vendredi 16 août 2019

Britten (Benjamin)

Benjamin Britten



Benjamin Britten


Edward Benjamin Britten, né le 22 novembre 1913 à Lowestoft dans le Suffolk, et mort le 4 décembre 1976 à Aldeburgh, est un compositeur, chef d'orchestre, altiste et pianiste britannique. Il est considéré comme un des plus importants compositeurs britanniques. 

L'œuvre de Britten est considérable avec une inspiration toute personnelle, à distance des compositeurs de musique atonale qui révolutionnèrent l’époque, préférant rendre hommage aux musiques du Moyen Age et au bel canto, tout en introduisant de la modernité (gamelan indonésien par exemple). Ses principales œuvres sont ses opéras, ses ballets, le War Requiem, sa musique orchestrale et sa musique de chambre.



Young person's guide to the orchestra

L’une des œuvres les plus connues de Britten est son « Young person’s guide to the orchestra » Op.34 composé en 1946. Cette œuvre qui se veut didactique, principalement destinée aux enfants, peut également être largement appréciée par les adultes, notamment par sa richesse orchestrale. 

Il s’agit en fait de Variations et Fugue sur un thème de Purcell, qui est celui du rondeau de sa musique de scène pour Abdelazer. Britten nous fait entendre le thème joué par l’orchestre complet, puis par groupements d’instruments qui mettent en valeur différents timbres : les bois, les cuivres, les cordes et enfin les percussions. Suivent treize variations pour différents instruments. L’œuvre se termine par une fugue où l’on entend successivement tous les instruments et un final triomphal qui énonce le thème initial, ponctué par les percussions.

Une excellente version live par Jukka Pekka Saraste:






Simple Symphony

Œuvre très classique tant par la forme que par le choix des thèmes, Britten compose en 1934 (il n’a que 21 ans) la « Simple Symphony ». Elle est en quatre mouvements.
  • I- Boisterous Bourree - Allegro ritmico : Après une introduction digne de la 5ème de Beethoven avec un clin d’œil au thème initial de cette dernière, le mouvement est pastoral et gai.
  • II- Playful pizzicato – Presto Possibile pozzicato sempre. Le mouvement est entièrement en pizzicati sur un rythme de danse joyeuse. Le tout est très maîtrisé. 
  • III- Sentimental Saraband – Poco lento e pesante. Le thème est romantique et nostalgique.
  • IV- Frolicsome Finale – Prestissimo con fuoco. Le thème est enjoué et dynamique. On entend plusieurs séries de notes jouées aux cordes en pizzicati. Ce mouvement respire la joie de vivre.
Une version live enthousiasmante par un ensemble de jeunes musiciens:



On n’est jamais mieux servi que par soi-même : je recommande donc la version de ces deux œuvres dirigées par Benjamin Britten lui-même. 

Ces deux pièces sont couplées aux "Variations on a Theme of Frank Bridge" Op. 10 (1937): il s’agit de la pièce qui valut à Britten son premier succès international. Les variations sont basées sur un thème de la seconde "Idyll" de Frank Bridge, qui fut le professeur de Britten en composition.





The Prince of the Pagodas

Une autre œuvre superbe de Britten et qui mérite certainement d’être (re)découverte est sa musique pour le ballet « The Prince of the Pagodas » Op. 57 (« Le Prince des Pagodes »). Ce ballet fut commandé par le chorégraphe John Cranko et composé par Britten en 1957. La musique de ce ballet est exotique, moderne et originale, par moments mystérieuse. 

L’intrigue du ballet est la suivante : Un empereur doit décider laquelle de ses deux filles héritera du trône. Il choisit la sœur aînée, la diabolique Belle Épine, plutôt que la jeune Belle Rose. Belle Rose est emmenée par des grenouilles volantes magiques vers le pays des pagodes. Là, elle rencontre le Prince des Pagodes, qui a l'apparence d'une salamandre. Belle Rose rentre avec le prince dans son pays et affronte sa sœur maléfique. Aidée par le prince elle arrivera finalement à la chasser.

Voici certains passages marquants du ballet :

Quatre rois se présentent à l’empereur, ils espèrent épouser l’héritière qui sera choisie :
  • Le roi du Nord danse un Gopak, une danse d’Ukraine qui donne lieu à des effets acrobatiques.
  • Le roi de l’Est se présente sur une mystérieuse et séduisante méditation
  • Le roi de l’Ouest danse sur une parodie dodécaphonique mécanique
  • Le roi du Sud apparaît sur des ostinati de tambours envoûtants

Belle Épine est associée à une fière musique jouée par les cordes. Britten rend ainsi hommage à l’Apollon Musagète de Stravinsky. 

Belle Rose, quant à elle, danse sur une mélodie mélancolique jouée au hautbois. Au pays des pagodes, Belle Rose rencontre trois éléments : l’air, l’eau et le feu. Ensuite elle est prisonnière d’un palais qui est constitué de pagodes. 

Dans l’acte II scène 2, les pagodes se mettent à tourner : c’est à ce moment du ballet que Britten fait intervenir une musique utilisant le gamelan balinais. Britten a découvert la musique de gamelan par le compositeur canadien Colin McPhee, qui avait vécu à Bali de 1931 à 1938. Il s’agit d’une musique principalement basée sur des percussions. Le gamelan continue d’être utilisé dans l’épisode où le prince apparaît sous forme de salamandre et à plusieurs reprises jusqu’à la fin du ballet.

Je recommande le premier enregistrement intégral de ce ballet : il s’agit de la version dirigée par Oliver Knussen à la tête du London Sinfonietta.



Quelques extraits du ballet dans la version d'Oliver Knussen:





Concerto pour Violon

En 1939, Britten compose son concerto pour violon Op. 15 (il le révisera en 1958). Il est écrit en réaction aux événements de la guerre d’Espagne, c’est une œuvre pleine de tension, mais brillante. Il contient un imposant finale en forme de passacaille. C’est un concerto prenant, original et d’un lyrisme moderne. Il est en 3 mouvements.
  • I- Moderato con moto : Le premier mouvement est martial. On sent quelque chose d’imposé par le destin.
  • II- Vivace – Cadenza : Le deuxième mouvement est enlevé, le violon joue néanmoins comme s’il avait des regrets. La cadence est lyrique, le violon y met des accents vengeurs.
  • III- Passacaglia : Il s’agit de variations sur une basse. Le mouvement est dominé par un caractère sombre, un peu comme l’ambiance de certaines pièces de Chostakovitch. Le violon est comme résigné et se lamente de manière inconsolable.

J’ai choisi la version interprétée par Maxim Vengerov. J’ai apprécié son jeu incisif, la légèreté de son archer et la sobriété de l’orchestre qui laisse le soliste dominer. Le London Symphony Orchestra est dirigé par Mstislav Rostropovich. A noter le couplage avec une excellente version du concerto pour alto de William Walton.



En vidéo une version interprétée par Janine Jansen, dirigée par Paavo Järvi:







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