samedi 27 juillet 2019

Prokofiev (Sergueï)


Sergueï Prokofiev


Sergueï Prokofiev


Sergueï Prokofiev, né le 11 avril 1891 à Sontsivka (Ukraine, Empire russe), mort le 5 mars 1953 à Moscou (URSS), est un compositeur ukrainien et soviétique de musique classique, un pianiste et un chef d'orchestre. 

Il est l'auteur de nombreuses œuvres musicales allant de la symphonie au concerto, de la musique de film à des opéras ou des ballets et a été reconnu de son vivant comme un artiste d'avant-garde très créatif. 

Élève au conservatoire de Saint-Pétersbourg, il remporta le prix Anton Rubinstein en tant que meilleur étudiant en piano. Il est connu du jeune public pour son conte musical pour enfants "Pierre et le Loup".

En outre, je vous ai concocté une playlist sur la musique russe.

Je vous propose les plus belles pages de la musique russe des XIXème et XXème siècles, à travers les oeuvres immortelles des plus grands compositeurs russes.

Avec des compositeurs connus tels que Chostakovitch, Borodine, Moussorgsky, Khachaturian, Prokofiev, Stravinsky, Rimsky-Korsakov, Tchaikovsky, Rachmaninov ou Scriabine.

Et des moins connus comme Cui, Ippolitov-Ivanov, Arensky, Glazounov, Kalinnikov, Glière, Glinka, Taneyev, Lyadov, Balakirev, Medtner, Kabalevsky, Weinberg et enfin Kapoustine.

Voici les liens vers les playlists:

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Symphonie No. 1 "Classique"

Prokofiev a composé 7 Symphonies, parmi celles-ci il y en a une qui se démarque, il s’agit de la Symphonie No. 1 Op. 25 dite « Classique ». 

En effet cette symphonie est tout ce qu’il y a de plus néo-classique de par sa forme et son orchestration. C’est une oeuvre très plaisante et très facile à apprécier. 

Dans le premier mouvement, allegro, on entend des phrases très virtuoses jouées par le basson. Il laisse un grand rôle aux instruments à vent et notamment la flûte. Ce mouvement est très enlevé, voir endiablé. 

Le second mouvement, larghetto, est plus lent et dominé par une phrase des cordes, proche d’un menuet. Ce mouvement lorgne vers une musique de cour imaginaire, et utilise très largement les pizzicati. Le second thème est plus pastoral. 

Le troisième mouvement, gavotte, est plein d’élégance et de raffinement, il m’évoque un folklore imaginaire. Enfin, le quatrième et dernier mouvement, molto vivace, est très vif et très léger. 

On entend un thème aux instruments à vent : flûte et clarinette. Le mouvement est sautillant, il s’agit d’une sorte danse endiablée et joyeuse, qui n’est pas sans évoquer le monde de l’enfance. 



Actuellement, ma version favorite des symphonies de Prokofiev, et de la Symphonie No. 1 en particulier est celle de Gennady Rozhdestvensky à la tête du Moscow Radio Symphony Orchestra. Cette intégrale a d’ailleurs reçu le grand prix de l’académie Charles Cros. 

En vidéo, une autre version, celle de Sergiu Celibidache à la tête de l'Orchestre Philharonique de Munich:




Symphonie No. 5


La deuxième symphonie qui a retenu mon attention est la Symphonie No. 5 Op. 100, par la qualité des thèmes utilisés et par les nombreux changements de rythmes présents dans la plupart des mouvements. 

Le premier mouvement, andante, nous livre une mélodie imposante aux cuivres et des répétitions insistantes. 

Le deuxième mouvement, allegro marcato, nous fournit un thème principal énoncé à la clarinette avant d’être repris par les cordes. Le thème est sautillant et le rythme soutenu, la musique est goguenarde. 

Par contre, le troisième mouvement, adagio, est très statique. La musique est un peu dissonante et pas très joyeuse. 

Enfin, le dernier mouvement, allegro giocoso, est certainement le passage le plus réussi de la symphonie, aux nombreux changements de rythmes. Les instruments à vent introduisent le premier thème, assez lentement. Puis le rythme s’accélère sur un thème énoncé à la clarinette. On entend par moment le triangle, la musique est à nouveau joyeuse, presque sarcastique. 

Un thème est énoncé à la flûte et à la clarinette, puis arrivent des coups de caisse claire. L’orchestre s’enrichit progressivement, et subitement la tension augmente. On peut alors imaginer que la musique nous emmène dans une sorte de train, et par moment à un rythme endiablé. 

A partir de 7:28, un rythme répété et insistant fait du finale un morceau absolument jubilatoire ! 



Je trouve que la version qui traduit le mieux ces variations de rythmes et ces couleurs orchestrales, avec l’importance donnée aux vents, est celle dirigée par Valery Gergiev à la tête du Mariinsky Orchestra. 




Romeo et Juliette


L’une des œuvres les plus poignantes de Prokofiev, particulièrement en raison de la beauté des thèmes utilisés, est son fameux ballet « Romeo et Juliette » Op. 64. Prokofiev le signa pour le théâtre du Bolchoï en 1935. Mais les danseurs le jugèrent indansable à cause des complexités rythmiques. Il s’agit d’une oeuvre de plus de 2 heures. 

J’ai retenu ci-dessous les passages qui me semblent les plus intéressants (étant bien entendu que le ballet mérite certainement une écoute complète):
  • No. 6 : le combat : passage virevoltant,
  • No. 7 : le commandement du Duc : ce morceau commence par une mesure dissonante très impressionnante,
  • No. 10 : Juliette : elle est représentée par un thème très sautillant,
  • No. 12 : Les masques : une sorte de marche assez grotesque,
  • No. 13 : La danse des chevaliers : c’est pour moi le plus beau morceau jamais écrit par Prokofiev : une mélodie sublime, un rythme à la fois sauvage et angoissant, il donne toute la mesure du drame qui va se jouer,
  • No. 24 : La danse des cinq couples : on entend le thème principal confié au hautbois, le rythme est enjoué,
  • No. 30 : Le peuple continue d’être joyeux : il s’agit de la suite du No. 24,
  • No. 36 : Finale de l’acte II : la musique évoque le destin qui frappe,
  • No. 37 : Introduction : ce morceau commence par une dissonance énorme jouée fortissimo par tout l’orchestre, aussitôt suivie d’une musique jouée très doucement, l’effet est saisissant,
  • No. 46 : La chambre de Juliette : Prokofiev introduit une musique pleine d’exotisme,
  • No. 51 : Les funérailles de Juliette : on entend les cordes qui sont tendues au maximum, donnant un effet très dramatique,
  • No. 52 : La mort de Juliette : Prokofiev termine sur une mélodie absolument déchirante.




Mon interprétation favorite est celle de Valery Gergiev, qui se révèle décidément un excellent interprète de Prokofiev, à la tête du London Symphony Orchestra. 

La danse des chevaliers



Alexandre Nevsky


En 1938, le cinéaste russe Sergueï Eisenstein réalise le film « Alexandre Nevsky » sur la vie du célèbre héros national russe qui vécu au XIIIème siècle et fut à la fois prince et saint de l’église orthodoxe. 

Il est surtout célèbre pour deux victoires militaires essentielles dans l'histoire de la Russie : la première contre les Suédois à la bataille de la Neva le 15 juillet 1240 et la seconde à la bataille du lac Peïpous sur les glaces du lac éponyme en avril 1242 contre les chevaliers de l'ordre Teutonique, installés dans la région depuis 1237. 

La première de ces victoires lui valut son surnom de Nevski (« de la Neva »). 

Eisenstein demande à Prokofiev d’écrire la musique de son film. Ce sera une réussite complète et on peut dire que la musique et le film réalisent une fusion complète. Ce film est toujours considéré comme un des chefs-d’oeuvre du cinéma. 

Prokofiev tire de la musique du film une cantate qui compte parmi ses plus belles œuvres : c’est une pièce très descriptive et très prenante, elle compte 7 parties :

  • I. La Russie sous le joug mongol : il s’agit d’un mouvement lent introductif d’une beauté sombre,
  • II. Chant sur Alexandre Nevsky : on peut entendre de très beaux chœurs russes qui content la victoire russe près de la Neva,
  • III. Les croisés dans Pskov : l’atmosphère est très sombre, on entend le thème des chevaliers Teutoniques : les cuivres jouent dans le grave, puis intervient le chœur dans un passage très dramatique. L’orchestration est superbe et le chœur évoque toute la ferveur du peuple russe qui rêve de liberté,
  • IV. Debout, peuple russe : Il s’agit d’un des grands passages du film (ainsi que de la musique) : ferveur populaire, percussions martelées : cela exprime que tout le peuple se mobilise pour la lutte, le chœur des hommes est suivi du chœur des femmes. La mélodie est sublime et entre facilement dans la tête,
  • V. La bataille sur la glace : il s’agit de la description de la bataille du lac Peïpous. L’ensemble est très animé : on y entend les chœurs, les cuivres, les percussions ainsi que de nombreuses dissonances qui ajoutent au dramatisme de la scène. La pièce se termine dans une atmosphère lugubre et recueillie qui annonce la pièce suivante,
  • VI. Le champ des morts : dans cette partie s’élève la plainte de la mezzo-soprano qui cherche son bien-aimé parmi les morts. La musique est très sombre et lugubre,
  • VII. L’entrée d’Alexandre Nevsky dans Pskov : Cette pièce célèbre la victoire d’Alexandre Nevsky qui rentre en triomphateur dans Pskov libérée. On entend un chœur triomphal, suivi d’une reprise des thèmes antérieurs. Des cloches de victoire résonnent, c’est la liesse générale. On entend un thème aux vents typique de Prokofiev. La fin de la pièce est grandiose.

De part sa richesse orchestrale, ses couleurs et la qualité des choeurs – qui pourtant sont anglais et non russes – ma version préférée est celle de Claudio Abbado qui dirige le London Symphony Orchestra, le London Symphony Chorus et la mezzo-soprano Elena Obraztsova. Cet album permet en outre d’entendre la suite « Lieutenant Kijé » tirée également d’une musique de film, on y entend la célèbre « Romance ».


Anecdote : La 5ème partie, la bataille sur la glace, m’évoque le puissant tableau de Caspar David Friedrich « La mer de glace ».



La bataille sur la glace extraite du film d'Eisenstein:




Pierre et le loup




Enfin, il est à noter, pour ceux que l’anglais ne rebute pas et qui ont gardé leur âme d’enfant, qu’il y a une très recommandable version du conte « Pierre et le Loup » dirigée par Eugene Ormandy et dont le narrateur est David Bowie, qui se révèle un excellent conteur avec une voix grave et un accent très « british ».








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