jeudi 30 avril 2020

Godard (Benjamin)

Benjamin Godard

Benjamin Godard


Benjamin Louis Paul Godard est un compositeur romantique français de la second moitié du XIXe siècle, né le 18 août 1849 à Paris et mort le 10 janvier 1895 à Cannes.

Né dans une famille mélomane, Benjamin Godard étudie le violon dès ses plus jeunes années auprès de Richard Hammer et du célèbre violoniste belge Henri Vieuxtemps, puis il entre au Conservatoire de Paris en 1863, où il travaille la composition avec Henri Reber.

Il a écrit 8 opéras, dont les plus connus sont Jocelyn, d'après un poème de Lamartine, Dante, La Vivandière et Les Guelfes.

En musique orchestrale, il a composé 4 symphonies, 2 concertos pour violon et 2 concertos pour piano.

En musique de chambre, il a écrit  3 quatuors, 4 sonates pour violon et piano, une sonate pour violoncelle et piano, 2 trios avec piano et une centaine de mélodies.

Enfin, pour le piano, il a composé de nombreuses pièces dont se distinguent ses 2 sonates et ses 24 études.

Très célèbre de son vivant, il meurt à 45 ans de la tuberculose. Peu après, sa musique tombe dans un oubli quasi total, il est alors considéré comme un compositeur secondaire et ne bénéficie que d'une mention succincte dans les dictionnaires de la musique.

Si j'ai souhaité vous parler de ce compositeur, c'est qu'il sort peu à peu de son purgatoire et bénéficie maintenant de sorties discographiques particulièrement intéressantes. 

En particulier, paraît en 2017 une formidable réalisation du Palazzetto Bru Zane (le centre de musique romantique française spécialisé dans la publication - et le dépoussiérage - d'oeuvres romantiques françaises, dans des albums d'une grande qualité musicale et éditoriale): l'opéra Dante avec une distribution éclatante dirigée par le chef d'orchestre allemand Ulf Schirmer.

J'ai donc sélectionné une série de coups de cœur qui, assurément, raviront les amateurs de musique romantique.

Dante


En 1890, Godard compose ce très intéressant opéra librement inspiré de la vie de Dante Alighieri, poète et homme politique florentin, et de son oeuvre fameuse "La Divine Comédie". Cela donne l'occasion à Godard, dans le troisième acte, de nous livrer le rêve de Dante dans lequel il est conduit par Virgile à travers les bolges de l'enfer. 

Malheureusement, à l'époque de Godard, faute de moyens techniques, il n'était pas possible de représenter cette partie sur scène: elle était donc donnée rideau fermé, ce qui permet de comprendre un certain rejet du public de l'époque. On se prend donc à rêver d'une représentation de cet opéra à notre époque avec les moyens techniques d'aujourd'hui. Les spectateurs de l'opéra de Saint-Etienne ont eu la chance d'assister à l'exhumation de cet opéra en 2019.  

Au disque, on retiendra l'excellente distribution, avec notamment Edgaras Montvidas dans le rôle de Dante, et Véronique Gens dans celui de Béatrice.

Je vous invite à savourer l'extrait suivant, un duo entre Dante et Béatrice, tiré de l'acte 2:



Sonate pour violoncelle et piano Op. 104


La musique de chambre de Godard se distingue par sa délicatesse et sa richesse thématique. La preuve en est cette sonate pour violoncelle et piano qui fait légèrement penser à Fauré. J'apprécie particulièrement dans le premier mouvement les passages évoquant une tempête.

Voici une version live avec Corinne Morris au violoncelle et Nico de Villiers au piano qui montre combien cette sonate est loin d'être insignifiante:

 

Mélodies



On a souvent qualifié la musique de Benjamin Godard de "musique de salon". Cela n'est pas faux en écoutant ces mélodies, mais cela ne doit pas être considéré comme péjoratif vu la qualité des œuvres regroupées dans cet album délicatement ciselé et interprété par le baryton grec Tassis Christoyannis, joliment secondé par Jeff Cohen. 

Au charme général de cet album se joint un humour certain, particulièrement bien rendu par Tassis Christoyannis, dans l'adaptation de fables de La Fontaine:

La Cigale et la Fourmi
 


Symphonie Orientale Op. 84



Composée en 1884, la Symphonie Orientale de Benjamin Godard séduit immédiatement par ses ambiances variées.

La Symphonie est en cinq mouvements:
  1. Les Eléphants (Arabie): la musique évoque la marche chaloupée des éléphants
  2. Chinoiserie (Chine): un mouvement à la musique sautillante et à l'instrumentation délicate
  3. Sara la Baigneuse (Grèce): la musique se fait lascive sur un rythme proche de la valse
  4. Le rêve de la Nikia (Perse): dans ce mouvement la musique est mystérieuse et onirique, on y apprécie l'utilisation délicate des bois
  5. Marche Turque (Turquie): la musique de ce mouvement est martiale et gaie
L'orchestre Royal Scottish National Orchestra sous la direction de Martin Yates nous livre une version qui respecte la finesse de l'instrumentation de l'oeuvre:




Suite pour flûte et piano Op. 116



La suite pour flûte et piano Op. 116 est en trois mouvements:
  1. Allegretto
  2. Idylle
  3. Valse
cette oeuvre se distingue à nouveau par sa délicatesse et la virtuosité demandée à la flûte en particulier dans la virevoltante valse finale.

L'excellente flûtiste Sharon Bezaly nous en livre une superbe version dans un très intéressant programme de musique française, avec également des œuvres de Sancan, Widor, Roussel et Milhaud.

J'ai également sélectionné cette version live avec Hye Sung Choe à la flûte et Aurelien Eulert au piano:




Trios et Berceuse de Jocelyn



Godard a composé deux trios avec piano. Il se révèle un excellent compositeur chambriste, dans un style qui rappelle un peu César Franck.

J'ai choisi cet album également pour la célèbre Berceuse tirée de l'opéra Jocelyn. Cette oeuvre existe en deux versions: pour trio (violon, violoncelle et piano) comme la version incluse dans cet album et pour mezzo-soprano et trio. 

Pour cette version avec mezzo-soprano, j'ai choisi l'interprétation de Karine Deshayes, une oeuvre d'une belle mélancolie:





Etudes Op. 149



Godard nous propose quatre livres d'Etudes pour piano:
  1. Etudes enfantines
  2. Etudes mélodiques
  3. Etudes rythmiques
  4. Etudes de concert
Ce qui pour moi caractérise ces études c'est qu'elles ne sont absolument pas arides comme cela peut souvent être le cas. 

Les études enfantines sont particulièrement charmantes avec leur citation de "Nous n'irons plus aux bois" et qui finit par "Le menuet des bambins" qui me rappelle "La tartine de beurre" de Mozart. 

Dans les études mélodiques, on remarque le "Nocturne italien" qui évoque Chopin, et la "Barcarolle crépusculaire" qui annonce la musique impressionniste. 

Dans les études rythmiques, je retiens particulièrement l'"Allegro scherzando" avec ses accentuations. 

Les études de concert sont les plus virtuoses. J'ai particulièrement apprécié la seconde etude "Allegretto" proche de la valse et la cinquième étude "Vivace" qui déroule ses doubles-croches.

L'interprétation de Jean Martin est sans faille et d'une grande distinction:





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