mardi 12 avril 2022

Franck (César)

 

César Franck


César Franck


César Auguste Jean Guillaume Hubert Franck, né le 10 décembre 1822 à Liège, et mort le 8 novembre 1890 à Paris, est un professeur, organiste et compositeur belge, naturalisé français en 1870. 

César Franck est l'une des grandes figures de la vie musicale française de la seconde partie du XIXe siècle. 

L'influence de Franck a été déterminante dans le domaine de la musique de chambre tout d'abord, dont il a été le rénovateur, en introduisant le principe de la forme cyclique qui, par la résurgence des thèmes d'un mouvement à l'autre et leur superposition dans le volet final, assure une grande cohérence à la structure compositionnelle. 

Il fut organiste à Sainte-Clotilde, cela se ressent d'ailleurs dans certaines de ses pièces pour piano. Il a également composé de la musique orchestrale et de la musique religieuse. Sa science du contrepoint est fameuse. 

Cette année nous fêtons le bicentenaire de sa naissance, il me semblait donc important de marquer cet anniversaire par un article sur un compositeur aujourd'hui certainement méconnu et qui mérite une plus large reconnaissance.

D'autre part, j'ai concocté une playlist constituée des œuvres de 10 compositeurs belges, dont César Franck.

Voici les liens vers la playlist.

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Je vous propose donc de découvrir César Franck en 10 albums. Les œuvres citées ont été classées par ordre chronologique de composition.


1835 - Concerto pour piano en si mineur No. 2 Op. 11



Franck était un jeune prodige et il n'avait que 13 ans quand il a composé son concerto pour piano No. 2.

Et vous me direz, qu'est devenu le concerto pour piano No. 1 ? Est-ce une invention de son père tyrannique pour faire de la publicité à son jeune fils ? Toujours est-il que, jusqu'à présent, ce concerto est un mystère et on ne l'a pas retrouvé.

Au cours de sa carrière de jeune pianiste virtuose, Franck dut naturellement écrire de la musique dans le style de l’époque : des variations opératiques, des fantaisies et des concertos. 

Son Deuxième Grand Concerto en si mineur, Opus 11, fut probablement composé en 1835, à l’époque de la Première Grande Sonate et des Variations brillantes sur la ronde favorite de Gustav III, entre autres compositions virtuoses pour le piano. 

L’intérêt de ce Concerto dépasse la simple démonstration de sa précocité. Le premier mouvement s’ouvre sur une impressionnante exposition orchestrale, menant à l’entrée du soliste dont la partie est extrêmement exigeante pour le pianiste, même si elle demeure conventionnelle. 

Une brève introduction orchestrale amorce l’entrée du soliste dans l’Adagio en sol majeur. Se développe ensuite un matériau musical qui contraste avec la tonalité majeure de l’ensemble du mouvement. 

Le drame du Rondo final fait place à une démonstration pianistique attendue, le but de toute l’œuvre, avant l’ultime retour de la tonalité d’ouverture.

En conclusion, il s'agit d'une oeuvre écrite dans le moule de l'époque, mais qui montre déjà une belle maîtrise de la composition, c'est vraiment remarquable.

J'ai sélectionné la version interprété par Martijn van den Hoek au piano, accompagné par le Arnhem Philharmonic Orchestra sous la direction de Roberto Benzi.




1862 - Prélude, fugue et variation Op. 18 FWV 30



Le prélude, fugue et variation est une oeuvre pour orgue, élaborée selon les formes et principes mis en place à la période baroque, d’après le modèle utilisé et développé par Johann Sebastian Bach dans ses compositions pour orgue :
  • Prélude : préparation du musicien à jouer l’ensemble instrumental. Le prélude est suivi d'un mouvement lent de courte durée, puisqu'il est composé de neuf mesures (trois périodes).
  • Fugue : développement contrapuntique.
  • Variation sur le thème du prélude : écriture réalisée selon le même modèle que la variation pour orgue "Ich ruf’ zu dir Herr Jesu Christ" de Bach.
L'oeuvre fut dédiée à Camille Saint-Saëns.

L'oeuvre d'orgue de César Franck est disponible dans un double CD interprété par Susan Landale.

Sur Youtube, j'ai sélectionné la version pour orgue interprétée par Olivier Penin à l'orgue de Sainte-Clotilde.



Et, parce que c'est très beau au piano également, voici une version par Nikolai Lugansky:




1874 - Rédemption FWV 52



César Franck écrivit Rédemption en 1872. Cet oratorio fait partie de ses œuvres injustement méconnues. Ce "Poème-Symphonie" fut inspiré par les désastres de la guerre de 1870. La partition fut écrite en six mois.

Le "Poème-Symphonie" Rédemption se compose de trois parties que Vincent d'Indy décrit ainsi dans son Programme :
  • Première partie (il y a 2000 ans) : Les hommes s'agitent au milieu des ténèbres égoïstes du paganisme ; ils croient trouver le bonheur dans les jouissances et dans la haine, il n'en résulte que des œuvres de mort. Tout à coup un vol d'anges illumine l'espace, l'un d'eux annonce la venue rédemptrice du Sauveur sur la terre, et les hommes, régénérés, unissent leurs voix en un cantique de Noël.
  • Deuxième partie : Morceau symphonique. Les siècles passent. Allégresse du monde qui se transforme et s'épanouit sous la parole du Christ. En vain s'ouvre l'ère des persécutions, la Foi triomphe de tous les obstacles [...]
  • Troisième partie (de la naissance du Christ au temps présent) : Les anges, se voilant la face de leurs ailes à l'aspect des crimes de la terre, pleurent sur l'homme retourné à la bestialité païenne. Mais l'archange vient, sur un ton plus grave, annoncer une nouvelle rédemption : le pardon des erreurs peut être obtenu par la prière. Et les hommes, apaisés et repentants, unissent leurs cœurs en un cantique de fraternelle charité.
A sa création l'oeuvre connaît un échec cuisant. Franck, profondément bouleversé, retoucha son oratorio sur les conseils de d'Indy. C'est alors qu'il composa le fameux Morceau Symphonique placé entre les deux parties de l'oratorio et ajouta le chœur d'hommes du début de la deuxième partie. La version remaniée date de 1874.

Dans cette deuxième mouture, l'œuvre connut une seconde vie plus favorable, sans jamais rencontrer toutefois le succès qu'elle aurait mérité.

Dans sa version complète, l'album dirigé par Michel Plasson, avec Béatrice Uria-Monzon (mezzo-soprano) dans le rôle de l'archange et Lambert Wilson en récitant, s'impose comme une référence.

A noter que l'on trouve souvent le morceau symphonique seul, pour ce dernier, je recommande la version de Daniel Barenboim à la tête de l'Orchestre Paris. 

Voici cette dernière version:




1879 - Quintette pour piano et cordes FWV 7



César Franck a composé un superbe quintette pour piano et cordes. Il est en 3 mouvement.
  • Molto moderato quasi lento
Ce premier mouvement débute sur un ton dramatique qui ensuite se développe dans un discours puissant et passionné.
  • Lento con molto sentimento (en la mineur, à 12/8)
Le deuxième mouvement d'un caractère plus élégiaque se présente comme une longue aria ou le piano dialogue avec le quatuor à cordes dans un discours musical aux contours harmoniques complexes.
  • Allegro non troppo ma con fuoco (en fa majeur, à 3/4)
Le final reprend les thèmes exposés aux mouvements précédents dans une atmosphère pleine de fougue mais également de suavité, pour ne pas dire de sensualité. En effet, la rumeur semble dire qu'à cette époque César Franck n'était pas insensible au charme de la belle compositrice Augusta Holmès, au grand dam de Mme Franck, qui abhorrait ce quintette, on comprend pourquoi.

La durée d'exécution est d'environ quarante minutes.

Je recommande vivement l'écoute de la version interprétée par le Quatuor Takacs et Marc-André Hamelin au piano. Mon choix est conforté par un diapason d'or ! Enfin, cette œuvre est couplée à une très recommandable interprétation du quatuor de Debussy, ce qui ne gâche rien.




Néanmoins, et ceci est assez rare pour le souligner, je voudrais vous recommander également, une autre version (qui pour moi est ex-aequo), il s'agit de la version du Quatuor Novus avec Michel Dalberto au piano. Cette interprétation a été récompensée par un Diapason d'or et un choc de Classica.

Sur Youtube, une troisième version a été sélectionnée, ce qui prouve la richesse du nombre de versions de cette oeuvre. Il s'agit d'une interprétation du Quatuor Ebène et de Bertrand Chamayou au piano.

Voici le 1er mouvement:




1884 - Les Djinns FWV 45



Les Djinns est un poème symphonique pour piano et orchestre.

La pianiste Caroline Montigny-Rémaury lui avait demandé une brève pièce pour piano et orchestre, mais elle ne joua jamais ce poème que Franck composa durant l'été 1884. Il fut créé le 15 mars 1885 par Louis Diémer au piano lors d'un concert à la Société nationale de musique.

L'œuvre est inspirée du poème du même nom des Orientales de Victor Hugo. Celui-ci a souvent inspiré Franck (des mélodies, et son premier essai de poème symphonique : Ce qu'on entend sur la montagne, composé en 1847-1848, donc au même moment que l'œuvre de Franz Liszt sur la même inspiration).

Franck reprend l'idée des forces mystérieuses et surnaturelles déchirant le ciel nocturne par leur passage, et surtout le rythme singulier du poème de Hugo, montant du calme en une tempête sonore, avant de retomber dans le silence de la nuit. 

La partie de piano est très virtuose, et Franck aima tant l'interprétation de Louis Diémer sur cette partition difficile qu'il écrivit pour lui ses Variations symphoniques, également pour piano et orchestre, marquant le renouveau de l'intérêt du compositeur pour cet instrument.

L'album sélectionné constitue une introduction idéale aux œuvres symphoniques avec ou sans piano de César Franck, puisqu'il nous permet d'entendre également les superbes pièces que sont le Chasseur Maudit, les Eolides et les Variations Symphoniques. Cédric Tiberghien au piano est dirigé par l'excellent François-Xavier Roth à la tête de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège.

Sur Youtube, j'ai sélectionné l'excellente version de Bertrand Chamayou dirigé par Stéphane Denève.




1884 - Prélude, choral et fugue FWV 21


L'enregistrement suivant fait partie de ces fabuleuses découvertes, qui font penser que la musique classique se renouvelle indéfiniment et que chaque nouvelle génération apporte sa moisson de prodiges. 

Je suis donc très heureux de vous faire partager mon coup de cœur pour l'album "En miroir" (2016) de Marie-Ange Nguci, une jeune pianiste franco-albanaise qui avait 18 ans seulement lors de l'enregistrement de ce disque. 

Il s'agit d'un programme composé de deux œuvres de Franck, dont le "Prélude, choral et fugue" sélectionné ici, des "Litanies de l'ombre" de Thierry Escaich, de la chaconne de Bach/Busoni et enfin de la redoutable "Toccata d'après le cinquième concerto" de Saint-Saens. 

Toutes ces œuvres ont en commun d'être des pièces pour piano créées par des compositeurs organistes, cela se ressent d'ailleurs très nettement dans ces œuvres. 

L'interprétation du "Prélude, Choral et Fugue" par Marie-Ange Nguci est au-dessus de tout éloge : la fugue en particulier est époustouflante. 

Quand on demande à Marie-Ange Nguci de décrire César Franck en trois mots, elle a choisi: mystique, "cathédralesque" et architecture.

On notera en outre que Marie-Ange Nguci fait des études de musicologie, de direction d'orchestre et est titulaire d'un prix d'Ondes Martenot. 

Sur Youtube, on trouve cette oeuvre uniquement par d'autres interprètes, j'ai choisi à nouveau Nikolai Lugansky.





1886 - Sonate pour violon et piano FWV 8



Franck a composé une des plus célèbres sonates pour violon et piano de l'époque romantique. On compte à l'heure actuelle plus de 180 versions de cette œuvre. 

Le 1er mouvement est plein de douceur, mais en même temps de lyrisme, et fait place à un joli dialogue entre les deux instruments. 

Le 2ème mouvement est plein de fougue et de tension. 

Le 3ème mouvement est plus doux et recueilli. 

Enfin, le 4ème mouvement se caractérise par une superbe mélodie nostalgique. 

Parmi les versions récentes de cette œuvre, il me semble que la palme revient au superbe duo composé de Renaud Capuçon au violon et Khatia Buniatishvili au piano, qui font preuve d'un bel engagement et d'une expressivité parfaite. J'aime beaucoup les accentuations de Renaud Capuçon. 

Ensuite, je place une autre très belle version: celle d'Isabelle Faust au violon et Alexander Melnikov au piano. Une version un peu moins passionnée mais de haute tenue.

Sur Youtube, j'ai sélectionné la version de Renaud Capuçon et Martha Argerich.




1887 - Psyché FWV 47



Pendant l’été 1886, César Franck entreprend l’écriture de son ultime poème symphonique, Psyché, après le succès du Chasseur maudit (1882) et des Djinns (1884). Il renouvelle cependant l’expérience en composant cette fois une pièce pour chœurs et orchestre dont le projet est bien antérieur à sa conception.

César Franck écrit : « Je me suis remis au travail, comme tous les ans aux vacances. Je fais une Psyché. Voilà déjà plusieurs années que j’y pense. » 

Le compositeur célèbre de nouveau la culture antique en puisant son inspiration dans le mythe ancien de Psyché et du dieu de l’amour, Éros. 

Il fait appel à deux librettistes, Sicard et Louis de Fourcaud, qui adaptent un extrait des Métamorphoses d’Apulée. La pièce, conçue en trois parties, dépeint la félicité de Psyché songeant à Éros, le péché qu’elle commet en découvrant le visage de son amant puis la rédemption où les amoureux se rejoignent enfin. 

Franck réemploie l’un des thèmes principaux de son ancien poème, Les Éolides (1877), et le mêle à de nouveaux matériaux. La pièce dure environ 50 minutes.

J'ai sélectionné la version interprétée par Paul Strauss, les choeurs de la RTB-BRT et l'Orchestre de Liège.





1888 - Symphonie en ré mineur FWV 48



Une des œuvres orchestrales les plus célèbres de Franck est sa symphonie en ré mineur. Cette symphonie est en 3 mouvements et chaque mouvement contient de superbes mélodies. 

Comme de nombreuses œuvres de Franck elle fait appel à la forme cyclique qui revient tout le long de l'œuvre.

Cette symphonie a été plutôt mal reçue en France où la symphonie était considérée comme une spécificité allemande, mais elle a été bien reçue à l'étranger et a vite connu une énorme célébrité. 

La symphonie en ré mineur dure environ quarante minutes. Elle comprend trois mouvements, chacun faisant référence au thème de quatre mesures introduit au début de l'œuvre.
  1. Lento ; Allegro ma non troppo ;
  2. Allegretto ;
  3. Finale : Allegro non troppo.
Il existe de nombreuses excellentes versions de cette symphonie. Mon choix s'est porté sur la version de Pierre Monteux pour son dynamisme et l'excellente qualité de l'enregistrement malgré son âge (1961).

Sur Youtube, j'ai choisi la version de Cristian Macelaru à la tête de l'Orchestre National de France.





1890 - Quatuor à cordes en ré majeur FWV 9



Le Quatuor à cordes en ré majeur FWV 9 est l'ultime page de musique de chambre de César Franck. Composé en 1889-90, il représente le premier grand quatuor à cordes de l'école française de cette époque. 

Il est créé le 19 avril 1890 à la Société nationale de musique par Heymann, Gibier, Balbreck et Liégois avec un accueil quasi triomphal.

Un succès auquel Franck, alors âgé de soixante-sept ans, réagit en déclarant, un rien acerbe, qu’enfin le public français semblait l’apprécier.

Le quatuor comprend quatre mouvements :
  1. Poco lento - Allegro
  2. Scherzo : Vivace
  3. Larghetto
  4. Final : Allegro molto
Au disque, j'ai sélectionné la version du Dante Quartet, avec un excellent couplage avec le quatuor de Fauré.

Sur Youtube, voici la version par le Petersen Quartett.





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