lundi 18 avril 2022

Camel

 

Camel


Camel


Camel est un groupe de rock progressif britannique, originaire de Guildford, comté de Surrey, en Angleterre. Mené par le membre fondateur et guitariste Andrew Latimer, ils comptent quinze albums studio et diverses compilations et albums en public.

Le groupe mêle des éléments de jazz et de musique classique, à du blues, du rock progressif et de la musique électronique.

On voit sur la photo ci-dessus les membres du groupe au début de leur carrière, vers 1971. De gauche à droite et de haut en bas: Andy Ward (batterie), Andrew Latimer (guitare et chant), Doug Ferguson (basse) et Peter Bardens (claviers).

Le membre permanent du groupe et leader est Andrew Latimer, un guitariste et compositeur hors pair.

Si j'ai choisi de vous parler de ce groupe c'est qu'il est à mon avis trop peu connu et sous-estimé, alors qu'ils ont publié une superbe discographie avec des morceaux accessibles et délicats, aux très belles mélodies, souvent lentes et mélancoliques.

Je vous ai concocté une playlist basée sur ma sélection.

Voici les liens vers la playlist, on notera que la playlist la plus complète est celle d'Apple Music qui fournit tous les albums studio du groupe.


Voici donc une anthologie de leurs meilleurs morceaux.


1973 - Camel



Le groupe Camel sort son premier album au titre éponyme en 1973 sur le label MCA. L'album n'aura malheureusement pas de succès et MCA rompra immédiatement après son contrat avec le groupe.

Ce manque de succès n'est pas mérité car l'album est déjà d'un très bon niveau et possède une belle pochette où l'on voit un chameau calé sur une locomotive qui exprime l'énergie de l'album.

D'une manière générale on peut dire que les quatre premiers albums de Camel sont sans doute les meilleurs, et sont typiques de ce début des années 70 qui était si riche en créations.

Pour illustrer ces propos j'ai choisi deux titres de l'album.

"Mystic Queen" est une chanson onirique et surréaliste d'une reine mystique qui se promène en limousine. La musique est planante et rappelle un peu Pink Floyd.


"Never Let Go" est un morceau très jazzy, la chanson est une mobilisation contre les prédicateurs d'un avenir sombre qui pensent qu'il n'y a pas assez de place pour toute l'humanité. "On ne lâchera jamais prise".

On retrouve sur ce live à la BBC en 1977 deux nouveaux membres du groupe: Richard Sinclair (ex-Caravan) au chant et à la basse et Mel Collins au saxophone.




1974 - Mirage



Mirage est certainement le meilleur album du groupe avec sa pochette imitée du paquet de cigarettes de la marque du même nom.

Cette pochette posera d'ailleurs quelques problèmes au groupe que l'on croira affidé au cigarettier.

C'est peut-être pour cette raison que la pochette américaine est différente et représente un hybride de chameau et de dragon.


On trouve sur cet album deux très belles suites musicales.

La première s'intitule "Nimrodel / The Procession / The White Rider" et elle est inspirée par le Seigneur des Anneaux de Tolkien. 

Nimrodel est une elfe de la Lothlorien, elle donna son nom à une rivière qui est décrite par la musique. 

Dans "The Procession" on entend une sorte de marche (on retrouvera le même esprit dans le morceau "The Homecoming" sur l'album Nude). 

"The White Rider" parle du magicien Gandalf; "son cheval blanc vole. Alors qu'il était Gandalf le gris, il est tombé, il est revenu et est devenu Gandalf le blanc. Quand il est présent il sait faire comme s'il n'était pas là." On entend dans le morceau une basse à la Black Sabbath et on entend le solo de guitare le plus complexe de la discographie.


La suite "Encounter / Smiles for You / Lady Fantasy" est certainement le plus beau morceau de Camel. Il s'agit d'une chanson d'amour romantique et imagée: "la lune est dans ton œil, je t'ai vu chevaucher un nuage de lune, je t'ai vu assise sur un rayon de soleil." Une fabuleuse intro aux claviers est suivie par une très belle mélodie à la guitare au thème lancinant.




1975 - Music inspired by The Snow Goose



En 1975, le groupe décide de s'isoler dans un cottage dans le Devon pour produire en un mois seulement l'album The Snow Goose. Il s'agit d'un album purement instrumental qui devient rapidement un classique incontournable du groupe. 

Grâce à cet album, Camel rencontre enfin un succès en Grande-Bretagne, l'album The Snow Goose arrive dans le Top 30 des ventes et le groupe est élu meilleur espoir 1975 par l'hebdomadaire musical Melody Maker. 

Pourtant, l'histoire commence bien mal. Inspirée par le conte éponyme de Paul Gallico, ce dernier, farouche militant anti-tabac et convaincu de la collusion du groupe avec le cigarettier, pose un veto absolu à l'utilisation de son texte. 

Contraints de penser leur œuvre sans paroles, Andy Latimer et Peter Bardens écrivent une symphonie. Lors de la sortie de l'album, Paul Gallico attaque le groupe en justice pour avoir baptisé l'album du titre de son livre. Les tribunaux lui donnent raison et les albums sont retirés de la vente. 

Quelques semaines plus tard, une nouvelle version portant la mention "music inspired by" devant "The Snow Goose" est mise en vente. 

Mais justice sera rendue aux musiciens par le succès qu'ils rencontrent notamment lors du concert qu'ils donnent au Royal Albert Hall en octobre 1975, accompagnés de l'Orchestre Symphonique de Londres.

"The Snow Goose" ("L'oie des neiges") raconte l'amitié qui lie Philip Rhayader, un artiste qui vit en ermite et Fritha, une petite fille qui lui amène un jour une oie des neiges qui a été blessée, pour qu'il l'a soigne. Alors que Fritha a grandi, Rhayader et son petit voilier sont finalement perdus lors de l'évacuation de Dunkerque, après avoir sauvé plusieurs centaines d'hommes.

Voici un document historique, la version live de "The Snow Goose Medley" en 1975 à la BBC.

Ce medley contient "The Snow Goose" et son joli thème, "Friendship" sur des instruments à vent classiques et le synthé, et "Rhayader Goes To Town" un des morceaux les plus célèbres de Camel.



On traverse le temps, et on arrive à un concert de 2014 à Birmingham pour un autre medley superbe comprenant: "The Great Marsh / Rhayader / Rhayader Goes To Town". "Rhayader" est un morceau joué à la flûte par Andrew Latimer.


A noter que le groupe ré-enregistre une nouvelle version de "The Snow Goose" en 2013.



1976 - Moonmadness



Moonmadness est le quatrième album du groupe. Il ne s'agit pas à proprement parlé d'un concept-album mais plutôt d'avoir un titre de l'album pour chacun des membres du groupe.

C'est certainement l'album le plus réussi dans l'esprit du rock progressif.

On retrouve un peu dans la pochette l'esprit de celles du groupe Yes en plus fade.

J'ai sélectionné le morceau "Song within a song", une chanson à la mélodie nostalgique, dans laquelle on entend la flûte d'Andrew Latimer. "La rêverie est comme une chanson. Cette chanson restera avec vous à jamais." On y admirera les broderies aux synthés.



Le morceau "Lunar Sea" est associé au batteur Andy Ward, personnage dynamique et complexe, qui aimait bien le jeu de mots sur "Lunar Sea" = "Lunacy" ("Folie").

Voici un live de 1977: après une intro lente et planante, on est envoûté par les nappes de synthés. Le morceau devient typique du jazz fusion et on assiste à des solos de guitare et de saxophone qui se répondent. Une composition très ambitieuse.




1978 - Breathless



Changement de style avec ce sixième album qui se veut moins progressif et plus pop. Il s'agit pour le groupe d'essayer d'avoir un hit, en cette période où le rock progressif a moins la cote avec l'arrivée du punk.

Le groupe est encore fidèle à son style sur "Echoes" qui raconte l'histoire de la "longue marche" des Navajos: "10000 Navajos étaient libres, en phase avec le monde. On entend les échos de leurs cris de guerre, morts sur leurs lèvres".



On voit nettement la transition vers la pop avec un morceau quasiment disco "Summer Lightning". C'est sympathique, mais soudain on est plus près des Bee Gees que de Pink Floyd !



1979 - I can see your house from here



"I Can See Your House from Here" est le septième album studio du groupe, sorti en 1979.

Une nouvelle formation a été introduite avec toujours les membres fondateurs Andrew Latimer (guitare) et Andy Ward (batterie), cette fois rejoints par le bassiste Colin Bass (en remplacement de Richard Sinclair) et les claviéristes Jan Schelhaas (entrés en 1978 pour la tournée Breathless) et Kit Watkins (ex-Happy The Man) qui a remplacé David Sinclair.

A noter que Phil Collins a participé aux percussions sur cet album.

"Hymn to Her" est une chanson sur la difficulté d'aimer et de ne pas se sentir seul. Elle utilise par moment un rythme reggae et fait un peu penser à Genesis.



"Ice" est un morceau instrumental lent et mélancolique avec un solo de guitare incroyable.



1981 - Nude



C'est avec cet album que j'ai découvert Camel alors que j'étais en prépas. Il a donc toujours une résonance particulière à mes oreilles et je le trouve excellent de bout en bout.

C'est un album-concept qui s'inspire en partie de l'histoire du soldat japonais Hirō Onoda (d'où le surnom "Nude" pour le personnage principal de l'album).

Hiro Onoda était un soldat japonais en poste sur l'île de Lubang dans les Philippines qui refusa de croire à la fin de la Seconde Guerre mondiale et à la reddition du Japon en 1945 et qui continua la guerre avec trois autres soldats jusqu'en 1974.

Dans le morceau "Drafted", le personnage "Nude" reçoit sa lettre de mobilisation. Il n'a pas d'autre choix que d’obéir aux instructions. 


Dans "Docks", il s'embarque avec d'autres soldats sur un bateau.


Enfin, avec le morceau "Lies", on voit le retour au Japon de Nude. Malgré son retour et l'accueil chaleureux qu'il reçoit, ses années de solitude et le manque de communication le conduisent à la dépression. Il est en fait dépassé par la publicité qu'on lui fait.




1984 - Stationary Traveller



Stationary Traveller est le dixième album studio de Camel, sorti en août 1984. Il s'agit d'un album-concept consacré aux transfuges du bloc de l'Est tentant de franchir le mur de Berlin durant la guerre froide.

Le titre "Stationary Traveller" nous permet d'entendre Andrew Latimer à la flûte de pan. Le morceau fait un peu penser à du Ennio Morricone. On a encore droit à un superbe solo de guitare.




1991 - Dust and Dreams



Dust and Dreams est le onzième album studio de Camel, sorti en 1991. Il s'agit d'un album-concept inspiré du roman de John Steinbeck Les Raisins de la colère.

Sur cet album, le titre qui se détache très nettement est "Mother Road", un morceau très bluesy, qui raconte le départ vers l'ouest de la famille.

"Ils ont choisi de partir et se posent des questions. Est-ce que la voiture durera ? Est-ce qu'on va s'en sortir ? Est-ce que leur malchance est derrière eux ? Ils doivent avoir confiance en eux-mêmes et affronter cette route."

Voici une version live de 2018:




1996 - Harbour of Tears



Harbour of Tears est un concept-album. Il raconte l'histoire d'une famille irlandaise qui est douloureusement séparée alors que ses jeunes partent aux États-Unis à la recherche d'un avenir meilleur. Sorti en 1996, il s'agit de leur douzième album studio.

Le chanteur et guitariste du groupe Andrew Latimer a appris que la dernière vue de l'Irlande que la famille de sa grand-mère avait vue était le port de Cóbh, un port en eau profonde qui a vu la fracture de milliers de familles alors que leurs fils et leurs filles partaient vers l'Amérique. Ainsi, l'album a été appelé d'après le surnom du port: "Harbour of Tears" ("Le port des larmes").

"Irish Air" est une chanson gaélique: "loin de ma patrie, mon cœur est vide, je souhaite revenir en Irlande pour y mourir".





Dans "Harbour of Tears": cinq des sept frères doivent quitter l'Irlande. Le père leur souhaite "Bon Dieu", et leur dit qu'ils vont lui manquer.



"Watching the Bobbins" raconte l'histoire d'une couturière qui travaille dur, elle épargne, car elle a encore une passion pour la liberté.



"Coming of Age" est un instrumental dans lequel la guitare pleure et plane très haut, elle évoque une sorte de dramatisme. Elle est accompagnée par un synthé qui tresse des broderies virtuoses.

Voici un live de 1997:




2002 - A Nod and a Wink



A Nod and a Wink est le quatorzième album studio de Camel, sorti en juillet 2002. Il est dédié à Peter Bardens, le premier claviériste du groupe, décédé en janvier 2002.

C'est, à ce jour, le dernier album du groupe à contenir du matériel original, puisque l'album studio sorti en 2013 est juste une réinterprétation de l'album "The Snow Goose".

"Fox Hill" raconte l'histoire d'un chasseur qui poursuit un renard à cheval. Le renard parie qu'on ne l'attrapera jamais. C'est le cas, le renard est heureux. Ce morceau est une sorte de comptine celtique qui contient un solo de guitare bluesy.

Sur ce live de 2013, Colin Bass (le bassiste du groupe) est au chant:



"For Today" est un des morceaux les plus émouvants du groupe. Il rend hommage au courage d'une personne qui, piégée dans le World Trade Center le 11 Septembre, a choisi de sauter.

Le texte dit: "Il ne faut pas regarder en arrière avec regret. Il n'y a pas de deuxième chance. Il faut profiter de chaque jour et vivre l'instant présent."

La guitare pleure, comme sait si bien le faire Andrew Latimer. A partir de la sixième minute le morceau devient hymnique, avec un chœur qui prend aux trippes.




L'album contient d'autres morceaux excellents, tels que "A Nod and a Wink" et "Simple Pleasures", mais je ne les ai pas trouvé sous Youtube.



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