Jethro Tull
1968 - This Was
This Was est le premier album studio de Jethro Tull. Il est sorti le 25 octobre 1968 sur le label Island et a été produit par Terry Ellis et le groupe.
Après un premier single, Sunshine (paru sous le nom de groupe Jethro Toe) sorti en février 1968 et produit par Derek Lawrence, le groupe signe avec le label Island Records et entre dans les studios Sound Techniques de Londres pour enregistrer son premier album. Il s'agit de l'unique album du groupe avec le guitariste Mick Abrahams.
This Was reste classé 17 semaines dans les charts britanniques, culminant à la dixième place.
Il s'agit d'un album plus bluesy que ses successeurs.
J'ai sélectionné "Serenade To A Cuckoo", un morceau plutôt jazzy, dans une version live à Lugano en 2005.
Voici "Dharma For One", un morceau instrumental avec un solo de batterie, dans une version live à Bâle en 2008.
1969 - Stand Up
Il entre directement à la première place des charts britanniques où il restera classé pendant 29 semaines. Il se classa à la 20e place du Billboard 200 et fut certifié disque d'or aux États-Unis en 1972 pour la vente de plus de 500 000 exemplaires.
Il contient l'un de leurs plus fameux titres, "Bourée", une adaptation de "Bourrée" de la suite pour luth n° 1 en Mi mineur de Jean-Sébastien Bach (BWV 996). En voici une version live de 2005 à Lugano.
Le titre "We Used To Know" parle des mauvais jours du passé quand le groupe n'était pas connu et que les musiciens étaient en galère. La progression d'accords du morceau a largement été réutilisée par le groupe Eagles (qui avait joué en même temps que Jethro Tull) sur le titre "Hotel California".
Le protagoniste du morceau "Living In The Past" aime une femme et ne veut pas penser à la guerre actuelle (la guerre du Vietnam), mais plutôt penser au passé et ne pas prendre part à la révolution (les mouvements hippies pacifistes). Voici une version live de 1976 où l'on retrouve Ian Anderson chevelu!
1970 - Benefit
L'album est enregistré pendant les mois de décembre 1969 et janvier 1970 aux Studios Morgan à Londres et est produit par Ian Anderson. C'est certainement l'album le plus sombre et le plus cynique du groupe, le résultat de l'incompréhension de Ian Anderson envers l'industrie du disque et les pressions commerciales des maisons de disques.
C'est le premier album avec John Evan aux claviers. C'est aussi le dernier avec le bassiste Glenn Cornick qui quittera le groupe à la fin de la tournée en décembre 1970.
C'est le premier album de Jethro Tull a dépasser le million d'exemplaires vendus.
Dans "To Cry You A Song", le héros revient d'un voyage en avion vers sa bien-aimée pour lui "crier" une chanson. Il est très doux pour lui de la retrouver. On remarquera le riff de guitare très original.
On trouve sur le même album la chanson "Teacher", qui s'intéresse aux donneurs de leçons qui s'intitulent eux-mêmes "Professeur" et qui recommandent à l'artiste de prendre du plaisir en voyageant, ou en se bronzant sur la plage. Le "professeur" a d'ailleurs bien profité de ce que l'artiste lui à offert. Mais cela ne satisfait pas l'artiste qui a d'autres idées sur la vie.
1971 - Aqualung
Aqualung est le quatrième album studio du groupe Jethro Tull, sorti en 1971 par le label Chrysalis Records. Il est considéré, malgré le désaccord des membres du groupe à ce sujet, comme un album-concept abordant le thème de la distinction entre Dieu et la religion. Ian Anderson compose et écrit l'intégralité des chansons.
L'album est enregistré aux Island Studios à Londres, avec John Evan et Jeffrey Hammond qui participent à leur première séance d'enregistrement avec le groupe, respectivement en tant que claviériste et bassiste.
Plus de 7 millions de copies d'Aqualung sont vendues, en faisant l'incontestable succès de la formation britannique. L'accueil critique est très favorable, l'album figurant régulièrement dans des classements établis par les critiques. Grâce au succès commercial international de l'album, Jethro Tull accède à une notoriété mondiale et s'impose comme un des pionniers du rock progressif britannique.
Il s'agit certainement d'un des meilleurs albums du groupe.
La chanson "Aqualung" traite de notre réaction face à la population des sans-abri. Ian Anderson a écrit la chanson et l'a appelée "une chanson de confusion empreinte de culpabilité sur la façon dont vous traitez les mendiants, les sans-abri".
Dans cette chanson, Aqualung est un sans-abri avec une mauvaise hygiène. Ian Anderson l'a écrit en s'inspirant de photographies réelles de sans-abri. La femme de Ian à l'époque, Jennie, était une photographe amateur et avait apporté des photos à Ian sur ce sujet.
Ian intitule la chanson "Aqualung" d'après un appareil respiratoire portable pour les plongeurs. Anderson a imaginé ce surnom à cause de problèmes respiratoires qu'il imagine au sans-abri.
Ce qu'Anderson ne savait pas, c'est qu'Aqualung était un nom de marque et qu'il a risqué un procès qui finalement n'a pas eu lieu.
La couverture de l'album est une aquarelle du personnage Aqualung créée par l'artiste Burton Silverman. Burton a pris quelques photos d'Ian Anderson portant son vieux pardessus avant de peindre la couverture, et le travail qui en a résulté ressemble beaucoup à une version hagarde d'Ian. Malgré les réticences d'Anderson, qui n'en était pas satisfait, la couverture est devenue une image emblématique du rock.
Voici une version donnée à Montreux en 2003 de ce titre légendaire.
On continue la galerie de portraits de gens bizarres, effrayants ou amusants que Ian Anderson a rencontré dans Londres en se promenant avec le titre "Mother Goose". Cette chanson est écrite comme une comptine aux accents folk. Voici une version donnée à Lugano en 2005.
Voici enfin mon morceau préféré "Locomotive Breath", écrit par Ian Anderson.
La locomotive de cette chanson échappe à tout contrôle et est une métaphore des problèmes de notre société.
Anderson a donné une explication détaillée de la chanson dans une interview de 2013 , où il a déclaré:
"Quand je l'ai écrite, je n'avais pas délibérément voulu écrire un morceau de musique sur un sujet particulier. Mais cela a évolué au cours du processus d'écriture pour devenir pas très spécifique, mais sur les problèmes de surpeuplement - la sensation plutôt claustrophobe de beaucoup de gens dans un espace limité. Et l'idée de la locomotive imparable incessante étant la métaphore de l'expansion apparemment imparable de la population sur la planète Terre.
Quand je la regarde aujourd'hui, elle devient, pour moi, très cristallisée en tant que chanson sur l'expansion ingérable de la population. C'est quelque chose qui me préoccupe encore plus aujourd'hui qu'à l'époque où je l'ai écrit, lorsque la population de la planète Terre n'était qu'environ les deux tiers de ce qu'elle est aujourd'hui.
Ainsi, au cours de ma seule vie, nous avons vu une énorme augmentation de la population et une énorme augmentation de la mesure dans laquelle nous dévorons nos ressources limitées. Donc, l'idée de la planification et de la gestion de la population est quelque chose à laquelle je pense que nous devrions réfléchir beaucoup plus que nous ne le faisons.
Cela signifie-t-il que je pense que nous devrions stériliser tout le monde après l'âge de 30 ans ? Non bien sûr que non. La taille de la famille que vous souhaitez avoir sera votre choix. Mais vous devez faire ce choix en toute connaissance de cause, avec sagesse et responsabilité."
Cela fait réfléchir, non ?
On retrouve le côté implacable de cette locomotive imparable et incessante dans le rythme de la chanson. En voici une version live aux AVO Sessions, un morceau d'anthologie!
1972 - Thick as a Brick
En réaction aux critiques qui qualifiaient l'album précédent du groupe, Aqualung, d'« album-concept », contre l'avis même de Ian Anderson, celui-ci décide d'écrire et enregistrer un véritable album-concept sur un mode ironique, composé d'une seule chanson occupant la totalité de l'album (soit 43 minutes).
Les paroles sont présentées comme un poème écrit par Gerald Bostock, un enfant de huit ans, qui avait reçu un prix pour son œuvre avant de se le voir retirer pour avoir prononcé un gros mot à la télévision ; l'article en « une » de la pochette décrit en détail cette affaire totalement fictive.
Il s'agit du premier album du groupe à se classer en tête du Billboard 200, et, d'une manière générale, il est considéré comme le meilleur album du groupe par les amateurs de rock progressif.
Voici un extrait d'une interview de Ian Anderson donné le 23 décembre 1991 dans l'émission US radio show dans laquelle il explique les paroles de la chanson "Thick as a Brick":
"Thick as a Brick", qui peut se traduire par "Épais comme une brique", est vraiment une expression d'argot du nord de l'Angleterre, où j'ai passé mes (enfin, une partie de mes) années de jeunesse. Décrire quelqu'un comme étant 'épais comme une brique' signifie, en gros, qu'il est stupide. Vous savez, être "épais", comme dans "tête épaisse", épais comme une "brique", la brique étant un petit objet dense. Donc je parlais vraiment des gens qui sont intellectuellement incapables d'absorber quoi qu'il ait pu être dit dans les termes légèrement fantomatiques et explosifs des paroles de l'album."
"La façon dont j'écris permet à beaucoup de gens d'interpréter à leur manière. Je ne dis pas qu'une seule chose. Je dis beaucoup de choses à beaucoup de gens. La musique signifie différentes choses pour différentes personnes."
"Je tiens à insister pour que chaque auditeur fasse un petit effort pour écouter la musique, les paroles, et interpréter ce que je dis. Mes mots font sortir des antennes. C'est aux auditeurs de les capter et d'obtenir d'eux ce qu'ils souhaitent."
Ian Anderson ne se fait d'ailleurs pas d'illusion et dit dans la chanson: "I may make you feel but I can't make you think" ("Je peux vous faire ressentir mais je ne peux pas vous faire réfléchir").
Il s'agit d'une sorte de mélange entre une pièce de théâtre et une fable, avec la morale: "Ne suis jamais aveuglément quelqu'un d'autre, surtout s'il dit qu'il sait mieux que toi, car il est fort probable qu'il ne le sache pas. Pense par toi même."
Pour ceux qui sont intéressés par plus de détails, le texte intégral en anglais et en français de l'album est disponible à l'adresse suivante:
https://jethrotull.com/taab-french-translation/
J'ai sélectionné deux extraits de cet album. Le premier est une version live interprétée en Islande en 2014, un des sommets musicaux du groupe.
J'ai complété par l'extrait suivant: "What Do You Do When The Old Man's Gone ? / From The Upper Class".
1972 - Château d'Isaster Tapes
Voici tout d'abord le titre "Critique Oblique", qui est sorti dans une version plus courte sur l'album "A Passion Play". Les paroles de cette chanson sont totalement surréalistes et hermétiques, la musique est très rock et un peu déconcertante.
La chanson "Law of the Bungle" est basé sur un jeu de mots (entre jungle et bungle, qui signifie gaffe). Il s'agit d'une sorte de fable qui dit que connaître un tigre signifie que vous devez lui faire confiance et lui offrir votre gorge, se contenter de la deuxième part du gâteau et retirer quotidiennement les preuves sanglantes. Ce n'est pas une sinécure!
Dans "Law of the Bungle Part II", le guitariste Martin Barre dit qu'il est "un hibou aux plumes lisses". Nous sommes encore dans un délire verbal et dans le monde des fables.
1975 - Minstrel In The Gallery
Il s'agit du huitième album du groupe.
L'album se classe à la 20e place des charts britanniques et à la 7e place du Billboard 200 américain. En France, il atteint la 15e place des meilleures ventes d'album.
L'illustration de la pochette est un détournement d'une lithographie de Joseph Nash.
La chanson "Minstrel In The Gallery" décrit tous les gens ordinaires, avec leur faiblesse et leur ignorance, mais d'une manière aimante. Le ménestrel n'est qu'un observateur, essayant de les comprendre aussi bien que de les taquiner (comme quand on taquine quelqu'un pour le faire réfléchir, ou juste pour avoir une chance de vérifier sa réaction).
Le ménestrel n'a pas besoin de miroir pour se connaître, il regarde le public et se voit en lui. Il se rend compte comme il se doit que nous sommes tous égaux et pareils.
Le ménestrel dans la galerie est en fait Ian Anderson lui-même.
Voici une version live à Paris en 1975. Cela débute par un morceau folk avec Ian Anderson à la guitare acoustique avant que cela devienne un morceau rock très électrique.
"Baker Street Muse" est un morceau fleuve dans lequel Ian Anderson raconte tout ce qu'il voit en se promenant sur Baker Street (à cette époque Ian Anderson habite cette rue).
1977 - Songs From The Wood
Ce dixième album est le premier volet d'une trilogie folk rock qui comprend également les albums Heavy Horses (1978) et Stormwatch (1979). Il s'inspire principalement du folklore anglais, avec notamment une chanson faisant référence à Jack in the Green, un personnage des célébrations du 1er mai.
Il est enregistré en partie aux Morgan Studios de Londres et avec le studio mobile Maison Rouge à Fulham.
Le claviériste David Palmer, qui collaborait avec Jethro Tull depuis leur tout premier album, fait officiellement parti du groupe à partir de cet opus.
Cet album se classe à la 13e place des charts britanniques et à la 8e place du Billboard 200 aux États-Unis. Il sera certifié disque d'or au Canada et aux USA et disque d'argent au Royaume-Uni.
Dans le titre "Songs From The Wood", Ian Anderson se considère comme une sorte de ménestrel des temps modernes. Il fait l'éloge de la nature et nous chante des chants de la forêt afin de nous faire sentir mieux. Voici un live de 1977.
1978 - Heavy Horses
1987 - Crest Of A Knave
1995 - Roots To Branches
1999 - J-Tull Dot Com
J-Tull Dot Com est le vingtième album studio du groupe Jethro Tull, sorti en 1999. Il sort quatre ans après leur album de 1995, Roots to Branches, et continue dans la même veine, alliant le hard rock aux influences orientales.
C’est le premier album à présenter à la fois Andrew Giddings aux claviers et Jonathan Noyce à la basse, qui resteront avec le groupe jusqu’en 2007, donnant ainsi la plus longue formation ininterrompue de Jethro Tull.
La chanson "Dot Com" parle d'une relation sur Internet: "I'll be yours, I'll be yours dot com".
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