jeudi 3 février 2022

Supertramp

 

Supertramp

Supertramp


Supertramp est un groupe de rock britannique fondé à Londres en 1969 par Rick Davies et Roger Hodgson.

Le groupe connaît quelques changements de personnel avant de se stabiliser sur sa formation la plus connue (celle de la deuxième moitié des années 70), celle qui connaît le plus grand succès.

C'est cette formation que l'on voit sur la photo ci-dessus avec, de gauche à droite: Dougie Thomson (basse), Roger Hodgson (chant, guitare, basse), John Helliwell (saxophone, clarinette, flûte, claviers et chœurs), Rick Davies (chant, claviers) et Bob Siebenberg (batterie).

Roger Hodgson quitte le groupe en 1983 et poursuit une carrière solo, les autres membres du groupe continuent sans lui.

Le groupe a vendu plus de 70 millions de disques dans le monde, notamment grâce à l'album Breakfast in America sorti en 1979 et vendu à plus de 20 millions d'exemplaires.

Le groupe a réalisé 11 albums studio et a effectué sa dernière tournée en 2015.

J'affectionne particulièrement ce groupe pour ses harmonies vocales, l'omniprésence du piano et des autres claviers, les arrangements sophistiqués, la présence ponctuelle du saxophone, la façon dont certaines chansons nous embarquent dans le récit, enfin les paroles des chansons qui nous font réfléchir à la condition humaine, et en particulier la condition de l'artiste.

Même si on ne considère pas habituellement le groupe Supertramp comme un groupe de rock progressif, certains de leurs titres, d'une longueur inhabituelle, peuvent y être assimilés, tels que: Crime of the Century, Fool's Overture, Child of Vision, Brother Where You Bound ou Try Again.

J'ai conçu une playlist contenu les incontournables du groupe.

Je vous propose à présent un voyage dans la formidable discographie de Supertramp.

Les extraits vidéo sont pour la plupart tirés du magnifique concert donné par Supertramp en 1979 au Pavillon de Paris, car ces vidéos disposent d'une très bonne qualité, tant de l'image que du son. 


1970 - Supertramp


En 1970, le groupe compte dans ses rangs un certain Richard Palmer qui deviendra un parolier du groupe King Crimson. 

Le groupe, qui s'était appelé pendant quelques mois Daddy, change de nom sur les conseils de Richard Palmer, pour s'appeler Supertramp, d'après le titre d'un roman écrit par William Henry Davies en 1908, intitulé "The Autobiography of a Super-Tramp" ("L'Autobiographie d'un super vagabond").

Le groupe sort son premier album, au titre éponyme, en août 1970 chez A&M Records. Le succès n'est pas au rendez-vous malgré quelques bons titres comme Surely ou Maybe I'm a Beggar.

Le style est encore assez différent du "son" Supertramp. J'ai sélectionné un morceau assez long (plus de 12 minutes) qui s'apparente clairement au rock progressif avec un superbe solo de guitare. La chanson raconte une histoire d'amour qui peine à démarrer et s'intitule "Try Again".




1971 - Indelibly Stamped



Le second album de Supertramp sort en 1971. Des dires de Roger Hodgson il s'agit d'une tentative désespérée pour faire plaisir à la maison de disques. Le son de l'album est résolument plus rock et la pochette racoleuse qui représente la poitrine d'une femme tatouée fait débat.

L'album est un échec commercial, le style est encore différent du Supertramp que l'on connaît, mais avec le recul, certaines chansons méritent que l'on s'y intéresse.

"Rosie Had Everything Planned" est une belle ballade avec un accordéon, joué par Frank Farrell. L'histoire est celle de Rosie, qui tire sur son mari car elle le soupçonne de la tromper.



Ensuite voici un morceau bluesy intitulé "Potter". On dirait un mélange entre le premier Led Zeppelin, Cat Stevens ou bien Frank Zappa et Captain Beefheart. Ce titre est chanté par Dave Winthrop et raconte l'histoire de Potter qui est en pleine séduction de son amie.



Enfin, le titre "Times have changed" est annonciateur du futur style du groupe. Il raconte l'histoire d'un marin ballotté par les flots qui s'excuse de n'avoir pas su diriger le bateau (rien n'indique clairement dans la chanson s'il faut la prendre au propre ou au figuré).



1974 - Crime of the Century




Crime of the Century est le troisième album studio de Supertramp, sorti en 1974, et le premier de la formation "classique" du groupe.

Crime of the Century marque le début du véritable succès du groupe en se classant dans le Top 5 au Royaume-Uni et dans le Top 40 aux États-Unis. Le single Dreamer se vend bien. 

En France, l'album est certifié disque d'or en 1978 pour 100 000 exemplaires vendus et disque de platine en 1980 pour 400 000 exemplaires vendus.

C'est un album fabuleux, d'une maturité musicale exceptionnelle. En outre, la pochette est superbe.

C'est une sorte d'album concept ambitieux sur la condition humaine et la place de l'homme dans la société: l'homme va perdre sa liberté pour se mouler dans un conformisme considéré comme indispensable pour la vie en société. Le refus de ce conformisme peut amener à une perte de santé mentale, voire à la folie. On sent au niveau des thèmes choisis une certaine ressemblance avec l'album Dark Side of the Moon de Pink Floyd, sorti en 1973, même si les deux albums ne se ressemblent pas musicalement.

Le fameux crime du siècle (Crime of Century) est représenté par les gens cupides qui accaparent les richesses et mènent le monde.

L'album complet mérite d'être cité, le choix des morceaux a été difficile. Tous les extraits musicaux sont tirés du concert de Paris 1979.

On commence par "School", un chef d'œuvre, qui montre que l'école empêche les individus d'être libres, mais qu'il faut se plier aux règles, être comme les autres, et de conclure: c'est à vous de choisir. Dans ce morceau le piano est "débridé" comme en réaction à ce conformisme.



Dans "Bloody Well Right", le sujet est que le succès dépend principalement de l'argent et de la richesse à la naissance, la chanson dit que le narrateur a "diablement bien raison" de le dire.



Le fabuleux "Dreamer", quant à lui, décrit la difficulté de l'artiste à vivre dans un monde trop matériel et de rester ce "petit rêveur stupide".



On termine avec le morceau éponyme: "Crime of the Century", dans lequel sont stigmatisés les hommes qui accaparent les richesses.




1975 - Crisis ? What Crisis ?


La maison de disques demande à Supertramp de travailler sur un nouvel album dès la fin de la tournée. 

Les musiciens trouvent que cet album est un peu bâclé car ils n'ont pas eu le temps de travailler aussi longtemps que sur l'album précédent.

Sur le premier titre sélectionné, "Sister Moonshine", la chanson raconte la déconvenue d'un rêveur qui aurait voulu être un ménestrel, un gitan, un lion ou un aigle. Heureusement "la sœur lune" amène la lumière, les rires et la musique. Sachant que "moonshine" signifie également alcool de contrebande, on est en droit de se demander si ce n'est pas plutôt ce dernier sens qu'il faut comprendre ici.

Voici un live de 2010 de Roger Hodgson qui enchaîne "Easy Does It" et "Sister Moonshine":



Dans "A Soapbox Opera", Roger Hodgson critique certains poncifs de la religion.


"Poor Boy" valorise l'amitié, préconise de se contenter de ce que l'on a, même si on est pauvre, de se contenter du temps qu'il fait, même s'il ne fait pas beau, et de rester jeune d'esprit. On peut être heureux, même pauvre, si on est libre. 

On remarquera dans ce morceau l'intervention d'une clarinette, ou d'un saxophone soprano.



1977 - Even in the Quietest Moments …



Avec ce cinquième album, Supertramp renoue avec les sommets, il s'agit à nouveau d'un de leurs meilleurs albums.

Dans le premier morceau sélectionné, "Give A Little Bit", le narrateur nous présente un amoureux qui n'est pas très exigeant: il veut juste un peu d'amour.



Dans le titre suivant, "Babaji", Roger Hodgson exprime toute son admiration pour le Mahavatar Babaji, un maître spirituel indien, considéré par Bob Siebenberg (le batteur du groupe) comme "la lumière de Roger".



Dans "From Now On", on revient sur un thème fréquent dans les chansons de Supertramp: la détestation de la routine du travail, la volonté de s'évader, de vivre dans l'imaginaire, même si les autres pensent qu'on est fou. Et c'est ce que le héros de la chanson va faire "à partir de maintenant".

Voici un extrait d'un concert de 1988:



On termine avec un autre chef d'oeuvre du groupe: "Fool's Overture". On peut interpréter cette chanson de deux façons: il peut s'agir d'un hommage à Winston Churchill qui pendant la seconde guerre mondiale a maintenu le moral de la nation avec son fameux discours: "nous n'abandonnerons jamais!" ("We will never surrender"). On peut également comprendre que cette chanson dénonce le danger que l'on fait courir à notre planète et le fait que l'on n'est pas à l'abri de l'auto-destruction, ce qui reste un sujet d'actualité.




1979 - Breakfast in America


Avec ce sixième album, on a certainement le meilleur album du groupe.

La pochette parodie la statue de la liberté avec une serveuse, et la presqu'île de Manhattan avec des ustensiles de cuisine et des bocaux.

Breakfast in America est l'un des albums les plus vendus au monde. Selon certaines sources, l'album se serait vendu à 20 millions d'exemplaires. En France, l'album se vend à environ 3 millions d'exemplaires, ce qui en fait le quatrième album le plus vendu.

Commençons par un des plus grands tubes du groupe, le morceau "The Logical Song": il reprend des thèmes déjà évoqués dans d'autres chansons, comme "School". Lorsqu'on est enfant le monde semble merveilleux, mais quand on est adulte on doit se conformer aux règles, quitte à devenir un véritable légume (vegetable), si on ne veut pas être rejeté et qualifié de fanatique et criminel.




Continuons avec un autre morceau célèbre: "Goodbye Stranger". La chanson semble simplement raconter l'histoire d'un garçon qui quitte ses conquêtes, mais quand on voit qu'elles s'appellent Mary & Jane, on ne peut s'empêcher de penser qu'il souhaite en fait devenir "clean" en arrêtant la marijuana.



Dans le titre "Breakfast in America", Roger Hodgson imagine qu'en connaissant le succès il va pouvoir vivre le rêve américain et tous ses stéréotypes. Il s'aperçoit que ce n'est qu'un miroir aux alouettes.



On retrouve un thème similaire dans "Take the long way home": une personne célèbre vit dans un monde factice ("they adore you"), mais dans la réalité c'est tout autre chose ("you're the joke of the neighborhood"). L'auteur regrette ce qui aurait pu être et conclut qu'il faut se recentrer sur soi-même: c'est le long voyage vers soi ("the long way home").


L'album se termine avec "Child of Vision" qui reprend le thème des paradis artificiels dans lesquels vivent les gens célèbres. On retrouve la notion de "perfect crime" déjà utilisé dans "Crime of the Century" qui semble signifier qu'on accapare les richesses et les biens matériels. L'auteur recommande de se trouver une nouvelle ambition, mais la star a du mal à entendre le message.




1982 - ... famous last words ...



Il s'agit du septième album du groupe et du dernier avec Roger Hodgson, ce que semble indiquer clairement le titre de l'album.

L'album contient la chanson "It's Raining Again" qui parle de la fin d'un amour et du fait qu'il faut se remettre. Cela peut être aussi une référence à la scission du groupe.



Dans "My Kind of Lady", l'auteur raconte qu'après la séparation, on rencontre un nouvel amour et qu'il ne faut pas répéter les erreurs du passé. On remarquera les membres du groupe qui apparaissent gominés dans le clip, dans un style très fifties.



Décidément, c'est bien la séparation qui est le thème récurrent de cet album. Avec le titre "Don't Leave Me Now", il supplie son amour de ne pas le quitter.

Voici une intéressante version live de ce morceau donnée par Roger Hodgson, et en invité -M-, aux Arènes de Nîmes en 2019.




1985 - Brother Where You Bound



On sent après le départ de Roger Hodgson un léger changement dans le style du groupe qui devient plus rythmé.

Le premier morceau sélectionné "Cannonball" illustre bien ce changement avec cette pulsation qui traverse le morceau. La chanson parle d'une personne qui a été trompée et ne veut pas entendre d'excuses, mais plutôt partir, car elle ne supporte plus la situation.

Voici une version live à Madrid en 1988.



Le titre "Better Days" parle des hommes politiques qui font campagne et font plein de belles promesses. En l'occurrence, comme montré dans le clip qui accompagne la chanson, les hommes politiques choisis sont les plus horribles dictateurs. La musique illustre la dictature par son côté martial.



Enfin, le morceau "Brother Where You Bound" est un véritable titre de rock progressif avec ses plus de 16 minutes. Le sujet du morceau sont les mensonges que les hommes politiques nous servent. L'auteur se place dans un état totalitaire qu'il faut absolument fuir et l'illustre par les méthodes de la police soviétique (cf 4ème paragraphe) et musicalement par la citation de l'Internationale. La situation se déroule durant la guerre froide, sous la menace atomique: "a red cloud hanging over us".

La lecture du roman 1984 de George Orwell a influencé ce morceau.

A noter que David Gilmour a été invité sur ce titre et exécute un solo de guitare.




1987 - Free as a Bird


C'est le dernier album avec le bassiste Dougie Thomson qui quittera le groupe après la tournée de 1988.

A noter la présence de Lee Thornburg aux cuivres et de Mark Hart aux claviers et à la guitare (déjà présent sur la tournée promotionnelle de Brother Where You Bound), lesquels deviendront membres officiels du groupe (studio et concerts) à sa reformation en 1996.

C'est certainement un album moins prenant que le précédent, néanmoins il s'écoute bien.

J'ai sélectionné le titre "It's Alright" qui est une chanson plus optimiste que la plupart des chansons du groupe. Elle parle d'une histoire d'amour, et préconise d'être épicurien et de profiter de la vie.

Voici une version live de 1988:



Voici le titre éponyme, un constat de fin d'amour, où l'auteur dit qu'il ne faut plus se faire de souci, qu'il ne l'embêtera plus, qu'elle est "libre comme un oiseau".




1997 - Some Things Never Change



Il faut attendre dix ans avant l'album suivant. Dans la période intermédiaire il y a plusieurs tentatives pour que Roger Hodgson rejoigne Supertramp, mais finalement le projet n'aboutit pas.

Cet album est certainement le plus faible du groupe. Il ne convainc pas la critique, mais les ventes sont plutôt bonnes.

Je n'ai retenu qu'un seul titre: "It's A Hard World", un morceau jazzy de près de 10 minutes. Ce morceau raconte l'histoire de quelqu'un qui cherche à réussir et qui est sûr de lui et de son destin dans un monde dur. Le morceau est excellent mais cela ressemble plus à The Crusaders qu'à Supertramp.




2002 - Slow Motion



Il s'agit du onzième et dernier album du groupe. Supertramp renoue avec les recettes et le style qui ont fait sa gloire.

Le premier titre sélectionné est le morceau éponyme. Dans cette chanson, au ton épicurien, l'auteur dit qu'il faut prendre le temps dans la vie alors que le monde va si vite.



Ensuite, j'ai choisi le morceau "Little by Little": Petit à petit, il essaye de reconquérir l'être aimé.



Enfin, dans ce dernier morceau sélectionné, "Over You", l'auteur parle de séparation et de regret du passé et il demande qu'on lui accorde une autre chance. 

On notera l'excellente présence des cuivres dans ce titre.






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