers une musique plus moderne marquée par le sérialisme. Cette dernière période est marquée par des auto-emprunts et l'incertitude quant à l'orientation qu'elle pouvait prendre.

L’album que j’ai sélectionné est celui qui permet d’entendre 3 concertos pour violon correspondants à ces 3 périodes :
  • Le concerto pour violon No. 1 de 1937 de style néoclassique,
  • Le concerto pour violon No. 3 de 1948 de style plus folklorique,
  • Le concerto pour violon No. 7 de 1965 de style plus moderne.

Il est d’ailleurs dommage que l’éditeur ait choisi de présenter ces 3 concertos dans l’ordre inverse de la chronologie, je pense préférable de les écouter dans l’ordre chronologique afin de suivre l’évolution importante du style de Bacewicz. 

L’album est superbement interprété par la violoniste polonaise Joanna Kurkowicz, dirigée par Lukasz Borowicz à la tête de l’Orchestre Symphonique de la Radio Polonaise. Cet album a d’ailleurs été récompensé par un Diapason d’or.




Le très moderne concerto pour violon No. 7:







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