lundi 8 juillet 2019

Muffat (Georg)



Georg Muffat

Georg Muffat


Georges Muffat, dit Georg Muffat, est né à Megève le 1er juin 1653 et mort à Passau le 23 février 1704. C'est un compositeur allemand d'origine savoyarde et d'ascendance écossaise par son père. Si j’ai souhaité parler de ce compositeur c’est qu’il représente un maillon important dans l’histoire de la musique baroque : en effet, il va se former en France auprès de Lully et en Italie auprès de Corelli. Musicien cosmopolite, il va faire la synthèse entre ces apports français et italiens et la musique germanique. Jean-Sébastien Bach se nourrira de cette synthèse.

L'œuvre de Georg Muffat, influencée par la France et l'Italie, comprend :
  • des sonates pour instruments : Armonico tributo (1682) ;
  • des suites orchestrales : Florilegium primum & secundum (1695) ;
  • douze concerti grossi : forme qu'il introduit dans les pays germaniques — certains réutilisent le matériel thématique de l’Armonico tributo ;
  • un recueil de pièces pour orgue : Apparatus musico-organisticus (1690), l'un des plus marquants avant ceux de Jean-Sébastien Bach, incluant 12 toccatas, une passacaille, une chaconne et un cycle de variations (Nova Cyclopeias Harmonica) ;
  • quelques partitas d'inspiration française pour le clavecin ;
  • des œuvres religieuses : trois messes, un offertoire et un Salve Regina; la seule ayant subsisté de nos jours étant la « Missa in labore requies » pour 24 voix.
  • des opéras.
Muffat s’installe à Salzbourg au service de l'archevêque pendant plus d'une dizaine d'années - il y a pour collègue Heinrich Biber.

Voici une anthologie de ses oeuvres principales.

Armonico Tributo


L’oeuvre la plus connue de Muffat reste son « Armonico Tributo » (1682) qui comprend des sonates pour divers instruments. Le titre complet de l’oeuvre est : "Armonico tributo cioè sonate di camera", ce qui signifie : "sonates de chambre pour peu ou beaucoup d'instruments". 

Ces sonates, composées à cinq parties, comportent ce que l’on appelle une orchestration "ouverte" ; Georg Muffat expliqua qu'elles pouvaient être interprétées par un groupe de musiciens de taille variable. Elles pouvaient être jouées par des solistes, mais également par un orchestre entier. Dans ce cas, il était divisé en deux groupes : un "concertino" (constitué de deux violons et d'un violoncelle) et un "ripieno" pouvant être enrichi au gré des musiciens disponibles. De ce fait, Georg Muffat put retrouver le style majestueux des "concerti grossi" d'Arcangelo Corelli. 

Ces sonates ont été publiées par Muffat en l’honneur du comte de Kuenburg, archevêque de Salzboug, afin de le remercier de l’avoir laissé faire un voyage d’un an en Italie. 

C’est l’approche d’un effectif instrumental étoffé, qui permet comme le suggérait Muffat, des effets de dynamique et des changements d’effectifs et de rythme, qui a été suivie par Chiara Banchini à la tête de l’ensemble 415. 

Le résultat en est que ces pièces ressemblent beaucoup plus à des concertos qu’à des sonates de par les effectifs et l’instrumentation choisis. On retiendra en particulier la passacaille finale de la sonate No. 5 en sol majeur. Ces œuvres produisent un effet à la fois grandiose et enjoué.

Voici la passacaille de la sonate No. 5:





Concerti Grossi


Quelques années plus tard, en 1701, Georg Muffat fit publier à Passau douze "concerti grossi" réunis sous le titre "Exquisitioris Harmoniae Instrumentalis Gravi-Jucundae Selectus". La moitié de ces "concerti grossi" sont des transformations des cinq sonates du cycle de l' « Armonico tributo ». Il en a modifié l'ordre, le nombre, et la forme des mouvements, consolidé les traits mélodiques pour en raffermir l'effet, et recomposa les parties intermédiaires pour accroître le contraste "concertino" / "ripieno". Il inséra encore des ornementations, ce qui rend la comparaison des deux cycles intéressante. 

Les autres concertos de Georg Muffat furent composés entre 1683 et 1689, à Salzbourg. Dans ces concertos-là, le compositeur reprit sont idée d'orchestration "ouverte", en proposant de les jouer avec diverses formations, du trio au grand orchestre. Dans le but d'en tirer les plus grands effets, il conseilla aussi d'ajouter au "ripieno" des hautbois, bassons, bombardes, clavecins, théorbes, harpes ou régales (petits orgues) ; pour le "concertino" (les solistes), des hautbois, un basson ou deux voix de dessus (sopranos). 

J’ai sélectionné la version de l’ensemble Musica Aeterna Bratislava dirigé par Peter Zajicek.

Voici le concerto grosso No. 12:




Florilegium Primum et Florilegium Secundum


Muffat composa deux recueils de musique appelés respectivement Florilegium Primum et Florilegium Secundum. Ces deux recueils d'inspiration française ne recueillirent guère – semble-t-il et contrairement à l'Armonico tributo - les faveurs de l'archevêque de Salzbourg, ce qui expliquerait qu'ils ne furent publiés que tardivement, respectivement en 1695 et 1698. Ceci alors que, depuis de longues années, Muffat s'employait à initier les musiciens et mélomanes autrichiens au style lullyste et à ses conventions. 

Sous leurs titres latinisants, ils comportent respectivement sept et huit petites suites pour orchestre affublées de titres évocateurs tels que "Gratitudo", "Impatientia", "Sollicitudo", "Constantia", écrites à destination de spectacles de ballets. 

Au-delà du propos didactique mis en exergue dans les préfaces de ces ouvrages, on ne peut qu'apprécier la fraîcheur, le charme très français et la verve rythmique de ces pièces héritées de Lully qui distillent leurs parfums tour à tour galants, nobles ou populaires. 

Au disque, je vous propose la version de Gunar Letzbor dirigeant l’ensemble Ars Antiqua Austria.

En vidéo, voici, en extrait, le Florilegium primum - Fasciculus II: Sperantis Gaudia (part 1/2)
Suite in g-Moll
1. Ouverture
2. Balet
3. Bourrée

Le Munich Baroque est placé sous la direction d'Alfredo Bernardini




Apparatus Musico-Organisticus


Datant de 1690, l'Apparatus Musico-Organisticus est dédié à Léopold Ier (1640-1705), Empereur du Saint Empire Romain Germanique. 

Ses 12 Toccatas, pages de virtuosité, sont destinées aux mélomanes "pour leur ravissement tout particulier" ("zu derer Musikliebenden sonderbarer Ergötzlichkeit"). 

Elles ont une finalité didactique, notamment pour l’apprentissage de l’ornementation (trilles, tremblements, appoggiatures…) et exigent donc une solide maîtrise technique (traits, accords plaqués…). 

Muffat précise, dans l'Avant-Propos de ces oeuvres, qu’il a été influencé notamment par les Toccatas de Girolamo Frescobaldi (1583-1643) et marqué par d’autres compositeurs italiens (Bernardo Pasquini, Arcangelo Corelli et Alessandro Corelli); français (Jean-Baptiste Lully), allemands (Johann Jakob Froberger) et autrichien (Heinrich Ignaz Biber). 

Au disque, je retiens la version de René Saorgin à l’orgue de Malaucène.

En vidéo, voici une passacaille extraite de ce recueil par Silva Manfre:







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