samedi 27 juillet 2019

Bizet (Georges)


Georges Bizet

Georges Bizet


Alexandre-César-Léopold Bizet, plus connu sous le nom de Georges Bizet, est un compositeur français né le 25 octobre 1838 à Paris et mort le 3 juin 1875 à Bougival (Seine-et-Oise). Il est un des compositeurs de la période romantique. Il est surtout connu pour ses opéras et suites orchestrales, qu'il a créés dans une courte période, puisqu'il meurt à l'âge de 36 ans.


Symphonie en ut majeur

Bizet est un génie précoce. A 17 ans, en 1855, il compose sa première symphonie : la Symphonie en ut majeur, une symphonie tout à fait charmante redécouverte seulement en 1933. 

Elle est composée de quatre mouvements :
  • I. Allegro vivo : ce premier mouvement fait penser à du Mendelssohn avec une légèreté typiquement française.
  • II. Adagio : on entend une superbe mélodie au hautbois avec le basson en contrepoint. On se retrouve dans une ambiance d’opéra qui fait penser à Rossini. Le thème est repris au cor, puis au cor anglais.
  • III. Allegro vivace : le thème de ce troisième mouvement est très enjoué, dans un esprit provençal.
  • IV. Allegro vivace : le finale nous emmène dans le monde de l’opérette et du vaudeville avec un thème joyeux joué aux vents.
En vidéo, une version par Avi Ostrowsky:



Au disque, je retiens la version dirigée par Dirk Joeres à la tête du Westdeutsche Sinfonia. 

Jeux d'enfants

Sur le même album on trouve la pièce pour orchestre « Jeux d’enfants » : initialement Bizet compose douze pièces pour piano à quatre mains, puis il orchestre cinq de ces mouvements. Ces cinq pièces sont pleines de verve et d’insouciance, dont le « Galop » final se fait le meilleur exemple, on n’est pas loin du « Carnaval des Animaux » de Saint-Saëns. 



L'Arlesienne

Toujours sur le même album, Rafaël Frübeck de Burgos à la tête du London Symphony Orchestra nous régale avec les suites de concert adaptées de la musique de scène de "L’Arlesienne" que Bizet a réalisé pour le drame d’Alphonse Daudet en 1872. 

Dans ces deux suites on retrouve deux chants de Noël que Bizet cite, ils sont inspirés de musiques traditionnelle provençales : "La Marche des Rois" et "La Danse du Cheval Fou". 

"La Marche des Rois" apparaît dans le Prélude. L’Intermezzo est mémorable, il s’agit d’une pièce grave, où un solo est confié au saxophone. 

Enfin, le sommet de la partition est la "Farandole" finale qui superpose de façon magistrale les deux musiques provençales dans une danse échevelée qui se termine fortissimo.




Une version live par Nathalie Stutzmann:



Le Docteur Miracle

En août 1856, Jacques Offenbach, désireux d’élargir le répertoire du théâtre des Bouffes Parisiens, organise un concours d’opérette. Bizet, âgé d’à peine 19 ans, remporte le premier prix parmi soixante-dix-huit candidats. Bizet a composé une opérette légère et amusante en un acte sur un livret de Léon Battu et Ludovic Halevy. 

Cette opérette s’intitule "Le Docteur Miracle" et raconte l’histoire suivante : Silvio, jeune capitaine et Laurette, fille du podestat de Padoue sont amoureux. Le père de la jeune fille s'opposant à leur mariage, le beau militaire s'introduit dans la maison sous le déguisement d'un nouveau serviteur, Pasquin. Chargé de préparer les repas, il présente une omelette qui se révélera immangeable. Le podestat apprenant qu'il a été empoisonné chasse Pasquin/Silvio et fait appel au docteur Miracle. Celui-ci, qui n'est autre, encore une fois, que Silvio, « sauve » le père de Laurette en échange de la main de la jeune fille. 


Le passage le plus comique est le quatuor "Voici l’omelette", un passage tout à fait inénarrable ! L’oeuvre est très distrayante et je recommande la version dirigée par Samuel Jean.




Symphonie "Roma"

En 1857, à l'âge de 19 ans, il remporte avec sa cantate Clovis et Clotilde le Grand Prix de Rome de composition musicale. C’est certainement des souvenirs de cette époque que, quelques années plus tard (de 1860 à 1868), Bizet compose sa Symphonie "Roma" ou "Souvenirs de Rome" qui est une fantaisie symphonique en ut majeur. Il s’agit d’une oeuvre en quatre parties :
  • I. Une chasse dans la forêt d’Ostie (andante tranquillo – allegro agitato) : le mouvement débute par un thème aux cors qui évoque la chasse. Le mouvement est épique.
  • II. Scherzo (Allegro vivace) : il s’agit d’une pièce légère et enjouée, tout à fait dans un style rossinien. Si on n’était pas à Rome, on pourrait penser à des personnages de la commedia dell’arte qui se donnent la réplique.
  • III. Procession (Andante molto) : ce mouvement contient un thème mélancolique et empreint d’un certain romantisme.
  • IV. Carnaval à Rome (Allegro vivacissimo) : il s’agit d’un thème enjoué et énergique à l’orchestration remarquable qui termine cette oeuvre en beauté.


Je retiens la version de Paavo Järvi à la tête de l’Orchestre de Paris. Cette oeuvre est d’ailleurs couplée avec la Symphonie en Ut et la suite « Jeux d’enfants », cela permet donc d’écouter ces oeuvres avec un éclairage différent.


Une version live:



Chants du Rhin

S’il y a bien un domaine de la musique de Bizet qui reste trop méconnu, c’est bien sa musique pour piano seul. 

En 1865, Bizet compose un cycle de six pièces d’une ineffable poésie : il s’agit des "Chants du Rhin", sur des poèmes de Joseph Méry :
  • I. L’aurore : La musique de Bizet coule de source, tout est poétique et simple à la fois. Le style est délicat mais sans fioritures,
  • II. Le départ : La musique est toujours très fluide. Le thème de ce morceau évoque bien des adieux, 
  • III. Les rêves : ce morceau m’évoque un peu le Liszt de rêve d’amour. La rêverie est bien là. Bizet exprime dans cette pièce un romantisme en demi-teinte, ce n’est pas aussi triste que du Chopin, et pas aussi romantique que du Schumann,
  • IV. La bohémienne : cette pièce, pleine de charme, est certainement la plus originale du cycle. On sent une empreinte folklorique, mais ce n’est pas tout à fait une danse tzigane, ni tout à fait une valse. Néanmoins, ce thème dansant m’évoque un peu Chopin, il est tout en finesse, 
  • V. Les confidences : on sent particulièrement dans ce morceau le thème du fleuve : il évoque l’eau et son mouvement,
  • VI. Le retour : ce qui me frappe le plus dans cette pièce est qu’on entend un thème qui sera repris dans Carmen sur les paroles : « Il n’est pas brigadier dans notre compagnie ». Le thème du fleuve est encore présent, c’est l’une des pièces les moins mélancoliques du cycle.

Je suis sous le charme de l’interprétation pleine de finesse de Jean-Marc Luisada, qui couple ce cycle avec des nocturnes de Fauré.


A noter, pour ceux qui souhaiteraient découvrir plus de musique pour piano de Bizet, qu’il existe une très bonne intégrale interprétée par Setrak. On y retrouve les oeuvres suivantes : « La Chasse Fantastique » (1865) une pièce romantique et virtuose où l’on entend des sonneries de chasse, et la « Grande Valse de Concert », une pièce virtuose et enlevée très plaisante, qui se révèle être un véritable morceau de bravoure.

La bohémienne par Jean-Marc Luisada:



Carmen

Enfin, je termine avec le chef d’oeuvre des chefs d’oeuvre. En 1875, Bizet va composer l’opéra qui va devenir l’un des opéras les plus célèbres et les plus joués dans le monde entier : "Carmen". 

Le directeur de l’opéra-comique contacte Bizet et lui demande de composer "une petite chose facile et gaie, dans le goût de notre public avec, surtout, une fin heureuse". Néanmoins, Bizet décide de mettre en musique, une adaptation de la très belle nouvelle de Prosper Mérimée : « Carmen » sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halevy qui ont écrit les meilleurs livrets de Jacques Offenbach. A noter, pour l’anecdote, que Ludovic Halevy est le cousin germain de la femme de Bizet. 

Rien ne se passe comme prévu : il est difficile de convaincre le directeur de l’opéra-comique de monter cet opéra, si différent de ses aspirations premières, de plus le jour de la création les musiciens et les choristes sont médiocres, les changements de décors prennent un temps considérable et le public est totalement scandalisé par l’histoire de cette bohémienne sulfureuse qui collectionne les amants. 

Bizet, ulcéré par ce désastre, tombe malade peu de temps après. Il décède d'un infarctus à Bougival dans la nuit du 2 au 3 juin 1875, à l'âge de 36 ans. 

Le succès de Carmen démarre peu de temps après, initié principalement par des compositeurs tels que Brahms, Wagner ou Tchaïkovsky, qui, visionnaire, aurait déclaré : "d'ici dix ans, Carmen sera l'opéra le plus célèbre de toute la planète". 

J’écoute cet opéra depuis des années, et je ne trouve pas un seul moment où l’on n’entend pas un air célèbre, dont le refrain est familier. Certains airs comme « L’amour est un oiseau rebelle » ont été immortalisés par Maria Callas. Parmi les nombreuses versions de l’oeuvre, ma préférée reste celle de ma découverte initiale, avec la distribution suivante : Teresa Berganza dans le rôle Carmen, Placido Domingo dans celui de Don José et Sherrill Milnes en Escamillo, avec The Ambrosian Singers et le London Symphony Orchestra sous la direction de Claudio Abbado.



Anecdotes : 
  • Il faut noter l’excellent film « Carmen » réalisé par Francesco Rosi en 1984, avec Julia Migenes-Johnson (Carmen), Placido Domingo (Don José) et Ruggero Raimondi (Escamillo), et l’Orchestre National de France placé sous la direction de Lorin Maazel. Julia Migenes-Johnson est tellement le personnage ! 
  • Deux suites orchestrales ont été tirées de l’opéra, après la mort de Bizet, par son ami Ernest Guiraud. Elles respectent beaucoup l’orchestration initiale de Bizet. 
  • En 1967, le compositeur russe Rodion Shchedrin compose pour sa femme la ballerine Maya Plisetskaya un ballet en un acte intitulé « Carmen Suite » largement inspiré des thèmes de l’opéra de Bizet. Ce ballet est devenu depuis l'œuvre la plus connue de Shchedrin et est resté populaire en Occident pour ce que le critique James Sanderson appelle « une reprise iconoclaste mais très amusante de l’opéra de Bizet ».



Maria Callas dans la Habanera:



Teresa Berganza dans "Près des remparts de Séville":



Carmen Suite No. 2:







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire