dimanche 7 juillet 2019

Miles Davis

Miles Davis

Miles Davis


Mon artiste de jazz préféré est Miles Davis. Il a un son et un phrasé unique, et il a été à la pointe de la création de nombreux styles musicaux : le be-bop, le cool jazz, le hard bop, le jazz modal et enfin le jazz fusion : fusion du jazz et du son électrique du rock.

Voici les principales périodes de sa carrière:

  • Naissance du Cool Jazz (1948-1949): avec la sortie de l'album Birth of the Cool.
  • Hard Bop (1949-1955): en février 1954 il réunit un nouveau sextet qui compte notamment le batteur Kenny Clarke et le pianiste Horace Silver. De cette époque datent les albums Walkin' (1954) et Bags' Groove (1954).
  • Premier grand quintet (1955-1957): ce premier quintet est composé de John Coltrane au saxophone ténor, Red Garland au piano, Paul Chambers à la contrebasse et Philly Joe Jones à la batterie. Les grands albums de cette période sont:  The New Miles Davis Quintet, Cookin', Relaxin', Steamin' et Workin'.
  • Virage vers le jazz modal (1957-1959): en 1958, Miles Davis enregistre Milestones ; son quintet devient alors un sextet avec l'apparition de Cannonball Adderley au saxophone alto. Quelques jours plus tard, il participe, sous la direction de Cannonball Adderley, au superbe album Somethin' Else: c'est une de ses rares séances en tant que sideman. Parallèlement, il poursuit sa collaboration avec Gil Evans et crée des albums orchestraux qui connaîtront un important succès critique et commercial : Miles Ahead (1957), Porgy and Bess (1958) et Sketches of Spain (1959-1960). En 1959, Miles Davis signe son chef-d'œuvre avec Kind of Blue, un album improvisé autour de trames qu'il a composées. Le pianiste Bill Evans, plus apte à suivre les orientations modales du leader, remplace Red Garland et Jimmy Cobb prend le fauteuil de batteur à Philly Joe Jones. Le pianiste Wynton Kelly est invité sur Freddie Freeloader, le titre bluesy de l'album.
  • Second grand quintet (1963-1968):  Miles Davis constitue sa nouvelle rythmique composée par le pianiste Herbie Hancock, le contrebassiste Ron Carter et le batteur Tony Williams, âgé d'à peine 18 ans à l'époque. Ces musiciens apparaissent pour la première fois aux côtés de Miles, en 1963, sur l'album Seven Steps to Heaven. C'est en septembre 1964 que le saxophoniste, compositeur et arrangeur Wayne Shorter, qui avait déjà officié au sein des Jazz Messengers d'Art Blakey, rejoint le groupe. Miles trouve enfin le saxophoniste qui va mener sa musique vers de nouveaux sommets. Le nouveau quintet enregistre son premier disque studio E.S.P. en janvier 1965. En décembre, le passage au club de Chicago le « Plugged Nickel » est enregistré. En octobre 1966, le groupe enregistre l'album Miles Smiles. Suivent en 1967, les albums Sorcerer et Nefertiti et en 1968, Miles In The Sky et Filles de Kilimanjaro.
  • Révolution électrique (1968-1975): Alors que le rock et le funk se développent, Miles Davis va initier l'essor d'un jazz de style nouveau, fusionnant le son électrique de la fin des années 1960 avec le jazz. Ce nouveau style, déjà ébauché sur les deux derniers albums du quintet, s'affirme de manière fracassante avec les albums In a Silent Way (1969) et surtout Bitches Brew (1970). Miles s'entoure de jeunes musiciens qui seront bientôt les chefs de file du jazz fusion tels le guitariste britannique John McLaughlin et le claviériste d'origine autrichienne Joe Zawinul. De cette époque datent les albums Live-Evil (1970), Tribute to Jack Johnson (1970), On the Corner (1972), Big Fun (1972), Get Up With It (1974) et plusieurs albums live. En 1975, Miles Davis quitte la scène pour des motifs de santé.
  • Retour (1981-1991): Miles Davis refait surface en 1981 avec l'album The Man with the Horn. Il sort ensuite un double album live We Want Miles (1982). En 1983, paraît Star People, un album au style funk et blues. Suivent quelques albums au son plus moderne: Decoy (1984), You're Under Arrest (1985), Tutu (1986) avec des compositions de Marcus Miller, Amandla et Aura (1989). Toujours en 1989, le groupe Toto invite Miles Davis sur son album Farenheit pour le morceau "Don't stop me now". Miles Davis meurt en 1991. Un premier album posthume voit le jour en 1992. Intitulé Doo-Bop, il intègre des éléments de hip-hop et du rap. En 2019, sort l'album Rubberband avec des inédits enregistrés en 1985.

Sa discographie est énorme: plus de 300 albums studio, compilations et live. De cet immense continent musical, je vous ai préparé une anthologie de mes albums préférés ainsi que 3 playlists.

Voici les liens vers une playlist généraliste: Le melomane eclectique - Miles Davis.

Spotify:
Deezer:




Voici l'anthologie des mes albums préférés.

1959 - Kind of Blue



Pour commencer, peut-être le plus grand album de jazz de tous les temps : « Kind of Blue » (1959), considéré comme le chef-d’œuvre du jazz modal. On retrouve sur cet album la plupart des musiciens du 1er quintette de Miles Davis, parmi lesquels John Coltrane au saxophone ténor, rejoints par Bill Evans au piano et Julian "Cannonball" Adderley au saxophone alto. 

Parmi les morceaux les plus géniaux, voici tout d'abord: "So What".



Et "All Blues":



1958 - Ascenseur pour l'échafaud




En 1958, Miles Davis compose la bande originale du film de Louis Malle avec Jeanne Moreau, "Ascenseur pour l’échafaud". 

Dans cet album, il est accompagné par deux musiciens français: René Urtreger au piano, et Pierre Michelot à la contrebasse. L’album renouvelle le genre, même s’il semble que, pendant l’enregistrement, Miles ait un peu snobé les musiciens français.

Voici le "Générique" avec la troublante Jeanne Moreau:




1958 - Somethin' Else




L'album "Somethin' Else" est particulier. En effet, c'est le seul album où Miles Davis est sideman et non pas leader. En l’occurrence il s'agit d'un album du saxophoniste Julian "Cannonball" Adderley.

Pour autant, cet album est probablement un des tout meilleurs de cette époque.

Pour vous en convaincre voici ce que je considère comme la version définitive de "Autumn Leaves" ("Les Feuilles Mortes"):


 



1965 - E.S.P.



En 1965, Miles sort son premier album avec son second quintette qui est constitué des musiciens suivants : Wayne Shorter au saxophone ténor, Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la contrebasse et Tony Williams à la batterie. 

Ce légendaire quintette interprète l’album "E.S.P." qui signifie "Extra Sensoriel Perception". La pochette représente Miles et sa femme de l’époque, Frances Taylor.

Voici un morceau aux influences latines "Eighty-One":




1969 - Filles de Kilimanjaro



En 1967, Miles Davis rencontre une certaine Betty Mabry. Il l’épouse en 1968, alors qu’elle a 23 ans et lui 42. Le mariage ne dure qu'un an, Miles Davis demandant le divorce en 1969 car, selon ses mots, son épouse est "trop jeune et sauvage" pour lui. 

Pour autant, le trompettiste affirmera plus tard que Betty Davis eut beaucoup d'influence sur son travail, lui faisant notamment découvrir le rock psychédélique de Jimi Hendrix et le funk novateur de Sly Stone. 

Cela va être à l’origine de son évolution, tout d’abord sur l’album "Filles de Kilimandjaro". Sa femme, Betty Davis, figure d'ailleurs sur la pochette de cet album qui contient un morceau intitulé "Miss Mabry" qui lui est dédié. 

A noter que Betty Davis peut être considérée comme une figure culte de la musique soul et funk, et que ses albums sont injustement méconnus.



1970 - Bitches Brew



C’est à cette époque que Miles va sortir deux albums qui peuvent être considérés comme les actes fondateurs du jazz fusion. 

Tout d’abord "In a Silent Way" en 1969, et surtout l’album "Bitches Brew", sorti en 1970. Pour cela, Miles s’entoure de nouveaux musiciens tels que John McLaughlin à la guitare, et surtout le claviériste Joe Zawinul, futur créateur du groupe Weather Report. 

Joe Zawinul est le compositeur des deux morceaux qui constituent l’album "In a Silent Way": "Shhh / Peaceful" et "In a Silent Way".

En ce qui concerne l’album "Bitches Brew", on entre dans le monde envoûtant d’une musique largement improvisée. On y retrouve, outre John McLaughlin et Joe Zawinul, Wayne Shorter, seul musicien rescapé de son second quintette, et Bennie Maupin à la clarinette basse. 

La pochette, au graphisme surprenant, est l’œuvre de l’artiste Mati Klarwein.

Anecdote : je me suis longtemps demandé ce que signifiait le titre de l’album, car la traduction littérale donne "Brouet de Salopes". Après un certain temps de recherche, il s’avère que "brew" désigne quelque chose qui a été préparé, infusé ou brassé, et que "bitches", dans le milieu musical, désigne des "putains de bons musiciens". On pourra donc traduire librement ce titre par: "Musique concoctée par des putains de bons musiciens". L’anglais est effectivement plus concis ! 

Voici mes deux morceaux favoris de l'album. Tout d'abord "Bitches Brew":


Et "Miles runs the Voodoo Down":




1985 - You're under arrest



En 1985, Miles Davis sort l’album "You’re Under Arrest" avec des reprises de morceaux pop tels que "Human Nature", un morceau de Michael Jackson écrit par Steve Porcaro du groupe Toto, et "Time after Time", un morceau de Cyndi Lauper. 

Anecdote : La présence très courte de Sting, en policier français, il cite ses droits à Miles sur le titre "One Phone Call/Street Scenes". Il faut noter que cet album a été éreinté par la critique. Il n'empêche, il y a de très bons morceaux à mon goût sur cet album.

J'ai sélectionné un morceau très bien produit: "Ms. Morrisine". 



Et voici une version live de "Human Nature" en 1990:



1986 - Tutu



En 1986, Miles Davis sort l’album "Tutu" avec le fabuleux morceau éponyme en hommage à l’archevêque sud-africain Desmond Tutu. 

A noter la présence de George Duke parmi les musiciens. L’album a été composé et produit par le bassiste Marcus Miller.




Compilation The CBS Years: 1955-1985



Pour toute personne souhaitant découvrir Miles Davis, je recommande la compilation de 1988 : "The CBS Years : 1955-1985" qui donne un panorama assez complet de l’artiste.


1961 - In Person Friday and Saturday Nights at the Blackhawk



En ce qui concerne les albums live, la plupart sont tellement géniaux qu’il est très difficile de faire un choix. 

Néanmoins, je citerai l’album sorti seulement en 2003, mais qui porte sur un concert donné en 1961 : "In Person Friday and Saturday Nights at the Blackhawk, Complete". 

Cet album est l’enregistrement de deux soirées données au Blackhawk, un nightclub de San Francisco. A noter la présence du saxophoniste ténor Hank Mobley lors de ce concert. 

Extrait de ce concert, voici le morceau "Oleo":





1991 - Miles Davis & Quincy Jones & the Gil Evans Orchestra


Voici la vidéo d'un des derniers concerts live de Miles Davis avec Quincy Jones et The Gil Evans Orchestra à Montreux en 1991.






2019 - Rubberband



Le 6 Septembre 2019, environ 28 ans après la mort de Miles Davis, sort l'album Rubberband utilisant des enregistrements de 1985. Randy Hall, Zane Giles et le neveu du trompettiste Vince Wilburn, Jr. produisent cet album en le réactualisant. 

C'est un mélange de dance et de funk, très groovy et très réussi. On y entend notamment les chanteuses Ledisi sur le titre "Rubberband of life" et Lalah Hathaway sur le très beau titre "So Emotional". 

A noter la pochette réalisée par Miles Davis lui-même.

J'ai sélectionné pour vous le titre très dansant "Give it up". Let's groove with Miles !







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